
P A L T N O D , f. m. Poéfié. E fp è c é (Je J>oéfie ,
‘ch ant ro y a l & ba llad e , qui’on fe fo itau t r e fo is eu l ’honneur
de la V ie r g e , à G aen, à R ou en, & à ‘D ie p p e ; mais
i l n’y a plus que le s é c o liè r e & le s pç>èt;es médiocres
q u i faffen t des Palinods. (DIDEROT.') -
P A L I N O D I E ;1 fv f. Relies- Lettres.* Difçpurs
par l e q u e l on- rétraéle ee q ue l ’on' • avoit* avancé
«fans un difcours précédent. D e là v ie n t ce tte p h ra fe , Palinodiam canere , chanter l a Palinodie, c’ e-ft <à
dire, fa ire une rétractation. Voye\ Rétractation.
■ C e mo t v ien t du g re c isà.\n,'<:hef,8c de nouveau-, de- re- àu<Tw , chanter, ou « T * , àkant , ' en latin xecantatio ,* ce qui lign ifie proprement un défaveu.de.
c e qu’ on a v o it dit :• c’eft p ou rqu o i tou t poè.me , & en
g én é ra l tou te p iè c e qu i c o n t ie n t une rétfa étàu on de
q u e lq u e offenfe faite par un p o è t e , à q u i .que 'ce
T o i t , s’a p p e lle Palinodie.. ■
O n en attribue l ’o r ig in e au p o è t e S té fich o r é , &
a ce tte occafion. I l a v o it m a ltraité H é lè n e dans un
p o èm e fa it à deffein contre e l l e . Ca fto r & _ P o llù x ,
a u raport de P la t o n , v.engèrent, le u r foeur. outrag
é e , en frapant d’a v eu g lem en t l e p o è te , fatiri^ue 8c p ou r recouvrer l a v u e , Stéfichoré fu t 'o b l ig e dè
ch an ter la P a j i n o d i e . I l com p o fa en, effet un pcrènie ,
e n foutenant q uH é iè n e n a v o it jamais ..abordé en
P h r y g ie . I l lo u o it é g a lem en t fes chaumes .& f a v e r tu , 8c fé iic ito it Ménélas d’a v o ir obtenu l a préférence, fur
Tes rivaux.
Les.premiers défenfeürs.de la religion chrétienne-,
S . Juftin, S. Clément, & Eusèfiê.,. ont. elle fous ce
lit r e une.hynine qu?ils attribuent, à Orphée': elle
eft fort belle pour le fonds. des .eHofes ;& pour; l a
grandeur des images; le leétenr en va juger ,,meme
par une foible traduction. ■ .
« T e l eft l ’Etre fù p r êm é , que l e c i e l tou t entier
» ne fa it q ue l a cou ronne; i l èft àffis fur un trôné
» d’or & entouré d’anges. !in fa tig a b le s , ;q f e s ’ .pieds
*> tou ch ent la terre ; de. fa .droite i l a tte in t:jufqu’aUx
» extrémités de l ’o c é an ; à fo n a fp ë ô t .l^s,iplus.haates y> montagnes tremblent, & .les. m ers friffotment dans
» leurs p lu s profonds abîmes ».
