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» continuellement les thébains a la paix , afin
»" qu’ils ne fcntiffent point le befoin qu’ils avoiènt
)>, de ce Gén étal h o'r tari foleb at thebanos ''ut
n pacem bello an tef errent, ne ilLl.is imperatoris
» opéra defideraretur.
» L a Métalepfe fe fait donc lorfqn’o-ir paffe,
» comme par degrés , d’une fignification à une autre :
» par exemple , quand V irg ile a dit ( Ec log. 1. 70
« P o j i a l iquot-, mea régna, vidais mirabor arijlàs 5-
» après,quelques épis , c’èft à dire., après quelques-
» années-: les épis fuppofent le temps de la moilîon,
» le temps de la moiflbn fuppofe l ’été, & l’été
» fuppofe la révolution de l ’année. Les poètes.
» prennent les hivers,, les étés, les moiffons, lès
» automnes , & tout ce qui' n’arrive qu’une fois
>v dans une année ,- pour 1 année même. Nous di-^
>> difons , dans le dite ours- ordinaire,. c*eft un vin
» de quatre f e u i l le s , pour dire c ’eft un vin de
» quatre ans ,* & dans les Coutumes ( Coût, de
» Loudun. tir. x iv , art. 3) , on prouve bois de
» quatre f e u i l le s , c’eft' à- dire , bois de quatre
» années.
» A in f t , le nom des différentes opérations dé
» l ’Agriculture fe prend pour le temps de . ces opé-
» rations-, c’eft le conféquent, pour l ’antécédent ; ’la
» moiffoïr fe prend-pour le temps'de la moiflbn,
» la vendange pour le temps de la vendange : il
» e jl mort pendant la moifton , c’ èft à dire^ dans
v> le temps de la moijjon. L a moiffon fe fait or-
» dinairement dans le mois d’Août ; ainfi , par Mé-
» tonymie ou Méialepfe, on appelle la . moiflon
» Y Août, qu’on prononce alors le-temps dans
» lequel une chofe fe fait’, fe prend p our la chofe
» même, & toujours a caufe de la liaifon que les
»• idées accefloires ont entre elles.
» On rapporte aufli- à cette figure ces façons
» de parler des poètes , par lefquelies ils prennent
» l ’antécédent pour le conféquent , lorfqu’au lieu
»« d’une deferiptibn, ils nous mettent devant les yeux
» le fait que la defeription fuppofe. O Ménalque !
» fi nous .vous perdions, ( dit V i r g i l e E c lo g . ï v .
» ip ) ) qui émailleroit la terre de fleurs ?, qui.feroit
» couler les fontaines fous-une ombre verdoyante ?
» Q u is humum flbrentibus herbïs fpargeret■ , aut
x» viridi fo n te s induceret ùmbrâ ? c’eft à dire , qui
» efianteroit la terre émaillée de fleurs? qui nous
» en feroit des defériptfbns auffi vives & aufli riantes
» que celles que vous en faites ? qui nous peindroit,
» comme vous , ces ruifîeaux q u i coulent fôus une
» ombre verte ?'
» L e même poète a dit ( EcV. v u f f ) que Silène
» enyelopa chacune dès foeurs de Phaéton avec une
»■ écorce amère, & fit fortir de terre de o-rands-peu-
» pliers : Tum P h a é to n tia ia s mufeo circumdat
» a marte c o n i c i s , atque fo lo proceras erigït.
■ B almos ; c e # à dire , que Silène chanta d’une ma-
» nière fi vive la métamorphofe des feeurs de Phaé-
» ton en peupliers , qu on cro it voir ce change.
M É T ,
» ment. Ces façons de parler peuvent aufli êîre
» raportées à l’Hypotypofe ». [Elles ne font pas
l ’Hypothypofe-, mais elles lui prêtent leur fe-
c o u r s .] ( D u Mars. Ai s. ),-
MÉTAPHORE , f. f. G r am ,. « C’eft, dit M. du.
