
relatives aux genres , aux nombres aux cas , au
moyen defquelles i l fe met en concordance avec
l e fujet auquel on l ’applique 3 mais i l ne reçoit
nulle part aucune terminaifon perfonnelle , parce
^u i l ne conftitue dans aucune langue la proportion
que 1 on veut exprimer. 11 eft tout à la fois
verbe & adjeétif : i l eft. verbe, puifqu’i l en a la
lignification, & qu’i l reçoit les inflexions temporelles
qui en font la fuite ; p r e ca n s , priant, pre-
eàtu s , ayant p r ié , preca tu ru s, devant prier : i l
eft adjectif , puifqu’i i fe r t , comme les adjectifs., à déterminer l ’idée du fujet par l ’idée accidentelle
de l ’évènement qu’ i l énonce , & qu’i l prend en
conféquence les terminaifons relatives aux accidents
des noms & des pronoms. Si nos participes
aétifs ne fe déclinent point communément, ils fe
déclinent quelquefois, ils f'c font déclinés autrefois
p lus généralement; & quand ils ne fe feroient jamais
déclinés , ce (croit un effet de l ’ufage , qui ne peut
jamais leur ôter leur déclinabiiité intrinsèque. V oy e z
P a r t i c i p e .
Puifque l ’infinitif figure- dans la phrafe comme
en nom , & le participe comme .un adje&if; comment
concevoir que l ’un appartienne à l ’autre &
•en faffe partie ? C e font afiûrément deux Modes
différents , puifqu’ils préfentent la fignification du
verbe fous différents afpefts. Par une autre incon-
féquence des plus fingulières , tous les méfhodiftes
<jui^, dans la conjugaifon, joignoient le participe
a 1 in f in i t if c om m e en étant une partie, difoient
ailleurs que c’ étoit une partie d’oraifon différente
de 1 adjeétif, du verbe, & même de toutes les autres :
& pourtant l ’infinitif continuoit, dans leur fyftême,
d appartenir au verbe. Scioppius , dans fa Grammaire
philofbphique ( D e P â r tic ip io , p . 1 7 . ) , fuit
le torrent des grammairiens, en reconnoiffant rieur
erreur dans une note.
. Mais voyons le fyftême figuré desModes, te l qu’il
réfùlte de l ’expofition précédente.
Les MODE S Purs, Mixtes.
font
Ç Indicatif.
f
Personnels«^
Directs- y • • * • Impératif.
^ • Suppofitïf.
l Obliques
P-*-«
■ f|
Impersonnels . Infinitif
. Participe.
V o ilà donc trois Modes purs , dont un eft
perfonnel & deux imperfonnels, & qui paroiffent
fondamentaux , puifqu’on les trouve dans toutes
les langues qui ont reçu la conjugaifon des verbes.
I l n’en eft pas de même des quatre Modes mixtes :
I les hébreux n’ont ni fuppofitif , ni fubjon&if, ni
optatif 3 le fuppofîrif n’.eft point en grec n i en
latin 3 le latin ni les langues modernes ne con-
noiffent point l ’optatif : l ’impératif eft tronqué partout
, puilqu’i l n’a pas de première perfonne en
grec ni en latin , quoique no us ayons en françois
ce lle du pluriel ; qu’au contraire i l n’a point de
troisième perfonne chez nous , tan d is qu’il en à
dans ces deux autres la'ugues ; qu’ enfin i l n’a point
en latin de prétérit poftérieur , quoiqu’ il ait ce
temps en grec & dans nos la n g u e s modernes. C’ eft
que, ces Modes ne tiennent point à l ’ e f fe n c e du
verbe comme l’es quatre autres : leurs caractères dif-
f é r e n c ie l s ne tiennent point à la nature .du verbe,
ce- font des idées ajoutées accidentellement à la
fignification fondamentale 5 & i l aurôit été poffibie
d introduire piufîeurs autres Modes de la même ef-
pèce , par exemple, un Mode interrogatif, • un
Mode conceflif, &c.