M a is i l eft d iffic ile de fé pérfiïadër qu ’ O r p h é e ,
q u i a v o it établi- dans la G r è c e jufqu’à troisr cents
div in ité s , a it pu ch anger ainfi de fentiment -, chanter
u n e -femb lab le Palinodie ; au fli l a Critiqu e- range
c e l l e - c i pa rmi le s fraudes p ie u fe s , qu i ne furen t,pas
inconnue s aux premiers fièc le s du çhri.ftianifmfe
L a fix ièm e o d e du premier liv r e des odes d’H o ra c e ,
'qpuilil ac, opmumlcehnrcieo rpar ces mots , O matre pflchrâ , eft une v raie5 Palinodie1', niais la
p lu s mignone & l a p lu s dé lica te . ( D i d ê r o t . )
P A N C R A T I E , f. f . , Littérat. N om que les
g re c s donnoient aux cinq exercices g ym n iq u e s qui
l e pra tiqu o ien t dans le s fêtes & le s jeiix ; fàv*oir,
l e combat à cou ps'de p o in g s , la lu t t e , l e difque , •
l a c o u r f e , & l a dani’e. C e u x ^qui fe fo ien t tousmes
ex erc ice s , é to ien t nomméspancraiiajles, ainfi qup
cfhe uaxo lq. ugir cye c.remp ortaient la v ié to if ç . P o t t e r , Ar- tome i , p a g . 444. ( D id e r o t . ) ' “
P A N C R A T IE N (v e r s );, L ia . N o p id ’une forte
de vers g re c , compofé de deux trochées & d’une
fyllabe.furnuméraire, comme
$ iv y ( Ao/cTopwv
\Auctor o p t im u s
H u i l a ja m f i d e s .
: Panerate en eft apparemment l ’inventeuri On ne
fait.point ad jufte en quel temps i l floriffoit ; mais
i l eft certain qu’i l était plus ancien que M eléag re,
autre poète qui vivoit fous les premiers fuceefleurs
d’Alexandre. ( D.IDERÔ T..,) • : ■.
P A N T O M IM E ., f. f. , A i t dramat. 'C ’eft le
langage de Taétion; l ’art dé parler aux ieu x , l’ex-f
preflioni muette..: : ■
L ’expreffion - du. jvifage & ;, du gefte accompagne
•naturellement la parole , & s’accorde avec .elle pour
peindre la penféé : en forte que, plus l ’exprefiion
de la parole eft foible au gré d e celui qui s’énonce,
plus l ’expreftion du gefte & du vifage s’anime pour
y :fuppléer.:De là. vient que, chez les- peuples .des nés
d’une imagiha.tion_vive & d’une grande fenfibilité-,
la Pantomime naturelle ■ eft -plus- m aranée , ainfi
qûeT’accent d e là parole. De là vient auffique, plus
ou a de'difficulté à s ’exprimer par la parole , fpit
à caufé, de'’la diftance v/ou de quelque vice d’org
an e , fpit manque d’habitude de. la langue, qu’on
veut . p a r l e r p lu s ,pn.donne de,force & de. vivacité
à cette exprefffon vifibj.e. G’eft donc furtout aux mouvements
dé l ’âme lestpius. pafliçymés ..que la P a n tomime.
veft néçeffaire; alors',-pu elle fécondé la
pa role, ou elle', y ; fupplée. abfplumMit., : 1
L!expnelfion, -.du gefte & du, vifage unie à ce lle
dé la parole , -eft ce qu’on appelle action , ou théâtrale
ou oratoire y V o y e z D éclia mat-ion.
, L a mêmp; expreffipy >La.ns la pa role-, eft ce qu’on
appelle : plus parlfeuli ère |É eut, ^ ^ pw; im e _
•;[ Chez le s ; anciçnstK.l’a^ioa, )théâ.U'ale fe ^du-ifoit
au gefl,es L es âyteürs, ; fous ie.-mafque, étoignts p r ivés
;de l’exprelfipn dij vifagé j .quj j' chez nous,, -eft H
plus fenfible : & fi, on demande pourquoi ils -préfér
roient.un mafque immobile à un vifage ou tout fe
peint.; c’ çft 1°. qiie , pour être entendu -dans, ua
amphithéâtre qulcontenoit au jrnoins fix-mille fpeç-
.taceurs iîi-fallait que f ’acteur. ei)t à. ,1a bpiiçhe. une
efpèce)d.e trompe; z,°.‘ que dans ; l ’éloignement ..le
■ jeu du -vifage,eût été perdu, quand même on eût
joué fans, mafque ; or haéUon tliéâtrale étant privée
de l ’expreffîon du vifage v . çn s’eftorça' (f’y fuppléer
parTexpreffion du;gefte , & l ’immenfité ,dés théâtres
obligea de T exagérer.
