
partions. I l ejffc difficile d’animer le J SToncha-
Uint y i l va mollement & lentement' dans tout ce
qu’i l fait. L ’amour du repos l ’emporte , chez le
P are J e u x , for les avantages que procure le travail.
L ’inattention eft l ’apanage du Négligent ;
tout lui échape, & i l ne le pique point d’exa&i-
tude.
L Indolence emoufle le goût ; la Nonchalance
era!n'c. ^acigue ; la Pareffe fuit la peine ; la
Négligence apporte des délais & fait manquer
l ’ occafion.
Je crois que l ’amour eft de toutes les partions
la plus propre à vaincre Y Indolence. I l me fenible
qu on formonte plus aifément la Nonchalance, par
la crainte du m a l, que par l ’ elpérance du bien.
L ’ambition fut toujours l ’ennemie mortelle de la
Parejfe. Des intérêts perfonnels & confîdérables
ne fouifrent point de Négligence. ( U abbé G i r
a r d . )
* - ( N* ) IN F ID È L E P E R F ID E . Synonymes.
Un e femme infidèle , fi elle eft connue pour
Telle de là perfonne intéreflee, n’ eft qu’infidèle,;
s i l la c ro it . fidèle , e lle eft perfide. ( L a
Bruyère. J
D ’après cela on peut conclure que Y Infidélité
eft un fîmple manque de foi , un fimple violentent
des promeffes qu’on avoiî faites ; & que la P e r fid
ie ajoute a cela le vernis impofteur d’une fidélité
confiante. _
L Infidélité peut n’être qu’une foibleffe ; la P e r fidie
eft un crime réfléchi. ( M . B e a u z é e . )
t IN F IN IT I F , IV E , adj. ( G r -am n i. ) L e mode
i n f i n i t i f eft un des objets de la Grammaire don: la
difcuflîon a occafionné le plus d’afferrions contradictoires
, .& laiffé fobfifter le plus de doutes; &
cet article deviendrait immenfe , s’i l falloir y examiner
en detail tout ce que les grammairiens ont
■ avancé fur cet objet. L e plus cou rt, & fans doute
le plus sû r, eft d’analyfer la nature de Y l n f i n i t i f
comme fi perfpnne n’en avoit .encore parlé : en ne
pofaut, que des principes folides ■, on parvient à
mettre le .vrai en évidence , & les objections font
prévenues ou réfolues.
L e s inflexions temporelles , qui font exclufive-
ment propres au v erbe, en ont été regardées par
Scaliger comme la différence effencielle : Tempus
autem non videtur effeaffeciusvcrbi, f e d differentra
fo rm a lis propter quam verbum ipfum verbum
e f l\ D e canf. L . I. lib. f -, cap. n i . ) Cette con-
fideration, tres-folide ^en fo i , l ’avoit conduit à définir
ainfi cette partie d oraifon : Verbum efln ota rei
fu b tempo,re. ( ibid. i i o .) Scaliger touchoit prefoue
au. but j mais i l l ’ a manqué. Les temps ne conf-
tituent point la nature du verbe ; autrement, i l faudrait
dire que la langue franque, qui eft le lien
du commerce des échelles du Levant , eft fans
verbe, puifque le verbe n’y reçoit aucun changement
de terminaifons. Mais les temps fùppofenC
néceffairement dans la nature du verbe une idée
qui puiflc fervir de fondement à ces métamorphofesj
& cette idée ne peut être que celle de i ’exiftence,
puifque l ’exiftence foccertive des êtres eft la feule
mefure du temps qui foit à notre portée, comme
le temps devient à fon toiir la mefure de l ’exiftence
focceffive. Voye\ V e r b e .
O r cette idée de l ’ exiftence Te manifefte à Y Infin
i t i f par les différences caraClériftiques des trois
efpèces générales de temps , qui font le préfont ,
le prétérit, & le futur : par exemple, amdre [ aimer)
en eft le préfent ; amaviffe ( avoir aimé ) en eft le
' prétérit ; & amajfere ( devoir aimer ) , félon le témoignage
& les preuves de Voflius ( A n a lo g . iij.
17 ) , en eft l ’ancien futur, auquel on a fubftitué depuis
des futurs compofés, amaturum e j f e , ama-
turum fu if fe , plus analogues aux futurs des modes
pèrfonnels ; v o y e -[ T e m p s . L ’u fàge, malgré fes prétendus
caprices, ne peut réfifter a l ’influence foürde
de l ’analogie.