San£tius:( Mincrv. I . x iij.) ne veut point recoiï-
noître de Modes dans les verbes-, & f e ife vois
guères que trois raifons qu’i l allègue pour juftifier
le parti qu’ i l prend à Cet égard. L a première ,
c’ eft que Modus in verbis- explicatur /requentiàs
per cafum fe x tum , ut meâ (ponte, tuo juilu feci 3
non raro per adverbia, u t male currit, bene lo -
quitur. L a fécondé, c’eft que la nature d e s Modes
eft fi peu connue des grammairiens, qu’ils ne s’accordent
point fur le nombre de ceux qu’il faut
reconnoîtie dans une langue ; ce qui indique , an
gre de ce grammairien , que la diftinCtion des
Modes eft chi îïérique & uniquement propre à
répandre des ténèbres dans la Grammaire. L a tfoi-
fième enfin , c’eft que les différents temps d’un
Mode fe prennent indiftinÇfcement pour ceux d’un
autre ; ce qui femble juftifier ce qu’avoit dit Sca-
lig e r ( D e càuf. L . L . l i b . v . c. e x x j . ) , Modus
in verbis non f u i t necéjfarius. L ’aiïteur de la
Méthode latine de P . K . femble approuver ce
fyftême , principalement àcâufe de cette troifième
raifbn. Examinons - les l ’une après, l ’autre.
I. SanCtius ,, & ceux qui l ’ont fuivi , comme
Scioppius & Lancelot , ont été trompés V par
une équivoque, quand ils ont ftatué que le Mode
dans les verbes s’exprime ou par l ’ablatif ou par
un adverbe , comme dans meâ /ponte f e ç i , bene
loquitur. I l faut diftinguer dans tous. les mots -,
& conféquemment dans les verbes, la fignification
objeftive & la fignification formelle. L a fignifi-
'cation objedive , c’ eft l ’idée fondamentale qui eft
l ’objet de la fignification du m o t , & qui peut être
commune à des mots de différentes ,e(peces.: la
fignification formelle , c’eft , la manière particulière
dont le mot préfente à l ’efprit l ’objet dont
i l eft le figne , laquelle eft commune à tous les
mots de la même efpèce , & ne peut convenir à
ceux des autres efpèces. A in fi, le même objet pouvant
être lignifié par des mots de différentes ef-
peces , on peut dire que tous ces mots ont une
même fignification objeéUve , parce' qu’ils reprétentent
tous la même idée fondamentale ; tels lont
les mots a im e i , ami , am ic a l, amiablement ,
amicalement, am itié , q u i. fignifient tous ce fen-
timent affedueux qui porte les hommes a le vouloir
.& à fe faire du bien les uns aux autres ; mais
chaque efpèce de mot & même chaque mot ayant
fa manière propre de préfenter l ’objet dont i l eft
le fip-ne, la fignification formelle eft necefl<iire-j
ment différente dans chacun de ces mots , quoique
la fignification objective foit la même 3 cela eft
ferifible dans ceux que l ’on vient d a llégu e r , qui
pourroient tous fe prendre indiftindlement les uns
pour les autres fans ces différences ^individuelles
qui naiffent; de la manière de repréfenter. Voye\
M o t . H H .
O r i l eft vrai que les .M o d e s , ce ft a dire , les
différentes modifications de..la fignification objective
du verbe , s’expriment communément par des
adverbes ou par des expreffions adverbiales : par
exemple , quand on d i t , aimer peu , aimer beaucoup
, aimer. tendrement , , aimer Jincèretnent ,
aimer depuis . long temps , aimer p lu s , aimer
a u t a n t &c 3 il- eft évident que c’eft l ’attribut individuel
qui fait partie de la fignification objective
de ce verbe , en un m o t, l 'amitié qui eft modifiée
par tous ces adverbes , & que-l’on penfe alors à une
amitié petite , grande, tendre , fincère , ancienne ,
fupérieure , égale , &c. Mais i l eft évident auffi
que ce ne fontpas des modifications de cette e f pèce
qui caraété/ifent ce qu’on a p p e l l e les Modes
des verbes3 autrement, chaque verbe auroit fes
Modes propres y parce qu’un attribut n’eft pas fuf-
ceptible des mêmes modifications qui peuvent convenir
à un autre : ce qui -earaétérife nos Modes
n’appartient .nullement à l ’objet de la fignification
du verbe, c’eft à la forme , à la manière dont
tous les verbes fignifient. Ce qui appartient à l ’objet
de la fignification , fe trouve: fous toutes les formes
du verbe ; & c’eft pour q u o i, dans la langue
hébraïque , la fréquence de l ’aétion fert de fondement
à une conjugaifon entière , différente de la
conjugaifon primitive ; la récipr’ocation de l ’action
fert de fondement à une autre, &c : mais les
mêmes Modes fe retrouvent dans chacune de ces
conjugaifons , que j’appeilerois plus volontiers des
voix ( voye^ V o i x ). Ce qui conftitue les M o d e s ,
ee font les divers alpeéfs fous lefquels la lignification
formelle du verbe peut être envifagée dans
la phrafe ; &• i l faut bien que Sanétius & fes
difciples reconnoiffent que le même temps varie
fes formes félon ces divers afpeefs, puifqu’ils re-
jetteroient comme très -. vicieufe cette phrafe latin
e , nefeio utrum canta bo, & cette phrafe fran-
çoife , j e crains au*il ne vient : i l faut donc qu/ils
admettent les M o d e s , qui ne font que ces différentes
formes des mêmes temps.
