
de fp e& a c le . a g ré ab le , piqu an t, & bien pris dans
l a nature , mais ' f i dép la cé dans l e milieu d’une
a é lio n tra g iqu e , q ue le s deux piè ce s fe nui (oient
mu tu ellemen t , & que l ’ une des deux ne pou vo it
jamais intéreffer qu ’aux dépens de l ’ autre.
R e fte donc à v o ir f i,- la D an fe ne pouvant entrer
dans la comp ofition du, genre ly r iq u e comme o r -
•nement é t r a n g e r , io n -n e l ’ y p ou r ro it pas faire
entrer c : mme pa rtie conftitu tive , 8c faire concourir
a l ’aétion un art q u i „ n e doit pas la fufpendre.
M a is comment admettre _à la fo is deux lan g a g e s
q u i s’ ex clu en t m u tu e llem en t , 8c joindre l ’art p a n - '
tom im e à la pa ro le- qu i l e rend fuperflu ? L e lang
a g e du g e fte <, é ta n t 'la ie ffo u r c e ' des muets-ou des
g en s qui ne peuvent s’ entendre , devient r id icu le
en tre ceux qu i parlent* O n ne répond p oint à des
m o t s par des gambades j-ni-au g e fte par des difcôurs ;
au tr em en t , je ne vo is - p o in t p o u rqu o i c e lu i qui
entend l e la n g a g e de l ’autre ne lu i répond pas
fu r l e même ton . Supprimez, donc l a p a ro le fi
vous v o u le z em p lo y e r la D an fe : fitôt que vous
in tro d u ife z la P antomime dans l ’ O p éra -, vous en
d e v e z bannir la P o é f îe ; parce 'q u e de toutes le s
unités la p lu s Inéceffaire eft c e lle du la n g a g e - , 8c
q u ’ i l eft même abfurde & rid icu le de dire à l a fois la
m êm e cliofe à l a mêm e p e r fo n n e , & de btmchc &
p a r écrit.
L e s deux raifons que je viens d’a llé g u e r fe réun
if ie n t dans tou te leu r forc e pour bannir du Dram e
ly r iq u e le s fêtes & le s divertifienients , q u i non
feu lem en t en fufpendent l ’ aétion , mais ou ne difent
r ien , ou fubftituent brufquement au la n g a g e adopté
un autre la n g a g e o p p o le , dont l e contraire détruit
l a vraifemblance , afro ib lit l ’intérê t , & , fo it dans
l a même aétion pou rfu iv ie fo it dans un épifode
in f é r é , b lé fle é g a lem en t la raifon. C e fe ro it bien
p i s , fi ces fête s n’offroient au fpeélateur que des
lau ts (ans liaifon s & des danfes fans o b je t , tiflu
g o th iq u e 8c barbare dans un genre d’ouv rage où tout
d o it être peinture 8c im ita tion .
I l faut avoue r cependant que l a D an fe eft fi avan-
ïa g eu fe ra en t p la c é e au T h é â t r e , q ue ce fe ro it le
p r iv e r d’un de fes p lu s grands agréments c^ue de
T en retrancher tou t à fa it. *A u r ti, quoiqu’ o n ne
d o iv e p oint a v ilir une a â io n tra g iq u e pa r des fauts
& des entrechats, c’eft terminer trè s-a gréab lem ent
l e f p e & a c le , que de donner un b a lle t après Y Opéra. ,
com m e une p e tite p iè c e après la T ra g éd ie . Dans
c e nouveau ïp e& a c iè , qui ne tient p o in t au p récéd
en t , on peu t aurti fairé ch o ix d’une autre lan g
u e ; c’eft une autre nation qu i pa ro ît fiir la Sc ène.
L ’art pan tom im ê ou la Danfe devenant alors la
la n g u e de conv ention , la p a ro le en do it être bannie
à fon tou r ; & là Mufiqu e , reftant l e mo y en de
lia i fo n , s’ ap p liq u e à la D an fe dans la p e t ite p iè c e ,
comme e l l e s’ a p p liq u o ita la P o éfïe dans la grande.
M a is avant d’em p lo y e r ce tte la n g u e n o u v e lle , i l
fau t la créer. C ommen cer pa r donner des, b a lle ts
en aétion , fans' a v o ir p ré a la b lem en t étab li la ç o n -
vention des geftes, c^eft parler une langue à gens
qui n’en ont pas le dictionnaire, 8c qui par con-
fëquentne l ’entendront point. ( J . j . Rou&SEAU.)
