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latine avaient cru autrefois , * qu*^ l ’imitation de
la langue grèque i l falloit y admettre un O p ta tifs
& l ’on y trouvoic dô&ement écrit j Op t a t i f O
modo, tempere praefenti & imperfecto, utinam
amarem ! p lu t à D ie u que j ’ aimajfe ! &c. Mais
puifque , comme le dit la Gramm. gén. de P. R.
[.part. H , chap. 16 ) , & comme le démontre la
laine raifon, » ce n’eft pas feulement la manière
» différente de fignifier qui peut être fort multi-
» t ip lié e , mais les différentes inflexions qui doivent
» faire les modes » ; i l eft évident qu’i l n’efl pas
moins abfurde de vouloir trouver dans les verbes
latins un O p ta t if femblable à celui des verbes
g rec s, qu i l ne Feft de vouloir que nos noms ayent; fix cas comme les noms latins j ou q u e , dans/irap»
vrcrvrav >éoAj>mv { au deflus de tous les théologiens
) , vcLi'iw 6éoAcyav, quoiqu'en effet au g é n
it if , foit à l ’accufàtif, parce qu’en latin on diroit
fu p ra ou ante omnes theologos. •« C ’e f t , ->dit du
» Marfais ( article Da t if ) , abufer de l ’analogie &
» n’en pas connoître le véritable u fa g e , que de tirer
» de pareilles inductions ». ( M. B eauzée.)
( N . ) O P T A T IO N , f. f. Figure de penfée
par mouvement, dans laque lle on énonce tout
.a coup un défir véhément d’obtenir pour foi ou
pour quelque autre , un bien que l ’on juge très-précieux
& très-important.
Ç u is dablt mihipeu- Qui me donnera des aîles
n a s f i tu t columboe , comme à la colombe , afin
& volabo , & requief- que je prenne mon v o l , &
çam ? ' que je cherche un lieu de
PC Ijv. repos ?
O Rives du Jourdain , ô Champs aimiés des Cieux,
Sacrés Monts > fertiles Vallées
Par cent miracles fignalées !
Pu doux pays de nos aïeux
Serons-nous toujours exilées ?
R a c in e »
Joad^ayaut laifle entrevoir â Abner quelque
lueur d’efpérance , celui - c i s’écrie, après avoir
rappelé avec amertume tous les attentats d’Athalie
comme autant de motifs de défefpoir [ A c i . / , fien. l ) :
Ali ï fl dans fa fureur elle s’étoit trompée !
Si d.u fang de nos rois quelque goutte échapée ..,
O j.our heureux pour moi ! -
De quelle ardeur j’irois reconnoître mpn roi J
Oppation , comme on v o i t , fe montre fous
toute forte de formes & de tours , l ’Interrogation, 1 Exclamation, la Réticence j en voici un exemple
fous la forme véritablement optative, tiré de Çré-
billon :
?ux dieux que çe jour, qui te paroîtfi beau,
• Pût des nüçns, à ieu£ , éteindre je flambeau J
O P T
1 Cicéron V plaidant pour M ilo t i, met dans h
bouche de l à partie ( x x x jv . ) une Optation
très-belle ;
yQ-leant y în q u it , cives
mei f valeant ! fin t
incolumes ! f in t fioren-
te s ! f in t beati ! Stet hoec urbs proeclara mihi
que patrict cariffima
quoquo modo mérita de
tue erit l Xranquilld
republicâ cives J rtiei ,
qu&iùam mihi cum illis
non lieety fin e me ip fit
f e d p er me tarnen, per-
fru an tu r !
PuilTent, dit-il, puiflent
profpérer mes concitoyens !
pu iffenflls être à l ’abri de
tout malheur , être florif
fants , être heureux 1 Puifle
être éternelle cette ville
illu û r e , ma très-chère pat
rie , de quelque manière
u’elle doive me traiter!
uiflent mes concitoyens
jouir de la tranquilité de
l ’État i & puifqu'il ne m’ eft
pas permis d’en jouir avec
eu x, qu’ils en joViffent fans
m o i, quoique par moi.
L 1 Op tation , ainfï nommée du mot latin O p ta tio ,
qui fignifie D é fir y eft la figure oppofée à VImprécation
( Voye-{ ce mot ). Gomme l e défir les
cara&érife l ’une & l ’autre & qu’elles ne diffèrent
que par leur objet, toutes deux font ufage des mêmes
tours. ( M . B e a u z é e . ) #
( N . ) O P T E R , CH O IS IR . Synonymes.
