
fois plus éloignée que le foleil; que le foleil eft
au moins 300 fois plus éloigné que la lune, qui
n’en eft éloignée que d’à peu près 30 diamètres
de la terre \ qu’un diamètre' de la terre eft eftimé
de 1720 milles, de 24,000 pieds chacun. Toutes
ces mefures comparées l'ont autant d’idées abftraites,
làns lefquelles il feroit impolfible de fe former une
idée nette de femblables diftances. Sans les mots de
e e n t , de mille , de millions , on ne pourront point
compter avec précifîon de grandes multitudes.
Au delà d’un nombre d’objets très-borné , un
iàuvage fie voit plus qu’une multitude innombrable 3
& pour défigner m ille , il montre tous les cheveux
de fa tête ou les fables de la mer.
Quelle brièveté dans cette formule, L e 15 ju in
2784 ! Rendez-la en la tin: D ie quindecimâ
menjis ju n ii anno mïllejïmo feptengentejimo ocïo-
gejimo quarto. ) ( V E d i t e u r . )
* L angue àngloise, Grammaire. Elle eft moins
pure , moins claire, moins correfte que la Langue
rrançoife 3 mais plus riche , plus épique , 8c plus
énergique : c’eft ce qui a fait dire à un de leurs
poètes , du moins avec efprit :
A wëighty bu llion o f one fle r lin g line.
tDrawn tofrench v ir e , should through one p age shine.
Elle emprunte, de toutes les Langue s , de tous
les arts, & de toutes les fciences , les mots qui lui
font néceffaires 3 & ces mots font bientôt natura-
lifés dans une nation libre & favante : elle admet
les tranfpofitiôns & les inversions des Langues grè-
cjue & latine 3 ce qui lui procure la poéfîe du ftyle
îc l ’harmonie. Enfin l ’anglois a l ’avantage fur toutes
les Langue s , pouc la nmplicité avec laquelle les
temps & les modes des verbes fe forment.
Ce fiit en 1362 qu’Edouard III ftatua, de concert
avec le Parlement, qu’à l’avenir, dans les Cours
de judicature & dans les aCtes publics, ©n fe fervi-
roit de la Langue angloife , au lieu de la Langue
françoife ou normande , qui étoit en vogue depuis
Guillaume le conquérant. [ L e chevalier d e J a u -
C O U R T . )
( L ’A n g lo is , tel qu’on le parle aujourdhui, vient
du faxon , diale été de-l’ancienne Langue des goths,
ou Langue teutonique. L ’A n g lo is du roi Alfred ,
que Ton peut regarder comme le plus ancien A n g
lo is , n’eft qu’un faxon allez pur , & l’on n’y
trouve que très-peu de mots de la Langue romaine
ou latine. Ce n’eft guère, que vers le milieu du
douzième fiècle que l ’on voit ce faxon s’altérer, &
prendre une forme un peu plus approchante de
Y A n g lo is d’aujourdhui. Il ne paroît pas que l’on
doive attribuer ce changement à la conquête des
normands 3 car dans l ’efpace des cent ans qui fuivi-
rent cette conquête , on ne voit qu’un très-petit
ombre de mots françois paffer dans Y A n g lo is .
Pans la transformation fucceflîve & graduée d’untf
Langue en une autre, on ne peut pas raifonnablement
exiger que {l’on marque précifément un point,
où les anglois ont celfé de parler faxon & commence
a parler A n g lo is : ce point n’exifte pas.
Robert de Glocefter , qui floriffoit dans le treizième
fiecle^, femble avoir parlé un langage mitoyen
qui n etoit proprement ni faxon ni A n g lo is .
L e langage de Jean Mandeville , ou , comme
i l fe nomme lui - même , John Maundeville , eft
plus A n g lo is que faxon : i l écrivoit dans le quatorzième
fîecle. Mais le premier que l ’on puiffe
.dire avoir écrit en A n g lo is , c’ eft Jean G ower s
auquel fucceda Chaucer fon difciple. Gower eft le
pere de la Poefie angloife. Chaucer ne mérite ni
tous les eloges ni tout le blâme qu’i l a reçus.