». Marfais, une figure par laquelle on tranfporte,. .33 pour ainfi dire, ia lignification, propre d’un nom
33- ( j’aimerois mieux dire d ’u n m o t ) à une autre 33 fignification qui ne lui convient qu’en vertu d’une
3) comparaifon qui eft‘ dans l’efprit. EJn mot pris*
33 dans un fens m é ta p h o r iq u e perd fa fignification
33 propre & en prend une nouvélie , qui ne fe pré-
33 fente à l ’efprit que par la comparaifon que l ’on
33 fait entre le fens propre de ce mot & ce qu’on
33 lui compare : par exemple , quand on dit que 7 e
33 m e n fo n g e f e p a r e f a u v e n t d e s c o u l e u r s d e l a
33 v é r i t é y en cette phrafe , c o u l e u r s n’à plus dé
» fignification propre & primitive yce mot ne marque
>3 plus cette lumière- modifiée qui'nous fait voir
» les objets ou blancs , ou rouges, ou jaunes j & c
33 il fignifie l e s d e h o r s , l e s a p p a r e n c e s , & cela
33" par comparaifon entre le fens propre de c o u l e u r s
33 & les dehors que prend un homme qui nous en
33 impofe fous le mai que de1 la fincérité. Les cou-
33* leurs font- eonnoître les objets fenfibies , elles en
33- font voir les dehors & les-apparences : un homme
33 qui ment, imite quelquefois fi bienj la c-onte-
»:,’nance &. le difcouts.de celui qui ne ment pas ,
33 que lui. trouvant le même, dehors & pour ainü
» dire , les- mêmes couleurs nous croyons qu’il
33 • ilous dit la vérité : ainfi, comme nous jugeons qu’ua
33 objet qui nous paroit blanc eft. blanc-, de même
» - no us. fo mm es fouvent la dupe d’une fincérité ap-
33 parente j. & dans le temps qu’un impofteur ne fait
33 que prendre- les,- dehors d’homme fincère ,, nous
>3 croyons qu’il nous parle fincèrement.-
3) Quand on dit la lumière de Vefpr ît, ce mot
>3 de lumière, eft pris métaphoriquement’, car comme
» la-. lumière, dans le fens propre , nous fait voir
33 les objets corporels; de même la faculté de con-
33 noître & d’apercevoir , éclaire Teiprit &. le met
>3 en état de porter des jugements.fai-ns. L ’Ecriture
33- fainte emploie: une Métaphore , quand elle ap-
33- pelle aveuglement l’obfcurciflementde la raifoft
33. humaine dans Lhomme corrompu, en .laconfi—
33 dérant par raport aux objets qui. intéreflent foh
» falut ( II. Corinth. ï v . 4, A poc.lll. 17 f C ’eft
>3- une Métaphore analogue à celle des ténèbres ,
33 dont elle fait un ufage fi fréquent pour: exprimer
>3 la.même idée.- ( Eph. i v ,. 18,.)
33 La M é ta p h o r e eft* donc-une efpèee -de-trope ;
33 le mot dont on fe fert dans la M é t a p h o r e eft dit
33 dans un autre fens- que dans le fens propre ; i l
33 e f t , pour ainfi dire , d a n s ' u n e d em e u r e em~
>3 p m n t é e ,. dit un ancien ( F è f t u s , v e r b o Meta-
33 phora )■ : ce qui eft. commun 8c efîenciel, à..tous
33 les tropes;
» De plus, H y a une forte dè comparaifon-oa.
M É T
w duelqûe raport équivalent, entre le^ mot auquel
» on donne' un fens métaphorique & l ’objet à quoi
b' On veut l ’appliquer : par exemple, quand on dit
» d’un homme en co'icTe, c*efi un lion) lion eft
» pris alors" dans un fens métaphorique ,* 011 com-
» pare l ’hommé en. colère au lion , & voila ce qui
i> diftingae la Métaphore desj autres figures ».
('M. d u ' M a r s A ï s . ) _ ‘ ;
L e B. La mi dit dans là Rhétorique , liv. I l
chap. i-ij, que tous le's tropes font des Métaphores ;
c a r , d it-il , c e mot qui eft grec , Jig.nijie translation
: & i l ajodte que c’èft par Antonomafe qu on
le donne exclufivement au trope dont i l s’agit ici.
C ’èft q ue , fur la foi de tous les rhéteurs, i l tire le
nom /^.E-racrropa des racines p-vro 8c «pfpw, en tiaduifanï
ptTa par trans ; en forte que le mot grec /a.£raîpopa
eft fynonyme au mot- latin , tran f l a d o , comme
Cicéron lui-même & Quintilien l ’ont traduit : mais
çette prépofition pouvoit aufli bien fe rendre par
cum , & le mot qui en-eft compofé, par collad o ,
qui auroit très-bien exprimé le caradrère propre dh
trope dont i l eft queftion 7 puifqu’il fuppofe toujours
une comparaifon' mentale , & qu’il n’a de jüftefle
qu’autant que la fimilitude paroît exacte. P o u r rendit
le difeours p lu s coulant & p lu s é lég a n t, dit M.
Warburthon ( Eflai fur les hiéroglyphes-, t. 1 ,
part. I ) §. 13 ) la fimilïtude a produ it la Métaphore
, q u i n'e ft autre chofe qu’ une fimilitude
en. p e tit. Car le s hommes , étant aufft habitués
q u i l s le fo n t a u x objets matériels , ont toujours
eu befoin d ’images fenfibies pour communiquer
leurs idées abftraites.
L a Métaphore, dit-il plus lo in ( part. 1 1 , §,. 3^ )
eft due évidemment à- l a grofjièreté de la con-j
ception.......... L e s premiers hommes, étant (impies y
grojjîers , <% plongés dans les f e n s , nepouvoient
exprimer leurs conceptions imparfaites des idées
abftraites & les opérations réfléchies de l ’entendement,
qu’ à Vaide des images fenfibies , q u i ,
au moyen de cette app lication , devenoient Métaphores.
