
» main prennent une route déterminée pour chaque
» idée particulière; de forte q u e , lorfqu'on veut
» dans la iuice exciter la même idée d’une manière
» dinerente, on caufe dans le cerveau un mouve-
» ment contraire d celui auquel i l eft accoutumé,
» & ce mouvement excite ou de la furprife ou de
W , An ^ee ^ quelquefois même de la douleur :
» c eft pourquoi 1 chaque ^peuple 1-u^j.v, uiiiciciic différent trouve
îî f l f r a r i r n in a i r p ____ 1 1 n
» extraordinaire 1 habillement ou le langage d’ un
peuple.O n rit a Florence » autre p eu pL . M j J | a ag en ce dnee rlaa mmaanniieèrr e
» dont un français prononce le latin ou l ’ italien
» & I o n fe moque à Paris de la prononciation du
» florentin. De même la plupart de ceux qui en-
» tendent traduire pater e ju s , le père de lu i , au
» lieu; de fo n p è r e , font d abord p o rtés! fe moquer
» de la traduction. -1
» Cependant comme la manière la plus courte
» pour faire entendre la façon de . s’habiller ■ dés
» 'etrangers, c e li de faire voir leurs habits tels
w qu ils font , & non pas-d’habiller un étranger à
* la rrançoife ; de même ‘ la meilleure méthode
» pour apprendre les langues étrangères, c’eft de
» s inftruire du tour o r ig in a l, ce qu’on-1 ne peut
» taire que par la traduâion littérale. .
» A u relie , i l n y a pas lieu de craindre que
» cette façon d expliquer apprenne à mal parler
» françois. r
» i . Plust on a 1 efprir jnfte & n e t , mieux on
* J ™ mieux on Parle : or ü n’y a rien qui
» loit plus propre à donner aux jeunes gens de la
» nettete & de la jufteffe d’efprit , qSe de les
» exercer a la traduâion litté ra le , parce qu’elle
” ° , S e a la précifion , d la propriété des termes,
* f 3, ane certaine exaftitude qui empêche l ’efprit
» de s égarer, à des idées étrangères. Z
» i ° . L a traduftion littérale fait fentir la dif-
È-ference des deux langues. Plus le tour latin eft
» éloigné du tour françois , moins on doit craindre
» qu on l imite dans le difeours. E lle feit connoitre
» le geme de la langue latine : enfuite l ’ufkge ■
» mieux q u e lle maître , apprend le tour de la
* langue françoife ». ( M . B e a u z é e . )
ID Y L L E , f. f. terme de PoéRe. Petit poème
champêtre qui contient des deferiptions . ou narrations
de quelques aventures agréables. V o y e r
L glogue. Ce mot vient du grec t ïïvM m , diminutif
j ' S g ’ -A f '/ f , rcpréfentaüon , parce que le propre
chofés^ ^ ° e^e p i rePr^ enter naturellement les
WT//eOCnî e e? Premier aatenr qui ait fait des
m m im j | p i w im i té , & en om » .
mene 1 ufage. Voye^ P astorale.
Le s Id y lle s de T héoc rite, fous une fimplicité
toute naïve & toute champêtre , renferment des
agréments inexprimables ; elles paroiffent puifées
eUne s -m cW e * g f l ’ & P” ^ S - e s
C c f l une Poéïîe qui peint, naturellement les
| objets qu’elle décrit ; au Beu que le Poème épique
les raconte, & le dramatique les met en a&ion.
r n «B r^611. " enc plus dans les Id y lle s à la
nmpùcite originale de Théocrite : notre fiècie ne
louttriroi: pas une fiélion amoureufe qui reffem-
bleroit aux galanteries groffières de nos payfans.
Boileau remarque que les Idy lle s les plus fim-
ples ion: ordinairement les meilleures.
C e poete eh a tracé le caraétère , dans ce peu
de vers, par une image empruntée elle-même des
lujets iur lefquels roule ordinairement l ’Id y lle :
Teile qu une bergere, au plus b eau jour de fête,
De fuperbes rubis ne charge point fa tête;
Et fans melër a l’or l’éclat des diamants,
Cueille en un champ voifinfes plus beaux ornements :
Teile aimable en fon a ir , mais humble dans fon ftyle,
Doit éclater Tans pompe une élégante Id y lle;
Son tour fimple & n a ïf n’a rien de faftueux,
Et n’aimé point l’ orgueil d’un vers préfomptueux.
