
d’un ton ironique. C ’étoit ironiquement que Pafcal
fefoit le rôle de difciple avec le jéfuite dont i l
parle dans les premières Lettres provinciales : i l
y imite finement & d’une manière agréable Y Ironie
de Socrate. ( M. B e a u z é e . )
IR R É G U L A R IT É , f. f. Grammaire. Défaut
contre les règles ; partout où i l y a un fyftême
de règles qu’i l importe de fuivre, i l peut y avoir
écart de ces rè g le s , & par conféquent Irrégularité.
I l n’y a aucune produ&ion Humaine qui ne loit
fufceptible d’Irrégularité.
O n peut même quelque fois en acculer le s ouvrages
de la nature : mais alors i l y a deux motifs
qui doivent nous rendre très - circonfpe&s ; la né-
celfité ablolue de fes lois , & le peu de connoif-
fonce de la variété & de fon opération. ( M . D I D
E R O T . )
I R R É G U L I E R , E . adf. Gramm. Les mots
déclinables dont les variations font entièrement
femblables aux variations correlpondantes d’un paradigme
commun, font réguliers ; ceux dont les
variations n’imitent pas exaélément celles du paradigme
commun , font irréguliers: en forte que la
fuite des variations du paradigme doit être conudérée
comme une règle exemplaire, dont Texaéte imitation
conftitue la R ég u la r ité , & dont l ’altération
eft ce qu’on nomme Irrégularité. L e mot Irrégu
lie r eft générique, & applicable indiftinéfement
à toutes les efpèces de mots qui ne fuivent pas
la marche du paradigme qui leur eft propre : i l
•renferme fous foi deux mots Ipécifiques , qui
font A n om a lm8c Hétéroclite. ( V o y e z ces mots ).
O n appelle anomal un verbe irrégulier ; & le nom
à’ Hétéroclite eft propre aux mots irréguliers dont
le s variations fe nomment c a s , favoir le s noms &
les adjeétifs.
C e n’ eft p a s , dit-on, une méthode éclairée &
railonnée qui a formé les langues; c’eft un ufoge
conduit par le fentiment. C e la eft v ra i, fans doute,
mais-jufquà un certain point. I l y a un fentiment
aveugle & ftupide, qui agit fans caufe & fans
dgnein ; i l y a un fentiment éc la iré, finon par fes
propres lumières , du moins par la lumière uni-
verfolle que l’on ne fourbit méconnoître dans mille
eirconftances ; où elle fe manifefte par l ’unani'micé
des opinions ou par l’uniformité des procédés le s
p lus libres en apparence. Que la première efpèce
de fentiment ait fuggéré la partie radicale des
mots qui font le corps d’une langue ; cela peut
être , & l ’on pour-toit l ’affirmer fons me furprendre.
Mais c’ eft aflurément un fentiment de la féconde
efpèce qui a amené dans cette même langue le
fyftêrae plein d’énergie des inflexions-& des ter1-
minajfons ( voye% Inflexion ) ; & moins on peut
dire que ce fyftême eft l ’ouvrage de la Philofophie
humaine , plus i l y a lieu d’affurer qu’i l eft infpiré
par la raifon fotrveraine, dont la nôtre n’eft qu*unS
io ib le émanation & une image imparfaite.
Que fuit - i l de là ? Deux conféquences importantes.
L a première, c’ eft qu’i l y a dans les langues
beaucoup moins Y Irrégularités réelles qu’on
n’a coutume de le croire. L a fécondé , c’eft que
les Irrégularités véritables qu’on ne peut refufer
d’y reconnoître, font fondées fur des raifons particulières
, plus urgentes fans doute que la raifon
^générale du fyftême abandonné ; & par confëqueac
ces prétendus écarts n’en font au fond que plus
réguliers , parce que la grande Rég u la r ité confifte
a être raifonnable. Outre la liaifon néceftaire de
e<?s deux conféquences avec le principe d’où je lésai
déduites , chacune d’elles fe trouve encore confirmée
par des preuves de fait.