1 II me femble bien fingulier que le françois , qui
définit Y Opéra , la réunion de tous les charmes
des beaux-arts, facrifie fi peu à i a Mufique dans
les Opéra , que prefque aucun de fes ■ airs ne feroit
fupportable, exécuté fimplement par des inftru-
ments; tandis que l ’ita lien , qui appelle Y Opéra
un Drame, où lespaflions font exprimées muficale-
ment ( du moins là coupe & le choix de fes pièces
femblent le démontrer ) , tandis que l ’ita lien , dis-
je , facrifie fi fort à la Mufique , q u e , dans les
moments des partions les plus vives, on eft obligé
'd ’efluyer des roulades qui ne finiftent point. L a
perfection de Y Opéra confifteroit,. a mon avis , à
combiner celui des deux nations.
Quant à bannir les ballets de Y O pé ra, & en
faire un fpedtacle ifolé 8c une efpèce d’épilogue ,
je crois que ce feroit le mieux dans la plupart
des pièces ; mais i l y en a quelques-.unes où i l
me femble qu’un ballet convenable augmenteroit
l ’ in t é r ê td a n s Y O lympiad e , par ex emple, un
ballet repréfentant .les jeux olympiques entre le
premier & le fécond a£te , feroit un effet admirable
, parce qu’ici le langage hypothétique ne
change point : on combattoit fur les bords de
l ’Alpbée fans parler ni chanter. D e 'm êm e , dans
Y Opéra de Mérope , on peut placer très-convenablement
un ballet repréfentant des jeux funèbres à
l ’honneur de Cresfonte. (M . D E C a s t i l l o n fils .)
O péra des Bamboches , Spectacle fran çois>.
U Opéra des Bamboches , de l ’invention de la
G r ilie , fut établi à Paris vers l ’an 16 74,8 c attira
tout le monde durant deux hivers. C e fpedtacle
étoit un Opéra ordinaire, avec la différence que
la partie de l ’adliori s'exécutait par une grande
marionnette, qui fefoit fur le théâtre les geftes
.convenables aux récits que chantait un mufîcien ,
dont la voix fortoit par une ouverture ménagée
dans le plancher de la fcène : ces fortes de fpec-
tacles ridicules réufîiront toujours dans ce pays* CLe
chevalier d e J au cour T . ) \
O p é r a c o m i q u e , Spectaclefrançois. Ce
fpedtacle eft ouvert à Paris durant les foires, de
S. Laurent 8c de S. Germain. On peut fixer l ’époque
de YOpéra comique. en 1678 ; 8c c’eft en effet
cette année que la troupe d’Alard 8c de Maurice
vint repréfenter un divertifiement comique ,, en trois
intermèdes,, intitulé : L e s force s de Y Amour fis
de la Magie. C ’était un compofé bizarre de plai-
fanteries groffières, de mauvais dialogues, de fauts
périlleu x, de machines., 8c.de danfes.
. Ce ne fut qu’en 171 y que les comédiens forains,
ayant traité avec les fyndics & directeurs de l ’Académie
. royale de Mufique , donnèrent à leur.fpec-
tacle le-titre. S Opéra: comique. Les pièces ordinaires
de cet Opéra étaient des fujets amufant$
mis etl vaudevilles , mélés de profe , 8c accompagnés
de danfes & de ballets. O n y repréfeniort
fufii les parodies des pièces qu’on jouoit fur^ les
théâtres de la Comédie fràoçoife & de l ’Académie
de Mufique. M. le Sage eft un des auteur qui a
fourni un plus grand nombre de jolies pièces à Y Opéra
comique; 8t l ’on peut dire, en ua fens, qu’i l fut le
■ fondateur de ce fp e& a c le , par le concours du monde
qu’i l y attiroit.
Les comédiens françois, voyant avec déplaifir que
le Public abandonnoit fouvent leur théâtre pour
courir d celui de la foire , firent entendre leurs
plaintes 8c valoir leur privilège. Ils obtinrent que
les comédiens forains ne pourroient faire des t^pre-
fentations ordinaires. Ceux-ci ayant donc ete réduits
à ne pouvoir pa rler, eurent recours à l ’ufage des
cartons, fur lefquels on- ècrivoit en profe ce que
le jeu des aCteurs ne pouvoient rendre. • A cet expédient
on en fubftitua un meilleur ; ce fut. d écrire
des couplets fur des airs connus , que l ’orcheftce
jou oit, que des gens g a g é s , répandus parmi les
(pectateurs, chantoient, 5c que le Public accom-
pao-noit fouvent en chorus : cette idée donnoit au
fpèétacle une gaîté qui en fit lon g temps le mérite.
Enfin YOpéra comiqufi, à la (bllicitation des comédiens
françois, fut tout à fait fupprime.
Les comédiens italiens , q u i , depuis leur retour
à Paris en 1716 , fefoient une recette médiocre ,
imaginèrent, en 1 7 1 1 ,. de quitter pour quelque
temps leur théâtre de l ’hôtel de Bourgogne, &
d’en ouvrir un nouveau à la foire : ils y jouèrent
trois années confécutives pendant la foire feulement
; mais comme la fortune ne les favorifa point
dans ce nouvel établiffement, ils 1 abandonnèrent.
