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snentaires de f Académie impériale de Péterfboürg;
les Mémoires de l’inftitut de Bologne ; les A c ta
litteraria S u e c ioe , qui fe font à Uplal depuis 1710 5
les Mémoires de l ’Académie royale de Stockholm ,
commencés en 17405 les Commentarii Societatis
yegÎÆ gottingenfis , commencés- en 1750 5 les
Jaa erfordienfia ; les A c ta helvetica,* les A c ta
jiorimbergica 5 les Tranfaétions philofophiques de
la Société de Londres 5 les Aétes de la Société
.d’Edimbourg 5 les Effais de la Société de Dublin,
autres ouvrages femblables, ne font point des
J ou rn a u x r dans lefquels 011 rende compte des
^ouvrages nouveaux : mais ce font des colle étions de
^Mémoires faits par les lavants qui compofent ces différentes
foeiécés lavantes.
On donne communément la gloire de l ’invention
des Journaux à Photius 5 la Bibliothèque n’eft
pourtant pas tout à fait ce que font nos J ou rn a u x ,
mi fon plan le même. Ce iont des abrégés & des
extraits des livres qu’ i l avait lus pendant fon ambaffade
«n Perfe.
M. de Salo commença le premier le Journal
d e s fa v a n ts à Paris en 1665 , fous le nom de
Jieur d ’HédouvilLe.
Depuis ce temps - là il n’a celle d’en paroître
fous toutes fortes de titres* & de formes. Tout
écolier, au fortir du collège, fans être en état
d’écrire dix pages for aucun objet de Littérature
& de Philofophie, fe croit en état d’annoncer par
foufeription un J ou rn a l, où i l juge d’un ton tranchant
les plus grands écrivains & les meilleurs phi-
JLofophes. ( M. m e l l i n . )
JO U RN A L ISTE , f. m. Littérature. Auteur
)qui s’occupe à publier des extraits & des jugements
des ouvrages de Littérature, des Sciences & des
•Arts, à mefore qu’ils paroiffent 5 d’où l’on voit
qu un homme de cette efpèee ne feroit jamais rien,
A les autres fe repofoient. I l ne feroit pourtant
pas fans mérite , s’i l avoir les talents nécelfaires
pour la tâche qu’il s’eft impofée. I l auroit à coeur
les progrès de 1 efprit humain , i l aimeroit la vérité,
2c raporteroit tout à ces deux objets.
Uu jou rn a l embraffe une fi grande variété de
'matières, qu’il eft impolfible qu’un feiil homme
falfe un médiocre jou rn a l. On n’eft point à la fois
frand géomètre, grand orateur, grand poète, grand
iftorien, grand philofophe : on n’a point l ’érudition
nniverfelle.
Un jo u rn a l doit être l ’ouvrage d’une fociété de
lavants 5 fans, quoi on y remarquera en tout genre
Içs bévues les plus groffières. Le jo u rn a l de Trévoux
, que je citerai ici entre une infinité d’autres
dont nous femmes inondés , n’eft pas exempt de
ce défaut 5 & fi jamais f en avois le temps & le
courage, je pourrons publier un catalogue , qui ne
'feroit pas court , des marques d’ignorance qu’on y
rencontre: en Géométrie , en Littérature , en Chimie
, &e. Les' JoumaUfies de Trévoux paroiffent
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fortout n’ avoir pas la moindre teinture de cette ée&
nière fcience.
Mais ce n’eft pas allez qu’un Journalifle ait des
connoiflances , il faut encore qu’il foie équitable 5
fans cette qualité, il élèvera jufqü’aux nues des
produirions médiocres , & en rabaiflera d’autres
pour lefquelles il auroit dù réferver fes éloges.
Plus la matière fera importante, plus i l fe montrera
difficile 5 & quelque amour qu’il ait pour la
Religion , par exemple , il fentira qu’il n’eft pas
permis a tout écrivain de fe ' charger de la caufe
de Dieu , & il fera main-baffe fur tous ceux qui,
avec des talents médiocres, ofent approcher de cette
fonétion facrée & mettre la main à l’arche pour
la foutenir.
Qu’il ait un jugement folide & profond 1 de la
Logique, du goût, de la fagacité, une grande habitude
de la Critique.
„ Son art n’eft point celui défaire rire, mais d’analyfer
& d’inflruire. Un Journalifle plaifent eft un piaifanc
Journalifle.
Qu’il ait de l ’enjoùment, fi la matière le comporte
; mais qu’il laiffe la ie ton fatyrique qui décèle
toujours la partialité.