I l faut donc conclure que l ’efîence du verbe Ce
trouve à Y I n f i n i t i f comme dans les autres modes ,
& que Y I n f i n i t i f eft véritablement verbe : V e r b u m
a u t em e j f e , v e r b i d e f i n i ï i o c la m â t ; f i g n i f i ç a t é n im
r em f u b te tn p o r e . ( Scàlig. i b id . 1 1 7 . ) Si Sanftius
& quelques autres grammairiens ont cru que le s
inflexions temporelles de Y I n f i n i t i f -p o u v o iem s’employer
indiftinCtement les unes pour les autres; fi
quelques-uns en ont conclu qu’à la rigueur i l ne
pouvoit pas fe dire que Y l n f i n i t i f etk des temps
différents , ni par conféquent qu’i l fût verbe : c’eft
une erreur évidente, & qui prouve feulement que
ceux qui y font tombés n avoient pas des temps une
notion e-xaéte. Un mot foffit for ce point : fi le,s
inflexions temporelles de Y I n f i n i t i f peuvent fe
prendre fans choix les unes pour les autres, Y l n f i n
i t i f ne .peut pas fe traduire avec affûrance , Sc
d i c i s m e l e g e r e , par exemple, peut fignifiér ijidifi*
tinftement v o u s d i t e s q u e j e U s , q u e f a i lu y on
q u e j e l i r a i .
I l femble qu’une fois affuré que Y l n f i n i t i f a. en
foi la nature du verbe , & qu’i l eft? une partie e f fencielle
de fa' conjugàifon, on n’a plus qu’à l e
compter entré lès modes du verbe. I l fe trouve
pourtant dès grammairiens d’une grande réputation
& d’un grand mérite , q u i, en avouant que Y I n f i n
i t i f eft partie du verbe , ne veulent pas qpnvenit
qu’i l en foie un mode. Mais"malgré lès noms im-
pofants des Scaliger , des Sanétius , des V o fliu s ,
& des Lancelot , j’oferai dire que Ifeur opinion eft:
d’une inconféquence forprenante dans des hommes
fi habiles. Car enfin, puifque , de leur aveu même ,
Y l n f i n i t i f eft verbe i l prélente apparemment la
fignification du verbe fous un afpeéc particulier ;
& c’eft fans doute pour cela qu’i l a des. inflexions
& des ufages qui lu i' fon: propres : ce qui foffit
pour conftituer un mode dans le - verbe , comme
une terminaifori différente avec une deftination
propre foffit pour conftituer un cas dans le nom*
M a is q u e l e ft cet a fp e d p a r ticu lie r q u i cara&érifo
"le mode i n f i n i t i f ? f ,
C e t te q u e ftio n , ne peut fe réfoudre que d’ apres
le s ufas*es combinés des lan gu es . L ’obferva tion là
p lu s .drapante q u i en réfolce , c’eft que , dans aucun
'idiom e , Ylnfinitif ne r e ç o it ni inflexions numé ri-
'qu es ni inflexions pe rfo n n elles ; & c ette unanimité
indique fi sûrement, l e c a rad è re différen cie! dé ce
m o d e , fa nature d if t in d iv e , que c’e ft de l à » fé lo n
P r ifc ien ( lib. viij. de modis ) , q q i l a ti re ^on
n om : Unde & nçmen accepte In f i n i t i v i , quod
nec_ perfonas nec numéros définit. C e t te é tym o lo
g i e a été adoptée depuis pa r V o fliu s ( Analog.
i i j . 8 ■ ), & e lle pa roît a f fe z raifonnable p ou r être
reçue de tous le s grammairiens.. Ma is ne nous contentons
pas d’un la i t qu i cohftate l a forme e x te -
ïieu r e de Ylnfinitif ; ce fe ro i: propremen t nous en
tenir à l ’ é corce des cho fe s : péné trons , s’i l eft p o f -
à b l l , dans rin ré r ieur même.
L e s inflexions numériques.' & le s pe rfo n n elles
ont , dans le s modes où e lle s , font admifes , une
deftination con nu e; c’ eft de mettre le verbe , fous
ces a f p e d s , en concordance av e c le fuje~ dont i l
énonce un ju gem ent. C e t te concordance fu pp ofe
id entité entre l e fiijet déterminé av ec le q u e l s’accorde
le verbe , & l e fiijet v a g u e pré Tenté pa r le
v erbe fous l ’ idée de l ’ exiftence ( voye^ I d e n t i t é );;
& cette concordance défigne l ’ ap p lic a tio n du fens
v a g u e du verbe au fens précis du fujet.
S i donc Y l n f i n i t i f ne reço it dans aucune lan g u e
n i inflexions n u m é r iq u e s n i inflexions pe r fo n n elles ;
c ’ eft qu’ i l e ft dans l a nature de ce mode de n’ être
jamais ap p liq u é à un fujet précis & d éte rm in é , &
de conferver invariablement la fign ification "génér
a le & o r ig in e lle du verbe . I l n’ y a p lu s qu ’à foivre
l e cours des conféquences q u i fortent na turellement
de cette v érité.