II. Pour ce qui concerne les débats des grammairiens
fur le nombre des Modes , j’avoue que
je ne'conçois pas par quel principe de Logique
on en conclut qu’i l n’en faut point admettre-.
L ’obfcurité qui naît de ces débats vient de la manière
vde concevoir des grammairiens , qui entendent
mal la doétrine des Modes , & non pas du
fonds même de cette doctrine 3 & quand e lle auroit
par elle - même quelque obfcurité pour la
portée commune de notre intelligence, faud roit-il
renoncer à ce que les ufages confiants des langues
nous en indiquent clairement & de la manière la
plus pofitive ?
111. La troifième confidération fur laquelle on
infifte principalement dans la Méthode latine de
P . R . n’eft pas moins illufoire que les deux
autres. Si l’on trouve des exemples où le fubjonebf
eft. mis au lieu de l ’indicatif, de l’impératif, &
du fuppofitif: ce n’eft pas une fubftitulion indifférente,
qui donne une expreflion totalement fyno-
nyrne ; & dans ce cas-là même , le fubjonctif eft
•.a-inené par les principes les plus rigoureux de la'
Grammaire. E g o nequicquam Capitolium ser -
v a v e r i m ; c’eft . comme je l’ai déjà dit, res ertt ita ut fervaverim ,• ce qui eft équivalent à f e r -
vavero & non pas à fervavi ; & l ’on voit que
fervaverim a une railbn grammaticale. On me
dira peut-être que, de mon aveu, le tout fignifie
fervavero , & qu’il étoit plus naturel de l ’employer
que fervaverim , qui jette de l’oblcurité par
i’eliipfe, ou de la langueur par la périphrafe :
cela eft vrai, fans doute , fi on ne.doit parier que
pour exprimer dida&iquement fa penfée 3 mais s’i l
eft permis de rechercher les grâces de l’harmonie,
qui nous dira que la terminaifon rim ne faifoit
pas un meilleur effet fur les oreilles romaines ,
que n’auroit pu faire la •terminaifon ro ? & s’il
eft utile de rendre , dans le befein, fon ftyle in—
téreffant par quelque tour plus énergique ou plus
pathétique , qui ne voit qu’un tour elliptique eft
bien plus. propre ' à produire cet heureux effet
qu’une conftruétion pleine ? Un coeur échauffé
préoccupe l ’efprit, & ne lui laiffe ni tout voir
ni tout dire. V o y e^ S u b j o n c t i f .
Si les confédérations qui avoient déterminé'Sanc-
tius, Ramus, Scioppius, & Lancelot à ne recon-
noître aucun AM«'dans les verbes , font fauffes ,
ou inconféquentes , ou iilufoires 3 s’il eft vrai d’ailleurs
que dans les verbes conjugués il y a diverfes
manières de fignifier l’exiftonce d’un fujet fous un
attribut , ici dire&ement, là obliquement , quelquefois
fous la forme perfonnelle , d’autres fois
fous une forme imperfonnelle , Oc ; enfin fi l’on
retrouve , dans toutes ces manières différentes , les
variétés principales des temps qui font fondées
fur l ’idée effencielle de l’exiftence : c’eft donc une
nécefïité d’adopter , avec tous les autres grammairiens
, la diftin&ion des Modes , décidée d ailleurs
par l’ufage univerfel de toutes les langues qui
conjuguent leurs verbes. [ M. B e a u z é e . )
* M OE U R S , f. f- pi* B e lle s -L e t tr e s . En
Morale & en Politique on entend par les Moeurs
des hommes , leurs inclinations habituelles , ou