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tionaux & aux étrangers des deux fexes qitl né favent
pas le latin?
I. Commençons par examiner Tu Cage de ne après
que dans les phrafes comparatives ; & pour y procéder
avec ordre, diftinguons deux fortes dé comparatifs
: l ’u n d’ é g a l i t é - , qui fe. marque Dar t a n t ,
a u ta n t , aujjî , ou f i ; l ’autre d’ i n é g a l i t é ,. qui fe
marque par autre, autrement, plus*, ou m oins, ou
par a autres termes équivalents, comme mieux, meilleur
, p i s , pire.
j . Dans les comparatifs d’égalité y le que n’ eft
jamais fuivi- de ne. Je l ia i p a s tant de credit que
vous l ’ imaginez- Je f i s autant de réponfes victo-
rieu fe s qu on me f i t d ’ objections. L ’un efi auffi
généreux que Vautre efi mefquin. Je ne f u i s p a s
f i aveugle que vous Vimaginez,.
i j . Dans les comparatifs d’inégalité marqués par
autre ou autrement , le que eil toujours iuivi de
ne. I l efi tout autre qui i l r i était. I l f e gouverne
autrement qu on ne Vavoir efpéré. Et je crois que
perfonne ne fe permettroit de dire comme La
Bruyère ( Moeurs de ce f ié c le , ch. i j . ) : U n g lo r
ie u x efi incapable de s ’ imaginer que les Grands
dont i l efi vu , penfent autrement de f a perfonne
qu’ i l f a i t lui-même.
Dans les comparatifs d’ inégalité marques par
p lu s ou moinS r- explicitement ou implicitement,
i l paroît y avoir incertitude ou partage. L ’Academie
(.au mot N e ,, / 7. i o i , z e alinéa , 176z ) dit avec ne :
filou s écrivez mieux que vous neparle^j l i eß moins
riche , p lu s riche qu’ on ne croit ; ( au mot Mieux ,
p a p . 141 ) , JL chante m ieux, beaucoup mieux,
qifiil f i e f e f o k ; H a été mieux reçu qu’i l 'he
croyoit ; ( dans la préface ) , L e s fcience s & les
arts ayant été ’ p lu s cultivés & p lu s répandus
d e p u i s u n fièble qu’ i l s ne l ’éioient auparavant.
Mais fi le premier verbe e f t n ég a tif, je trouve
allez conftamment le ne fupprimé' .'après le que.
Exemples :
Cependant rien de p lu s pauvre & de p lu s p e tit
que Marie l’ efi à f e s propres ieu x ■ Tourreil, dans
un- difcours couronné en 16 8-1 par l ’Académie , dont
i l devint membre en 1 69z.
M . de Chartres , fa n s être amour eux, r i eut
p a s moins d’admiration pour la vertu , l ’ e fp r it,
& le mérite de madame de Clèves ,. que M . de
Nemours en avoit lui-même. P'rinceffe de Clèves.
L ’ o?i r i efi p a s p lu s maître de toujours aimer,
qu’ on l ’ a été de ne p a s aimer. L a Bruyère.
L a v an ité r i a pas p lu s de p a r t au p laifip que
donne lu lecture de V irgile & de Cicéron, qu?elle
en a au p la ifir qu’ on prend à voir d ’excellents
ta b lea u x . ou à entendre une excellente mufique.
E lle r i a p u être pendant f a vie p lu s q u e lle
étoit j elle ne peut être après f a mort moins
qu’ elle, eft. On ne peu t p a s p lu s raffiner qu’ i l
f a i t . Bouhours, q u i, en pareil c a s , ne confirait
jamais autrement.
L e s rochérs de Thrace & de TheffaUe- ne fo n t
p a s p lu s fourd s ni p lu s infenfibles a u x plaintes-
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des amants défefpérès, que Télémaqtie Vétoit A
toutes ces offres. L a douve vapeur du fommeil
ne coule p a s p lu s doucement dans les ieu x ape-
fa n t i s & dans tous lès membres fa tig u é s d’un
homme ab a ttu , que les paroles fla tteu fe s de l a .
déeffe s ’ injinuoient pour enchanter le coeur de
Mentor. Fénéion, dans fon immortel Télémaque
.N
e croyez p a s que la reine aime p lu s meffieurs
de Guife q u e lle hait meffieurs de Coude'. Le
préfideïit Hénaut, dans fon François I I , v . i .
