
defeription ( V o y ^ , D escription ) ,r qui a pour
objet l ’ame & toutes Tes qualités bonnes ou raau-
v a ife s , fes vertus Sc Tes v ice s , les ■ talents & Tes
défauts. H’ôoiroûoi, morum fic îio . : RR. H ôjj , mos,
indoles , & n<ws'û>, f a c i o , f in g o .
L u c iu s - 'C a tilin a ,
nobili généré n.atus,
f u i t magna v i& diiimi
& corporis , fed . inge->
Tzio m<z/o provoque.
U n ie ab adojefcentiâ
bella in te fiin a , caedesy
rapince, dïfcordia civ
ilis grata f u i re ;
ç&e juventutem fu am
exercuit. Corpus p a -
tiens inedice , algorls,
v ig iliæ , fu p ra quam
cuiquam credibile efi.
A n im u s a u d a x , fu b -
d o lu s , v a r iu s , cu ju f-
libet rei fimulator ac
dejjimulator , alieni :
appetens ., y«/ p rofu-
f u s y ardens in cupidi-
tatibus ; f a t i s loquen-
tice ÿfàpientice parum.
V a f iu s animus im-
moderata , incredibi-
l ia y nimis alta femper
çupiebau
Lucius - Catilina , forti
d’une maifon illuffre, avoit
une ame très - forte & un
corps vigoureux, mais i l
é to it . çfun caractère, méchant
& dépravé. Dès fes
premières années , les dif-
fentions inteftines , les
meurtres , les. vols , la
di(corde civile eurent pour
lui des attraits j & ce furent
les exercices de fa jeu-
neffe. I l eft incroyable a
quel point i l fupportoit la
fa im, le froid, & les v eilles.
C ’étoit un homme
hardi, artificieux, fou p le ,
i capable de tout feindre &
de tout diflimuler, avide
du bien d’autrui, prodigue
du fien , emporté dans fes
paflions, parlant avec allez
de facilite, mais peu pourvu
de jugement. Son génie
vafte le portoit toujours a
des choies exceffives, incroyables
, trop élevées» .
C ’eft Sallufte ( B e ll. Catil. V . ) qui peint Catilina
par cette belle Êthopée : mais pour en voir le dève-
lopemen t, i l eft bon de lire ce que le même historien
ajoute je a p . 1 4 , 15 > 16 ).; & pour avoir
une idée entière du foélérat dont i l s’a g i t , on peut
rapprocher de cette Êthopée , celles qu en. a faites
Cicéron , dans fa harangue pour M. Coe iiu s.Çv. v i .
nn. i x . 13. 1 4 . ) , & dans fa fécondé Catiiinaire
( i v . v . nn. 7 . 8. 9.•). I l eft avantageux d’ailleurs
de, comparer les différentes manières de l ’hiftorien
& de l’orateury ,
Ecoutons un des nôtres j 'ê’eft Boffiiet , 'q u i , dans
fon Oraifon funèbre . de la reine d ’Angleterre ,
parle ainfi de Crom w el. Un homme s ’efi rencontré
d ’une profondeur d’ efprit incroyable ■ ; hypocrite
raffiné, autant qu habile politique ■; capable de
tout entreprendre & de tout ;cacher ,* > également
a c t i f & infatigable dans la paioc & dans ' > la
guerre ; qui ne laijfoit rien à la fortune de ce
qu’i l pouvait lu i ôterpar. confëil&parprévoyancef
m a is , au refie, f i vigilant & f i prêt à tout y qu’ i l
n a jam a is manqué les occafions qu’ elle lu i a
préfentées ; enfin , un de ces efprits remuants &
audacieux , qui femblçnt être nés pour changer
le monde,
Jiiftorjens, orateurs, les uns & les autres s'en
tiennent aux traits cara&ériftiques & principaux,
& n’ont garde de s’appefantfr iiir des détails trop
minutieux : ils ne montrent que ce qui fait a.
leurs vues. Les poètes ont le même foin ; jugez-en
par cette Êthopée allégorique de M. de Voltaire ,
qui peint fi bien la politique ( Henr. I V . 12.5. }•
Ce mônftre, ingénieux, en détours fi fertile,
Accablé de foucis, paroît fimple & tranquile ;
Ses yeux creux 5c perçants, ennemis du repos,
. Jamais du doux fomnjeil n’ont fenti les pavots :
Par fes déguifements à toute heure elle abufe
■ Les regards éblouïs de l’Europe confufe :
Toujours l’autorité lui prête un prompt fecours :
Le menfonge fubtil règne en tous fes difeours >
Et pour mieux déguifer fon artifice extrême ,
Elle emprunte là voix de la vérité même.
C e font les hiftoriens qui font & qui ont befoia
de faire le plus d’ufage de l ’Êthopée ; mais ils font
d’ordinaire plus étendus , parce qu’ils doivent au
ieéteur la vérité toute entière. Tacite , riche' en
ce genre, eft regardé avec raifon ' comme le plus
grand peintre de l ’antiquité ; Sallufte nous fourni-
roit moins d’exemples, mais quelle force & quelle
vérité ! Parmi les modernes , on peut dire que les
Mémoires du cardinal de Ret^ font une magnifique
galerie de tableaux parfaits, & qu’ i l y en a , dans
le Télémaque de l ’immortel Fenélon , une autre
collection non moins précieufe. (AI. B f.au z i F.).
. (N.) É T O N N E M E N T , SU R P R ISE , C O N S T
E R N A T IO N . Synonymes.
U n évènement imprévu, fupérieur aux connoiffances
& aux forces de l ’ame, lui caufe les fituations humiliantes
qu’expriment ces trois mots. Mais Y Étonnement
eft pliis dans les fens, & vient de chofes
blâmables ou peu approuvées. L a Surprife eft plus
dans l ’e(prit,:& vient de chofes extraordinaires. L a
Conftemation eft plus dans le coeur, ôc vient de
chofes affligeantes.
L e premier de ces mots ne fe dit guère en bonne
part ; le fécond fe dit également en bonne & en
mauvaife part 5 & le troifième ne s’emploie jamais
qu’en mauvaife part. L a beauté d’une femme ne caufèy
point d’Étonnement, & fa laideur produit quelquefois
cet effet. L a rencontre d’un am i, comme ce lle
d’un ennemi, peut caufer de la Surprife. Un accident
qui attaque l ’honneur ou qui dérange la fortune
, eft capable de jeter dans la Confiernation.
\JÉtonnement Tuppofe dans l ’évènement qui le
produit une*idée de forcé ; i l peut frapper jufqu’à
llifpendre l ’aétion des fens extérieurs. L a Surprife
y fuppofè une idée de merveilleux 5 e lle peut
aller jufqu’à l ’admiration. L a Confiernation y en
fuppofe une de généralité *, elle peut pouffer la
fenfibilité jufqu’à un entier abattement.
Les coeurs bien placés font toujours étonnés des
perfidies, quelque fréquentes qu’e'lles foient. L e
peuple eft1furpris de beaucoup d’effets naturels ,
dont i l enrichit la lifte des miracles ou des fortiièges.,
Dans
Dans les calamités publiques & dans les maux
preffants > on eft confierné ; parce qu’on manque
de reffources, ou qu’on fe défie de celles qu’on a.
Plus on eft expérimenté , moins on eft fiifcepdble
d’jEtonnement ; parce que les chofes réelles donneiït
l ’idée des poflibles. L ’efprk fupérieur trouve rarement
un fujet de Surprife : parce qu’i l fait que ce
qu’i l ne connaît p a s , n’eft pas plus extraordinaire
que ce qu’i l connoît $ & que les caufes cachées
font egafement, comme les caufes connues, des
refforts méchaniques de la nature ou des ordres
abfblus de celui qui la gouverne L e parfait chrétien
& le vrai philofôphe font à l ’abri de toute
Confiernation \ parce qu’ils, connoiffent la fupé-
riorité de la Providence & des caufes premières,
dont ils refpe&ent les defteins & les effets, par
une. entière foumiffion. ( L ’abbé G ir a r d ). •
(N.) E T R E . E X IS T E R . SU B S IST E R . Synon.
Etre convient à toutes fortes de fujéts, fubftances
ou modes j. & à toutes les manières à’Être , foit
réelles , foitIdéales , foit qualificatives ou relatives.
E x i f ie r ne fe dit que des fubftances, & feulement
çour en marquer Y Être réel. Subfifier s’applique
également aux fubftances & aux modes, mais avec
un rapport à la durée de leur Ê t r e , que n’expriment
pas les deux premiers- mots.
0 ° dit des qua lités, des formes, des aélions ,
de 1 arrangement , du mouvement, & de tous les
divers rapports, qu’ils font. O n dit de la matière,
de 1 efprit, des corps, & de tous lès Êtres rée ls,
qu ils exifient. On dit des É ta ts, des ouvrages,
des affaires, des lo is , & de tous les établiffements
qui ne font ni détruits ni chanp-és-, qu’ils fub-
fifient. s,...
L e verbe Être fert ordinairement à marquer l ’évènement
de quelque modification ou propriété dans
le fujet ; celui d E x if ie r n’eft dufage que pour
exprimer l ’évènement de la fimple exiftence : &
I o n emploie celui de Su b fifie r , pour-défigner un
evenement de durée, qui répond à cette exiftence
ou a cette modification. Ainfi, l ’on dit que l ’homme
ejt inconiïaut ; que le phénix riexi/îe pas : que
tout ce qui eft d’établiffement humain ne fubfiiïe
quun temps., ( l a » G l a . î RD.)
