
le s prières y a u x prières les fourni [fion s , a u x fo u -
mijjîons les promeJfes} &c.
L a Synonymie eft un affemblage de mots qui
ont une lignification à peu près femblable, comme
ces quatre mots de la fécondé Catilinaire de C i céron
: A b i i t y e x c e jjit , evafit x erupit y « I l s’eft
» en a l l é , i l s’eft retiré, i l s’eft évadé, i l a difparu».
V o ic i quelques autres Figures de mots.
L ’ Onomatopée , oNo^arowo/a, c’eft la transformation
d’un mot qui exprime le fon de la chofe •
• vo^ua, nomejiy & nWw , fa c io y c eft une imitation
<iu fon naturel de ce que le mot lignifie, comme
l e glouglou de la b outeille, & en latin , bilbire,
bilb it amphora, la bouteille fait glouglou y tin-
Tihusreris, le tintement des métaux, le cliquetis
des armes, des épées ; le tri&rac, qu’on appeloit
autrèfois ticlac , forte de jeu ainfi nommé du bruit
que font les dames & les dés dont o n .fe fert.
! Taratantarax le bruit de la trompette ; ce mot fe
trouve dans un ancien vers d’Ennius, que Servius a
rapporté :
A t tuba terribîli fonitu taratantara dixlt.
V o y e z Servius fur le j o j e v e r s du liv . IX . de
l ’Enéide. B a u b a r i, aboy er, fe dit des gros chiens ;
mûrire, fe dit des chiens qui grondent : M u canum
e f t , un d e Mutîrèy dit Charifius.
Les. noms de plufieurs animaux font tirés de leur
c ri : u pu pa, une hupe j çuculus,, qu’on prononçoit
voucoulous , un coucou1, oifeau; hirundo , une hirondelle
5 ulu la , une chouette y hubo , un hibou ;
gra cu lu s , une efpèce particulière de corneille.
Paranomafie, reffemblance que les mots ont
entre eux y c’eft une efpèce de jeu de mots : amantes
f u n t ameutes , les amants font infenfés. L a Figure
n’eft que dans le latin , comme dans cet autre
e x em p le , Cum lectum péris de letho c o g i ta ,
w penfez à la mort quand vous entrez dans votre
t> l i t ».
Les jeunes gens aiment ces fortes de Figures y mais
i l faut fe reffouvenir de ce que Molière en dit dans le
Mifanthrope :
Ce ftyle figuré3 dont on fait vanité.
Sort du bon caractère & de la vérité j
C e n’eft que jeu de mots, qu’affè dation pure ,
E t ce n’ eft point ainfi que parle la nature.
V o ic i deux autres Figures qui ont du rapport à
.celles dont nous venons de parler : l ’une s’appelle
Jimiliter cadens -, c’eft quand les différents membres
ou incifes d’une période finiflent par des
cas ou par des temps dont la terminaifon eft femblable.
L ’autre Figure , qu’on appelle fimiliter défi-
nens y n’eft différente de la précédente , que parce
qu’i l ne s’y agit point d’une reffemblance de cas ou
.temps 5 mais i l fuffit que les membres ou incifes
ayent une défïnence femblable, Comme face re fo r -
rite r ^ & vivere turpiter. O n trouve un grand nombre
d’exemples de ces deux Figures : Ubi amatur-,
non laboratur, dit S. Auguftin j « quand le goût y
» eft, i l n’y a p lus de peine ».
I l y a encore l Tfocolony c’ eft à dire , l ’égalité
dans les membres ou dans les incifes d’une période ;
ce mot vient de otj , ég a l y & xwAov , membre y
lôrfque les différents membres d’une période ont un
nombre de fyllabes à peù près égal.
Enfin obfervorisce qu’on appelle P o ly fy n d e ton ,
ïr«ÀvjrWcf{T0V , de ToAtîf , multUS , ervi, CUm , & <rtu> ,
l ig o , lorfque les membres ou incifes d’une période
font joints enfemble par la même conjon&ion répétée
: N i les carejfes , ni les menaces, ni les
fu p p lic e s , n i les récompenfes, rien ne le fe ra
changer de fentiment. 11 eft évident qu’i l n’y a
en ces Figures ni Tropes ni F igur e . de penfées.