Par degrés cet art fut porté au .point d’ ôfer. pré-
tendre à, fe paffçr dp fecours,, dp la parole * &c à
tou t, exprimer; lui feul.: D e . là cette.- efpèée. dp comédiens
njuéts , qu’on; n’avpit point connus, dans; la
Grèce;, & qui eurent à Rome un fuccèsdî folle ment
outré*.: , ,1 . . j ;; ■ >/{-.-tr, ‘. r -, do
Ce ;uccès n’eft pourtant- pas. incqhcevable >*., & en
yo ic i quelques^rajfons. r ;
j ° . L a T r a g ^ ie grèque,; ;tranfplantée à Rome7
y étoit, étrangère , Si n’y devroit,pas faire la même
impreiîion que fur les théâtres de■ Corinthe &
^Athèn es.. V o y e i P o é s ie , T r a g é d ie .
y. 2,0. E lle etoit foib.lement traduite , 8c Horace le
fa it entendre en difant qu’011 y avoit bien
*réuffi. ^ . . , t| • .0» »
_■ j.°. Peut-être auffi foiblement jouee ; & i l y a ap-
parcnpe-que les comédiens n auroient pas ete cfianés
par les P a n tom im e s , s’ils ayoient tous été des
Æfopus 8ç des | Rpfcius. > ;
.4 “. Les romains n’étpient pas un peuple fen-
iible , cpmme les grecs, aux piaifirs de 1 efprit &
de l ’âme :• leurs moeurs auftères ou diuolues, félon
les temps , n’eurent jamais la deiicatelTe des moeurs
attiques;. i l leur faiioit des fpedfacles , mais des
.fpedfcacles faits pour les yeux. O r , la Pantomime
-parle aux yeux un langage plus palfiofine que celui
de là :p a ro le ; elle eft plus véhémente que l ’E lo quence
même, & aucune langue n eft en état d en
.égaler la, force & la chaleur. Dans la Pantomime
.tout.eft. a f tio n , rien ne languit; 1 attention n eft
point fatiguée : en fe livrant au plâifir d être ému,
on peut s’épargner prefque la peine, de penfer ; pu
s’i l fe préfente des idées, elles font vygnps^cdmme
les Congés. L a parole retarde & refroidit 1 adlion ;
£Üe préoccupé 1 adléur & rend .fon art plus difficile.
L e Pantomime eft tout à l ’expreffion du gefte ; fes
mouvements ne lui font point tracés ; la .pafllon
feule eft fon guide. L ’aéteur eft continuellement le
. copifte du poète , le Pantomime eft original : l ’un
eft affervi au fentiment & à la penfée d’autrui,
l ’autre fe livre & s’abandonne aux mouvements de
. fon âme. I l doit donc y a v o ir , entre l ’a&ipn du
comédien & ce lle du Pantomime, la différence de
l ’efclavage à la liberté.
50. L a difficulté vaincue avoit un autre charme ,•
& cette furprife continuelle de voir un a&eur muet
Te faire entendre, devoit être un plaifir tres-vif.
6°. Enfin , dans l ’expreffion du gefte , les P an to -
mimes , uniquement occupés des grâces, de la no-
b leffe, & de l’énergie de l ’aétion , donnoient à la
beauté du corps des dèvelopements inconnus aux
comédiens , dont le premier talent étoit ce fui de
la parole; & comme on en peut juger encore par
Timpreffion que font nos danfes , 1 idolâtrie des
romains & , des romaines, pour les pantomimes etoit
un culte rendu à la beauté.