y i ° . I l eft certain que le commun des grammairiens
imagine beaucoup p lus d'Irrégularités qu’i l n’y
en a dans les langues. V o y e z la Minerve de Sanélius
( lib. i 'cap. i x ) : vous y trouverez une foule
de noms latins qui paftent pour être d’un genre au
fingulier & d’un autre au p lu r ie l , & qui n’ont
•cette apparence d’Irrégularité, que potir avoir
été ufités dans les deux genres ; d’autres qui fom-
blent être de deux déelmaifons, ne font dans ce
cas , que parce qu’ils ont été dés deux fous deux
terminaifons différentes qui les y affujectiffoient.-
L e fyftême des temps, furtout dans notre langue ,
n’a paru à bien des gens qu’un amas informe de
variations difcordantes , décidées fons raifon ,
8c arrangées fans goût par l a volonté capricieufo
d’un ufoge également aveugle & tyrannique. « E n
olifant nos grammairiens , dit l ’auteur ' des. J tt-
» g e ment s fu r quelques' ouvrages nouveaux ,
» ( tom. i x , p a g .73 & fu iv . } , i l eft fâcheux de
» fentir, malgré foi , diminuer fon eftime pour la:
>> langue françoifo , où l ’on'ne voit prefque aucune
» analogie; où tout eft bizarre pour lexpreffion
» comme pour la prononciation, & fons caufo ; où-;
» Ton n’aperçoit ni principes , ni règles , ni uni-
» for mi té ; où enfin tout paroît avoir été diélé par
» un capricieux génie ». Que -ceux qui penfont ainfo
fe donnent la peine de lire Y article T emp s , &
de‘ voir jufquà quel point eft portée Tharmanier
analogique de nos temps françois, & même de
ceux de bien d’autres langues : c’eft peut-être l ’un:
des faits les plus concluants ' contre la témérité de
ceux qui taxent hardiment les ufoges des langues:
de bizarrerie , de caprice , • de confufion , d’incon-
féquence , & de contradiction. I l eft plus foge de*
fe défier de fes propres lumières, & même de la
fomme, fi je puis le dire, des lumières de tous
les grammairiens , que de juger irrégulier ’dans
les langues tout ce dont on ne voit pas la Régularité.
I l y a peut-être une méthode d’étudier la
Grammaire, qui feroit retrouver partout ,.ou prefque'
partout, les traces de l ’analogie.
x°. Pour ce qui concerne les caufes des Irrégularités
qu’i l n’eft pas poffible de rejeter abfolù-
rnent, i l eft certain que l ’on peut en remarque*
plufieurs qui feront fondées fur quelque motif
particulier, plus puiffant que l a raifon analogique :
ic i l ’ufoge aura voulu éviter un concours trop dur
de voyelles ou de confonnes, ou quelque idée ,
foit fâcheufo foit mal honnête , que la rencontre
de quelques fyliabes ou de quelques lettres au-
ïo it pu réveiller ; là on aura craint l ’équivoque ,
celui de tous les vices qui eft le plus directement
oppofé au but de la p a ro le , qui eft la clarté de
l ’énoncia:ion. Prenons pour exemple le verbe latin
fe ro ; fi on le conjugue régulièrement au prefont,
on aura fe r is , f e r i t , f e r i t i s , qui paroi iront autant
venir de ferio^ que de fe ro : comptez que
lès autres Irrégularités du même verbe & celles
de tous les autres ont pareillement leurs raifons,
jultificatives. Ajoutez à ce fa qu une Irrégularité
une fois admifo, les lois de la formation analogique
rendent régulières les Irrégularités fubfêquentes qui
y tiennent.
I l en eft fons doute des Irrégularités de la formation
, comme de celles des tours & de la conf-
truCtion ; où elles n’en ont que l ’apparence , ou
elles mènent mieux au but de la parole que la
'Régularité même. Nous difons , par exemple , f i
j e le vois , j e le lui d ira i; les italiens difont ,
f e lo vedro , g lie l o diro , de même' que les
latins , quem f i videbo, id illi dicatn. Selon les
idées ordinaires > la langue italienne & la langue
latine font en règle ; au lieu que la langue françoifo
autorife une Irrégularité, en admettant un
préfent au lieu d’un futur. Mais fi l’on confulte la
faine Philofophie , i l n y a dans notre tour ni
figure ni abus ; il eft naturel & vrai : ce que Ton
appelle ici un futur , eft un préfont poftérieur ,
ceft adiré, un temps qui marque la fimultanéité
d’exiftence avec une époque poftérieure au moment
même de la parole ; & ce temps dont fe
fervent les italiens & les latins , .convient très-
bien au point de vue particulier que l’on veut
rendre : ce que l’on nomme p r é fen t, l ’eft en effet ;
mais c’eft un préfont indéfini, qui, indépendant par
nature de toute époque , peut s’adapter à toutes
les époques & conféquemment à une époque pof-
térieute, fons que cet ufoge puiffe être taxé Y Irrégularité.
( Voye-{ T emp s ). I l ne s’agit donc ici
que de bien comioîtrë la vraie nature des temps
pour trouver tous ces tours également réguliers.
En voici un autre : f i vous y alle\ & que je le
fâ ch e . La conjonction copuiative & doir réunir
des phrafos femblables : cependant le verbe de la
première eft à l’indicatif, amené par f i ; celui de
la fécondé eft au fubjonCtif, amené par que : n’eft-
ce pas une Irrégularité ? Il y à , j’en conviens,
quelque chofo d’irrégulier ; mais ce n’eft pas ,
comme il paroît au premier coup d’oeil, ladifparité
des phrafos réunies : c’eft la fuppreffion d’une partie
de la fécondé ; fuppléez Tellipfo , & tout fera en
règle : f i vous y alle\ & s ' i l arrive que je le
fâ ch e . Ce tour plus conforme à la plénitude de
la conftruCtion analytique, eft régulier à eet égard :
m a is i l a u n e au t r e I r r é g u l a r i t é p lu s fâ c h e u fo ; i l
p r é f o n t e , a u m o y e n d u f i r é p é t é , l e s d e u x é v é n e m
e n t s r é u n i s , c om m e f im p iem e n c c o - e x if ta n t s ; a u
l i e u q u e l e p r em ie r to u r m o n t r e l e fé c o n d é v é n e m
e n t c om m e fu i t e du p r em ie r : v o i l à d o n c p lu s
de. v é r i t é d ans l a p r em iè r e l o c u t io n q u e d an s l a
fé c o n d e , & c o n fé q u em m e n t p lu s de v é r i t a b l e R é g
u l a r i t é . A j o u t e z q u e l ’ e x p r e li io n e l l i p t i q u e e n
d e v ie n t p lu s , é n e r g iq u e , & L’ e x p u e ffio n p l e in e p lu s
l â c h e , p lu s la n g u i f f a n t e , fons ê t r e p lu s c l a i r e .
