
individu on fur toute une cfpèce , laiffe toujours
quelque chofe £ indéfini dans le fens : ainfiquan d
on dit un grand homme , le mot grand eft
défini par fon applicarion à l ’efpèce humaine j
mais ce n’eft pas à toute l ’e fp èc e, ni a tel individu
de i ’efpèce j ainfi, le fens demeure encore indéfini
à quelques égards , quoiqu’ à d’autres i l foit déterminé
«
Le s noms appellatifs font pareillement indéf
in is en eux-mêmes. Homme , ch eva l, argument,
défignent à la vérité telle' ou telle nature : mais
fi l ’on veut qu’ils défignent tel individu ou la
totalité des individus auxquels cette nature peut
convenir, i l faut y ajouter d’autres mots .qui en
faffent difparoîcre le iens indéfini ; par exemple,
cet homme efi [a v a n t , V homme eft f it j e t à Ver- .
r eu r, &c. Vqye\ A b s t r a c t i o n , A p p e l l a t i f ,
A r t i c l e .
a 0. A r t ic le indéfini. Quelques grammairiens
franchis , à la tête defquels i l fa u t mettre l ’auteur
d e là Grammaire générale ( P a r t. I I , ch. yij ) ,
ont diftingué deux fortes d articles ^ 1 un d é fin i,
comme l e , l a ; 8c l ’autre indéfini, comme u n ,
une , pour leque l on met de ou des au p luriel.
Non content de çette première diftinétion, L a
Touche vint après M. Arnauld 8c M- Lance lot, &
dit qu’ i l y àvoit trois articles in d é f in is . « Les
» deux premiers , dit - i l , .fervent pour les noms
» des chofes qui' fe prennent par parties dans u n
» fens in d é f in i ; le premier eft pour les fubftan-
» tifs , & le fécond pour l e s a d j e & i f s : je l e s a p -
» pe lle articles in d é f in i s p a r t i t i f s . L e t r o if ièm e
» article in d é f in i fért à marquer le nombre des; ;
» chofes ; & c eft pour céla que je le nomme n u -
» m é ra l » . ( L ’A r t de b ien p a r le r fra n ç o i'S , l iv . I l ,
ch. j. ) L e P .B ù ffie r & M. Reftaiit , à quelques
différences près, ont adop é le même fyftême : &
tous ont eu e n vue d’établir des cas & des décli-
naifons dans nos n o m s à l ’imitation des noms grecs
& latins j comme fi la.Grammaire particulière d’une
l a n g u i ne devoit pas être en quelque forte le code
des décifions de l ’üfage de cette langue , p lu s tôt que
la copie inconféquerite de la Grammaire d’unelarigue
étrangère.
Je ne dois pas répéter ici les raifons qui prouvent
que nous n’avons en effet ni cas ni declinai-
fons ( voye\ ces mots ) \ mais j’obferverai d’abord
avec M. Duclos ( Remarques fur le chap. vij. de
la II- P a r tie de la Grammaire générale ) , « que
» ces divifions d’articles, défini , in défin i, n’ont
» fervi qu’à jeter de la confufion fur la nature de
» l ’article. Je ne prétends pas dire qu’un mot ne
9 puiffe être pris dans un fens indéfini ,. c’eft à
u dire , dans fa lignification vague & générale ; mais
» loin qu’ i l y ait un article pour la marquer, i l
9 faut alors le fupprimer. O n d i t , par exemple,
9 qu U n homme a é té traité avec honneur : comme
» i l ne s’agit pas de fpécifîer l ’Aon^ur.particulier
* qu’on lui a rendu, on n’y met point d’article j
n honneur eft pris indéfiniment» , [ parce qu i l eff
employé en cette occurrence dans fon accep ioti
primitive , félon laquelle , comme tout autre nom
a p p e lla tif, i l ne préfente à l ’efprit que l ’idéè générale
d’une nature commune à planeurs individus
ou a plufieurs efpèces , mais abftraélion faite des
efpèces & des individus]. « I l n’y a , continue l ’habile
» fecrécaire de l ’Académie françoife, qu’une feule
» efpèce d’article , qui eft le pour le mafculin ,
»dont on fait la pour le féminin, 8c les pour le
» pluriel dés deux genres : le bien, la vertu , /’ in-
» jufticë \ le s biens , les vertus, les injuftices ».