Telle eft Vorigine véritable de l ’ exgref-
f i on figurde; ’& elle ne. vient p o in t , comme, on
le fuppofe ordinairement, du f e u d u n e imagination
poétique. L e fiy l'e des barbares de l ’A -
merique, quoiqu’i ls fo ien t d ’ une complexion très-
froide & très-flegmatique , le démontre encore
aùjourdhui. P~oici ce qu’ un f iv a n t miffionnaire
dit des iroquois qui habitent Ta partie fegten-
trionale du continent. Les iroquois , comme les
lacédémoniens’, veulent un difeours v i f & concis.
Leur ftyle, eft cependant figuré Sc tout métaphorique.
( Moeurs* dés fa u v . amène, par le P. La-
fiteaü , t. 1 , p a g . 480^) Leur phlègme a bien-pu
rendre leur f ty le c o n c is , mais i l 'n’ à p a s pu en
retrancher les figur es. . . . . M a is pourquoi aller
chercher f i loin des exemples ? Quiconque- voudra
feulement fa ir e attention a ce qui échape généralement
a u x réflexions dès-hommes parce qu’ i l
ejl. a op ordinaire, peut observer que le peuple eft
p'refque toujours p o r té à parler en figur es. -
M Ë T 52*
« En effet, difoit M. du Marfais ( Trop. part. 1 ,
33 art. j. ) , je fuis perfuadé qu’i l fe fait plus de
>3 figures un jour de marché à là h a ll e , qu’i l ne
» s’en fait en plufieurs jours d’aflemblées acadé-
» iniques- ».
I l eft v ra i, continue M. Warburthon, que , quand
cette difpafition rencontre une imagination ardente
) qui a été cultivée p a r l ’exercice & la méd
ita tion ,; & qui f e p la ît à peindre des images
vives & fo r te s , l a . Métaphore e jl bientôt ornée
de toutes les fleu r s de le fpr it. Car l ’efprit con-
f i f i e à employer des images énergiques & m é t a phoriques
, en f e fe rvan t d ’allu jions extraordinaires
quoique jitfte s . ( M . B e a ü ZÉE.)
« I l y a cette différence, reprend M . du Marfais r >3 entre la Métaphore 8c la comparaifon, que dans
» la Gomparaifon on fe fert de termes qui font
» eonnoître que l ’on compare une chofe à une autre«
» par exemple , fi l ’on dit d’un homme en colère *
33 qu’i/ eft comme, u n lion., c’eft une comparaifon p
». mais quand on dit fimplement , c’ eft un lion x
33 la comparaifon n’ eft alors que dans L’elprit & non,
» dans les termes, c.’eft une Métaphore. » [ Eoque
d iftat y qiiod ilia ( la fimilitude ) comparatur rei
quant volumus' exprimere ,• hæc ( la Métaphore
pro ip fâ re dicitur , Quint. InJT. v i l L. 6 x. de
Tropis. ] ; .
« Mefurer, dans le fens propre, c’ eft juger d’ une
» quantité inconnue par une quantité connue , fo it
>3 par le fecours du compas, de la. règ le , ou de
» quelque autre infiniment, qu’on appelle mefure*■
» Ceux qui prennent bien toutes leurs précautions 33- pour arriver à leurs fins ,. font comparés à- ceux
» qui mefurent quelque quantité : ainfi , on d i t , par.
». Métaphore 7_ qu’i ls ont bien p r is je u r s mefure s ^
33 Par la même raifon , on dit que les perfonnes■ 33' d’ une conditioji médiocre ne doivent p a s f e me-
33 fur er avec les Grands-, c’cfi.àdire , vivre commec
» les G ra n d s , fe. comparer à-eux‘- , comme on com-
» pare une -mefure avec ce qu’on veut mefurer-
33 On doit mefurer f a dépenfe à fo n revenu. ) c’ eiÈ
» à dire qu’i l faut régler fa dépenfe fur fou re—
» venu; la quantité.du revenu doit être, comme-la* 33- mefure de la quantité, de la dépenfe..
» Comme une c le f ouvre la porte -d’un appar—
»• tentent St nous en donne' l’entrée: ; de même i li
» y a des connoiflànces préliminaires qui ouvrent
»• pour ainfi dire, l ’entrée aux fcîences p lus pro-
» fondes': ces.connoiflànces ou principes font' ap—.
n pelés c le fs par Métaphore ; la Grammaire eft la'.
33 c l e f des feierrees ; la Lo g iqu e eft la clé f de la'
33 Philofophie. On dit aufli d’une v ille fortifiée quf.
» eft fur une frontière, qu’elle.eft la c l e f à u royaume,.
33 c eft a dire que l ’ennemi qui fe rendroit maître
33' de cetfè v i l le , ferbit à portée d’entrer enfuite avec:
33 moins de peine dans le royaume dont on pârle.-
33 Par la même raifon, l ’on donne le nom de c l e f ,.
» en terme de.. Mufîque , à certaines marques.. o c
» caractères que. l ’on met au commencement dès-
» lignes de mufîque : ces marques font eonnoître: