
& l ’Éloquence en font le flambeau & la gloire.
\ V olta ire.) ■
( N . ) L I E U , E N D R O I T , P L A C E ,
Synonymes.
L ie u marque un total d’efpace : End roit n’ indique
proprement que la partie d’un efpace plus
étendu : P la c e infinue une idée d’ordre & d’arranf
ement. Ainfî , l ’on d i t , le L ieu de l ’habitation •
End roit d’un livre cité ; la P la c e d’un convive ,
qu de quelqu’un qui a féance dans une affemblée.
O n eft dans le Lieu . O n cherche E n d roit. On
occupe la P la c e .
Paris eft le L ieu du monde le plus agréable.
L e s efpions vont dans tous les Endroits de la v i l le .
L e s premières P la c e s ne font pas toujours les plus
commodes. .o i- : . <
I l f a u t , tant qu’on peut , préférer les L ie u x
fai ns , les Endroits■ connus , & les P la c e s convenables.
( U abbé Girard. )
L IN G U A L , E . adj. Appartenant a la lang
u e , dépendant de la langue.
I l y_ a trois clafles générales d’articulations y
les la b ia le s , les linguales , & les gutturales.;
L e s articulations linguales font celles qui dépendent
principalement du mouvement de la
langue ; & les confonnes linguales font les
lettres qui repréfentent ces articulations. Dans notre
lan g u e , comme dans toutes les autres, les articulations
&' les lettres linguales: font les plus nom-
breufes, parce que la langue, eft la principale &
la plus mobile des parties organiques, néceflaires
a.. la produélion de la parole,. Nous en avons en
ftançois jüfqu’ à t re iz e , que les uns ‘claflifîent d’une
manière & les autres d’une autre. L a divifîon qui
m’a paru la plus convenable, eft ce lle que j’ ai
indiquée au mot A rticulation , où je divife les
lin g uale s en quatre clafles, qui font les dentales,
l ’es fifflantes , les liquides, & les mouillées.
5 -J appelle dentales , celles qui paroiflenü exiger
qune maniéré plus marquée , que la langue , pour
les produire, s’appuye contre les dents & nous
en avons cinq ; n , d -, t , g , q , que l ’on doit
nommer n e , d e , te , gue ou g e , q u e , pour la
facilité de l ’épellation.
L e s trois premières n , d , t , exigent que la
pointe de la langue fe porte vers les dents- fu-
perieures, comme pour retenir la voix. L ’articulation.
72 la retient en effe t, puifqu’e lle en repouffe
une partie par le nez , félon la remarque de l ’abbé
de D an g e au , qui obferva que fon homme enchifrené
d ifo it , j e de fau rois , au lieu de j e ne
jfaurois : ainfî , n eft une - articulation nafale. Les
deux autres, d & t , font purement orales,, & ne
diffèrent entre elles que par le degré d’explofion
plus ou moins f o r t , que fubit la voix , quand la
langue fe fépare des dents fupérieures vers lef-
queiles ç lle .s’eft d’abord portée $ ce qui fait que
l ’une de- ces articulations:’ eft foible-, & l ’autre
forte.
Les deux autres articulations, g 8c q , ont entre
elles la même différence , la premièré étant foib le ,
& la fécondé forte $ & elles diffèrent des'trois
premières, en ce qu’elles exigent que. la pointe
de la langue s’appuye contre les dents inférieures,
quoique le mouvement explofîf s’opère vers la!’
