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suroît imparfait & non rigoureux; l ’exécution 11e
peut en être exigée par les voies de la contrainte ,
e lle eft abandonnée à l ’honneur & à la confluence de
chacun.
L e contrat de louage donne au propriétaire le
droit parfait d’exiger du locataire, mêjne par forc e ,.
le paiement du lo y e r : i l eft donc ji t jlç de le p a y e r ,
& c’eft une In ju jiic e d’éluder ou de refufer ce paiement.
L e pauvre n’a qu’un droit imparfait 4 l ’aumône
qu’i l demande, & i l ne peut l ’exiger par
contrainte ; mais le principe de l ’ égalité naturelle
Cn fait un devoir à la confluence de l ’homme riche :
j l eft donc équitable de remplir cette obligation;
& fi ce n’eft pas une In ju jiic e , c’eft du moins une
Jniquité , de s’en difpenfer quand on peut s’en
aquiter.
C e font les lois pofitives qui conftatent le droit
rigoureux , 8ç qui par confisquent décident de ce
qui eft ju ft e ou in ju jle . Ce font les principes de
la lo i naturelle qui conftatent le droit moins rigoureux
d’après l ’égalité naturelle , & qui par çon-
féquent décident de ce qui eft équitable ou inir-
que.
L a Jujlice eft donc fondée fur la lo i ; mais la
lo i elle-même , pour foumettre les coeurs à l ’obéifr
fance & pour n.être point tyrannique , doit être
fondée fur l ’É q u it é , dont les faintes maximes font
éternelles & doivent être le type de toutes les lois.
Les arbitres jugent ordinairement plus tôt félon
les règles de l ’Équité, que félon la rigueur de la
ju j lic e : ils le peuvent, parce que les parties font
J U S
libres de Ce pourvoir devant les tribunaux, fi c lle i
ne veulent pas déférer à la décifîon arbitrale ; ils
le doivent, parce qu’ils exercent un miniftère de conciliation
& de p a ix , qui fuppofe toujours des moyens
raifonnables. 1
Les juges fubalternes font ffes juges de rigu eu r,
qui ne doivent s’écarter en rien de la J u jlic e , parce
qu ils ne font que les miniftres de la lo i. Les juges
des Cours fouveraines peuvent juger d’après V E q u ité t
lorlque la l o i , par quelque raifon que ce puifïe
e p e , en contredit les maximes; c’eft que la portion
d’autorité qui leur eft confiée par le légiflateur, les
rend tout à la fois miniftres & interprètes de la lo i.
( M. Beaùzée. )
( N . ) JU S T E S S E , P R É C IS IO N . Synonymes«
L a JuJleJJe^ empêche de donner dans le faux ; SC
la Précifion écarte l ’inutile.
L e difeours précis eft une* marque ordinaire dç la
JuJleJJe de l ’efprit. ( L ’ abbé Girard. )
( N . ) JU S T IF IE R , D É F EN D R E . Synonymes,
^ L ’un & l ’autre veut dire , Travailler à établir 1 innocence ou le droit de quelqu’un. En voici les
différences.
Jufiijier fuppofe le bon d roit, ou au moins le
fùccès. Défendre fuppofe feulement le défir de réuffir.
Cicéron déj'endit JVIilon , mais i l ne put parvenir
a i e ju fiijier . L ’Innocence a rarement befoin de fe
défendre : le temps la ju jlijie prgfque toujours.
( M. d’Alembert.)
K
j K . , f. m? Grammaire. Si l ?on confond a l ’ordinaire
1*i v o y e lle & l ’i confonne, K. eft la dixième
lettre & la feptième confonne de notre alphabet ;
mais fi l ’on diftingue, comme je l ’ai fa it , la vo y e lle I
& la confonne ƒ , i l faut dire que K eft la onzième
lettre & la huitième confonne de notre alphabet ; 8f
e’eft d’après c.ettc hypothèfe tiès-raifonnable, que
déformais je coterai les autres lettres.
Cette lettre eft dans l ’origine le K a p p a des grecs,
& c étoit chez eux la feule conforme repréfencative
de l ’articulation forte, dont la foible étoit yy telle
que nous la fefons entendre dans le mot gant.
