
*42 N É O
juftificatives, que je réferve pour un ouvrage exprès
fur cette matière.
i° . Je crois que le véritable ufage des lettres ,
u t c u j l o d ia n t v o c e s & v e lu t d e p o f i tu m r e d d a n t
l e g e n t i b u s , eft de ne , pas redoubler la confonne
dans Récriture quand on ne la redouble pas dans
la prononciation :• ain fi, je voudrois qu’on écrivît
a b é , a c o r d , a d o n ê , a f a i r e , a g r e j j e i t r , t r a n -
q u i l e , h o m e , p e r f o n e , f a p l i c e , n o û r i t u r e , a t é n t i f ,
au lieu de a b b é , a c c o r d . , a d d o n n é , a f f a i r e , à g -
g r e f f e u r , t r a n q u i l l e , h om m e , p e r f o n n e , f u p p l ï c e ,
•n o u r r itu r e , a t t e n t i f .
2.0. Les lettres combinées em, e n , e n t , dans
notre Orthographe ufuelle , ont des lignifications'■
différentes> quelquefois difficiles à diftinguer, même
pour dès perfonnes inftruites, & toujours pour lès
étrangers, pour les enfants qui aprennent, & pour
le s gens du peuple ; équivoques qu’i l eft honteux
de la i fier fubftfter , parce qu’i l eft aifé de les lever.
Par exemple , on prononce les deux lettres à la
fin de J é r u f a l èm & à3a b d om e n ; on prononce un e
nafal dans P em b r o c 8c dans A g e n ; un a nafal
dans em p ir e & e n c o r e ; on entend un e muet dans
i l s c o n v ie n t ( d a v e r b e c o n v ie r y , 8c un é nafal dans
i l c o n v ie n t f du verbe c o n v e n i r ) , quoiqu’on écrive
de part & d autre les mêmes lettres j on prononce
avec un e muet i l s p r e f f e n t (du verbe pr effe r ) ,
& avec un a nafal i l p r e f f e n t ( du verbe p r e f f e n t i r ) ,
& avec les mêmes.JLettres j & c .
Qu i empêche de lever ces équivoques , en marquant
IV d’un accent grave quand la lettre fui-
vante; doit fe prononcer, , d’un accent aigu s’i l def
vient é nafal , d’un accent circonflexe é pour en
faire un a nafal, & en lai fiant IV nu s’i l eft muet ?
A in f i, on écriroit J é r u f a l èm , a b d om e n ,• P em b r o c ',
A g é n , i l c o n v ie n t ; em p i r e , e n c o r e , i l p r e f f e n t
( de p r e f f e n t i r ) ,• i l s a im o i e n t , i l s c o n v ie n t ( de
c o n v i e r ) , i l s p r e f f e n t ( de p r e f f e r ).
3°-. Nous avons beaucoup de confonnes finales ,
qui fe prononcent dans certains mots & ne fe prononcent
point dans d’autres , fi ce n’eft à l ’occafîon
de la vo y e lle initiale du .mot fuivant j & rien juf-
qu’ici n’a montré aux ieux cette, différence fi nécef-
faire à la perfection de l ’art de lire. I l me femble
que l ’accent grave fur la dernière v o y elle du mot
pourrûit indiquer la prononciation de la confonne
finale : ainfi, on éc r iro it,
fans accent gravé, avec l’accent grave,
P lom b . Radoùb. Les échêcs. Un échèc.
N id . D a v id .
San g . Joüg.
F u ß . F i l.
Cul. Recul.
Nom. Jérufalèm.
A ncién. Abdomèn,
D ra p . * Càp..
Aimer« , Am è r ( adj. )
Ê O
avec l ’accent grave,
F iê r ( adj., )
B rutàs . SCuérbèist. ( adj. )
* LLea Cdàhtr.lfi.
N
fans accent grave,
S e fie r , jj
J^ertus.
Réparés.
I l fu b it.
Complot.
Jéfus - Chrifi.
Dans ces çireonftances ,. l ’accent g rav e avertit
d’ap u y e r fur l a 'v o y e l l e avant de p a ffer à l a confonne
fu iv a n t e , c|ui fe prononce a lo rs comme fi
e l le é to it fu iv ie d un e muet ou fehéva.
M ais i l arrive en certains mots que la v o y e l le
finale eft un è ouv ert fu iv i d’une s muette j cette
v o y e l le ne peu t donc p lu s prendre l ’accént g r a v e ,
pa rc e qu ’ i l fe ro it prononcerv-la conforme sy : i l faut
a lo r s fe .fe r v i r de l ’accent c ir co n fle x e , q u i n’aura
pas l e même inconvénient. A in f i , au l ie u d’ écrire caèbsc, ,è se,x parcècsè ,s ,g arègsr,è ps,r ècso , npgrroècsè,s d,épcrèosg jr dèsè,s ,r eecèxs,
( de l ’Em p ire ) , regrès , fuccès , très j écrivons eaxbcpèrsè s, , agcrcéèss ,,p arêgsr,èpsr,o ccoètsig, préros,g rdèésc è, sr ,e cdèéss,, r eexgcrèêss,, fuccès, très.