racine de la langue. C e lieu du mouvement organique
a fait regarder ces articulations comme
gutturales par plufieurs auteurs , & fpécialement
par W achter ( Glojfar. germ. Pro leg. fe é î. I I ,
§§. 20 & 2 1 j . Mais elles ont de commun avec
les trois autres articulations dentales, de procurer
l ’explofion de la voix en augmentant la viteffe
par la réfiftance , & d’appuyèr la langue contre
les dents j ce qui fomble leur affiîrér plus d’ana-
lo g ie avec celles - là , qu’avec l ’articulation gutturale
h , qui ne fe fort point des dents , & qui
procure l ’explofion à la voix pair une augmentation
réelle de la force ( voye% H)> Mais voici
un autre caraftère d’affinité bien marqué dans les
évènements naturels du langage ; c’ eft l ’attraétion
entre le n & le d te lle qu’elle a été obfervée
entre le m & 1 &b ( voye\ A t t r a c t i o n )i ,• & 1a permutation de g 8c de d. « Je trouve -, dit
» l ’abbé de Dangeau ( Opufc. pag. 55» )y que
» l ’on a fait . . . . de cineris , cendre ; d t t e n e r ,
» tendre j de ponere , pondre ; de Veneris d ie s ,
» Vendredi 5 de gener , gendre ; de generare , e n -
» gendrer ; de minor , moindre. Par la même rai-
» l'on à peu près on a changé 1 Q' .g: en d entré
» un 72 & un r : on a fait de. fingere ^ feindre 5
» . de p in g e r e , peindre ; de jungere , joindre j de,
»' 'ûngere , oindre 5 parce que le g eft à peu près
» la* même lettre que le d » . O n voit dans les premiers
exemples, que le n du mot radical a attiré
d dans le mot dérivé 5 ce qui: fuppofe entre cès
articulations une affinité , ■ qui ne peut être que
ce lle de leur génération commune.
Les articulations linguales que je nomme Jz/'-.
p la n te s , diffèrent en effet des autres , en ce qu’elles
peuvent fe continuer quelque temps & devenir
alors une efpèce de fifflement. Nous en avons
quatre , \ , s , j , ch. Les deux premières exigent
une difpofîtion organique toute différente des deux
autres 5 & elles,.diffèrent, entre elles du fort au
foible , ainfî que les deux-dernières. O n doit bien
juger que ces lettres font plus ou moins çom-
' muables entre elles , à raifon de ces différences.
Ainfî , le changement de \ en s eft une règ le
générale dans la formation du temps que je
nomme préfent pojléncur , mais qu’on ap pelle
communément 11 Futur des verbes en de la
quatrième conjugaifon des barytons j de ,
<ppaV«oé : aji contraire, dans le verbe allemand p i f ch en ( fiffler ) , qui vient du grec <r/£î/v, le <r ou s grec
eft changé en £ ; & le- £ ou \ grec eft change en
fe h qui répond à notre ch françois. « Quand les
S 'Mtifîens, 'dit encore l ’abbé de Dangeau ( O p u fc . ;
» pa s. prononcent les mots chevaux - 5e
» cheveux , ils pronbneeroient très - diftin Élément
n la première fyllabc , s’ils fe vouloient donner
» le temps de prononcer l’ e- féminin , & qu’ils
„ prononçaifent ces mots en deux fyllabcs : mais
» s ils veulent , en preflant leur prononciation ,
n manger cet e féminin, & joindre fans milieu
n la première confonne avec le v conforme qui ■
» commence la fécondé fyllabe', cette cotfônne,
v qui eft foible , affoiblit le ch ,-q u i devient J ,
» & ils diront jy a u x & jv e ü x ».
A u refte, ces quatre articulations ling uales ne
font pas les feules fifflantes : les deux leur. - labiales
„ & / , f o n t dans le,même ca s , pmiqu.on
peut de même lés faire durer quej.ime temps
comme une forte de fifflement. E lle s different des
Humâtes fifflantes par la- différence des dllpoii- j
•lions organiques, qui' fo h t , du même organe di-
verfement arrangé, deux inftrumenrs aufn differents
que le haut-bois , par exemple , la flûte. L ar- ,
ticulation gutturale h , qui n eft qu’une expiration
fo r te , & que l ’on peut aufli continuer quelque :
temps , eft encore par là même analogue aux au •
très articulations fifflantes. D e la encore la polfi-
bilité de mettre1 les unes pour les autres , & la
réalité de Ces permutations dans plufieurs mot?
dérivés : A pour ƒ dans l ’efpagnol huma ( fum é e ),
venu de fum u s ; s pour h dans le latin fejlum
( fête ) , venu de t e j v pour h dans v e jla , dérivé
de «Via ; pour s dans verro , qui vient de
trctlfa y s pour h dans fu p e r , au lieu du grec
éSirip j & C .