A r t poét.. Chant I I .
S il y a quelque différence entre les Id y lle s Si
les Egiogues , eiie eft fort légère ; les auteurs les
confondent fbuvent. Cependant il fembie que Tubage
veut plus d’aiftiori’, de mouvement dans TÉ-
giogue ; & que dans ¥ Id y lle on fe"con ente'd’y
trouver des images, des récits , ou des fentiments
leulement. ( A n o n ym e . ) 5
§ § g bergère en habit de fête , i l l ’a parfaitement
dehnie telle, que nous la concevons. Une -itmpli-
cice élégante en fait le ca raâ êre; & c’ eft par cette
elegance ennoblie , qu’elle fe diftingue de l ’É -
glogue.
. Chaque genre de Poéfie a fon hypothèfe dif-
tincte; & c’ eft ce. qui en fait la différence.-. O r ,
Ihypothefe de l ’Egiogu e & ce lle de l ’Id y lle ne
font pas la même.
Dans des temps & parmi des peuples ou l ’ex-
ceflive inégali.é des conditions & des fortunes
n avoir pas mis encore entre les hommes cette différence
inhumaine , à laque lle i l eft impofllbie de
réfléchir fans s attrifter ; dans des climats furtout
ou la beaute du c ie l, la fertilité de la terre fe-
foient^ de la campagne le plus déiiciêux féjour^
o u , d’u n c ô :é , Theurcufe ignorance des befoins du
lu x e, & de 1 autre , la facilité ji vivre dans l ’a i-
famte avec peu de peine & d e. foin , rapprochoienc
n fort 1 état ^des bergers de celui des rois , que Tun
touchoit a 1 autre ; 1 Églogue & ¥ Id y lle n’a voient
pas 'deux hypothèfes différentes , & ne dévoient
pas avoir deux noms.
irsnu le temps, où dans la Poéfie champêtre
j l a fallu non feulement diftingucr ¥ Id y lle de 1 Eglogue , mais l ’une 8c l ’autre du geme v illageois.
Le s vices & les ridicules du peuple de la v ille ,
)
■ tranfmis au peuple des campagnes ; les affiices de l ’intérêt
, les fottiles de l ’amour-propre & de la vanité ,
les. intrigues de la galanterie , les duperies ^réciproques;
& dans tout cela , les moeurs p a y fa n .e s combinées
avec les moeurs bourgeoifes , font ..le comique
de Dancourc. Rien ne reffemble moins à
l ’innocence 8c à la fimplicité paftorale ; & les modèles
de Ce comique, on les r e n c o n t r e à chaque
pas dans les environs de Paris*
Mais pour trouver le fujet d’une Ég lo gu e , i l
faut aile r plus loin ; encore font-ils rares partout :
8c quant aux fuj’ecs de l ’I d y l le , i l n’en exifle qu’en
idée. Ce lles des Idylle s de Gefner, qui ont quelque
vérité , font, de { im p ie s Égiogues : c e l i e s q u i on:
l e plus de noblcffe 8c d’élégance, n’ont de modèle
dans aucun pays.
Dans les Idy lle s de Mad. Deshoulières , la
feene eft au v illa g e : mais la femme fenfible &
tendre qui parle aux fleurs , aux miffeaux , aux
moutons/ n’eft pas une de nos bergères ; c’ eft la
maitreffe du château.
U Idy lle ne peut donc ê*re prife que dans le
fyftême .fabuieux ou romanefque. Ce font les bergers
de T em p e , ou des bords du L ign on , que l ’on
y inet en fcèiie ; c’ eft le langage de l ’Aminte, ou
au Paftor fido , que parient ces bergers : & dans
ce fyftême , ¥ Id y lle a fon merveilleux comme
l ’Épopée ; car e lle eft v d’un temps où non feulement
les rois, mais les dieux mêmes daignoienc
vivre avec les bergers:
Habitàrunt di quelque Sylvas ,
Dardàniusque Paris.
C ’eft alnfi que ¥ Id y lle , comme nous l ’entendons
, fans çefler d’être fim p le , doit être noble &
élégante.
Telle aimable en fon air, mais humble dans fon ftyle ,
Doit éclater fans pompe une élégante Idylle.
E lle ne mêle point deî diamants à fa parure, mais
e lle a un chapeau d e fleurs. V oy e \ E g l o g u e .