4°. D e s r è g le s q u i'v ie n n en t d’ être p ropo fées il
me fem b le fortir a f fe z 1 n a tu re llem e n t, q ue l ’ on peut
av ec avan tage & que l ’on do it par conféqüent
marquer de l ’accent g rav e tou te v o y e l le fu iv ie de
mm, de fin , ou d e / / , ces confonnes devant être
toutes deux a rticulées : a in fi, au lie u d’ écrire ammonite
, Em m a n u e l, immobile , a n n u ité , trienn
a l , inné, amnifiie ,fomnambule , où l ’on pourv
o i t cro ire m a l à propo s que la prem ière des
deux confonnes n’ eft qu’un figne de n a fa lit é , a l- lufion , vllégaL, collâteue, ou l ’on p ou r ro it s’av ifer
de m o u ille r le s II ; i l n’y a qu’à écrire ammonite ,
Emmanuèl, immobile , an n u ité , triènnal, in n é,
àmnifiie , fomnambule, àllu fion , i llé g a l, cà lla-
teur.
? °. N o tr e manière de peindre / m o u illé e a des
incertitudes & caufe des équ ivoques : nous écrivons
p é r il où l eft m o u illé e ^ comme f i l où e l l e eft
fimplemen t a r t ic u lé e , & comme f u f i l où e l le eft
mu ette ; quille comme tranquille, ville comme
cheville ; 8cc. Q u e ne fuivoris-nous l ’ e x em p le d’une
nation voifîne & raifonnablè , qui em p lo ie l a doub
le / /pa rtout & même au commencement des mots
p ou r marquer / m o u illé e , & qui éc rit Cafieila.no ,
llam amo s , llevar ?
A in f i , nous écririons à la fin émail au lie u
d’ém a il, vermêll au l ie u de vermeil, p ér ill au lieu
de p é r i l , f e u ll au l ie u de f e u il,'f e n o u il au l ie u de
fen o u il.
N o u s écririons dé même , quand II à la fin fero it
fu iv ie de Ye m u e t , malle p o u r maille, fevélle pour
) éve ille , fe u lle pour f e u i l le , roûlle p ou r rouille,
& c .
Enfin au milieu du mo t nous écririons émalté, mer-
v é lle u x , é f e u llé , moullage, au l ie u de émaillé^ merveilleuxéfeuill é, -m>ouillage.
N É O
Remarquez qu’en prenant la .double II pour
représenter / mouillée fans mettre auparavant un i
muet, outre que nous ne fefons que fuivre l ’exemple
d’une grande nation qui s’en trouve b ien ,- nous
ne fefons auffi qu’ étendre un ufage que nous avons
déjà adopté après Yu dans S u lly , & après l ’i prononcé
dans g u en ille , p i lla g e , é tr illé , p é r illeu x ,
carillon.
O n ne fera p is arrêté fans doute par la concurrence
des mots que nous écrivons avec deux II fans
les mouiller j car j’ai déjà indiqué les remèdes. Si
l ’on ne prononce qu’une / , on n’en écrira qu’une ,
comrae tranquile, tranquilité, mortèle , rebèle,
rebéier , nous appelons , une vile , un vilage , &c.
Si l ’on prononce les deux I I , l ’accent grave fur la
voyelle précédente en avertit , félon le 4e article/,
comme àlleg or ie, illu jio n , intelligible j car de- 1
vaut les II mouillées , Y ê ouvert ne prendroit jà- !
mais que l ’accent circonflexe. ,• 8c IV ferme que
l ’accent aigu , comme on vient de le voir dans vermeil,
\ év ê lle , mervélleux.
6°. L ’accent a ig u , dit - o n , eft principalement
deftiné à marquer les é fermés, foit au commencement
foit au milieu , foit à la fin dés mots.
Rejetons donc toutes les exceptions qui dérogent
gratuitement à l ’analogie , & qui mettent même
dans notre Orthographe des contradiétions & dans
l ’art de lire des difficultés infurmontables.
Nous écrirons, par exemple, fans accent les
monofyllabes ces , ' des , les , mes , f e s , tes * i l
arrive de là que les enfants & les'étrangers font
tentés , avec raifon , de les prononcer avec l ’ e muet,
bu de prononcer auffi avec IV fermé les dernieres
fyllabes des mots aclrizts , mondes, males , victimes
, chaiCes, dévotes. Ces embarras .cefferont, fi
nous écrivons avec l ’accent aigu cés, .dés, lés, mes,
f i s , tés.
