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cerceau , cadeau , chameau , fournea u , trotf-
, fu f e a u , g â tea u , Cette irrégularité
orthographique ne nous eft pas propre : les grecs
ont dit *>Aag & etuAa| , fu lc u s ( fillon ) j rpw/Aa &
«rpau/Act, vidnu s ( bleffure ) : & les latins écrivoient
indifféremment couda 8c coz&z ( queue ) ; plaujlrum
& ploflrum ( char ) ; lautum & lotum au fupin du
verbe lavare ( laver ).
L a lettre o eft quelquefois pfeudonyme , en ce
qu’e lle eft le ligne d’un autre fon que de celui
t>our leque l e lle eft inftituée ; ce qui arrive partout
où elle eft prépofîtive dans une diphthongue
rée lle & auriculaire e lle repréfente alors le fon ou;
comme dans béfoard, bo is , f o in , que l ’on prononce
en effet béfouard, bou as , foue in .
E lle eft quelquefois au xiliaire, comme quand
on i ’affocie avec la v o y e lle u pour repréfenter le
fon ou , qui n’a pas de cara&ère propre en françois ;
comme dans bouton , cou rage, douceur, foud re ,
goutte , houblon , jo u r , louange , moutarde ,
nous , p o u le y fouper y tour, vous. Les allemands ,
le s italiens , le s efpagnols, & prefque toutes les
nations, repréfentent le fon ou par la v o y e jlew , &
ne connoiffent pas notre fon u , ou le marquent par
quelque autre cara&ère.
O eft encore auxiliaire dans la diphthongue apparente
o ij quand elle fe prononce ê ou é ; c e qui
eft moins raifonnable que dans le cas précédent,
puifque ces fons ont d’autres caraâères propres.
O r oi vaut ê : i° . dans quelques adje&ifs nationaux,
ang lois,f r a n ç o i s , bourbonnais y 8cc : z°.-aux
premières 8c fécondés perfonnes du fingulier , &
aux troifièmes du p lu r ie l, du préfent antérieur fim-
p le de l ’indicatif & du préfent du fuppofitif; comme
je lifo is , tu lifo is , ils lifoient ; je lir o is , tu l i fo
is y ils liroient : 3°. dans monnoie , 8c dans les
dérivés des verbes connoître 8c paroitre , où Yoi
radical fait la dernière fyllabe , ou bien la pénultième'
avec un e muet à la dernière ; comme je
con n a is , tu reconnois, i l reconnoît ; je comparais
y tu d ifp a ro is , i l reparoît 5 connoître, méconnaître
, que je reconnoijfe ; comparaître, que
je d ifparoijfe, que tu reparoijfes, qu’ils appa-
roijfent. O i vaut è : i ° . dans les troifièmes perfonnes
fingulières du prêtent antérieur fimple de
l ’ indicatif & du préfent du fuppofitif; comme i l
l i f o i t , i l liroit : xq. dans les dérivés des verbes
connaître 8ç paroître , où l ’oi radical eft fuivi d’une
fy llab e qui n’a point à’e muet; comme connoif-
fe u r3 reconnoijfance, je méconnoitrai ; vous comparaître^
y nous reparaîtrions, difparoijfant.
L a lettre o eft quelquefois muette : i ° . dans les
trois mots paon , f a o n , Laon ( v i l le ) , que l ’on
prononce p a n , fa n , Lan ; & dans les dérivés ,
comme paonneau .( petit paon) , qui diffère ainfi
de panneau ( terme de Menuiferie ) , laonnois
qui eft de la v ille pu du pays de Laon ) : z Q. dans
es fept mots oe u f y boe u f , m oe u f y choeur, coeur x
Moeurs foe y r ? que i ’çn prononce e u f , b e u f ,
O B L.
meufy keur y meurs 8c feu r : 3®. dans les trois
mots oe il y oeillet 8c oe illa d e , foit que l ’on prononce
par ê comme à la fin de fo leily ou par eu
comme à la fin de cercueil. On écrit aujourdhui
économe, économie , écuménique , fans 0 ,* & le
nom OEdipe eft étranger dans notre langue.
( M. B e a u z é e . )
O B L I Q U E , adj. Grammaire. Ce m o t , en
Grammaire, eft oppofé à direéty on s’en fert pour
carattérifer certains cas dans les langues tranfpofi-
tives , & dans toutes pour diftinguer certains modes
8c certaines propo filions.