Dryden , qui confond le génie avec la Ample érudition
, & qui , par une étrange p ré em p t io n , a
parlé de ce qu’i l n’avoit pas examiné ', attribue à
Chaucer la gloire d’avoir trouvé -le premier le
rithme a n g lo is , ou la profodie de fa Langue ;
d avoir le premier fait ufage des rimes aifées 8c naturelles
3 d’avoir perfectionné Y A n g lo is r en l ’enri-
chiffant a propos d’un grand nombre de mots empruntés
des Langues les plus polies du continent.
Skinner lui reproche au contraire , de la manière la
plus dure, d’avoir corrompu fa Langue maternelle
par l ’a lliage d’un grand nombre de mots étrangers.
Que ce foit d tort ou avec raifon , i l eft fur qu’en-
core aujourdhui tous les écrivains anglois , plus
occupés des chofes que de la façon de les rendre
tiennent peu de compte de la perfection du langag
e , & n envifagent guère les mots que relativement
au befoin qu’ils en ont pour exprimer leur pen féê,
& non relativement à l ’effet que leur arrangement
& leurs raports peuvent produire. T ou t terme ,
foit latin , foit françois , foit ita lien , qui paroît à
1 anglois le plus propre à rendre fbn idée , eft
acquis à fa L a n g u e , qui l ’admet fur le champ ,
fans même fe foucier de le fléchir par des termi-
naifons analogues. T e l eft l e génie de cette Langue s
elle admet aifément toutes les formes des autres ,
& fe plie avec une condefcendance excelfive an
caractère , aux befbins , aux caprices de chaque écrivain.
«Revenons à G ower : fes oeuvres offrent cette
cadence harmonieufe , ces rimes aifées dont on attribue
gratuitement l ’invention à Chaucer ; on y
trouve ces mots étrangers , cés mots latins , ces
mots françois, bon. ou mauvais affemblage dont
on rend Chaucer refponfable. Celui-ci peut bien
avoir introduit quelques innovations dans fa L a n -
gue , comme on - avoit fait avant lui , furtoüt
dans l ’enfance de la Poéfîe angloife 3 mais le s
oeuvres de G ower & de Ly gd ale prouvent in-<
conteftablement que la diction de Chaucer fut en
général- femblable à celle de fes contemporains 4
qu’i l la perfectionna feulement par fa poéfîe , par
le choix & la difpofition du métré 8c des rimes i
en quoi i l femble avoir été auffi heureux que judi-j
deux.
Forrefcue, qui écrivoit fous le règne de Henri VT s;
8c qui a compôfé la plupart de fçs ouvra^qp,
.près l ’an 147» . à m la retraite, -fert à montrer
quel étoit l ’état de la Langue anglotje a la fan
du quinzième fiècle. A u temps de Thomas More ,
la Langue étoit prefque formée. Skelton , poète
lauréat de Henri VIH , floriffoit dans le même
temps. Mais l ’auteur le plus pur 8c le plus, célèbre
de ce règne, fut le comte de Surry. L a diCtion de
Barclay qui écrivoit vers le milieu du feizieme
fiècle , n’a prefque plus rien d antique , fi ce n eft
l ’orthographe, refte de l ’ancienne barbarie, qui fe
remarque auffi dans les écrits du doéteur Wilfon ,
en i y y 3 , auteur auffi renommé par 1 élégance
de fon ftyle que par l ’étendue de fon favoir.
Nous voilà infenfiblement parvenus au temps de
la reine Éiifabeth , époque ou 1 ou fixe la formation
entière de la Langue angloife. I l feroit peut-
être à propos de montrer les différents changements
qu’elle a effuyés 8c fa métamorphofe, par des
exemples tirés des ouvrages qui ont été compofés
dans fes différentes révolutions : ces longues citations
angloifes n’entrent point dans notre plan 3 &
l ’on peut confulter là-deffùs le grand Dictionnaire
anglois de M. Johnfon , en deux volumes in -folio.
