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décorum èfipro patriâmori; 8c encore ( r v . Od. r i .)
^ u} ce ef i dejipere in loco. O r la conftruition eft
facile : Mo ri pro patriâ efi dulce & décorum;
Defipere in loco efi dulce : les infinitifs' mori &
defipere y font traités comme des noms, & Ton petit
les confîdérer comme tels : j’en trouve une preuve
encore plus forte dans Perfe ( Su t. i ) , Scire tutmi
n ih il e fi ; ladjecti-f tuum , mis en concordance, avec
fe ir e , défigne bien que fe ir e eft confidéré comme
nom. V o ilà la difficulté levée dans notre première
phrafe : le verbe* reperire efi: ce que Ton appelle
communément l e nominatif du verbe efi ; o u , en
termes plus jufles , c’enj eft: le fujet grammatical,
/ qui feroit au nominatif, s’i l étoit déclinable : R e -
perire neminem qui velit id , en eft donc le fujet
logique . A in f i, i l faut conftruire , reperire nemi-
nem qui velit id , efi ; ce qui fignifie littéralement
ne trouver perfohne qui le veuille ; efi ou e x if ie ;
ou en tranfportant la négation , trouver quelqu’ un
qui le v eu ille, n e f i p a s ou n e x i f ie p a s ; ou enfin,
en ramenant la même penfée à notre manière de l ’é noncer,
on ne trouve perforine qui le veuille.
• C ’eft la même fyntaxe & la même conftrudioU
partout où l ’on trouve, un infinitif employé comme
îùjet du verbe fitm ; lorfcjue ce verbe a le fens ad-
je & i f , c’eft à dire, lorsqu’i l n’eft pas Amplement
verbe fubftantif, mais qu’i l renferme encore l ’idée de
lexiftence réelle comme attribut., & conféquem—
ment qu’i l eft équivalent à. e x ifio. Ce n’eft que
dans ce cas qu’i l y a La tinifme y car i l n-’y a rien
commun dans la plupart des langues, que de
voir 1 infinitif fujet du verbe fubftantif, quand ou
exprime enfuite un attribut déterminé ainfi* dit-on
en latin turpe' efi mentiri ; & en françois mentir
e fi une chofe honteufe. Mais ribus ne pouvons pas.
dire voir efi po.ur on v o i t , voir étoit pour on
voyoit y v o ir fe r a pour on verra, comme les latins
difent videre e f i , videre é t a t , videre erit. L ’infinitif
confidéré comme nom. fert auffi à? expliquer
une efpece de Latinifme- qu’i l me fèmble qu’on n’a
pas enfcore entendu comme i l fau t , & à. 1 expiica-
rion duquel le s rudiments ont fiibllitué les difficultés
ridicules- & infolubles du redoutable que retranché».
V 'oy e i In f in it if .
. 1|| . ° ur cè qui- regardé les Idiotifmes irréguliers
, i l faut, pour en pénétrer l e fens, dlfeerner
avec foin- l ’efpèce d’écart qui- le^dàermine , & remonter
, s’i l eft po ffib le , jufqiTà la caufe qui a
occafionné ou. pu occasionner cet écart : e eft même
le feul moyen- qu’i l y ait de reconnoître les: caractères
précis du génie propre, d’une langue, puifeme
ce genie ne confifte que dans la réunion' des. vues
qu i l s eft propofées, 8c des moyens qu.’i l a- au-
torifés.
Pour difeerner exactement l ’efpèce d’écart qui
détermine un Id io t i f me- irrégulier, i l faut fè rappeler
ce que l ’on a dit au mot G rammaire , que:
toutes les réglés fondamentales de cette fcience fe;
reduifent à deux chefs principaux , qui font la
Le xico lo g ie 8c la Syntaxe.- L a Le xicologie a. pour
i d r
objet tout ce qui concerne la connoiffanc'e dèt
mots confié ères, en foi & hors de l ’Élocution r ainfi ..
dans chaque langue le vocabulaire eft comme l ’inventaire
des fujets de fon domaine & fon. principal
office eft de' bien fixer le fens propre do
chacun desmiots autorisés dans cet Idiome. L a Syntaxe'
a pour objet tout ce qui concerne l e concours^
des mots reunis dans l ’enfemblede l ’Élocution : &
les decifions fe raportent dans toutes les lano-ues a-
trois points generaux , qui font la concordance le
regime y & la conflruétion.
, S\ 1 ufage particulier d’une langue autorife l ’al-r
teration du fens propre de quelques mots , & la-
fubftitution* d’un fens étranger ; c’eft. alors une
figure dé mots que l ’on appelle Trope; Voyez:
T rope. :• • .
i ■ / 7 P, — contraire aux
-lois generales de la Syntaxe, c’eft alors une figurer-
que l ’on nomme ordinairement Figur e de co n fru c*
n o n ; mais que j’ a im e r o is mieux qu’on défignât
par la dénomination plus- générale de Figure de-
fy n ta x e r en réfervant le nom de Figur e de conf->
traction ,, aux feules locutions qui s’écartent dey-
regies de la conftruélion 'proprement, dite. J^oyer.