1 . I l y a fix cas en latin : le premier eft le
nomina tif, qui fert â défigner le fujet de la pro-
pofition dont le nom ou le pronom fait partie : 8c
comme la principale caufe de l ’inftitution des noms
a été de préfenter à l ’elprit les différents fujets
dont nous apercevons les attributs par nos pen-
fées , ce cas eft celui de tous qui concourt le plus
direftement à remplir les vues de la première inf-
titution ; de là le nom qu’on lui a donné de ca s
direct ( réélus). Le s autres cas fervent à préfenter
les êtres déterminés par les noms ou les pronoms
fous des afpeéts différents'; ils vont moins directement
au but de l ’inftitution , & c’eft pour cela
qu’on les a nommés obliques ( obliqui ). V o y e \
C a s .
Prifcien & les autres grammairiens ont imaginé
d’autres cautes de cette dénomination ; mais elles
font fi vague s , fi peu raifonnables, & fi peu fondées
, qu’on ne peut s’empêcher d’être furpris^ du
ton férieux avec lequel on les expofe , ni gueres
moins de celui avec lequel Scaliger [D e cauf. lin g .
la t. lib. i v , cap• lxxx ) en fait la réfutation.
z . O n diftingue dans les verbes deux efpèces
générales de modes, les uns perfonnels , & le s
autres imperfonnels. Les premiers font ceux qui
fervent à énoncer des propofitions, & le verbe y
reçoit des terminaifons par lefquelles i l s accorde
en perfonne avec le lujet • les autres ne fervent
qu’à exprimer des idées partielles de la propofi-
tion , & non la propofition même ; c’ eft pourquoi
ils ' n’ont aucune terminaifon relative aux perfonnes.
C ’eft entre les modes perfonnels que les uns font
directs & les autres obliques. Le s modes directs font
ceux danslefquels le verbe fert à énoncer une propofition
principale , ç’eft à dire, l ’expreffion immédiate
de la penfée que l ’on veut manifefter : tels font l ’indica
tif , l ’impératif, & le fuppofitif( voye^ ces mots ).
Le s modes obliques font ceux qu* ne peuvent
fervir qu’à énoncer une propofition incidente fubor-
donnée à un antécédent, qui n’eft qu’une partie de
la propofition principale. ( V oy e \ Mode & Incidente.)
T e ls font le fubjonétif, qui eft prefque
dans toutes l«s langues, & l ’o p ta tif, qui n’appartient
guères qu’au* grecs, V oy e \ O ftatxf , S ubjo
n c t if .
o b t
L e vetbe a été introduit dans le fyftcme de la
parole pour énoncer l ’exiftence intelleétuelle des
fujets fous leurs attributs ; ce qui fe fait par de»
propofitions. Quand le verbe eft donc à un mode
où i l fort primitivement à cette deftination, i l
va directement au but de fon inftitution ;. le mode
eft direét : mais fi le mode eft exclufîvement def-
tiné à exprimer une énonciation fubordonnée &
partielle de la propofition primitive & principale,
le verbe y va d’une manière moins direéte à la fin
pour laque lle i l eft inftitué ; le mode eft oblique.
3. O n diftingue pareillement des propofitions
directes & des propofitions obliques.
Une propofition direéle eft ce lle par laquelle
on énonce directement l ’exiftence intellectuelle d’un
fujet fous un attribut : D ieu eft éternel ; fqye \
fa g e ; IL fa u t que la volonté de D ieu fo i t fa i t e ;
N ou s fe r ion s ineptes à tout fa n s le fecours de
D ie u y 8cc. L e verbe d’une propofition direCtc eft à
l ’un des trois modes dircCts , l ’indicatif, l’impérarif,
ou le fuppofitif.
Un e propofition oblique eft ce lle par laquelle
on énonce l ’exiftence d’un fujet fous un attribut ,
de manière à prétenter cette énonciation comme
fubordonnée à une autre dont elle dépend , & à
l ’intégrité de laque lle e lle eft néceffaire, ( 11 faut
que) la v olonté de D ie u f o i t fa i t e ,* Quoi que vous
fa f f ie^ , ( faites-le au nom- du Seigneur ) ; &c. L e
verbe d’une propofition oblique eft au fubjonCtif,
ou en grec à l ’optatif r i l n e ft pas v r a i, même
en la t in , que le verbe à l ’infinitif conftîtue une
propofition oblique, puifque n’étant & n e pouvant
être appliqué à aucun fujet, i l ne peut jamais énoncer
par foi - même une propofition qui ne peut exifter
fans fujet. F'oye3 Infinitif.