L ’animal qm Von appelle Cujuacu-apara, ne
diffère p a s p lu s de. notre chevreuil, que le cerf
de Canada diffère de n o i r e cerf. M. le comte de
Bufton. -
C’eft encore la même conftruélion, fi le premier
membre de la comparaifon eft interrogatif ou dubitatif
fans une Négation qui tombe fur. le verbe principal
de ce membre. ^ ,
P u is - je mieux fe rv iru n maître que ƒ a i f e r y l
dom G a rd e ? P u i s - j e mieux aimer mon ami ,
que j ’ ai- aimé dom Pamire b E t p u is - y e avoir
p lu s d ’amour pour une maure fié que j ’en aï.
pour Nug na -B ella ? Le roman de Z aid a
Je ne.fais f i ènprofe onpeut fubtïlïffipplu s qu i l
fa i t . Bouhours. ^
Croyez-vous qu’ un homme puiffe etre p lu s heureux
que vous Vêtes depuis trois mois ? J. J* Rouf-
feau, dans Émile. ' . ,
L ’interrogation ou le doute , dans de pareils
exemples, indique formellement la Négation & en
eft l ’équivalent j c ’ e f t pour cela que la conftru&ion
eft la même que quand le premier 'membre eft
négatif. Mais fi ie verbe principal du premier
membre étoit accompagné de ne -pas ou ne point r
ce premier membre indiquerpit formellement 1 affirmation
, en feroit l’équivalent & exigeroit ne
après que dans Le feçond membre;,on diroit donc :
Ne peut - 07i p a s mieux fervir un maure que. vous-
n’ avez fe rvi dom G arde ?•&c-
La Syntaxe, par raport à ne -après, q ne dans les
phrafes comparatives , paroît donc pouvoir 1e re—
Suite, à trois règles, jûffifiées, non feulement par
riifage , mais encore par le rationnement»
Iers. 'Rèfle. Dans les comparatifs d’égalité, le
que qui réunit les deux membres de la comparaifon ,
n’cîl jamais fiiivi-de ne..
C ’eft que le fécond membre énonce amrmalive-
ment le terme -auquel on - compare le premier ,
pour affirmer ou nier l’égalité du premier avec le
fécond , en'rendant -fi triplement, le premier pofitit
ou négatif : c'eft- le procédé le plus (impie & le
plus naturel. Je fis - ou Je ne f i s pas amant de
réponfes viclorieufes qu’ on me f i t d objections ;
c’eft à dire, On me- f i t dés objections , & « f l
le terme auquel jç compare mes réponfes v.itto-
rieufis ; j*en f i s on: je - n’ en f i s p a s un nombre
Règ le. Dans les comparatifs d’inégaliié, ca-
raftciifcs par p lu s ou moins , explicite nient eu
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implicitement é n o n c é s o u bien par autre ou autrement
; fi le premier membre, eft affirmatif le
fécond, qui vient-après que , doit être n ég a tif &
prendre ne. I l eft p lu s ou moins riche qu’i l n était.
V ou s écrive^ mieux, que vous ne parler^ V o u s
penfe\ autrement que vous ne ditesc
3e. R ég ie . Dans les mêmes comparatifs d’ine-
galitë , fi le premier membre eft n é g a iïf , le fécond,
qui vient après pue, eft affirmatif éf ne prend point
ne. I l n’ eft p a s p lu s 'o u moins riche qu’i l étoit.
ÿ 0Us d é crïve\pas mieux -que vous parle\. V ou s
nevenfe\ p a s autrement que vous dites.
Ce dernier exemple ne pourroit-il pas juftifier
la phrafe de L a Bruyère ( Moeurs de ce Jiicle
chap, ij. ) , qui a été condannée plus, haut y Un
glorieux efi incapable de s’imaginer, & c ? C e
tour en- effet eft équivalent au tour négatif, ne
fauroit s’ imaginer. C e la peut être ; mais ce début
n’appartient point à la propofition comparative ,
qui eft incidente y & dont le premier membre eft-
vraiment affirmatif que les Grands dont il efi
vu, penfent autrement de fa perfonne qu il fa it
lui-même : & i l eft évident que cette propofition
comparative doit être foumife1#la féconde règle ,
& qu’on doit dire qu’ il ne fa it lïù-meme.
La- raifon de cette fécondé 8ç de la troi-fième
règle me femble tenir à l idee meme de 1 in e g a ln e ,
qui n’eft qu’une Négation d’égalité : on diroit que
Fufage de notre langue a voulu marquer cette
Négation par le mot ne mis dans lu n des deux
membres en forte qu’ i l pafle au Fécond , fi le
premier doit être affirmatif; & i l n entre pas dans
le ; fécond, fi le p rem ie re ft négatif. L Analyie
d’ailleurs explique très-bien ces deux ufages differents
, comme on va le voir dans lés exemples luin!>
V o u s écrive^ mieux que vous ne parlerc V ou s
penfex autrement que vous ne dites ,- c eft a diie.,
V ou s écrivey mieux à un degré que ( auquel ) voiis
neparkiyvs. Vou spen fe \ autrement d’uue manière
due vous ne dites pas»
Nous n’écrivez pas mieux que vous parlez•
Nous ne penfezpas autrement qiiefvàus dites
c’eft-à dire, Nous réécrivez pas mieux que lè
degré auquel vous parlez• Vous ne penfiz pas
autrement que de la manière dont vous dites.