O n opte en Ce déterminant pour une ch o ie ,
parce qu’on ne peut les avoir toutes. On choifit
en comparant les chofes, parce qu’on veut avoir
la “meilleure. L ’un ne fuppolè qu’une Ample dé-
cifion de la volon té, pour lavoir à quoi s’en tenir :
l ’autre fuppofe un difeernement de Feiprit, pour s’en
"tenir à ce qu’ i l y a de mieux.
Entre deux chofes parfaitement ég a le s , i l y a à
opter y mais i l n’y a pas à choifir.
O n eft quelquefois contraint d3opter ; mais on
ne Feft jamais de choifir. L e Choix eft un plein
exercice de la liberté ; c’eft pourquoi , lorfque lè
fens ou l ’expreflïon marque une neeefljté abfolue ,
i l eft mieux de Ce fervîr du mot S Opter , que de
celui de Choifir : de là vient que l ’ufage d i t , puif-
qu’i l eft impoflible de fervir en même temps deux
maîtres, i l faut opter.
L e mot de Choifir ne me paroît pas non
plus* tout à fait à fa place , lorfqu’on parle . de
chofes entièrement disproportionnées , a moins
qu’i l n’y" loit employé dans un féns ironique :
par exemple , je ne dirai pa s, I l faut choifir où
de Dieu ou du monde ; mais je dirois , I l faut
opter : car le Choix étant une préférence fondée
fur la eomparaifon ,des chofes, i l n’a pas lieu où
i l n’ y a point de eomparaifon à faire. Un prédicateur
diroit cependant avec beaucoup de grâces :
« Meffieurs, lé joug du feigneur eft doux , & nous
» conduit au comble de t o u s s e s biens ; le joug du
» monde eft dur, & nous plonge dans l ’abîme de
» tous maux : choififfe\ maintenant auquel des deux
» vous voulez vous foumettre » . parce qu’alors i l fb
trouve -une fine ironie dans l ’emploi de Choifir9
j e , ne connois point de droit de Choix : mais
il y a un droit d* O p tion ; c’eft lorfqu’entre plusieurs
chofps à diftribûer , on a droit de prendre,
avant le s autres , ce lle qu’on veut. Quand on a ce
droit, on a par conféquent la liberté de choifir :
car on .peut opter par Choix , en examinant
q u e lle . eft la meilleure ; comme on peut opter
fens Choix y enfe déterminant indifféremment pour la
première venue.
Nous n’optons que pour nous j mais nous choi-
fijfons quelquefois pour les autres.
On peut opter fans choifir; i l n’y a qu’à fuivre
le hafard ou le confeil d’autrui : mais on ne peut
Choifir fans op te r , quand on- choifit pour foi.
Lorfque les 'chofes font à notre O p tion , i l faut
tâcher de faire un bon Choix.
‘ Entre le v k e & la vertu i l n’y a point d'accommodement!
i l faut opter pour Fun ou pour
l ’autre. Rien ne me paroît plus difficile à choifir
qu’un ami. ^
Si jfavois à opter entre un= ami fort zé lé mais
indiferet, & un ami diferet mais moins zélé j je
ehoifirois le dernier. ( V a b b é GlRARD. )■
( N . ) O R A ISO N , £ £ Grammaire. L a penfée
eft effenciellement indivifible j la Log iqu e vient
pourtant à bout de l ’analyfer ., en confidérant fépa-
tément le s différentes idées qui en- font la matière
& les relations qui le s unifient dans une même
penfée. C ’eft cette analyfe 4e 1* penfée qui eft le
prototype naturel & immédiat de ce qu’eh Grammaire
on appelle Oraifoity & F Oraifon devient
airifi une image fenfible de la penfée : c’eft le fens
du mot dans le langage grammatical.
Les mots Oraifon & D ifco u r s y font regardés
Couvent comme fynonymes j i l y a pourtant en rigueur
une grande différence , qu’i l eft effenciel de
remarquer.
L e D ifco u r s eft une penfée ou une fuite de
pehfées rendues fénfibles par YQraifon : & l ’on
peut dire en çonféquence que Y Oraifon eft la
forme du D i f c o u r s & que la penfée en eft la
matière j oh bien que le D ifcou r s a pour objet matériel
la penfée , & pour objet formel Y Oraifon.