O n vit encore reparoître YOpéra comique en
1714 ; mais en 1745 ce fpeaacle fut entièrement
aboli. L ’on ne jouoit plus à la foire que des feenes
muettes & des pantomimes.
Enfin le fîeur Monet a obtenu la permiflion de
rétablir ce. fpe&acle à la foire S. Germain de; l ’année
175 z. H ne confifte que dans le choix d’un
fujet qui produife des fcènes bouffonnes, des repre-
fentations affez peu épurées , & des vaudevilles dont
le petit peuple fa it fes delices. .( L e chevalier DE
J A U C O U R T . )
O p é r a i t a l i e n , Spectacle moderne. Ce
lpeftacle fut inventé au commencement du xvije
nècle à Florence , contrée alors favorifée' de là
fortune comme de la nature , 8c à laquelle on doit
la reproduction de plufieurs arts anéantis pendant
des fiè c le s , & la . création de quelques-uns. Les
turcs les avoient. chaffés de la G rè c e , les Medicis
les firent revivre, dans leurs Etats. Ce fut en 1646
que le cardinal Mazarin fit repréfenter en France pour
la première fois des Opéra ita liens exécutes par des
voix qu’ i l fit venir d’Italie.
Mais nos premiers fefeurs d'Opéra ne connurent
l ’art 8c l e g én ie de ce g en re de P o èm e dramatique',
qu’après que le goût des françois eut été élevé par
les tragédies de C o rn e ille^ de Racine. Auffi nous
ne fauriôns plus lire aujourdhui fans dédain YOpéra
de Giibert 8c la Pomone de l ’abbé Perrin. Ces
p iè ce s , écrites depuis 90 ans, nous paroiffent des
poèmes gothiques, compofés cinq ou fix générations
avant nous. Enfin M. Quinault, qui travailla
pour notre Théâtre lyrique après les auteurs que
j’ai cités, excella dans ce genre ; 8c L u l l i , créateur
d’un chant propre à notre langue , rendit par fa
Mufique aux poèmes de Quinault 1 immortalité
qu’elle en recevoit. ( Le chevalier DE J A U—
C O U R T . )
* O P T A T I F , I V E , ad j. .U n e propofilion
optative eft ce lle qui énonce un fouhait, un défir
vif. ( Communément elle ne s^énonce que fous
une forme elliptique , parce que la vivacité du
défir ne s’accommode pas de la marche lente 8c
compaflee de l ’analyfe : Que ne p u is - j e vous
obliger ! V eu ille le Ciel féconder vos efforts !
c’eft à dire , analytiquement ( J e fouhaite le pouvoir
faute du q u e l) , j e ne p u is vous obliger;
( Je fouhaite que ) le Ciel veuille féconder vos
efforts : mais ces deux propofitions ne font plus
optatives , quoiqu’elles expriment encore le défir;
elles ne font qu’expofitives, 8c leur forme ne fuppofe
point de vivacité, ce qui eft effenciel à YOptation.
V oy e \ l ’article fuivant.
L e mot O p ta t if fe prend fubftantivement dans
la Grammaire grèque , pour défigner un mode qui
eft*'propre aux verbes de cette langue. L ’ O p ta t if
grec eft un mode perfonnel 8c oblique , qui renferme
en foi l ’idée acceffoire d’un fouhait.
I l eft perfonnel, parce qu’i l admet toutes les
terminaifons relatives aux perfonnes , au moyen
defquelles il fe met en concordance avec le fujet.
I l eft oblique , parce qu’il ne peut fervir qu’à
conftituer une propofition incidente fubordonuée à
un antécédent, qui n’eft qu’une partie de la propofi-
i tion principale.
Par là même, c’eft un mode mixte comme le
fubjon&if ; parce que cette idée acceffoire de Tu-
bordination 8c de dépendance qui eft commune à
l ’un & à l ’autre,, quoique compatible avec l’idée
effencielle du verbe , n’y eft pourtant pas puifée ;
mais lui eft totalement étrangère. Au refte , Y O p -
• t a t i f eft doublement mixte, puifqu’il ajoute à^la
lignification totale du fubjonftif l ’idee acceffoire d’un
fouhait, qui n’eft pas moins étrangère à la nature du
verbe. V oye\ Mode 8c O blique.
Cette remarque me paroît bien plus propre à
fixer Y O p ta t if après le fubjonétif dans Tordre des
modes , que la raifon alléguée par la Méthode
grèque de Port-Royal ( livre v i n , chap. x ) , d’après
la doctrine d’Apollone d’Alexandrie ( liv* n i ,
chap. z 9 ). V O p ta t i f en général eft fufceptible
des mêmës différences de temps que le fubjon&if,
Q u e lq u e s auteurs de Rudiments p ou r la lan g u e