L auteur perle ici d’après fa doftrine particulière
lur l e verbe. D apres „celle que. j’ai établie dans
ma (xrnmmam générale, je _dirois que le verbe
isrre lert ordinairement à marquer l ’exiftence in-
ï. i e . e^ e » c e’ft è dire, l’ exiftence des idées dans
• . Prlt > l,lle cel “ i d’E x i f ie r exprime la fimple
exiftence reelle ;, & celui de Subfifier, l ’exiftence
“ " l e continuée. ( M . B eau z t i ) m
E T U D E , f.f .T e rm e générique qui défivnetoute
occupation a quelque chofe qu’on aime avec ardeur:
mais nous prenons ic i ce mot dans le fens ordinaire
pour la forte application de l ’e fp r it , foit à la
littéra tu re, en général, fait à quelquefcience en
particulier. ’ sjft. : a u
o'oncouragcrai point lés hommes.! fe dévouer
Btu de des fciences, en leur citant les rois & les
Uramm. et L it t é r a t . Tome I L
êinpeteûfs qui menoient à côté d’eux, dans leurs chars
de triomphe, les gens de Lettres & les lavants. Je ne
leur citerai point Phraotès traitant avec Apollonius
comme avec fon fupérieur j Julien defeendant de fon
trône pour aller embraffer le philofophe Maxime,
&c. ces exemples font trop rares & trop finguliers,
j>oui en faire un fujet de triomphe. I l faut vanter
l ’Etude par elle-même & pour elle-même.
L ’Etude eft par elle-même, de toutes les occupations,
celle qui procure à ceux qui s’y attachent
lesplaifirs les plus attrayants, les plus doux, ôc les
plus honrietes de la vie ÿ plaifirs uniques, propres
en tout temps, à tout â g e , 8c en tous lieux. Les
Lettres, dit 1 homme du monde qui en a le mieux
connu la valeur , nembarraffent jamais dans la vie •
elles forment la JeunefTe, fervent dans l ’arme -miîx ,
& réjouiffent- dans la vieilieffe ; elles confolenc
dans l ’adverfité, & elles rehauflent le luftre de la
fortune dans la profperite j elles nous entretiennent
la nuit ôc le jou r; elles nous amufent à la v ille ,
nous occupent à la campagne, & nous déiaffent
dans les voyages : Stud ia adolefcentiam a lu n t ........
Cieer. pro A rchiâ.
Elles font la reffource la p lus'fure contre l ’ennui,
ce mal affreux & indéfinifiable, qui dévore les hommes
au milieu des dignités & des grandeurs de la Cour.
Je fais de Y Étude mon divertiflement & ma confo-
la t io n , difoit P lin e , & je ne fais rien de fi fâcheux
q u e lle n’adouciffe. Dans ce trouble que me caufe
1 indifpofition de ma femrné, la maladie de mes
gens, la mort même de quelques-uns, je ne trouve
d’autre remède que Y Étude. Véritablement, ajoute-
t -il, elle me fait mieux comprendre toute la grandeur
du m a l, mais e lle pie le fait auffi fupporter avec
moins d’amertume.
E lle orne l ’efprit de vérités agréables, utiles, ou
néceffaires 5 e lle élève lam e par la beauté de la
véritable gloire ; e lle apprend d -connoître fes
hommes tels qu’ ils fo n t , en les faifant voir tels
qu’ils, ont é té, & tels qu’ils devroient être ; e lle
infpire du zè le ôc de l ’amour pour la patrie j e lle
nous rend plus humains, plus généreux, plus juftes,
parce q u e lle nous rend plus éclairés far nos devoirs
ôc fur les liens de l ’humanité :
C’eft par l ’Étude que nous Tommes
Contemporains de tous les hommes ,
Et citoyens de toüs les lieux.
Enfin c eft elle qui donne à notre fîècle les lumières
& les connoiffances dé tous ceux qui l ’ont précédé :
femblable a ces vaiffeaux deftinés aux voyages de
lo n g cours, qui femblent nous approcher des pays
les plus éloignés , en nous communiquant leurs
productions & leurs richeffes.'
Mais quand on ne regarderoic l ’Étu de que comme
une oifiveté tranquile , c’eft du moins ce lle qui
plaira le plus aux gens d’e fp r it , & je la nommerois
volontiers l ’ oifiveté laborieufe d ’ un homme fa g e .
O n fait la réponfe du duc de V iv o n e à Louis X IV .
B