Q u e d e t it r e s p o u r c r o i r e , r é e l lem e n t p lu s r é g u l iè r e
c e l l e q u i d’ a b o rd l e p a r o î t l e m o in s ! ( M . B EAU“
zée. )
( N . ) I R R É S O L U , I N D É C I S . Synonymes.
O n e f t irréfolu d ans l e s m a t iè r e s o ù l ’ o n le
d é te rm in e p a r g o û t , p a r f e n t im e n t . O n e ft in d é c i s
d ans c e l l e s o ù l ’ o n f e d é c id e p a r r a i f o n & a p r è s u n e
d ife u ffio n .
U n e am e p e u f e n f ib l e , p e u é l a f t iq u e , in d o l e n t e ,
p u f i l la n im e , f e r a i r r é f o lu e . U n e fp r i t l e n t , t im id e ,
& p e u f u b t i l , î t r s in d é c i s .
D a n s l ’I r r é f o lu t i o n , T a in e n’ e f t a f f e & é e d’ a u c u n
o b je t a l l e z fo r t em e n t p o u r f e p o r t e r v e r s l u i d e
p r é f é r e n c e . D a n s Y l n d é c i f i o n , l e f p r i t n e v o i t d ans
a u c u n o b je t d e s m o t i f s a f f e z p u i f fa n t s p o u r f ix e r fo n
c h o ix .
L ’ I n d é c i s b a la n c e e n t r e l e s d iffé r e n t s p a r t is , fo n s
p e n c h e r v e r s l ’ un p lu s q u e v e r s l ’ a u t r e . U I r r é f o lu
f lo te d’ u n p a r t i à l ’ a u t r e , fa n s s’ a r r ê te r d é f in i t iv em e n t
à a u c u n .
U I r r é fo lu n e p e u t v a in c r e fo n in d i f fé r e n c e . L ’ I n d
é c i s n’ o fo p o r t e r u n ju g em e n t .
L ' I r r é f o l u h é f i te fu r c e q u i l f e r a : Y I n d é c i s , fu r
c e q u ’ i l d o i t f a i r e .
L ' I r r é f o l u n e f t p a s f a i t p o u r d é s p r o f e f i io n s d an s
l e f q u e l l e s o n e f t f r é q u em m e n t o b l i g é d e fe p o r t e r
fu b i tem e n t à l ’ a ê t io n , d e p a r t i r , p o u r a in f i d ir e ,
d e l a m a in , c om m e d ans l e s a rm e s . L ’ I n d é c i s n e f t
p a s p r o p r e 4 r é u ff ir d ans to u t c e q u i d em a n d e q u e
T o n fa f f e fu r l e c h am p d e s c om b in a i fo n s r a p id e s ,
& q u e l ’ o n ju g e fu r l e c o u p d’oe i l & fu r l e s p r o b
a b i li t é s , c om m e d ans l e s je u x d e c om m e r c e .
O n e f t q u e lq u e f o i s d é c id é fu r l a b o n t é d ’u n
p a r t i , fo n s ê t r e r é f o lu à l e . f u iv r e ; & q u e lq u e f o i s
( o n - e f t r é f o lu à fu iv r e u n p a r t i , fo n s ê t r e d é c id é fu r
fo b o n té .
N o u s a im o n s l a h a r d ie f f e d e l ’h o m m e r é f o lu ; &
n o u s p l a ig n o n s Y i r r é f o l u , q u e l a p u f i l la n im i fo in q
u iè t e . N o u s fo u rn ie s c h o q u e s d e l a v a in e p r é fo m p -
t io n d e l ’ h om m e d é c id é ; & n o u s m é p r ifo n s Y in d é c i s ,
q u ’u ne- p u é r i l e d é fia n c e d e fo i -m êm e a r r ê te .
L ’ I r r é fo lu a im e q u e l ’ o n l e t i r e de fo n I r r é fo -
l u t i o n ; i l fo n t q u e c ’ e f t f o i b l e f f e , i l fo c o n d a n n e .
L ’ I n d é c i s r é f ifte a u c o n t r a i r e , q u an d o n v e u t l e t ir e r
d e fo n I n d é c i f io n ; i l l a p r e n d fo u v e n t p o u r p r u d e n c e ,
i l s’ e n a p p l a u d i t .
Il faut exciter, piquer / aiguillonner, entrâmes.
i l b b &