
q u ia ultima p r io n s fy llabc e littera ( c e ft la
lettre m de cum ) quæ exprimi niji labris co'éun-
tibus non p o tejl , aut ut iuferjijlere nos inde-
centifjimè cogit , aut çoniinuafa cum N infe-
quente in naturam e ju s corrumpitur. Cette dernière
obleiyation eft remarquable, fi on la compare
avec une autre remarque de M* Harduin. ( ib id .j
« L e même Nigidius , dit - i i , donne à entendre
»> que , chez les latins, n rendoit aufli'la v o y elle
» nafale dans anguis , in c n p q t , & autres mots
» femblabies : in his , dj.t • i i , non vçrumxi, fe d
» adulterinum ponitur ; nam j ï ea littera e f fe t ,
» lin g u a palatum tan gen t ». Si donc on avoit
mis de fuite cum nobis ou cum n o t is , i la u r o it
fa llu s’arrêter entre deux , ce qui é to it, félon la
remarque de Quinîilien , de très-mauvaife g râ c e;
ou en prononçant les deux mots de fu ite, vu que
l e premier étoit nafal , on auroit entendu la même
xhofe que dans )e m o t , obfçène, cunno , où la
première étoit apparemment nafale , conformément
à ce que nous venons d’aprendre de Nigi-
dius.') *
Qu’i l me foit permis, à cette oecafion, dç juf-
ftifier notre orthographe ufuelle , qui reprefente
le s voyelles nafaies par la voyelte ordinaire fuivie
de l’ une des çonfonnës m ou n. J’ai prouve ( artic
le H ) qu’i l eft de l ’eflence de toute articulation
de précéder le fon qu’elle modifie ; c eft donc
l a même çhofe de toute çonfonne à l’égard de la
vo y e lle . Donc une çonfonne , a la fin d’un m o t,
doit y être muette , ou y être fuivie dune voyelle
prononcée .quoique non écrite : St c eft âinfi que
nous prononçons le latin même, dominos, cr êpât,.
n e q iù t , comme s’i l y avoit dominofe., crepate ,
neqidte , avec Ve muet françois ; au contraire nous
prononçons f l b a t , i l p rom e t, i l f i t , U c r u t ,
J a b o t , S ic , comme s’ i l y avoit i l b a i l prome,
i l f i , i l cru, fa b o fins t. U a donc pu être aulfi
jraiionnablé de placer m ou n i la fin d’ une fyllabe ,
pour y être des lignes muets par raport au îpour
vement çxplofif qu’ils repréfentent naturellement,
mais fans ceffer d’ indiquer i ’émiflîon nafale de l ’air,
qui eft effencielié à .ces .articulations. Je dis plus ;
i l étoit plus naturel de marquer la nafalité par un
de ces caractères à qui elle eft effencielie , que
d’ introduire des voyelles nafaies diverfçment carac-
térifées : le méçanjfme de la Parole m’en paroit
mieux analyfé ; & l’on vient de voir en effet que
le s anciens grecs & latins ont adopté ce moyen, fug^
géré en quelque forte par la nature:
P Qu oi qu’ i l en fort , la lettre m à la fin du mot
xft , en françois, unfimple figne de la nafalité de la
v o y e lle précédente , comme dans nom , pronom,
fa im , th im , &.c. U faut excepter l ’interje£tion
hem , 8c les noms propres étrangers, où Vm finale
conferve fa véritable prononciation;-comme S em ,
Çham , jérufalem , K r im , Stockholm , S a lm ,
S u rinam , Amfierdam > Rotterdam, P o fid am , &c.
I l y en a cependant quelques-uns où cette lettre
fieft q u ’ u n figue dç n a fa lité , comme A 4 <W} j
M A C
A b fa lom .* & c’ eft de l ’ufage qu’i l faut ^prendre
ces diftérenees , puifque c’eft 1 ufage feul qui les
établit fans egard pour aucune analogie. ï
M , au milieu des mots mais a la fin d une
fyllabe , eft encore un figne de nafalité, quand
cette lettre eft fuivie de l ’une des trois lettres m ,
b , p y comme dans emmener, combler , comparer.
O n en excepte quelques mots qui commencent
par im m , comme immodefle, immodeflie , immo-
dèjlement, immaculée conception, immédiat, immédiatement
, immatriculé , ' immatriculation ,
immenfe , immenfité, immodéré , immunité , &c j
on y fait fentir. la réduplication de l ’articulation m»
O n prononce auffi 1 articulation m dans les mots
on .elle eft fuivie de n , - comme indemnifer, in demnité
, amniflie , Agamemnon, Memnon ,
Mnémofine , Sec. Exceptez damner , fo lem n e l, &
leurs dérivés , où la lettre m eft un ligne- de na-
falité , qu’i l feroit beaucoup plus analogique de
.changer ici en.rz.