' A u relie, ces deux règles ne me paroiflent vraies,
que quand on veut réellemeut faire entendre 1 inégalité
dans la comparaifon. Mais i l eft des cas
où l’on prend le même tour pour marquer 1 ega-
galité réelle , au moyen d’une propofition négative
qui nie l ’inégalité Pierre 11 efi pas moins
riche que P a u l , eft un tour que l ’on prend quelquefois
pour foire entendre que ir un eft- auffi riche
que l ’autre. Cependant l ’ inégalité pouvant etre en
plus & en moins, la Négation fi m pie de 1 une
n’emporte pas la Négation, de l ’autre , & con-
féquemment i l peut relier du doute, parce qu i l y
a équivoque. Je crois que notre langue dans-bien
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des cas ,•p eu t , en prenant le même tou r , éviter
l ’équivoque au moyen de ne mis ou fupprimé après-
le que, félon le fens qu’on voudra donner à la phrafe.-
Exemple : On ne peut être plus perfuadé que je le fu is ;
c’eft à dire , Je fuisperfuadé, Ù perfonne ne peut
l’être davantage.
On ne peut être plus perfuadé que je ne le
fu is ,r c’eft à dire, J t ne fuis point perfuadé, & perfonne ne peut l’être davantage.
Si cette diftinétion eft auffi réelle qu’elle me
le paroît, elle nous montre pourquoi les exemples-
fans ne après le que, dans les phrafes comparatives
dont le premier membre eft négatif y font':
plus r-ares que ceux où- l ’on fe fert de ne ; c’eft;
qu’i l eft plus= naturel, & confëquemment plus ordinaire
, de marquer par ce tour le fens compa-"
râ-ti-f d’inégalité ,- que celui d’égalité ; qu’on eft
■ plus fouvent dans le ça» de commencer alors par'
un membre affirmatif, & pour cela d’employer ne
dans le fécond ; ce qui-, par une imitation npm
réfléchie, porte à garder eette Négation en toute'
QQCurrênce.
On a pu remarquer dans tout ce qui vient d’être'
d'it, que le ne du fécond membre n’eft jamais accompagné
de pas ou de point ; & c’eft une règle"
confocrée par l ’ufage. Je trouve cependant dans la Manière de bien penfet du F. Bouhours ( Dial, iij.)- ne pas après le que d’une phrafe comparative ;> Leur affliction efi plus naturelle au commencement
qu’elle ne Vefi pas dans la fuite : mais ou
c’eft une incorrection échapée a ce purille, ou une1
locution tombée depuis en dëftuétude.
II. I l y a plufieurs mots avec lefquels on doit-
employer ne fans p a s ou "point.-
i ° . Avec les mots aüciin, n u l, nullement,• jam a is, guère, plus ( dans le fens de déformais).'
Je 71e vous ferai aucune objection. Je ri ai nul'
fond. Je n’y penfe nullement. Je 71e foiipe. ja mais
.N ou s ne profite^guère. Nous ne chanterons’
plus.
z°; A v ec lés noms perfonne ( quand i l eft ex'--
clufif ) -, qui que ce fo it, ne7i , goutte , mot. Je ne vis perfo7ine hier. Qui que ce foit ri en doute.-
Je ne dois rien.-Je rien ai bu goutte. Il ne dit mot*.
3°. Si , après le s phrafes où font employés ces.
deux fortes de mo ts, un mpt conjonélif amène une-
propofition incidente négative, dont le verbe foit
au. mode fubjonélif; on y fupprimé auffi pas? & point. Je ne vous ferai-aucune objection que je
ne Vappuyé de bonnes preuves. Je n’ai nul fouet
qu’on ne T'aperçoive d?abord. Je ne foupe jam ais
que je ne m’en trouve mal. le ne fors guère que
je ne vous rencoiitre. Nous ne chanterons plus-
que vous n’aye\ chanté. Te ne vis perfonne hier
qui ne vous louât. Qui que ce fait ri entama une
matière /dont vous rièufize^ cànnoifihnce. Je ne dois rien dont je ne fois en état , de m’aquiue-r..
Je tien ai bu goutte qui ne fu t aigre-, H ne dismep
qui ne foit appkhüdu