F ig u r e & C onstruction. Voilà, deux elpèces>
d écart que l ’on peut obferver dans les Idiotifmes•
irréguliers..
ï 0. Lorfqu’un Trope eft tellement dans le génie-
d’ une langue qu’i-1 ne peut être rendu littéralement:’
dans une autre | ou qu’y étant rendu littéralement i l
y exprime un tout autre fens; c’eft un I d io t if me de la '
langue o r i g in a l e qui l ’a adopté : Sc cet Idiotifme eft'
irrégulier^ , parce que le fens propre des mots y efir
abandonné; çequi eft contraire à la première inftitutioix
des mots. A infî^le fiiperftitreux EuphémiSme^ qui dans/
la langue latine a -donné le fens- à t 'fa a i f ie r z u
verbe- ma f are, quoique c e mot fignifie dàns.;foir
etymologie augmenter davantage-^ magis auctâre ) p
cet Euphémifme , dis-je, eft, tellement propre aw
génie^ de cette langue , que la traduélion littérale:
que l ’on en feroit dans une- autre , ne poufroir
jamais ÿ faire:, n ^re . Tidéè - de. facrifice. V o y e r
Euphémisme. ~ ^
C ’eft pareillement un ^: T rop e qui a introduit dans"
notre langue ces Idiotifmes déjà remarqués au motr
G allicisme, dans lefquels on employé les-deux
verbts venir & aller , pour exprimer , par lfundes>
prétérits prochains, & par l ’autre , des:futurs prochains
( voye$ T emfs ) j comme quand on:‘dit ,. j e
viens de lirey je - venais de lire , pour j ’ a i ou
j ’avois lu- depuis pëib de temps ; j e vas dire
f i alla is lir e , pour j e d o is , ou j e dev o is lir e d an s
peu de temps. L e s "deux verbes, auxiliaires venir
& perdent alors leur lignification- originelle ',
& ne marquent plus le tranfport d’un lieu en un autre j
ils ne fervent, plus- qu’à marquer la proximité de l ’an-
térioritétou de la poftériorite : 8c nos phrafes rendues
littéralement dans- quelqu’autre langue ,ou n’ y lignifie,*
roieot ïien , ou y fig-nifieroient; autre chofe que parmi
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èious. C*eft une Catachrèfe introduite par la nécef-
fité ( vqye^ C a t a ch r è s i ) , & fondée néanmoins
fur quelque analogie encre le fens propre & le
fens figuré. L e verbe venir , par exemple , fup-
-pofe une .exiftence antérieure dans le lieu d’où l ’çn
vient ; 8c dans le moment qu’on en vient , i l n’y
-a pas lon g tem p s qu’on y etoit : v ô i li précifément
l a raifon du choix de ce verbe pour fervir à . l ’ e x -
preflîon des prétérits prochains. Pareillement le
verbe aller indique iapoftériorité d’exiftence dans le
lie u où l ’on vaj & dans le temps qu’on y v a , on
eft dans l ’intention d’y être bientôt : v o ilà encore
l a juftjfîcation de la préférence donnée à ce verbe
pour défigner les futurs prochains. Mais i l n’ en
demeure pas moins vrai que ces verbes ., devenus
auxiliaires. , perdent réellement leur lignification
primitive & fondamentale , & qu’ils n’en retiennent
qué des idées acceffoires & éloignées.
- ^0. C e que l ’on vient de dire des Tropes , eft
également vrai des Figures de fyntaxe : telle figure
«ft un Idiotifme irrégulier, parce qu’elle ne peut
être rendue littéralement dans une autre lan gu e ,
.ou que la verfion littérale qui en feroit faite y
'auroit un autre fens. Ainfi , Tufàge *où nousfommes
dans la langue françoiïe d’employer l ’adjeélif p o f
feffif mafculln, mon, ton , f o n , avant un nom fé-
.minin qui commence par une v o y e lle ou par une
h muette, eft un Idiotifme irrégulier, de notre
langue , un Gallicifme ; parce que l ’imitation lit térale
de cette figure dans une autre langue n’ y
feroit qu’un folécifme. Nous difons mon ame , &
T on ne d-iroit pas meus anima; ton opinion, &
l ’on ne peut dire tuus opinio : c’eft que les latins
.avoient pour éviter l ’hiatus occafionné par le con-
•cours des voyelles,, des moyens qui nous font interdits
par la cônftitution de notre langue , & dont
• il étoit plus raifonnable de faire u fag e , que de
violer une lo i auffi efïencielle que ce lle de la
^concordance, que nous tranfgreftons \ ils pouvoient
dire anima m ea , Opinio tu a ; 8c npus ne pouvons
pas imiter ce tour, & dire ame m a , opinion ta.