L e s latins repréfentoient ia même articulation
fortç par la lettre C ; cependant un je ne fais quel
S alv iu s , fi 1 on en croit Sallufte , introduifit le K
^ans 1 o rthographe latine , ou i l étoit inconnu an?
ciennement & ou i l fut vu dans la fuite de mauvais
*eil. V o ic i comme en parle Prifcien ( lib. I . ) , K
& Q , quamvis f ig u ra & jiomine videanlur a li-
quam habere differentiam cum C , tamen eamdem
fam iïifo n q quam in métro continent poteftatem ;
H K f f n i t ù s fuperyacua. eft, Scaurus nogs
K
apprend un des ufages que les anciens fefoient de
cette lettre : c’étoit de l ’employer fans voyelle ,
lorfque la v o y elle fuivante devoit être un À j en
forte qu’ils écrivoient krus pour carus. J. Sea*
lig e r , qui argumente contre le fait par des raifons
( de cauf. L . L . 1 . io . ) 9 allègue entre autres contre
le témoignage de Scaurus, que fi on en avoit ufé
ainfi à l ’égard du K , i l auroit fallu de même employer
le C fans v o y e lle , quand i l auroit du être
fuivi d’un E , puifque le nom de cette confonne
renferme la vo y e lle E . Mais en vérité c’étoit parler
pour faire le cenfeur. Scaurus, loin d’ignorer cette
çonféquence, Favoït également mife en fait : Quo-
ties, id verbum feribendum erat, in quo retinere
hæ litteroe nqmen fuum p o jfen t, fin guloe prq
fy lla b d fcrjbebantur , tanquam fa t i s eam ipfq
nomine expièrent ; & i l joint des exemples, Dcimusi
pour Decim u s , crq pour cera> bne pour bene. Quin-
tiiien lui-même affure que quelques-uns autre foi?
avoient été dans cet ufage, quoiqu’il le trouve erroné.
Cette lettre, inutile enlatin, ne fert pas davantage
eti ftançois, « L a lettre K }dit l ’abbé Regnier(/\ 33 ) .
A L
£ n4eft pas'proprement uli cara&ère de l ’alphabet
.g ftançois, n’y ayant aucun mot françois où elle foit
» employée que celui de kyrielle , qui fert dans le
» ftyle familier à fignifier une longue & fâcheufe
» fuite de çhofes, Ht qui a été formé abufivement
» d e ceux de kyrie eleijon ». On écrit p lu s .tô t^
Quimper que K im p e r y & fi quelques bretons con- j
fervent le K dans l ’orthographe de leurs noms propres
, c’eft qu’ils font dérivés du langage breton
plus tôt* que du françois : fur quoi i l faut remarquer
en paffant, que quand ils ont la fyilabe k e r , ils
écrivent feulement un K barré en cette maniéré fy.
Anciennement on ufoit plus communément du K
en françois. « J’ai lu quelques vieux romans fran-
» çois , èfquels les auteurs plus hardiment, au lieu
» de q , à la fuite duquel nous employons Vu fans
» le proférer, ufoient de k , difant k a , ke , k i } k o ,
» ku ». Pafquier, Rech. liv. r i l l , ch. lxiij.
X , chez quelques auteurs, eft une lettre numérale
qui fignifie deux-cents cinquante, fuivant ce
vers :
K quoqae ducentos & quinquaginta tenebit.
L a même lettre avec une barre horizontale au _
deffus , aquéroit une valeur mille fois plus grande ;
K vaut 150,000. .
L a monaoie qui le fabrique à Bordeaux fe marque
d’un K . ( M . B e a ü z é e . )
K A L EM B O U R , ou C A L EM B O U R , f. m.
Grammaire. [ Quoiqu’on place cet article fous la *
lettre K , pour ne pas-changer l ’ordre de l ’Encyclopédie
d’où i l eft tiré , i l faut pourtant obferver
qu’on écrit & qu’on doit écrire Calembour1. C ’eft
l ’abus que l ’on fait d’un mot fufceptible de piufieurs
interprétations, tel que le mot p iè c e , qui s’emp
loie de tant de manières : pièces de Théâtre ,
pièces de p la in p i e d , pièces de v in , &c. Par exemp
le , en difant qu’on doit donner à la Comédie une
fort jolie pièce de d eux fo l s , on fera de ce mot
l ’abus que nous appelons Calembour. C ’eft dans
ce ftyle que le fieur Devaux dos Caros écrivit en
1630 l ’hiftoire de fa mie de p a in mollet ,* que de
nos jours on a donné ce lle du bacha Bilboquet, qui
avoit des bras de mer,' & nous citerons encore pour
des modèles la lettre du fieur, du fe ieu r , de bois
flotté, à madame la comtefle T a t io n , la contejla-
tion , & la tragédie de Verein-gentorixe.