Le s articulations linguales liquides font ainfî
nommées, comme je l ’ai dit ailleurs [(voye% L ) ,
parce q u e lle s s’allient fi bien avec plufî:etirs_ autres
articulations, qu’elles n.en paroiffent plus faire en-
femble qu’une feule , de même que deux liqueurs
s’ incorporent au point qu i l refulte de- leur mélange
une troifième liqueur qui n’eft plus ni l ’une
ni l’autre. Nous en avons deux , le & re -, repré-
fontées par l 8ç r : la première s opéré d un foui
coup de la langue vers le palais ; la fécondé eft
l ’ effet d’un tré moufle ment réitéré de la langue. L é
titre de la dénomination qui leur eft commune ,
eft .aufli celui -de. leur permutation refpeftive 5
comme dany varias , qui vient de $a.xùs , o ù .l’on
vo it tout à la fois le ^ changé en v , & le A en
r • de même milites a été d abord fubftitue- a-
melices , defçendu de mérités par le changement
Ùe. en L ,.& .ce dernier mot venoit de mereri
félon Voflius ( D e litterarum permutatione ). .
Four ce qui eft des articulations mouillées y je
^’ entreprendrai pas d’afligner l ’origine de cette
dénomination : je n’y entends rien , a moins que
le mot mouillé lui - même , donné d’abord en
exemple de l mouillé , n’en foit devenu le» n om ,
& enfui te du g n par compagnie j çe font les
deux feules mouillées que nous ayons. ( V oy e \
M o u i l l é . ( M.,*Be a u z é e . ) •
( N . ) L I P O G R A M M A T I Q U E , adj. Manquant
de quelqu’une des lettres de l ’alphabet.'C e
mot eft compofé de AéiV« ( je manque ) , & de
( lettre ) ', qui vient de /papa ( j ’écris). On
caraélérifo par ce mot certains ouvrages où. l-’ on.
a atfeéfë de'rie pas employer, certaines lettres, qui
y manquent par conféquent. V oîci ce qu’on trouve
à cefujet. dans le Menâgiana. ( Part. III. pag. 3 29.
édit. Paris , 1 7 2 )
« Les Grecs ont fait des ouvrages lipogram~
» manques , c’eft à dire , dans lefquels une lettre
» de l ’alphabet manque. C’eft de cette maniéré
» que Tryphiodore a fait fon Qdyjfée ; i l n’y
» avoit point d a dans le premier livre , point de /3
» dans le fécond , & ainfî des autres. Tryphiodore ,
.» ajoute l ’éditeur, fit cette Odyjfée à l ’ imitation
» de l ’Iliade lipogrammatique de N e f to r , poète
» de Laranda , qui vivoit du temps de l ’empereur
r> Sévère. L a fus. d’H ermione , très - ancien p o è te ,
y> avoit fait une ode & une hymne fans <r. Cléarr
» que , dans Athénée , parle aufli d’une ode fans
» <r de la façon de Pin dure. Nous avons en prolè
» latine une petit ouvrage de Fabius - Claudiüs-
» Gordianus - Fulgentius , divife par l ’auteur, fîli-
\y vaut l ’ordre des vingt trois lettres latines , en
» vingt trois chapitres , dont i l en refte treizë
» entiers & une bonne partie du quatorzième *
» favoir depuis A jufqu’à O inclufivement, publié
» avec des notes à Poitiers , in - 8;°. par le P. J a -
» ques Hommey , Auguftin , : le premier
» chapitré eft fans A , le fécond fins B , le troi*
» fie me fans C , & ainfî du refte. L ’ouvrage eft
» fort impertinent ,■ foit pour le ftyle , foit pour
» les penfées j & les notes dont i l eft accompagné
» ne Valent pas mieux ».
C ’eft naturellement ce qui doit réfulter d’urt
travail , qui ma d’autre: mérite que d’avoir fur-
monté une difficulté- d’ailleurs inutile. Les difficultés,
qui naiffent, dans:, la verfincation , des con-*
train tes dé la mefur.e on des embarras de la rime ,
ne font pas , comme ce lle du genre lipogrammatique
, purement, faétices & en pure perte ; elles
fervent a fonder ou à déterminer l’harmonie, qui
donne bien du prix à l ’élocu tion, & qui fouvent
dédommage avec ufure de quelques autres agréments.
Mais que gagne ^ t - on à fe priver de tous
les mots où fe trouve une certaine lettre ? l ’obligation
de dire , des fottifos , pour remplir une tâche
qui n’ a ni ne peut avoir aucun but raifonnablé»
( M . B e a v z é e . )
( N . ) L I Q U I D E , adj. Qui coule aifément,
comme les corps fluides dans leur état naturel.
Confitures liquides. O n dit aufli figurément, artir
culatious & confonnes liquides.
O 0 o a