■ S i l ’on jo in t , à ces avantages de la Pan tom im e ,
V celui de difpenfer le fiècle & le pays où elle floriffoit
de produire de grands poètes ; de ne demander qu’une
efquiffe dé l ’aélion qu’elle imitoit; de fauver fon
fpe&acle de tous les écueils qui environnent la
Poéfie ; de tout réduire à l ’Éloquence du gefte ;&
de n’avoir pour juges que les ieux , bien plus faciles
à féduire que l ’o r e ille , que 1 efprit , & que
la rviifon ; on ne fera pas étonné qu’un, art, dont les
moyens étoient fi fimples, fi pùiffants , & les fuccès
fl infa illib le s , eut prévalu fur 1 attrait d un fpee-
tacle où l ’efprit & le goût étoient rarement fa-
tisfaits. > V
O n pourroit même préfumej:, d’après l ’exçmple
..des ro.nnains, que dans tous les temps ôe-chez tous
les peuples du mondé, la Pantomime 1 portée au
même d- gré de perfection, ecljpferoit la Comedieôc
'la Tragédie élle-mêrhe ; & c'eft le danger de ce fpec-
tacle , de dégoûter de tous -les autres, femblable à
une liqueur fo r te , qui blafe & qui détruit le goût.
Q u ’ importe , dit- on communément, à q u e lfp c c -
taclç von . s ’-amufe ? L e meilleur eft celui que l ’on,
aime le p lu s . O n pourroit dire également, Q u importe
de .quelle liqueur, on s ’ abreuve & de quels
mets, on fe.' nourri(fe ? Mais comme 1 aliment le
plus agréable^ n’eft pas toujours-le plus Tain, l e
fpectacie le plus attrayant n’ eft pas toujours le plus
utile. D e là P an tom im e ,' rien ne refte que des im -
preflions quelquefois dàngereufes. On fait q u e lle
acheva de corrompre les moeurs .-de, (Rome : 'au lieu
que de la bonne Tragédie & d e. la faine C.omedie t
i l r e | e 'd ’utiles leçons. Au'fpeCfcacle dp la P a n -
\tomime oh n’eft qu’ému; aux .deux autres on eft
inftruit. Dans .l’ un , la p.aflipn agit feule & ne parle
qu’aux ' Cens ; rien ’ ne ’ la corrige & rien ne la
modère: dans les deux autres, la raifon, la fageffe ,
la vertu, parient à leur tour; & ce que la paffioa
a de vicieux pu de criminel eft expofe a leur cenr
Titré ; le, remède eft toujours à coté du poifon. U n
Gouvernement Cage aura donc foin de préferver les
peuplés de ce goût dominant des romains pour la
Pantomime , & dè favorifêr les ffteélaclçs ou la
raifon s’éclaire & où le fentiment s’épure & s’ennoblit.
Par induction, à mefure que PaCtion théâtrale
donne moins à l ’Eloquence & plus a,la Pahtomime %
8c qu’elle néglige de parler à l ’âme-; pour ne plus
fl-aper que fes ieux , le Cpedacle devient, pouc
la multitude,-plus attrayant & moins utile. On ne
forme point les efprits avec des tableaux & des
coups de théâtre. Ariftote n’admét les moeurs q-u’a
càufe de l ’adion : la règ le contraire eft la nôtre j
& fur le théâtre moderne l ’aétio'n n’eft employé®
qu’à peindre 8c corriger les moeurs,
-Je ne dis pas qu’on doive s’interdire le plaifir
de la Pantomime ; je dis feulement qu’on n’ea
doit jamais faire!l’objet unique ni l ’objet dominant
d’un fpeétacle ; je dis q u e , fur le théâtre où elle eft
adrnife , i l eft à craindre qu’elle n’efface ou n’af—
foibliffe l ’aétion dont elle fera l ’épifode. Tout paroît
froid après; une danfe paflionnée. Je penfe donc que
la Pantomime d’un .genre gracieux & doux peut
s’entremêler avec l ’aétion du Poème lyrique ,
mais que la Pantomime tragique doit faire *
elle feule un fpeéfaçle i fo lé ,.& ne doit paroître
fur un théâtre qu après un drame d’un genre abfo-
iument contraire , par la raifon que les contraftes
ne peuvent jamais s’affoibljr ni fe nuire mutuellement.
Dans Yanicle P oème lyrique , on n’a confidéré
que l ’effet ifole de cette aClioti muette , & l ’on n’a
pas vu qu’elle délruiroit toift, > /r *
Quant au projet qu’on y propofp d affocier^Ia
parole avec la danfe pantomime , l ’exécution n’en
• “ B b b b b %