Dans le D ifcou r s on envifàge flirtout l ’analogie &
la refTémblahce de l ’énonciation avec la penfée énoncée
: dans Y O raifon , l ’on fait plus d’atteYrtioii à la
matière phyfique & aux lignes vocaux q ui y font
employés.
A in n , lorfque l ’on dit en grec àha.ta.ros In
ën latin <é ter nus eft D e u s , en- italien eterno è
Iddio en aliemaud Gott i f i ew ig , en françois
D ie u e fi éternel ^Ceâ partout le même D i fc o u r s ,
parce que c’ eft partout la même penfée, énoncée
avec la même fidélité par des, mots de même e£-
Î>èce : mais Y Oraifon eft différente dans chaque
aqgue, parce que les fignes vocaux de l ’une font
differents des fignes vocaux de. l ’autre , & que’
«Failletirs l ’ordre des mois-dans' les trois premières
n’eft pas le même que dans les deux dernières.
O n peut rendre fenfible la même diftindion fans
fortir de la même langue. Que l ’on dife , par
exemple, en françois , Par ce trouble fatal ? où dois-je fortir de par où dois -je foour tbirie ïn , De ce trouble fatal C ’eft encore le même Difcours y parce que c’ e f t , fous les deux formes,
l ’énonciation fidèle de la même penfée : mais quoique
les mêmes mots foient employés dans lés
fdoenux phrafes, ce n’eft pourtant pas la même Orai,
parce que l ’enfemble phyfique n’ eft . pas le
même de part & d’aiitre , l’ ordre y étant tout différent.
C ’eft la même chofe des trois expreffions-
lLaittinteersa ,s Lteugais t uleagsi Hueras , Tuas legj Litteras%y; ; c’eft le même Difcours,
trois Oraifons différentes.
L ’Étymologie peut fervir a confirmer la diftinc--
tron que j’établis entre Difcours & Oraifon. L e
mot Difcours y en latin Difcurfus y^ vient du verbe DVuifnc urrere, qui fignifîe littéralement Courir de à Vautre; & en effet l ’analyfe de la penfée r
qui eft l ’objet immédiat du Difcours montre
l ’une après7l ’autre les idées partielles, & mène en*
quelque inanière l ’efprit de l ’une à l ’autre. L e
mot Oraifon eft tiré immédiatement du latin 0 /<x- tio y formée d’Oratum, fupin d’O rare ; & O rare
a fon origine dans O ris , génitif du nom Os (bou--
che ) , qui eft le nom de l ’infirument organique-
du matériel de la parole : Outre, faire ufage de
la bouche ( pour énoncer fa penfée ). ; Oraùo & par
conféquent Oraifon , matière phyfique de Fénoivr
eiation-.
L e D i f c o u r s eft donc plus intelleétuel ç i l
; sadreffe à l ’efprit, parce qu’ri lui préfente desidées
: ce | qui le caraétérife ,■ c’ eft le S ty lé , qui le
rend précis ou diffus , élevé ou rampant, fàcHe om
embarraffé , v i f ou languifiant, animé ou froid ,, &c, UOraifon-, plus matérielle, intérefie davantage
l ’imagination, parce quelle repré fente d’une-
manière fenfible : ce qui la- caraétérife , , c’eft la'
D i c t io n ,:q u i la rend corre&e ou incorreéie, c la ire
, ou obfcure, pure ou barbare, harmonieufe ou mat-
^ fonnante , & c .
En confirmation de ce que je viens de dire, voye^
l ’article H a r an g u e , DiscouRS-i ORAisoN , fyn^
Quoique l ’abbé Girard y prenne ces mots relativement
à l ’éloquence, on verra néanmoins qu’i f
: met entre les deux derniers une. diftinéfion de .même
nature que ce lle que j’y ai-mife moi-memé. Voie h
• les fuites, & par là même une nouvelle preuve de la
vérité de cettè diftinéüon.
Les parties du Difcours font le s mêmes que
\ celles de la pen fée! f uJet ■> Y attribut y 8c les-
, divers compléments nécéfiaires aux vdes de l'énonciation
{voye^ ces trois mots ) : cela eft du refiorc àec
la Logique.
J Les parties de Y Oraifon y que l’on ne doit ja—
; mais confondre avec celles du D ifco u r s y font les?
différentes cfpèses de in o t f {?oye\ M o t )ry; 1«: