
d’où réfultcnt quatre figures , qui font‘la D i é r è f e ,
la Contraction, l a M é tathè fe, 6c la Commutation.
V oye\ ces mots.
O n a réuni les caractères de toutes ces efpèces
de Métaplafmes daijs les vers techniques que
voici :
PROSTHESJS apponit capiti , Jed APHÆRESJS auferC,
Syncopa demedio tolïit, Jed Epenthesjs addit ;
Ahjba hit A pocope f in i , jed dat Paragoge
Ut valet in binas diffiare D IÆ R E S IS unam,
Haud aliter binas CONTRACTIO cogit in unam,;
Littera f i legitür tranfpofia, METATHESJS exfiat ;
S i mutât a f u i t , tune COMMUTAT JO véràefi.
I l y a des langues dont l ’ufage n’accorde à cet
égard aucune licence en faveur de l'élocution : te lle
eit la langue françoife, dont le caractère diftinCtif
eft la clarté , & qui fe fait un devoir indifpenfàbîe
d’ éviter tout ce qui peut altérer le moins du monde
cette fuprême lo i du langage : ou fi elle autôrife
quelque M é t a p l a fm e , c e ll en adoptant un mot
étranger » afin de lui .donner un air national j ce
n’eft jamais , ou prefque jamais, pour changer l ’extérieur
d’un mot déjà adopté. D ’autres langues ,
extrêmement fenfibles à l ’harmonie, ont laiflé fur
cela plus de liberté aux écrivains qui veulent pro-
çùrerT leur ftyle quelque aménitéj te lle eft fpé-
cial^ement la langue" latine , qui fe fefoit de l ’harmonie
un point capital ; comme on peut le voir
par Y O r a t e u r de Cicéron , dont nous devons à
l ’abbé Colin une traduction excellente.
Mais la connoiffance des M é ta p la fm e s , peu
u tile pour élocution, eft indifpenfàbîe pour les
étymologies. Rien en effet de plus important dans
les recherches étymologiques, que d’avoir bien
préfentes à l ’efprit toutes les différentes efpèces de
Métaplafmes ; non qu’i l faille s’en contenter pour
établir une opinion, mais parce qu’elles contribuent
beaucoup à confirmer celles qui portent fur
les principaux fondements , quand i l n’eft plus
queftion que d’expliquer les différences matérielles
du mot primitif & du dérivé. ( M . B e a u z é e . )
M É T A T H È S E , f. f. G r a m m a i r e . T r a n fp o -
f i t i o ; de p n à . , t r a n s , & , p o n o . C ’ eft
un métaplafme , par lequel les lettres dont le
root eft compofé font miles dans un ordre différent
de l ’arrangement primitif. C ’eft par M é t a t h è f e que
les latins ont formé a n a é du grec, yUxo-cc, c a r o de
xféa,s, f o r m a de /Aopcpvi ,■ .l’ancien vér&c^f p e c i o , qui
n eft plus ufite que dans les compofés- a f p i c i o ,
c o n f p i c i o , d e f p i c i o , e x f p i c i o , i n f p î c i o , p e r f p i c i o ,
p r o f p i c i o , r e f p i c i o , f u f p i c i o , &c , v ien t , par la
meme voie , du grec d v in a . C ’eft de même par
M é t a t h è f e que les efpagnols difent m i l a g r o , au
lie u de m i r a g io , du latin m i r a c u lu m • que lès
allemands dirent o p e rm e n t , au lieu or p e in e n t ,
•comme nous difons o r p im e n t , d3a u r ip ig m e n tu m ; &
quç nous-mêmes, nous difons troubler pour tourblera
de turbare, &c.
L a principale caufe de la Métathèfe , ainfi que
des autres métaplafmes, c’eft l ’euphonie , qui , dépendant
immédiatement de l ’oigalaifalion de chaque
peuplé , varie néceffairement comme les caufes
qui modifient l ’organifation même. Je dis que c’eft
la principale caufe j car quand V irg ile a dit
( Æ n .x > w . ) p r
Namtibi, Tymbre, caput Evandrius abfiulit enjis ;
i l a mis T ym b r e pour T y m b e r , qui eft trois vers
plus haut j &. ce n’e f t , félon la remarque de Ser-
vius fur ce vers , que pour la mefiire de fon vers$
m e t r i causa , qu’i l s’eft permis cette Métathèfe.
| M . B e a u z é e . ) '
M É T H O D E , f. f. Grammaire. C e mot vient dut
grec Me6o<r« ,. compofé de p.na., trans ou p e r , 8c
du nom o é o ; , via. Une Méthode eft donc la manière
d’arriver, à un but par la voie la plus convenable
: appliquez ce mot à l ’étude des langues;
c’eft l ’art d'y introduire les commençants par les
moyens les plus lumineux & les plus expéditifs.
De là vient le nom de Méthode donné à plu-
fieurs des livres élémentaires deftinés à l ’ étude des
langues. T ou t le monde connoît les Méthodes
eftiméès de Port-Royal pour apprendre la langue
grèque , la latine , l ’italienne-, & l ’efpagnoie ; &
l ’on ne connoît que trop les Méthodes de toute
efpèce dont on accable , fans f ru it , la Jeuneffe qui
fréquente les collèges.
Pour fe faire des idées nettes & préeifes de la
Méthode que les maîtres doivent employer dans
l ’enfeignement des langues , i l me femble qu’i l
eft effen ciel de diftinguer , i ° . entre les langues
vivantes & les langues mortes j z ° . entre les langues
analogues & lés langues tranfpofitives. *
I. i ° . Les langues vivantes, comme,le françois *
l ’italien , l ’efpagnol , l ’aile mand, l’an g lo is , & c ,
fe parlent aujourdhui chez les nations dont elle s
portent le nom: & nous avons , pour les apprendre ,
fous les fecours que l ’on peut fouhaiter j dès maîtres
habiles qui en connoiffent le méchanifme 8c
les fineffes , parce qu’elles en font les idiomes
naturels j ' des livres écrits dans ces langues, &
des interprètes surs qui nous en diftinguént avec
certitude l ’e x ce llen t, le • bon , le médiocre , & le
mauvais : ces langues peuvent nous entrer dans la
tête par les oreilles & par les ieûx tout à la fois.
V o ilà lé fondement de la Méthode qui convient
aux langues vivantes, décidé d’une manière indubitable.
Prenons , pour les aprendre, des maîtres
nationaux : qu’ils nous irlftruifent des principes les
plus généraux du méchanifme & de l ’analogie de
leur langue ; qu’ils nous la parlent enfuite &
nous la raflent parler , ajoutons à cela l ’étude des
ôbfervations grammaticales -, &: la le 61 ure rai formée
des meilleurs livrés écrits dans la langue que
rous étudions. L a raifon de ce procédé eft fimple :
'le s langues vivantes s’aprennent pour être parlées»
puifqu'on les parle j on n ’aprend à parler que par
l ’exercice fréquent de la parole ; & l ’on n’aprend
à le bien faire qu’en fuivant l ’u fage, qui y par
raport aux langues vivantes , ne peut fe conftater
ue par deux témoignages inféparables j je veux
ire le langage de ceux q u i , par leur éducation
& leur état , font juftement préfumés "les mieux
inftruits dans leur langue , & les écrits des auteurs
que l ’unanimité des fuffrages de la nation cara&érife
comme les plus diftingués.
1 ° . I l en eft tout autrement des langues mortes,
comme l’hébreu , l ’ancien g r e c , le latin. Aucune
nation ne parle aujourdhui ces langues $ & nous
n’avons, pour les aprendre, que les livres qui
nous en relient : ces livres même ne peuvent pas
nous être a.ulfi utiles que ceux d’une langue vivante |
parce que nous n’avons pas , pour nous les faire
entendre, des interprètes aufli sûrs & auflî autorifés j
& que , s’ ils nous iaiffent des doutes , nous ne pouvons
en trouver ailleurs l ’éclairciffement. E f t - i l
donc raifonnafele d’employer ici la même M éthode
que pour lès langues vivantes? Après l’ étude
des principes généraux du méchanifme & de l ’analo
gie d’une .langue morte , débuterons - nous par
compofer en cette langue , foit de vive voix , toit
par écrit ? C e procédé eft d’une abfurdité évidente :
à quoi bon parler une langue qu’on ne parle plus ?
& comment prétend-on venir à bout de la parler
feul , fans en avoir étudié l ’ufage dans fes foürces,
ou fans avoir préfent un moniteur inftruit, qui
le connoiffe avec certitude & qui nous le montre
en parlant le premier ? Jugez par là ce que vous
devez penfer dé la Méthode ordinaire, qui fait de
la compofition des thèmes fon premier, fon prin-
cipal, & prefque fon unique moyen. ( V o y e^ É t u d e ,
& La Méchanique des langues , liv . i l . §. i . )
C ’eft aufli par là que l ’on peut apprécier l ’idée
que Ton propofa dans le fiècle dernier, & que
de Maupertuis a réchauffée de nost jours, de
fonder une v ille dont tous les habitants, hommes
8c femmes , magiftrats & artifans , ne parleroient
que la langue latine. Qu’avons-nous à faire de lavoir
parler cette langue ? Eft-cé à la parler qiie doivent
tendre nos études ?