E lle l ’ eft encore dans comte , venu de comitis ,*
dans compte, venu de computum ; dans p rompt,
venu de promptus y & dans leurs dérives.
L ’abbé Regnier ( Gramm. f r a n ç o ï f e . in - n .
p a g . 37 ) propofe un doute fur quatre mots , con-
temptible , qui n’eft, d i t - il, plus guères en ufage ,
exemption, rédemption, & rédempteur, dans l e s q
u e l s i l femble que le fon entier de m^ fe
fafle entendre. A quoi i l répond : « Peut - etre
» auffi que ce n’eft qu’une illufion que fait à
» l ’oreilie, le fon voifin du p , r en d u plus dur par
» l e / fuivant. Quoi qu’i l en-foit, l a différence
» n’eft pas allez diftinéfcement marquée pour donner
» lieu de décider là deffus ». I l me femble qu’au-
jourdhui l ’ufage eft très-décidé ffir ces mots : on
prononce avec le fon nafal exemt .^ exemtion ,
e x em t e r fans p ; & plufieurs même l ’écrivent ainfi ,
& entre autres le rédacteur qui a rendu portatif
le Di&ionnaire de Richelet : le fon nafal eft fuivi
diftindlement du p dans la prononciation & dans
l ’ortographe des mots contempteur , contemptible,
rédemption, rédempteur.
M , en chiffres romains, lignifie mille y une ligne
horizontale au deffus lui donne une valeur mille
f o i s plus grande , M vaut mille fo i s mille ou un
million. .
M , dans les ordonnances des m éd e c in sv eu t
dire mijee (m ê le z ) , ou manipulus (une poig
n é e ) ; les .circonftances décident entre ces deux
fens. •' ■ ; .
M , fur nos monnoies , indique celles qui font
frapées à Touloufe. (A f. B e a u z é e . )
M A C A R O N IQ U E ou M A C A R O N IE N , adj.
Littérature. Efpèce de Poéfie burlèfque , qui con-
lifte en un mélange de mots de différentes langues ,
avec des mots du langage vulgaire , latinifés &
traveftis en burlefque. y o y e -{ B u r l e s q u e .
On croit que ce mot nous vient des italiens ,
chez lefquels macaron? lignifie un homme groffier
M A C
& ruftique > félon Cadius Rhodiginus : Sc comme
ce genre de Poélie rapetaffée, pour ainli dire , de
differents langages , & p leine de mots extravagants ,
n’a ni l ’aifance ni la politefle de la Poelie ordinaire
; les italiens , chez qui i l a pris naiffance, 1 ont
nommé par cette raifon Poéfie macaroniemïe ou ma-
caronique.
D ’autres font venir ce nom des macarons d I ta lie ,
à macaronibus, qui font des morceaux de p â te ,
ou des elpèces de petits gâteaux faits de farine
non b lu té e , de fromage, d’amandes ^douces, de
fücre, & de blancs d’oeufs, qu’on fert a table a la
campagne , & que les villageois l'urtout regardent
.comme un mêts exquis. Ce mélange d ingrédients
a fait donner le même nom a ce genre dé Poefie
bizarre , dans la compofition duquel entrent des
mots françois , italien s, efpagnols, anglois , &c ,
qui forment ce que nous appelons, en fait d odeurs, ;
un pot-pourri y terme que nous appliquons auffi
quelquefois à un ftyle bigarré de choies qui ne
paroiffent point faites pour a ller enfemble.
Par exemple , un loldat fanfaron dira en ftyle
macaronique :
Enfilavi omnes ƒcadronss & regimentos y,
ou cet autre ,
yîrcheros ptftoliferos furiamque manantûm
E t grandem efmeutam ques inopinum facta Ruell<x eft,
Toxinumque alto troublantem corda clochero.
O n attribue l ’ invention de ces fortes de vers à
Théoph ile Folengio de Mantoue, moine béné-
di&in, qui f io r i f f o i t vers l ’an i^ zo . Car quoique
nous ayons un Macaronea ariminenfis en lettres
très-anciennes , qui commence par ces mots :
E ft anclor Typhis Leonicus atque parannis,
qui contient fix livres de Poéfîes macaroniques ,
contre Cabrin , roi de Gogue Magogue y on fait
qu’e lle eft l ’ouvrage de Guarino C a p e lla , & ne
parut qu’en i ? z 6 , c’ eft à dire , fix ans après ce lle
de Folengio , qui fut publiée fous le nom de
Merlin Çoccaie en 1 5 10 , & qui d’ailleurs eft
fort fupérieure à ce lle de C ap ella , foit pour le
f t y l e , foit pour l ’invention , foit pour les épifodes
dont Folengio enrichit l ’hiftoire de Ba ld us, qui
eft le héros de fon Poème. On prétend que Rabelais
a voulu im ite r , dans la profe françoife, le
ftyle macaronique de la Poéfie italienne , & que
c ’eft fur ce modèle qu’ i l a écrit quelques-uns des
meilleurs endroits de fon Pantagruel.
L e prétendu Merlin Coccaie eut tant de fuccès
dans fon premier e f la i, qu’i l compofa un autre
livre , partie en ftyle 'macaronique., & qui a pour
titre , I l chars del tri p er uno ; mais celui-ci fut
re^u bien différemment des autres. I l parut enfuite
en< Italie un autre ouvrage fort mauvais dans le
même genre , intitulé Macaronica„ de fy h d ic a tu
G r am m . e t L i t t é r a t .... Tome IL
M A I y 1 ?
& cûndemnatione doéloris Samfonis Lembi ; Sc
un autre excellent , favoir Maca ronis fo r \a ,
compofé par un jéfuite nommé Sthetonius , en
1610. Bazani publia le Carnavale tabula macaronica
: le dernier italien qui ait écrit en ce ftyle
a été Céfar Urfinius, à qui nous devons les Capricia
macaronica magifiri Stopini poetoe poujanenjis ,
imprimés en 1636.
L e premier françois- qui ait réufli en ce genre
fe nommoit, dans un ftyle burlèfque , A n to n io
de A rm a provençalis de braga rdijji m ci v illa de
So le tiis . 11 nous a donné deux Poèmes , lu n D e
arte d a n fa n d i, l ’autre D e guerrâ neapolitand,
romand, & genuenfi. 11 fut fuivi par un avocat ,
qui, donna YH ijlo r ia bravifjima Caroli V , im-
perat. à provençalibus p a y fa n is triumphanter
fu g a t i. L a Provence,, comme on v o i t , a été parmi
nous le berceau de la Mufe macaronique, comme
e lle a été celui de notre Poéfie. Quelque temps
après , Remi Belleau donna, avec fes poéfies fran-
çoifes , Diclariïen métrificum de bello hugono-
tico & ruflïcorum pigliamine , ad fod a le s y piece
fort efrimée-, & qui fut fuivie de Cacafanga reiflfo
fu ijfo lanfquenetorum per M. J. B. Lichiardum
recathoiicatiim fpaliporcinum poetam, a laq u e lle
Étienne T ab ou rot, plus connu fous le ^ nom du
Sieur des accords , répondit fur le meme ton.
Enfin, Jean Édouard Dumonin nous a laiffe inter
teretifmata fü a carmina , une piece intitulée
, Arenaicum de quorumdam nugigerulorum
p ia ffa infupportabili y & une autre fous le
titre de Rec itu s veritabilis fuper terribili eJ meut a
pavfanorum de R u e llio , dont nous avons cite quelques
vers ci-deffus, & quipaffe pour un des meilleurs
ouvrages en ce genre. .
Les anglois ont peu écrit en ftyle macaronique y
à peine connoit-on d’eux,.en ce genre , quelques
feuilles volantes , recueillies p^G amd en . A u r e fte ,
ce n’eft point un reproche à taire a cette nation t
qu’e lle ait négligé ou méprifé une forte de Voene
dont on peut dire en général : Turpe ejt difficiles
habere n u g a s , & f lu ltu s labor- e jl ineptiarum.
L ’Allemagne & les Pays-Bas ont eu , & meme en
affez grand nombre, leurs Poèmes macaroniques,
entre autres le Certamen catholicum cum Calvi-
n ifiis , par Martinius Hamconius Frinus , ouvrage
de mille deux-cents vers , dont tous les mots commencent
par la lettre C. ( A n o n y m e . )
( N . ) M A IN T IE N , C O N T E N A N C E . Syn.^
Ces deux termes font également deftines a exprimer
l ’habitude extérieure de tout le corps, relativement
à quelques vues ; & c’eft la différence de
ee.s vues qui diftingue ces deux fynonymes. ^
L e Maintien eft le même pour tous les états,
i l ne varie qu’à raifon des circonftances. La Contenance
varie auffi félon les circonftances , mais
chaque état a la fienne. • • ,
L e Maintien eft pour marquer des égards aux
autres hommes ; i l eft bon cpand i l eft honnête,
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