■ “Ecrivons auffi avec l ’accent aigu la finale des
infinitifs en e r , comme aimér , fe fie r , donner,
trompér7 & l ’on 11e'fera plus tenté de prononcer
aimér comme amèr , fe fié r comme un cçeur f i e r ,
£tc. Par analogie , nous écrirons de même archer, _
légér , arquebujiér, cu ifin ié r, premiér, dernier,
&c.L
’analogie nous conduira de même à écrire bled,
c l e f , p lu r ié l, p ie d , fans fupprimer les confonnes
finales , qui font néceffaires à la génération des dérivés.
Je confens toutefois qu’on difpenfe de l ’accent
aigu les e fermés fuivi d’un 3 , comme dans affe\ ,
che-{, ne\, fo r te \ v o u s reviendrez , vous pou v ie z,
vous fa j f ie z , vous' lir ie z , vous pfifiiez • j’y e o n -
fens, d is-je, parce que ez final n’a jamais une autre
prononciation j mais c’ eft à condition que ez fera
montré dans l ’alphabet comme un équivalent de é. L e
mieux feroit encore d’écrire e'z-
7 ° . Outre l ’ufage de l ’accent grave pour diftin—
guer la nature de quelques mots homonymes , pour
çiftinguer , par exemple , à ( prépofition ) de a
verbe) 8c de.<r (nom de cette v o y elle ou d’u«e
N É O * 4 j
riylère ) , où (.nom conjonétif qui'fignifie quel point)
de ou ( conjonction cjisjon<5tive ) , là ( particule )
de la ( article féminin ) ; on s’en fert encore , 8c
c’eft fon principal ufage pour caractérifer les è
moins ouverts à la fin d’ùne fyllabe fuivie dune
autre fyllabe dont la voyelle, eft un e muet, comme
f id è le , règle, prophète, bibliothèque , caractère ,
diocefe, &ç. .
Soyons conféquents, 8c marquons de même de
l ’accent .grave fous les é moins ouverts fuivis de
deux contonnes prononcées , dont la féconde n’eft:
pas l ’une des liquides / ou r : ainfi, nous écrirons
Ecbatane ( v i l l e ) , p i c lo ra i, E lb e u f , M è lp o -
mèize , hèptagqne , cerveau, èferoc, è fp ace , è f ilm e ;
& même e x a c t , èx é cu té r , e x i l é , èxorde , e x u bérance
; èxhauffér, parce que x y vaut g z , vexation
, v è x é , con v e x ité , nous vèxons -, s e x u e l ,
parce que x y vaut e s ; & enfin é x e u fe , E x f o l i é ,
e x p lic it e , èxq uis , extraire-, & c. C ’eft „que, dans
tous ces cajs, la première confonne ne peut fe prononcer
qu’au moyen d’un.e muet -ou fehéva que l ’on
place entre les deux, ce qui fait 'appuyer davantage
iur IV qui précède.
I l fuit donc de là que nous devrions écrire auffi
avec l ’accent grave les è moins ouverts fuivis d’un e
muet .articulé par une feule confonne, au lieu de
doubler cette confonne dans l ’écriture fans befoin
pour l a prononciation: cè le , muse te , anc iène,
qu’ ils viènent ,• au lieu de cette , mùfette, ancienne,
qu’ ils viennent.
8°. L ’accent circonflexe ne doit s'employer que
fur les* voyelles; longues 8c fpécialement furj.es ê
fort ouverts. Mais avant de quitter les accents , je
ferai deux remarques.' ■
La première, c’eft que , fi l ’on met l ’accent circonflexe
ou le grave fur un e parce qu’i l eft plus
ou moins ouvert, ce n’eft pas une raifon pour
garder le même accent dans les dérivés de ce m o t ,
fi la prononciation de Ye n’ y eft pas la même. Par
exemple, des mots prêtre, extrême, entraîne-, on forme
8c l ’on écrit prêtrife , ex tr ém ité , nous entraînons,
quoique les voyelles chargées de l ’accent circonflexe
ne foient plus fi longues dans ces dérivés ;
c’ eft un véritable abus , & i l faut écrire prêtrife ,
extrémité, nous entraînons. L ’analogie exige cette
correction, puifqu’i l eft reçu d’écrire avec l ’accent
ai an caractérifons , diocéfain , f id é l i té , prophétique
, réglement ( adv. ) , quoiqu’on écrive avec
l ’accent grave caractère , diocèfe , fid è le 8c fidèlement
, prophète , règle.8c règlement ( nom ).
La fécondé remarque dévient une objection contre
ce qui vient' d’être propofé fur l ’ufage des accents.
O n fe plaint que-nous n’en avons pas allez pour
différencier toutes nos prononciations de la lettre e ;
qu’ en conféquence nous abufons furtout de 1 accent
aigu en le plaçant fur d’autres e que fur IV fermé,
&"du grave en l ’employant fur des è différemment
ouverts : on .ajoute qu’i l nous faudroit au moins
un accent de p lu s , & on propofe ferieufement 1 introduction
d’un accent perpendiculaire.
JVI ip m m x