I . L é *p r in c ip a l u fag e du v erbe e ft de fervir à
l ’ expreffion du jugement in té r ie u r , q u i e ft l a p e r -
-ception de l ’e xiftence d’ un fujet dans notre efprit
fous t e l o u t e l attribut ( s’ G ra v e fan d e , I n t r o d . à
l a P h i l o f I I . v ij. ).; A in fi, l e verbe ne p eu t exprimer
l e ju gem ent qu ’autant qu’i l eft a p p liq u é au fujet
u n iv e r fe l, o u p a r ticu lie r , o u in d iv id u e l, q u i e xifte
dans l ’ e fp r i t , c’ eft à dire , à un fujet déterminé. I l
n’y a donc que le s modes perfonnels du verbe q u i
pu iffent conftituer l a pro po fition ; & le mode
i n f i n i t i f y ne pouvant pa r fa nature être ap p liq u é
à aucun fujet d é te rm in é , ne peut énoncer un ju g e ment
, p a rce que tout jugement fuppofo un fujet
déterminé. L e s ufages des lan gu e s nous apprennent
qu e Y l n f i n i t i f ne fait dans l a p ro p o r tio n que
l ’ office du nom. L ’ idée abftraite de l ’ exiftence in -
t e lle é lu e lle fous, un attribut , e ft l a .feule «idée déterminative
du fujet v a g u e préfenté pa r Y I n f i n i t i f ;
& cette idée abftraite, devenant l a fe u le que l ’ efprit
y. c on fid ère , eft en q u e lq u e manière l ’idée d’une
nature commune à tous le s , individus auxquels e lle
peut convenir. V o y e ^ N o m .
.. Dans le s lan gu e s modernes de l ’E u ro pe , cette
efoèce de nom eft employée comme les autres
noms abftraits, & fort de la même manière & aux
mêmes fins. i ° . Nous l ’employons comme fujet ou
grammatical , ou logique. Nous difons m e n t i r e fl
•un crime , de même que le menfonge e fl un
crime■ yGf)tx logique : f e r m e r le sy e u x a u x p r e u v e s
éclatantes du çhrifiianifme e ß une extravagance
inconcevable , de même que Vaveuglement volontaire
fu r les preuves , &c : ici fermer n’cft qu’un
fojet- grammatical ; fermier le s y eu x a u x preuves
éclatantes du ch rijlianifmè, eft le fujet lo gique .
i ° . L ’ In fin itif 'eft quelquefois complément objeétif
d’un verbe relatif; U honnête homme ne fa i t p a s
m e n t i r , comme Vhonnête homme rCe connoît p a s
le menfonge. 30. I l eft fouvent le complément
logique ou grammatical d’une prépofidoa : L a
honte de m e n t i r , comme la turpitude du menfon
ge , fu je t à pÉBiTER des fa b le s , comme fu je t
à la fièvre ; fa n s d é g u i s e r la v é r ité , comme
fa n s déguifement y &c.
Quoique la langue grèque ait donné des cas aux
autres noms , elle n’a .pourtant point aflujetci fes
In fin it ifs à ce genre d’inflexion- ; mais les raports
à l ’ordre analytique , que les cas défîgnent dans les
autres noms, fout indiqués pour Y I n f in i t i f par les*-
cas de l ’article neutre dont i l eft accompagné de
même que tout autre nom neutre de la même
langue. Ainfi, les grecs difent au nominatif & à l ’ac-
çufacif t0 v!>ytaïeu ( le prier ) , comme ils diroienc
* tvyjy precatio y ou tvx«» ,,precationem ( la
priere ) : ils difent au génitif tou iiyjiAai ( du
prier ) , & au, datif ». r:i ï ( au prier ) j
comme ils diroienc fr,s vyjtf' , precationis ( de la
prière ) j & rvf ivyfi, preçationi ( à la prière ). En
conféquence Y ln f in it i f grec ainfi décliné eft emp
lo yé comme fujet ou comme régime d’un verbe ,
ou comme complément d’une prépofîtîon.; & le s
exemples en font fi fréquents dans, les bons auteurs,
que le M an u e l des gmjnmairiens ( Traité de la
Synt. gr. ch. j , régi. 4. ) donne cette pratique
comme un.ufage élégant.
L a différence qu’i l y a donc à cet égard eutre
' la langue grèque & la nôtre , ç’eft que d’une part
Y I n f in it i f eft fouvent accompagné de l ’article , Sc
que de l ’autre i l n’eft que bien rarement employé
avec l ’article. Cette différence tient à ce lle des
procédés des deux langues en ce q u f concerne le s
noms. ,
Nous ne fefons ufage ^de^l’article que pour déterminer
l ’étendue de la fignification d un nom ap -
p e lla t if, Toit au, fens fpéeifique , foit au fens individuel:
ainfi , .quand nous difons les- hommes fo n t
mortels , le nom ap pella tif homme eft déterminé
au fens fpéeifique; & quand nous difons le roi efl.
fu ß e y le nom appellatif roi eft détermine au fens
individuel. Jamais nous n’employons l ’an icle avant
les noms propres,, parce .que le fens en eft de foi-
même individuel. Peut-être eft-ce par une raifon
contraire que nous ne l ’employons pas avant les
I n f in it i f s y précifément parce que le fens en eft