S’il examine un ouvrage médiocre > qu’il Indir
que les queftions difficiles dont l’auteur auroit du
s occuper 5 qu’i l les approfondiffe luf-méme 5 qu’il
jette des vues, & que l’on dife qu’i l a fait un boa
extrait d’un mauvais livre.
Que fon intérêt foit entièrement féparé de celui
du libraire & de l’écrivain.
Qu’i l n’arrache point à un auteur les morceaux
feiliants de fon ouvrage pour fe les approprier 5 &
qu’il fe garde bien d’ajouter à cette injuftice celle
d’exagérer les défauts des endroits foibles qu’il aura
l’attention de fouligner.
Qu’il ne s’écarte point des égards qu’il doit aux
talents fupérieurs & aux hommes de génie 5 il-n’y
a qu’un fot qui puiffe être l ’ennemi de Voltaire,
de Montefquieu, de Buffon, & de quelques autres de
la même trempe.
Qu’i l fâche remarquer leurs fautes, mais qu’i l
ne diffimule point les belles chofes qui les rachètent.
Qu’il fe garantiffe fùrtout de la foreur d’arracher
à fon concitoyen & a fon contemporain le mérite
d’tme invention, pour en tranfporter l ’honneur a
uh homme d’une autre contrée ou d’un autre fièclei
Qu’il ne prenne point la chicane de l’art pour le
fond de l’art ; qu’il cite avec exaéritude , & qu’il ne
déguife & n’altere rien.
S’i l fe livre quelque fois à l ’enthoufiafme, qu’il
choififfe bien fon moment.
Qu’i l rappelle les chofes aux principes, & non
à fon goût particulier, aux ckconftances paffagères
dés-temps, à i’efprit de fa nation ou de fon corps, aux
préjugés courants.
Qu’i l foit fimple ,-pur, c la ir , facile , & qu’i l évite
toute affectation d’éloquence & d’érudition.
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Q u ’i l lo u e fans fa d e u r , qu ’i l reprenne fans
•ffenfe.- * 1
Qu ’i l s'attache furtout a nous faire connoitre les
ouvrages étrangers. '
Mais je mtaperçois qu èn portant ces obfervations
plus lo in , je ne ferois que répéter ce que nous
avons dit à Y article C rit ique . ( M. Diderot.)
( N . ) JU D IC IA IR E ,adj. B e lles-Lettres. A r t
oratoire. L ’un des genres d’Éioquence que les rhéteurs
ont diftingués. ' i , r >
L e v ra i, l ’u t ile , l ’h onnê te,& lejufte font les
objets de l ’Eloquence ; & chacun de ces objets domine
dans le genre qui lui appartient : dans les
fpéculations abftraites , c’eft le vrai 5 dans les délibérations
& les îéfolutions à prendre, c’eft l ’utile ;
dans i ’éloge & le blâme perfonnel, c’eft l ’honnête 5
dans les caufes ju d ic ia ir e s , c’eft le jufte qu’on fe
propofe.
D e ces diftinérions i l ne faut pas conclure que
les objets de l ’Éloquence ne fe réunifient jamais.
En recherchant le vrai , on . s’occupe fouvent de
l ’utile , du jufte, ou de l ’honnête 5 ce n’ eft même
que dans ces raports que le vrai a quelque valeur.
En recherchant l ’utile , on confidere auffi ou
l ’honnête ou le jufte 5 & félon que les ’ trois s’accordent
ou .ne s’accordent pas , on les fait fervir ,
dans la balance des délibérations , ou de poids pu
de contre-poids. En louant l ’honnête, en blâmant
ce qui lu i eft contraire, on fe fonde & fur le
vrai & for le jufte 5 l ’utile & le nuifible n’y font
pas oubliés. De même, avant de difputer du jufte
& de l ’injufte , on commence par s’anùrer du v r a i,
& par bien conftater le fait avant d’en venir
au d ro it, qui lui-même tient aux maximes d’honnêteté
, d’utilité commune. A in f i, les limites des
genres ne font rien moins qu’invariables.
Mais ce qui caraétérife le genre ju diciaire , c’eft
la difeuffion contradictoire d’une chofe ou d9un
f a i t , dans fon rapon avec les lo is , & à l ’égard de
certaines perfonnes. C ’eft accufation ou demande,
défenfe ou juftifkation j,._ & des deux caufes débattues.,
le réfultat*eft un jugement. Judiciale e fl
quodpofitum in ju d ic io habet in f e accufationem
& defenfionem , aut petitionem & rteufationem.