- En peinture', T en iersafait des fcènes payfanes;
Berghem-, des Égiogues ; le Pouflin , des Id y lle s :
8c pour exceller dans ce g en re, i l ne manquoit à
celui-ci que de peindre les payfages comme les
Breugles & le Lorrain. ) ( M . M a r m o n t e l .)
( N . ) IL . Ces deux lettres , a la fin des mots ,
paroiffent avoir eu d’abord uniformément la prononciation
naturelle , comme elles l’onc encore
dans le mot f i l ; -en forte que l ’on prononçoit de
p manière f i l , f u j i l , p é r il r la première
luggeftion cîe la nature eft d’écrire comme on p rononce
, & réciproquement de prononcer comme on
écrit.
L e gou: na'ionul a introduit enfuite dans la
prononciation la fuppreflion de l finale dans p lu -
/ieuys mots , a l’exemple de prefque toutes nos con-
fonnes qui font muettes a .la lin des mots; 8c on
a prononcé, f u j i l comme moiji. C e la même s’eft
etend.u a des mors où l finale eft aujourdhui m o u illé e ,
& io n a prononcé péril comme péri ; en voici la
preuve, dans deux vers de Charles Fonta ine, né
en 1515 , où ces deux mots riment enfenibie :
Eh ! qui tira Ulyffe des périls
Auxquels fes gens ont été cous péris ?
O n a probablement mouillé plus tard / finale
des mots qui font aujourdhui fournis. à' çetee pro-
,-nonciation ; car je ne fais par quelle fatalité i l
.arrive,que , dans les langues, une routine a/eugle
refîfte long temps à la raifon avant de lui céder.
C eft pour cela-même que juïqu’a préfent , après
avoir adopté trois prononciations différentes de i l
fin a l, on ne s eft pa§ encore avifé d’en conclure
qu.il faut de même trois or hographes diilërentes.
Je les crois néanmoins, néceffaires pour faciliter
aux nationaux & aux étrangers l ’art de lire 8c
i étude de notre langue ; & cette correction ne
feroit. pas difficile.
Qu’on ficffye - 'fu ji l comme à l ’ordinaire , en
confêrvan: la confonne, finale l quoique muette ; i l
en fera de cette lettre comme du b de plomb , du
d de g ra n d , du g de lo n g , de IV de g r o s , du t
de^J a b o t, & c , qui fon. muets, mais que l ’on garde
à caùfe des dçrivés p lombier, grandeur , longue ,
grojfie y fab otie r y 8cc : les dérivés fu j î l ie r , fuJiLler ,
feront le même effet fur fu j i l .
Q g ’on mette un accent grave far l ’i de f i l , pour
aver ii* que la finale fe prononce ; & l ’équivoque
fera levée : pourquoi ne me;tfoit-on pas le même
accent fur toute v o y e lle fuivie d’une confonne qui
doit fe prononcer naturellement dans la même
fy lla b e , lorfqu en pareille pofition cette confonne
a coutume dêtre muette r on écriroit donc f i l ,
f c in t llla t io n , f i è r , amer ( adj. ) , r ecul, T u rn ù s ,
immodefie, Cérês, triennal, D a v id , dot , c à p , & c ;
& fans cet accent, f u j i l ■> aimer, f e f i e r , cu l, les
in con n u s , immanquable, vérités, ennoblir , n id y
com p lo t, drap , &c.
Pour ce qui eft de / m ou illé e , ne peut-on pas
adopter Amplement.l’ufage des efpagnois , & écrire
avec deux //, p é r ill au lieu de pé r il , feulL au lieu
def e u i l f e n o u i l au lieu de f e n o u i l y émail au lieu
A’émail. S’i l fe trovivoit quelque mot où i l fallut
prononcer les deux II au lieu de m ou iller, l ’accent
grave fur la vo y e lle précédente fauveroit l ’équivoque,
comme on vient de le voir dans fc in tilla tion ,*.
& l ’on écriroit de même illé g a l, illégitime. S’i l ne
faut prononcer qu’une l fans m ou ille r , qu’on n’écrive
qu’une l ; une vile , tranquile , tranquilité, &c.
Mais on aimera mieux dire cent abfurdités contre
un moyen fi fimple & fi raifonnable , que de’ l ’adopter.
Voye\ O r t h o g r a p h e . ( M . B e a u z é e . )
* I L L U S IO N , f. f. Be lle s -L e ttre s . Po é fie . Dans