o it en profe foit en v e r s , font des Ouvrages d'ef-
P 'r it.
O n entend par Ouvrage de V efprit, un Ouvrage
de la raifon & de cette intelligence qui diftingue
l ’homme de la bête. O n entend par Ouvrage d ’ e f -
p r i t , un Ouvrage de la raifon polie & de cette fine
intelligence qui diftingue un homme d'un homme.
( B o u h o u r s . )
Les fyftêmes de règles qui conftitueqt la L o g iq u e ,
la Rhétorique, la Poétique, font de beaux Ouvrages
de Vefprit, L a Théorie des fentiments agréables,
le Lutrin , la Henriade , A th a lie , le Tartuffe,
font d’excellents Ouvrages d ’ejprit. ( M . B e a u -*,
ZÉ E . )
. ( N . ) O X Y M O R O N , f. m. Mot g r e c , que
quelques rhéteurs ont gardé pour défigner une figure
de penfée , que je nomme P a ra doxijm e . Poye^ ce
mot. 0 %vt , acutus ,* fiwpos ,fa tu u s : de là O’£v/A«pov,
acutè fa tu u s ; parce qu’i l y a en effet de la fineffe
dans la prétendue abfurdité qui caraftérife cette;
figure. ( M . B e a u zé e , )
P
f. m. C'eft la feizième lettre 8c la douzième
çonfonne de notre alphabeth. Nous la nommons
communément p é i les grecs l ’appeloient p i , nf.
L e fyftême naturel de l ’épellation exige qu'on la
défigne plus tôt par le nompe avec un e muet. Les
anciennes langues orientales ne paroiffent pas avoir
fait uiàge de çette eonfonne.
L ’articulation repréfentée par la lettre p eft la-=-
• h iâle_& forte , & l ’une de celles qui exigent la
réunion dés deux lèvres. Comme labiale , elle eft
çommuable avec toutes les autres de même organe.
Poyes L abiale. Comme formée par la
réunion des deux lèv res, e lle fe change plus ai-
fément & plus fréquemment avec les autres la biales
de cette efpece b 8c m , qu’avec les fémi-
labiaj.es v 8c f . V oye\ B <5* M. Enfin, Comme forte,
e lle a encore plus d’analogie avec la foible b ,
qu’avec toutes les autres , & même qu'avec m.
Cette dernière propriété eft fi marquée, que ,
quoique l ’on écrive la eonfonne foible , le mécha-
nifme de la voix nous mène naturellement à prononcer
la forte , fouvent même fans que nous y
penfîons. Quintilien { In fi. o r a t .I . 7 .) en fait la
remarque en ces termes : Quum dico obtinuit, f e -
çundam B litteram ratio p o fç it J a u r è s rnagis
(tudiunt P . L ’oreille n’entend l ’articulation for te ,
que parce que la bouche }a prononce en e f fe t , &
qu’elle y eft * contrainte par la nature de l'articulation
fuivante t , qui eft forte e lle-m êm e; & fi
l'on vouloit prononcer b , ou i l faudrait inférer
après b un e muet fenfible, ce-qui feroit ajoûter
une fyllabje au mot o b tin u it, ou i l faudroit af-
foiblir Je t & dire1 obdinuit ; ce qui ne le défi-
gureroit pas moins. Nous pronpnçons pareillement
o p tu s , optenir, a p fen t, apfoudre. C ’eft par une
raifon contraire que nous prononçons presbytère ,
disjoindre ; quoique l ’on écrive prejbytère , d isjoindre
; la fécondé articulation b ou j , étant fo ib le ,
pous mène à affoiblir IV & à le changer en £.
M. l’abbé de Dangeau ( Opufc. T48 ) remarque
que , fi dans quelque mot propre i l y a pour finale
b ou uu d , comme dans Aminadab ou D u v i f ,
p Æ A
on prononce naturellement A m i n a d a p , D a v i t ;
parce que fi l ’on vouloit prononcer la finale foible
, on feroit néceflité à prononcér un petit t
féminin. « Mais , dit M. Harduin, fecrétàire perpétuel
de l’Académie d’Arras , ( R em a r q u e s d i -
v e r f e s f u r l a p r o n o n c i a t i o n y pag. iz o ) , « i l me
» femble qu’on prononce naturellement & aifément
» A m in a d a b y D a v i d y comme ils font écrits. S i
».nos organes, en fefant fonner le b ou le d à
» la fin de ces mots , y ajoutent néceffairement
» un e féminin , ils l ’ajoutent certainement aufiî
» après le p ou le t , & toute autre eonfonne
» articulée ». Cette remarque eft exaéfce & vraie ,
& l'on peut en voir la raifon a r t i c l e H .