Les amateurs févères veulent que le Calembour
puifle s’écrire & que l ’orthographe n’en fouffre pas ;
ils affûtent qu’alors i l eft plus exaôh Mais comme
ce n’eft point un' genre, qu’i l .trouve mieux fa
place dans la converlation que dans un ouvrage , &
que vraifemblablement nous avons parlé long temps
avant que de favoir écrire ; c’eft bien affez pour le
Calembour de ne pas choquer l ’oreille. D ’ailleurs
s’i l n’eft ni gai ni piquant , i l aura beau être
.exaft, ce ne fera jamais qu’une fottife très-exa<fte-
rnent dégoûtante; .au lieu qu’i l eft toujours sur de
fon effet, même en dépit de l ’Orthographe, lorf-
K A L 3.91
qu’ i l eft aflaifonné de quelque f e l , ou qu i l prélente
à l ’efprit quelque contrafte vraiment plailànt.
I l falloit être de bien mauvaife humeur pour con-
danner ces deux vers qui font dans la bouche de V e r -
cingentorixe :
J e fu s , comme un cochon , régjier a leurs armes ;
E t j e p us, comme un. bouc, dijjïper vos alarmes.
Ce ci eft exécrable , difoit - on à l ’auteur y vous
écrivez j e fu s Si j e p u s avec un s à la fin , i l fau-
droit qu’on put y mettre un e pour que le Calembour
fût exact. Ce lu i - ci répondit au cenfeur : Eh
bien ! Monfieur, je ne vous empêche point d’y mettre
le vôtre , un nez pour un e.
Cette dernière tournure diffère de ce lle que nous
avons indiquée d’abord : auffi le Calembour fe
préfente-t-il de bien des manières. Tantôt c’eft une
queftion : par exemple, Save\-vous quels fo n t les
ouvriers avec qui l ’ on s ’ arrange le mieux ? —
— ’ Non. — E h bien ! ce fo n t les perruquiers,
parce q u’i ls fo n t tout à f a i t accommodants. Q u e lque
fois c’eft une pantomime ; tel eft. celui d’un
muficien , q u i , fatigué de ce qu’on lui deniandoit
pour la quatrième fois un autre air que celui qu’i l
jo u o it , finit par a ller ouvrir la fenêtre. Tantôt i l
préfente une idée qui, avec l ’apparence du fens commun,
eft cependant affez obfcure pour obliger d’en
demander une explication ; c’eft un jeu auquel les
plus fins font attrapés, pourvu que le moment foit
bien faifî : par exemple, Comment trouvez-vou s
ce thé-là ? five-{-vous que c ’ e jl monfieur . . . . qui
me Và f a i t venir de Hollande ? — A h ! ah ! je .
crojois que c’ étoit monfieur le duc de . . . qui
vous l ’avoit donné. — Pourquoi ? •— parce qu’ on
d it dans le monde qu’ i l a beaucoup de b o n té ,
bon th é , pour vous. Tantôt l ’idée du Calembour
n’a pas l ’ombre du bon fens : mais alors i l n’ en eft
que plus plaifant, parce qu’i l tranfporte tout à
coup l ’imagination fort loin du fiijet dont on p a r le ,
pour ne lui offrir enfoite qu’une puérilité : marchons
toujours avec l ’exemple : N 3 e ft-il p a s cruel
de voir que les hommes fo ien t toujours cachés &
diffimulés, & qu’on ne p uijfe jam a is lire dans
leur ame ? cela eft a ffreux. E n fin n’y a - t - i l p lu s
que les gens d ’écurie qui fo ien t v rais aujourdhui ?
— Comment ?— S an s d ou te , ils ne fo n t p oint
. ordinairement un myjlère de leur fa ç o n de p en fe r ,
panfer les chevaux. t
On a vu , par l ’exemple qui5 a précédé c e lu i- c i,
que le Calembourg dépend fouvent de la conftruc-
tion que l’ on donne à la phrafo; car le mot bonté
ne pourroit être pris pour bon th é , fi l ’on difoit ,
f a bontéy f e s bontés , & c ; i l y a auffi des verbes
qui ne prélentenc d’équivoque que dans quelques-
uns de leur temps, tels que peindre & p eigner, que
l ’on pourra prendre l ’un pour l ’autre , iorfqu on
dira, nous p e ig n o n s , vous p e ig n e z , &c. Mais c’ eft
J toujours l a manière d’amener & de placer le Ca- lembour qui le rend plus ou moins plaifant : par
ex em p le , ce feroit une platitude bien froide dç