Toute propofition oblique eft nécenairement in cidente
, puifqu’elle eft néceffaire à l ’intégrité d’une
autre propofition dont e lle dépend ; I l f a u t que
la volonté de D ie u fa i t f a i t e , la propofition
oblique , que la volonté de D ie u fo i t fa ite , eft
«ne incidente qui tombe fur le fujet i l dont elle
reftreint l ’étendue; i l (ce tte chote)- que la volonté
de D ie u f o i t fa i t e y eft néceffaire' ; Qu oi que vous
fa f f ie 3 , fa i t e s - le au nom du Seigneu r, la propofition
oblique , que vous faffie^., eft une incidente
qui tombe fur le complément objeCtif le
du verbe fa ite s , & elle en reftreint l ’étendue ;
c’eft pour dire, fa i t e s a u nom du feigneu r le quoi
que vous faftîe^.
Mais toute propofition incidente n’eft pas obliq
u e , parce que le mode de toute incidente n’ eft
pas ' lui - même oblique ,* ce qui eft néceffaire â
Y O b liq u ité , fi on peut le dire , de la propofition.
Ainfi, quand on dit, L e s S a van ts , qui fo n t p lu s
injtruits que le commun des hommes y devroient
auffi les furpaffer en fage ffe ; la propofition incidente,
qui fo n t p lu s in ftm its que le commun
des hommes y n’eft point oblique y mais-direCle, parce
O B S rC i 9
que le verbe font eft à l’ indicatif, qui eft un mode
direCt.
L a propofition oppofée à l ’incidente, c’eft la
principale ; la propofition oppofée à Y o b l i q u e v
c’eft la direCte : l’incidente peut être'ou 11’être pas
néceffaire à l ’intégrité de la p rincipale, félon qu’e lle
eft explicative ou déterminative ( v o y e \ Incidente ) :
mais l 'o b l i q u e l ’eft à l ’intégrité de la principale
d’une néceffitë indiquée par le mode du verbe ; la-
principale peut être ou direCte ou o b l i q u e ; 8c l a
direCte peut être ou incidente ou principale, félon»
l ’occurrence. 'Voj/e^ P rin cipale. (M. B e a u z é e .}
( N . ) O B S É C R A T IO N ^ f. f. Terme emp loyé
par quelques rhéteurs au lieu de celui de D é p r e *
c a t i o n y dont i l eft fynonyme : mais i l eft inutile
en ce fens, & l ’Académie françoife ne tient compte
que de D é p r é c a t i o n . V o y e ^ ce mot. ( M . B e a U ~ zÉa»)
( N . ) O C C A S I O N , O C C U R R E N C E , C O N J
O N C T U R E , C A S , C I R C O N S T A N C E *
S y n o n y m e s .
O c c a j i o n fe dit pour l ’arrivée de quelque daofë
de nouveau, foit que c e la te préfente ou qu’on-
le cherche ; & dans un fens affez indéterminé pour l e
temps comme pour l ’objet. O c c u r r e n c e fe dit
uniquement pour ce qui arrive fans qu’on le cherche
, & avec un raport fixé au temps preferif*
C o n jo n c t u r e fert à marquer la fituation qui provient
d’ un concours d’évènements d’affaires , oit
d’intérêts. C a s s’emploie pour indiquer le fond1
de l ’affaire, avec un raport fingulier à l ’efpèce 8c
à la particularité de la chofe. C i r c o n f t a n c e ne
porte que l ’ idée d’un accompagnement, ou d’une'
chofe accefloire à une autre qui eft la principale»
O n connoît les- gens dans Y O c c a j i o n . I l faut fe
compOTter félon Y O c c u r r e n c e , des temps. Ce font
ordinairement les C o n jo n c t u r e s qui déterminent au
parti qu’on prend. Quelques Politiques prétendent
qu’i l y a des C a s où la raifon- défend de confultec
la vertu. L a diverfité des C i r c o n f t a n c e s fait que
le même homme penfe différemment for la même
chofe.
Quoique tous ces mots s’uniffent affez indifféremment
avec les mêmes épithètes, i l me femble
pourtant qu’ils en affedlent quelques-ùnes en propre
, 8c qu’on dit quelquefois avec ch o ix , Une;
belle O c c a j i o n y une O c c u r r e n c e f a v o r a b l e ,• une
C o n jo n c t u r e avantageufe , un C a s preffant ,■ une
C i r c o r i f ta n G e dé licate; & qu’on ne ditoit p a s,
Une Q c c a j î o n heureufe , une O c c u r r e n c e délicate »
une belle C o n jo n c t u r e y un C a s avantageux, une
C i r c o n f t a n c e preffante. ( U a b b é G i r a r d )* ,
V ' o y e i C ircon stance , C onjoncture. S y n .
{ N . ) O C C U P A T I O N , g F. I I en eft d é
ce terme comme de celui d 'A n t é o c e u p a t ï o n ; quelques
rhéteurs l ’ont mis à la place dê P r o le - p f c *
V o y e ^ ce mot. ( M . B E A U Z É E }»