§. II. I l nous refte à parler des Figur es de penfées
ou de difeours , que les maîtres de l ’art appellent
Fig u r es de. fentences , Y'vxaxxfentenriarum, Sche-
mata;<ryjiy.a., forme , h a b it , habitude, attitude y
o-yi(ù , habeo , & ly a , plus ufité.
Elles confîftent dans la penfée , dans le fentiment,
dans le tour d’efprit ; en forte que l ’on conferve la
Figur e, quelles que foient les paroles dont on fe fert
pour l ’exprimer.
Les Figures ou expreffions figurées ont chacune
une forme particulière qui leur eft propre, & qui
les diftingue les unes des autres. Par exemple,
l ’Antithèle eft diftinguée des autres manières de
parler , en ce que les mots qui forment l ’Antithèfe
ont une lignification oppofée l ’une à l ’autre , comme
comme quand S. Paul dit : « O n nous maudit, &
» nous béniffons $ on nous perfécute, & nous fouf-
» fions la perfécution j on prononce des blafphêmes
» contre nous, & nous répondons par des prières »,
I. Cor. iv. ï z .
«Jéfiis-Chrift s’eft fait fils de l ’homme, dit faint
» C yp r ien , pour nous faire enfants de Dieu ; i l a
» été bleffé , pour giiërir nos plaies ; i l s’eft fait
» efclave, pour nous rendre libres j i l eft mort, pour
» nous faire vivre ». Ainfi, quand on trouve des exemples
de ces fortes d’oppofitions , on les rapporte â
l ’Antithèfe.
L ’Apoftrophe eft différente des autres F ig u r e s ,
parce que ce n’eft que dans l ’Apoftrophe qu’on
adreffe tout d’un coup la parole à quelque perfonne
préfente ou abfente j ce n’eft que dans la Profopopée
que l ’on fait parler les morts , les abfents, ou les
êtres inanimés. I l en eft de même des autres F i gures
y elles ont chacune leur caractère particul
ie r , qui les diftingue des autres affemblages de
mots.
Les grammairiens & les rhéteurs ont fait des
claffes particulières de ces différentes manières, &
ont donné le nom de Figures de penfées à celles
qui énoncent les penfées fo-us une forme particulière,
qui les diftingue les unes des autres & de tout ce qui
n’eft que phrafe ou expreffion.
Nous ne pouvons que recueillir ici les noms des
principales de ces Figures , nous réfervant de parler
en fon lieu de chacune en particulier j nous avons déjà
fait mention de l ’Antithèfe ,.de l ’Apoftrophe, & de la
Profopopée.
L ’Exclamation $ c’ eft ainfi que S. P a u l,après avoir
parlé de fes foibleffes , s’écrie : Malheureux que j e
fu i s y qui. me délivrera de ce corps mortel ! Rom.
v). H
L ’Épiphonème ou fentence courte, par laquelle on
conclut un raifonnement.
L a Defcription des perfonnes , du lie u , du temps.
L ’ Interrogation, qui confifte à s’interroger foi-
même & à fe répondre.
L a Communication, quand l ’orateur expofe amicalement
fes raifons à fes propres adverfaires j i l en
délibère avec eux j i l les prend pour juges,' pour leur
faire mieux fentir qu’ils ont tort.
L ’Énumération ou Diftribution, qui confifte à parcourir
en détail divers états , diverfescirconftances, ôt
diverfes parties.On doit éviter les minuties dans l ’Énumération.
. L a Conceffion, par laquelle on accorde quelque
chofe pour en tirer avantage^: V o u s êtes riche , fe r -
ve\-vous de vos riche(fes y mais fa ite s -en de bonnes
oeuvres..
L a Gradation, lorfqu’on s’élève comme par de-
- grés de penfées en penfées , qui vont toujours en
augmentant : nous en avons fait mention en parlant
du Climax , xAi//.a|, échelle , degré.
L a Sulpenfion, qui confifte à faire attendre une
penfée qui furprend.
I l y a une Figure qu’on appelle Congeries-, Affem-
blage ; elle confifte à raffembler plufieurs penfées &
plufieurs raifonnemènts ferrés.