Si l ’on en croit un vers d’U g u t io n , le p étoiÉ
une lettre numérale de même valeur que c , 8c
marquant c e n t ,
P J im ilem cum C n um erum m o n jira tu r h a b e r e .
Cependant le p furmonté d'une barre horifonfaltf
vau t, d i t - o n , 400,000. C ’eft une inçqnféquence
"dans le fyftême ordinaire : heureufement il importe
aflez peu d’éclaircir cette difficulté ; nous avons f
dans le fyftême moderne' de la numération , de
quoi nous confoler de la perte de l ’ancien.
Dans la numération des grecs, n é , fignifie 80.
Les Latins employoient fouvent p par abréviation;
Dans les noms propres , P , veut dire P u ~
b l i u s ; dans S . P . Q . R . c’eft p o p u l u s , & l e
tout veut dire S e n a t u s p o p u lu f q u e r o m a n u s •
R . P . c'eft à dire R e f p ü b l i c a ; P . C , c’eft P a t r e s
c o n f c r i p t i . Ç . P . c’eft Ç o n J la n t in o p o U s , &c«
( M. B EAU zée.) - , .
PÆ A N , f. m. L i t t é r a t u r e y 'nta.lcu, c'eft à dire,-
h y m n e y c a n t iq u e en l ’honneur des dieux ou des
grands hommes» Thucydide donne feulement ce
nom aux hymnes que les grecs chantoient apres
une viétoire en l ’honneur d’A p o llo n , ou pour de*
tourner quelque malheur 5 & cette idée eft auffi fort
jjjfte : enfuite on nomma P oe a n s ( P c e a n e s ) leç
cantiques
cantiques qui étoient chantés par dé jeunes gens
à la gloire de Minerve dans les panathénées. 11
pa roît, par Zofime , qu’entre les chants féculaires,
i l devoit y avoir des cantiques & des P a: ans | ces
deux piècès ne différoient que par le ftyle , qui
devoit être plus relevé 8c plus pompeux dans la
fécondé que dans la première.
L e nom de Poean tire fon origine d’une ayen-
ture qu’Athénée nous a confervée , fur le raport
de Cléarque de S o le s , difciple d’Ariftote. I l dit
queLatone , étant partie de l ’île d’Eubée avec fes
deux enfants A p o llo n .& Diane , pafla auprès de
l ’antre où fe retiroit le ferpent Pithon; le monf-
tre étant forti pour les a f la iilir , Latone prit Diane
entre | fes bras, & cria à A p o llon » m Tlaiav. ,
frappexy mon F i ls . En même temps les: nymphes
de la contrée , étant accourues pour • encourager le
jeune Dieu , crièrent, à l ’ imitation de Latone , u
46 lia/«», % îra/êsct)» ; ce qui fervit infehfible-
ment de refrain à toutes les hymnes qu’on fit en
l ’honneur d’Apollon.
Dans' la fuite on fit de ces Poeans ou cantiques
pour le dieu Mars ; & on les chantoit au fon de
la flûte en marchant au combat, i l y en a divers
exemples dansx Thucydide & dans Xénophon ; fur
quoi le feholiafte du premier obferve qu’au commencement
d’une aélion l ’on invoquoit , dans ces
P céans y le dieu Mars ; au lieu qu’après la viétoire ■,
A p o llo n devenoit le feul objet du cantique :,Suidas
dit la même chofe. Mais enfin les Pcean s ne
furent plus renfermés dans l ’invocation dé ces deux
divinités.: ils s’ étendirent à "celle de quantité d’autres
; & dans Xénophon ,TeS\lëcédémoniens; enton.f-
nent un Poe a n à l ’honneur de Neptune. -
O n fit même des Pceans pour illuftrer les
grands hommes. O n en compofa un où l'on cé-
iébroit les grandes aélions du lacédémonien L y -
fandre , & qu’on chàntoit à Sambs^ O n en fit un
autre qui rouloit fur les louages1 de Gratère le
macédonien, & qu’on chantoit à Delphes au fon de
la lyre. Ariftote honora d’uti pareil cantique l ’eunuque
Hermias d'Atarne fon ami , & fut-, dit-on,
mis en juftice pour avoir prodigué à un mortel un
honneur qu’on ne croyoit du qu’aux dieux. Ce
Poe a n nous refte epeore aujourdhui, & Jules - Cé-
far Scaliger ne le trouve point inférieur aux odes
de Pindare : mais Athénée , qui nous -a cqnférvé ce
Cantique d’Ariftbte , ne tombe point d’accord que
ce foit un véritable Poe an , parce que l ’exclamation
ïe n«/av, qui devroit le caraétérifér , dit- il,
ne s’y rencontre en nul endroit ; au lien qu’elle
ne manque point , félon lui , dans les Poe an s
compofes en l’honneur d’Agémon corinthien , de
Ptolomée fils de Lagus' roi d’Egypte , d’Antigone
& de Démétrius Poliorcète. Nous Ibmmes redevables
au même Athénée 'de la confervation d’un
autre Poe a n y àdrefle par le poète Ariphrdh fi-
cyonien à Hy giée , ou la déefte de la iànté. ( Le
■ chevalier d e J a u C O U R T . ) " :
PÆ O N , f. m. , P o é f Lzr. Mefiftede lapoéfie la-
G r a m m . e t L i t t é r a t , Tome i l .