Notre langue facrifîe donc ici un principe raifon-
.nable aux agréments de l ’Euphonie ( voye% E uph
o n ie ) , conformément à la remarque fenfée de
Cicéron, Orat. n. 47 : Impetratum efi-à con fie -
lu d in e ut peccare, Jua vitatis ca u sâ , liceret.
V o ic i une Ellip fe qui eft devenue une locution
^propre à notre langue , un Gallicifme , parce que
1 ufage en a prévalu au point qu’ i l n’eft plus permis
de fuivre en nareil cas la fyntaxe pleine: I l ne
là ijfe p a s d ’a g ir , notre langue ne laijfe p a s de
f e prêter à tous les genres d ’ écrire , on ne laijfe
p u s d abandonner la vertu en la louant , c’eft
a dire, i l ne laijfe p a s le foin d a g ir , notre
langue ne laijfe p a s là faculté de f e prêter à
jtou-s les genres d écrire , on ne laijfe p a s la foi-
v.b l e u e d ubandonner la vertu eji - la louant.
Nous préférons dans -ces phrafes le m é r i t e *de la
iadeveté a une ,locution p le in e , qui, fans avoir, plus
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de -clarté, auroit le défagrémenü inféparable des
longueurs fuperflues.
S i l eft facile de ramener à un nombre fixe de
chefs principaux les écarts qui déterminent les d i f férents
Id io tifm e s , i l n’en eft pas de même dbs
vues particulières qui peuvent y influer : la variété
de ces Caufes eft trop grande , l ’influence en eft
trop- délicate1, la complication en eft quelquefois
trop embarraflante.-, pour pouvoir établir à ce fujet
•quelque chofe de bien certain. Mais i l n’cn.eft pas
moins confiant qu’elles tiennent toutes plus ou
moins au génie des diverfes langu es, qu’elles en
font des émanations, & qu’elles* peuvent en devenir
des indices; « I l en eft des peuples entiers
» comme d'un homme particulier, dit du Trem -
» b la y , Traité des L a n g u e s -, ehàp. %% j leur
» langage eft la vive expreffion de leurs 'moe urs,
» de leur génie , & de leurs, inclinations y.8c i l nfc
» -faudroit que bien examiner ce langage , pour pé-
» nétrer toutes les penfées de leur ame & tous
» les mouvements de leur coeur, Chaque langue
» doit donc néceffairement tenir des perfections &
» des défauts du peuple qui la parle. Elles auront
» chacune en particulier., difoit-il un peu p lu j
. » haut , quelque perfection qui ne fe trouvera pas
» dans• les autres , parce q u e lles tiennent toutes
» des moeurs & du génie des peuples qui les par-
» lent : elles auront chacune des termes & des
v façons de parler qui leur feront propres , & qui
feront comme le caractère de ce génie ». O n
reconnoît en effet le flegme orientai dans la répétition
de l ’adjectif ou de l ’adverbe j amen ; amen;
fq n c lu s , fa n f in s , fan c tiis : la vivacité françoife
n’a pu s’en accommoder, & tr è s fa in t eft bien
plus à fon gré que f i in t . , f d in t , J a in t.
Mais'fi Ton veut démêler dans les Idiotifmes
réguliers ou irréguliers ce que le génie particulier
de la langue peut y avoir contribué , la première
chofe effencielle qu i l y ait à faire c’eft de s’afïùrèr
d’une bonne interprétation littérale. E lle fuppofè
deux chofes : la traduction rigo-ureufè de ^chaque
mot par fa fignification propre ; .& la réduction de
toute la phrafe à la plénitude de la conftruclion
analy tiqu e, qui feule peut remplir les vides de
F E llip fe , corriger les redondances du Pléonafme,
redrefier les écarts de l ’ Inverfion , & faire rentrer
tout dans le fyftême invariable de la Grammaire
générale.
« Je fais bien, dit M. du Marfais, Méth. pour
» apprendre la langue latine , p a g . 14 , que
» cette •traduction-'littérale fait, d’abord dé la peine
» à ceux qui n’eri connoiftent point le motif; ils
» ne voient pas que le but que l ’on fè propole
» dans cette manière de. traduire n’eft q u e , de
» mofitrer comment dn parloit latin : ce qui ne
» peut fe faire qu’en expliquant chaque mot latin
» par le mot françois qui lui répond.
» Dans les premières années de notre énfance ,
» nous lions eer:âine-s> idées à certaines impreffionS ;
)? l ’habitude confirme cette.liaifon. Les elprits ani-
N n