Quand je m’occupe de la langue italienne , ou
de telle autre qui eft a&uellement vivante , je dois
aprendre à la parler , puifqu’on la parle ; c’eft mon
objet : & fi je lis alors les L e t t r e s , du cardinal
d Oflat , la Jérufalem délivrée , YÉnéide d’Annibal
Ca ro ; ce n’eft pas pour me mettre au fait des
affaires politiques dont traite le prélat , ou des
aventures qui conftituentla fable des deux poèmes j
c eft pour aprendre comment fe font énoncés les
auteurs..de ces--.ouvrages. En un m o t, i ’étudie l ’italien
pour le parler , & je cherche d^n^les livres
j?w,ment ° n Par^e* Mais quand js m’occupe
dhebreu, de g rec , de la t in , ce ne peut ni ne doit
ctre pour parler ces langues , puifqu’on ne les
parle p lu s ; c’eft pour étudier dans leurs fources
l ’Hiftoire du peuple de D ie u , l ’Hiftoire ancienne
ou la romaine , la Mythologie , les B e lles -Le ttres,
& c ; la Littérature ancienne ou l ’étude de la
Religion eft mon objet : & fi je m’applique alors
à quelque langue morte , c’ eft qu’elle eft la c le f
néceflaire pour entrer dans les recherches qui m’occupent.
En un m o t , j’étudie l ’Hiftoire dans H é rodote
, la Mythologie dans Homè re, la Morale
dans Platon j & je cherche dans les Grammaires ,
dans les Lexiques, l’ intelligence de leur langue, pour
parvenir à ce lle de leurs penfées.
O n doit donc étudier les langues vivantes comme
fin , fi. je puis parler ainfi ; & les langues mortes
comme moyen. Ce n’eft p a s, au refte , que je
prétende que les langues vivantés ne puiflent ou
ne doivent être regardées comme des moyens pro-*
près à aquérir enfuite des lumières plus importantes
: je m’en fuis expliqué tout autrement au
mot L a n g u e j & quiconque n’a pas à voyager
chez les étrangers , ne doit les étudier que dans
cette vue. Mais je veux dire que la confidération
des fecours que nous avons par ces langues , doit
en diriger l ’étude comme fi l ’on ne fe propo-
foit que de les (avoir parler ; parce que cela eft
p o flîb le, que perfônne n’entend fi bien une langue
que ceux qui la favent parler , & qu’on ne fauroit
trop bien entendre celle dont on prétend faire un
moyen pour d’autres études. Au contraire , nous
n’avons pas affez de fecours pour aprendre à
parler les langues mortes dans toutes les occafions;
le langage qui réfulteroit de nos efforts pour le s
p a r le r , ne ferviroit de rien à l ’intelligence des
ouvragés que nous nous propoferions de lire , parce
que nous n’y parlerions guères que notre langue
avec les mots de la langue morte ; par conféquent
nos efforts feroient en pure perte pour la feule fin
que l ’on doit fe propofer dans l ’ étude des langues
anciennes.
II. D e la diftin&ion des langues en analogues
& tranlpofitives , i l doit naître encore des diftérences
dans ià Méthode de les enfeigner, aufli marquées
que ce lle du génie de ces langues.
i° . Les langues analogues fuivent, ou e x am inent
ou de fort p rès, l ’ordre analytique, qui eft,
comme, je l ’ai dit ailleurs ( y o y e ç I n v e r s i o n 8c
L a n g u e ) , le lien naturel 8c le feul lien commun
de tous les idiomes. L a nature, chez tous
les hommes , a donc déjà bien avancé l ’ouvrage,
par raport aux langues analogues, puifqu’i l n’y a ,
en quelque forte , à aprendre que ce que 1 on
appelle la Grammaire 8c le Vocabulaire , que
l e tour de la phrafe ne s’ écarte que peu ou point
dé l ’ordre ana ly tiqu e, que les inverfions .y font
rares ou légères , & que les eliipfes y font ou
peu fréquentes ou faciles à fuppléer. L e degré
de facilité, eft bien plus grand encore, f i la langue
naturelle de celui qui commence cette étude , eft
elle-même analogue. Qu elle eft donc la Méthode