En effe t, dès qu’i l eft arrêté que nos noms ne
fubiiTenc à leur terminaifon aucun changement qui
puiffe être regardé comme cas ; que les fens ac-
ceffoires repréfentés par les cas en grec , en latin ,
en allemand, Sc en toute autre langue qu’on voudra,
font fuppléés en François, 8c dans tous les idiomes
qui ont à cet égard le même génie, par la place
même des noms dans la phrafe, ou par les pre-
pofitions qui les précèdent j enfin que la deftina-
tion de l ’article eft.de faire prendre le nom dans
un fens précis & déterminé : i l eft certain ou qu’i l
ne peut y avoir qu’un article , ou que i l y
en a plufieurs, ce feront différentes efpèces du
même genre, diftinguées entre elles par les différentes
idées accêffoires ajoutées à l ’idée commune du
genre. . ^
Dans la première hypothèfe, où l ’on ne recon—
noitroit pour article que le , la , les , la coiffé--
quence eft toute fimple. Si l ’on veut^ déterminée
un n om, foit en l ’appliquant à toute l ’efpèce dont
- i l exprime, la; nature , mit en l ’appliquant à un
feul individu déterminé de l ’efpèce ; i i faut employer
l ’article , c’ eft pour cela feul qu’i l eft
inftitué : L ’homme e jl mortel, détermination fpéci-
fiquë j L ’ homme dont j e vous parle , 8cc , détermination
individuelle. Si on. veut employer le
nom dans fon acception o rig in e lle, qui eft effen-
ciellement indéfinie ,* i l faut ;i employer feul 1 intention
eft remp lie : P a r le r en homme, c’eft à
dire, conformément à la nature humaine ; fens
indéfini , où i l n’eft queftion ni d’aucun individu
particulier, ni de la totalité des individus. Ainfi ,
l ’introduétion de l ’article indéfini feroit au moins
une inu tilité, fi ce n’étoit même une abfurdité & une
contradiction.- . | . . ■
Dans la fécondé hypothèfe, ou 1 on a'dmetrroiC
dive^fes efpèces d’articles , l ’idée commune du genre
devroit éneore fe retrouver dans chaque efpecé ,
mais avec quelque autre idée acceffoire qui ferok
le caraCtère diftinCtif de l ’efpèce. T e ls font peut-
être les mots to u t , chaque, n u l, quelque ,. certain
, c e , fnon , ton, J o n j un , d eux , 'trois,
& tous les autres nombres cardinaux : car tous ces
mots fervent à faire prendre dans un fens précis &
déterminé les noms avant lefquels lu fa g e de notre
langue les place ; mais ils le font de diverfes
manières, qui pourroient leur faire donner diverles
dénominations, T o u t , chaque, nul, articles collectifs,
diftingués
diftingués encore entre eux par des ' ntiasiceS délicates
; quelque , certain , articles partitifs $ c e ,
article démonftratifj mon, ton , fo n , articles poP
feffife; u n , d e u x , trois , &c , articles, numériques',
&c. Ici i l faut toujours raifonner de même :
vous déterminerez le feus d’un nom par tel article
qu’i l vous plaira ou qu’exigera le befoin $ ils font x
tous deftinés à cette fin : mais dès que vous voudrez
que le nom foit pris dans un fens in d é fin i, abftenez-
vous de tout -article ; le nom ,a ce fens par lu i-
même. V oye\ A r t ic le .
3°. Pronoms indéfinis.' Plufieurs grammairiens
admettent une claffe de pronoms qu ils nomment
indéfinis ou impropres , comme je l ’ai déjà "dit 1
ailleurs. Vqy e\ Impr o pr e . O n verra , au mot
P ronom , que cette partie d’oraifon détermine les
objets dont on parle par l ’idée de leur relation de
perfonnalicé , comme les noms les déterminent par
l ’idée de leur nature. D ’où i l fuit qu’un pronom,
qui en cette qualité feroit in d é fin i, devroit déterminer
un objet par l ’idée d’une relation vague de
perfonnalicé , & qu’i l ne feroit en foi d’aucune
perfonne, mais qu i l feroit applicable à toutes les
perfonnes. Y a-t-il des pronoms de cette-forte?
Non : tout pronom eft ou de la première perfon
ne,. comme j e , me , moi , nous ,• ou de la
fécondé , comme tu , te , toi , vous ,* ou de la troifième
, comme f e , fo i , i l , e lle , l u i l e u r , e u x ,
elles. Hqye\ P ronom.
. 4°. Temps indéfinis. Nos grammairiens diftin-
guent encore dans notre indicatif deux prétérits ,
qu’ils appellent l ’un d é fin i, 8c l ’autre indéfini.
Quelques-uns , entre lefquels i l faut compter
M. de Vaùgelas , donnent le nom de défini à celui
de ces.deux prétendus prétérits, qui eft fim p le ,
comme j ’ aimai , j e p r is ; je . reçus , j e tins ,* &
ils appellent indéfini , celui qui eft compofé ,
comme j ’ a i aimé, j ’ ai p r i s , j ’ a i reçu, j ’ ai tenu.
D autres au contraire, qui ont pour eux l ’auteur^
de la Gtammaire générale & M. du Marfais ,
appellent indéfini celui qui eft fim p le , & défini
. celui qui eft compofé.". Cette oppofidon de nos
plus habiles maîtres me femble prouver, que l ’idée
qu i l faut avoir d’un temps indéfini étoit elle-
même affez peu déterminée par raport à eux. On
v erra, article T emps , ce qu’i l faut penfer des
deux dont i l s agit ici , & quels font ceux qu’i l
faut nommer définis 8c indéfinis , foit préfents,
foit préférits, foit futurs. ( M . B e a u z é e . )
. IN D IC A T I F , IV E , adj. ( Gram. ) L e mode
in d ic a t i f , la forme indicative. L ’ In d ic a t if tü. un
mode perfonnel qui exprime.directement & purement
lexiftence d’un fiijet déterminé fous un
attribut.
Comme ce mode eft deftjhé à être adapté à tous
.les lujets déterminés dont i l peut être queftion-
oans le difcôurs, i l reçoit toutes les inflexions per-
lonnelles & numériques, dont la concordance avec
le fujet eft la fuite néc.effaire de cette adaptation.
Gramm. e t L it térat. Tome IL
Ceffe propriété lui eft commune avec fous les autres
modes porfonnels fans exception.
Mais i l exprime directement : c’eft une autre
propriété qu’ i l ne partage point avec le mode fub-
joné tif, don; la lignification eft oblique. T o u te
énonciation dont le verbe eft au fubjon&if, eft l ’ex-
prefilon d’un jugement acceffoire, que l ’on n’en-
vifage que comme partie de la penfée que l ’on
veut manifefter j 8c l ’énonciation fubjonélive n’eft:
qu’un complément de l ’énonciation principale :
ce lle - c i eft, l ’expreffion immédiate de la penfée
que l ’on fe propofo de manifefter, & le verbe qui'
en fait l ’ame doit être au mode in d i c a t i f , ou à
un autre mode direét. A in f i, Y In d ic a t if eft di-
re é t , parce qu’i l fert à conftituer la propofidon
principale* que l ’on envilage ; & le IlibjonéUf
eft obliqué , parce qu’i l ne conftitue qu’ une énonciation
détournée qui entre dans le difcôurs par
accident & comme partie dépendante. Je f a i s de
mon m ieux ; dans cette p ropofition, j e f a i s exprime
directement , parce qu’i l énonce immédiatement le
jugement principal que je veux faire connoî:re. TL
f a u t que j e f a fie de mon mieux ; dans çette phrafe,
j e f i j f e exprime obliquement , parce qu’i l énonce
un jugement acceffoire fubordonné au principal ,
dont le caractère propre eft i l fa u t . C ’eft à caufe
de cette propriété que Scaliger -le qualifie , fo lu s
modus aptus fe ien t iis , fo lu s pater veritatis. ( D e
cauf. L . I. F . n é . ) .
J’ajoute que le mode in d ica tif exprime purement
l ’exiftence du fujet, pour marquer qu’i l exclut toute
autre idée acceffoire qui n’eft pas néceffairemenc
comprife dans la fignification efiencielle du verbe $ •
& c’ eft ce qui diftingué ce mode de tout autre
mode direct. L ’impératif eft auffi direét ; mais i l
ajoute, à la fîgnification générale du verbe , l ’idée
acceffoire de la volonté, de celui qui parle. V o y .
Im p é r a t if . Lefuppofitif, que nous fournies obligés
de reconnoître dans nos langues modernes , eft direct
auffi j mais i l ajou te, à la fîgnification générale du
verbe, l ’idée acceffoire d’hypothèfe & de fuppofi-
tion. Héye^ S u p po sitif . L e feul In d ica tif j entre
les modes directs, garde fans- mélange la fignifi-
çation pure du verbe. Uoye\ Mode.
C’eft apparemment cette dernière propriété qui
eft caufe, que dans quelque langue que ce foit, Y In d
ic a t if admet toutes les efpeces de temps qui
font autorifées dans la langue j & qu’i l eft le feul
mode affez communément qui les admette toutes.
Ainfi , pour déterminer quels font les temps de Y Ind
ica tif , il ne faut que fixer ceux qu’une langue a
reçus. Voye\ T emps. ( M. B e a u z é e .)
(N . ) IN D O L E N T , N O N C H A L A N T , P A -
R E S SEU X , N É G L IG E N T . Synonymes.
O n eft indolent, par défaut de fenfibilité ; nonchalant,
par défaut d’ardeur ,■ parefieux, par défaut
d’aélion ,* négligen t, par défaut de foin.
Rien ne pique Y Indolent ,* i l vit dans la tran-
quilité 8c hors des atteintes que donnent les forces
1 t