tine. Les anciens ÿerfificateurs latins comptoient quatre
fortes de pieds qui s’appeloient Poe o n s , com—
pofés de , trois brèves .& une longue. O n leur
donna çe nom parce qu’on les employoit particulièrement
dans les hymnes d’A p o llo n , qu’on nora-
moit Poe a n s . L e premier Poeon eft compofé d’une
longue & trois brèves> comme coiligere ; le- fécond
eft; compofé d’une brève, une longue, & deux brèves»
comme refolvere ;; le troifième . eft compofé de deux
brèves, une- longue &c . une brève , comme f o -
çiar.e ; & le quatrième eft compofé de trois brevet
& une ^longue, comme . terne rit,as. ( L e chevalier
DE JÀ v C O U R T .)
" (Ni) P A L A T A L , E , adj. Apartenant au palais de
la boudhe. Les articulations p a la ta le s font dés articulations
linguales fifHantes, dont le fixement s’exécute
dans .l’intérieur dé la . bouché, entre le milieu
de la langue & le palais. I l y' en a deux en franco
is , y & ch , telles qu’on les entend au commencement
des mots Ja p on , chapon. V o y e z A r ticulation.
' _
C e mot eft formé du mot P a la tum ( palais de
la bouche ) , & n’eft pourtant employé dans ce fené
que par les grammairiens. Les anatomiftes difent
p a l a t i n en quoi ils dérogent mal à propos à l ’analo
gie des adje&ifs homogènes d en ta l, lin g u a l, g u[^
tural -y 8c occafionnent d’ailleurs une équivoque, i
caufe de p alatin tiré depalatïum (palais d’un prince).
Quelques grammairiens fe fervent du. mot de P a—
Id tia l au lieu de P a la ta l. En cela ils pèchent doublement
: i ° . contre l ’ufage re çu , puifque i ’A c a -
déftiie, le Trévoiix, 8c nos meilleurs vocabuliftes 8c
grammairiens but tous adopté P a la ta l ; t ° . contre
l ’analogie , puifque p a la t ia l ne pourroit venir que
du latinp a la tium , 8c qu’on le trouve effe&ivement
en ce fens dans le Trévoux. ( M . B E A U Z É E . )
(N.) P A L IM B A C CH TQ U E . adj. C ’eft la même
chofe que: Antibacchique, (j V . ce mot. ) Celui-ci a
pour première racine waAfv (iterum, re, rétro) , parce
què e’eft lé bacchique renverfé. ( M . B E AUZ É E ),
P A L IN D R O M E , f. m. B elles-Lettres. Sorte
de vers ou de difeours qui fe trouve toujours le même,
foit qu’on le life de gauche à d roite, foit qu’on le life
de droite à gauche. f P ’oyes Rétrograde ). O a
en cite pour exemple un vers attribué au diable :
Signa te ; figna, temerè me tangis & a agis ;
■ ■ Roma tibi fubito ■ motibus ibit amor.
Mais des gens oififs ont rafiné fur l u i , en compo-*
lant des vers dont les mots , féparés & fans enjambement
des uns fur les autres, font toujours les mêmes
de gauche à droite ou de droite à gauche. T e l eft
l ’exemple que nous en fournit Cambden :
Odo tenet mulum , madidatn mappam tenet Anna.
Anna tenet mappam madidam, mulum tenet' Odo.
C e mbt eft grec : naA/viTpo^of ( rétro currens, courant
en arrière ) ; formé des mots -raAi» ( iterum ou
retrà), 8c 4 ) 0 0 {curfus). {Le chev. d e J a u co u r t .)
B b b b b