L a Réticence confifte àpaffer fous filence des penfées.,
que l ’on fait mieux connoîtrepar ce filence que
fi on en parloit ouvertement.
L ’ Interrogation, qui confifte à faire quelques demandes
qui donnent enfuite lieu d’y répondre avec
plus'de force.
L ’Interruption, par laque lle l ’orateur interrompt
tout a coup fon difeours pour entrer dans quelque
mouvement pathétique p lacé à propos.
I l y a une Figure qu’on appelle Optatio , Souhait
j on s’y exprime ordinairement par ces paroles :
ah y p lû t à D ie u q ue, & c , fa jfe le C ie l ! puijjie-ç-
vous ! __
L ’Obfécration, par laquelle on conjure fes auditeurs
, au nom de leurs plus cners intérêts.
L a Périphrafe , qui confifte adonner à une penfee,
en l ’exprimant par plufieurs mots, plus de grâce
& plus de force qu’elle n’en auroit fi on l ’enon-
cok Amplement en un feul mot. Les idées acceft-
loires que l ’on fubftitue au mot propre, font moins
sèches & ocaupent l ’imagination. C ’eft le goût, ce
font les circonftances qui doivent décider entre le mot
p ropre, & la Périphrafe.
L ’Hyperbole eft une exagération, foie en augmentant
ou en diminuant*
O n met aufli au nombre des F igur es l ’Admiration,
& les Sentences , & quelques autres faciles â remar-
quer.
Le s Figures rendent le difeours plus infinuant ,
plus agréable, plus v if, plus énergique , plus pathétique
y mais elles doivent être rares & bien amenées.
I l faut laiffer aux écoliers â, faire des F igur e s
de commande. Les Figures ne doivent être que
l ’effet du fentiment & des mouvements naturels,
& l ’art n’y doit, point paroître. V oye\ É l o c u -
t i o n .
Quand on a cultivé un heureux naturel & qu’on
s’eft rempli de bons modèles, on fent ce qui eft
décent, ce qui eft à propos , & ce que le bonfens
adopte ou rejette. C ’eft en ce p o in t , dit Horace ,
que confifte l ’art d’écrire ; c’ eft du bon fens que les
ouvrages d’efprit doivent tirer tout leur prix. En
effet, pour bien écrire, i l faut d’abord un fens
droit:
Scribendi re-clè , fapere eft & principium & f in s ,
Horat. de Artepoït. 309.
y . . . . . . Laiflons à l’ Italie
De tous ces traits brillants l’éclatante folie \
Tout doit tendre au bon fens . . . .
dit Boileau.
Les honnêtes gens font bleffés des Figur es af«
feélées.
Offenduntur enim quibus eft equus, &pater, & res,
Hec f i quid friâi ciceris probat, aut nucis emtor,
Æquis accipiunt animis, donantve coronâ.
Horat» de A rtepoït. , 248
Aimez donc la raifon ,
ajoûte Boileauy
................................. Que toujours vos écrits
Empruntent d’elle feule & leur luftre & leur prix.
Figure eft auffi un terme de Logiqu e. Pour bien
entendre ce m o t , i l faut fe rappeler que tout S y l—
logifme régulier eft compofe de trois termes. F e -
fons connoitre par un exemple ce qu’on.entend ici
par terme. Suppofons qu’ i l s agiffe de prouver cette
propofition, u n atome efi divijible y voila déjà
deux termes qui font la matière du jugement, 1 un
eft fujet , l ’autre eft attribut : atôme eft appelé l e
p e t it Terme , parce qu’i l eft le moins étendu ; i l ne
fe dit que de ïa tôm e : au lieu que divijible eft le
grand terme , parce qu’i l fe dit d’un grand nombre
d’objets j i l a une p lus grande étendue.
S i la perfonne à qui je veux prouver que tout
atôme efi divijible n aperçoit pas la connexion ou
identité qu’i l y a entre ces deux termes, & que d i-
vifible eft un attribut inféparable de tout a tôm e,
j’ai recours à une troifième idée qui me paroît propre
à faire apercevoir cette connexion ou identité,