( Cic. de inv. Rh. J
A parler moins à la rigueur, foit que l'Eloquence
mette en avant des queftions fpéculatives à décider,
ou des réfolutions à prendre , ou des eloges .& des
cenfures à décerner, elle a des juges5 .& l ’auditoire
eft toujours pour .elle une forte de tribunal 5
mais la raifon feule y préfide : au lieu que dans
l ’ordre ju d ic ia ir e , c’ eft la lo i qui doit prononcer ;
& la fonérion du juge ne confire qu’ à décider du
raport de la caufe particulière avec la lo i commune
ou la règle de Droit. Si ce raport étoit bien :
précis & le juge bien équitable , l ’Éloquence n’au-
roit plus lieu. O n voit même que dans une infinité
de caufes, dont le fait eft fimple & le droit vulgairement
connu , la plaidoirie eft peu de chofe :
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la chicane s’efforce de les brouiller & de les obscurcir
5 mais l ’Éloquence ne s’en mêle point.
C e f t lotfqu’un fait important eft douteux, o«
fe qualité conteftée 5 c’eft iorfque la lo i eft obfcure
ou vague , ou que la relation du fait avec le:
droit n’eft pas direCfce ou affez marquée 5 c’ eft
Iorfque les preuves font équivoques, les titres ambigus
, les indices douteux , les conjectures , le s
probabilités , les vraïfemblances balancées par des
apparences contraires5 c’ eft Iorfque l’afpeét d e -la
caufe èft favorable , & le caractère de la p e r -
fonne odieux ou fofpeét 5 Iorfque le procès pareît
jufte &. le procédé mal-honnête 5 que la forme eft
nuifible au fond 5 que l ’ efprit & la lettre de la
lo i fe contrarient ou fembient fe contrarier: c’eft
alors que le genre ju diciair e eft fofeeptible d’Élo-
quence. S’i l s’agit du fait , la qüeftion eft de fevoir
s i l eft , ce qu’i l e f t , quel i l eft relativemsnc
a la lo i : S it ne , quid f i t , aut quale f i t quoe-
ritur ( C i c . ) . S ’i l eft, le plaide par les indices5;
ce qu’ i l e f l , par les définitions 5 quel i l e f l , par
les règles du jufte & de l ’injufte : S it n e , f ig n is ;
quid f i t , de f in i tionibus ; quale f i t , recti pravique
partibus. ( Id. de inv. Rh. ) Ainfi , quand le faitt
eft confiant, c’eft de fes qualités abfolues ou rela-
’tives que l ’on difpute 5 & i l s’ agit pour le dé-
fenfeur de prouver qu’i l n’y a rien d’iliégicime ou
de criminel: A u t reciè fa c tu m , au t alterius
culpâ , aut in ju r ia , aut e x leg e , aut non contra,
legem, aut imprudentiâ, aut necejfario, aut non.
eo nomine ufurpandum quo arguatur. ( Id. de orat.)
Bien entendu que la tâche contraire eft ce lle de l ’ac-
eufeteur.
Dans la demande , i l y a de même un f a i t ,
que la qüeftion de Droit foppofe 5 & félon que
ce fait eft contefté ou convenu , on le difcute, ou ,
des deux côtés , on s’accorde .à l ’admettre 5 & la
conteftation fe réduit à le définir & à l ’appliquer
à la lo i. C ’eft là ce qui décide de l ’ état de la r
caufe i & i l eft évident que c’eft le défendeur qui
l ’étab lit, puilqù’i l dépend de l u i , ou de tout con—
tefter, ou'de réduire fe défenfe à tel ou te l article
de la demande ou de l ’accufation, en accordant l e
refte. Mais fur les points dont on ne convient pas,
i l ne dépend de lui ni de changer l ’objet de la
qüeftion, ni de la divifer fi e lle eft indivifible,
ni d’en reftreindre le fujet.
Che z les anciens, les caufes purement c iv ile s ,
les queftions licigieufes & de peu d’importance ,
11 occupoient guères que la plaidoirie; l ’Éloquence
les dedaignoit. E l le fe réfervoit les caufes qui
mettoîent en péril l ’état , la dignicé , la vie ou
la fortune des citoyens confidérables ; & ces deux
genres de plaidoyers diftinguoient les avocats- &
les orateurs romains., comme ils diftinguent parmi
nous, proportion gardée, les avocats & les-procureurs.
L ’accufetion & la défenfe perfonnelle étoienC
alors , dans le genre judiciaire , la grande lice
Ç c c \