O n y trouvera des échantillons de la Langue
angloife dans les divers périodes depuis Alfred le
grand jufqu’au temps de la reine Éiifabeth. Ce
Dictionnaire eft fans contredit le plus régulier , le
plus complet , le plus favant que nous ayons en
an g lo is . L ’auteur, qui , dans plusieurs autres ouvrages
, s’eft montré philofophe profond , littérateur
folide , écrivain p o li & correCt, foutient ces
trois caractères dans fon Dictionnaire. C ’eft le fruit
d’une leCture imraenfe. Les exemples y font abondants
; mais ils n’y font pas accumulés fans deffein :
ils préfentent des lignifications variées , ou du moins
des nuances du même fens. Ici le mot eft appliqué
aux perfonnes , 8c là aux chofes : un paflage le
montre pris en bonne p a r t , un autre en mauvaife ,
un troifieme en un fens indifférent : ce lu i- c i, tiré
d’un auteur ancien , conftate l ’authenticité du mot.3
ce lu i-là , tiré d’un moderne , en prouve l ’élégance :
une autorité douteufe eft confirmée par une fo r te ,
une phrafe ambiguë eft éclaircie par un paffage
clair & déterminé : le terme paroît dans divers
régimes 8c avec des affociations différentes, & chaque
affociation contribue en quelque chofe à fixer &
à perfectionner la Langue. Ce Dictionnaire, par
l ’abondance & le choix des citations, forme un recueil
agréable des plus beaux morceaux des auteurs envers
8c en profe.
La diftinCtio.n la plus importante dans les mots
d’une Langue , c’eft celle de l ’antiquité & de la
nouveauté. Nous avons déjà vu que Y A n g lo is s’eft
forme fuccëffivement 3 qu’i l n’a été ni plus exempt
de caprice , ni moins fujet à l’altération que les
autres Langue s. La variation inévitable des L a n gu
es vient des progrès du commerce , de la culture
des efprits , de l’invention des nouveaux arts ,
du mélange des idiomes étrangers , & furtout des
vices des traductions. Les Langues vivantes ne fe
fixent point. L ’élixir qui promet l ’immortalité aux
hommes , n’eft pas plus une chimère que le D ic tionnaire
qui prétend affiirer l ’immutabiLité ou
même la perfection à leur Langue . Dans ce flux
continuel de mots , qui fans raifon tombent dans
l ’o u b li, ou fans néceflité acquièrent l ’exiftence 3 l e
lexicographe doit également fe garantir de prévention
pour l ’Antiquité & d’affeCtation de N éo lo—
gifme. I l convient de rappeler à la vie des termes
qui n’ont d’autre, défaut que d’avoir v ie illi , &
d’être circonfpeCt à recevoir ceux qu’une autorité
fuffifante n’a pas encore confacrés. M. Johnfon fe
montre judicieux critique 8c excellent grammairien
à tous égards : 8c s’i l paroît un peu trop
attaché à l ’Antiquité , aux Hooker , aux Bacon ,
aux Rawleigh ‘, aux Spencer , aux Sidney , aux
Shakefpear 3 i l ne néglige pourtant pas les T illo t -
fon , les. Locke , les Clarendon , les N ewton , les
Burnet, les T emple , les S w i f t , les Dryden , les
Addiffôn , les Pope , &c. &c. I l fixe l ’orthographe
& la prononciation avec, de grands égards à la dérivation,
à la Grammaire, & à 1 ufage. Ce Dictionnaire
eft tout an g lo is . Mais les françois amateurs de
cette Langue , qui défirent de l ’apprendre ou de
s’ y perfectionner , doivent fe fervir du Dictionnaire
fra n ç o is -a n g lo is & anglois - fra n ç o is , extrait
des meilleurs auteurs dans les deux Langue s , en
deux vo l. in-40. imprimé en Hollande. C ’eft l e
meilleur que nous ayons, (z.’É d i t e u r .)
L angue des C antabr.es ou Basques, H iß . des
Langue s. Ancien langage des habitants de la partie
feptentrionale de l ’EJpagne, avant que ce pays eut été
fournis aux romains.
L e do éteur W allis femble croire que ce langage
étoit celui de toute l ’Efpagne même, & qu’i l a été
l ’origine de la Langue romance , laque lle s’eft
infenfiblement changée en efpagnol. Mais outre
qu’i l feroit difficile de prouver cette opinion , i l
n’eft pas vraifemblable qu’un fi grand pays, habité
par tant de peuples différents, n’ait eu qu’une même
L a n g u e '.
D ’ailleurs , l ’ancien Cantahre fubfifte encore dans
les parties sèches & montagneufes de la Bifcaye ,
des Afturies , & de la Navarre jufqu’à Bayonne ,
à peu près comme le galois fubfifte dans la province
de G a lle s : le peuple feul parle le Cantahre ;
car les habitants fe fervent, pour écrire, de l ’elpa-
gnol ou du françois , félon qu’ ils vivent fous l ’empire
de l ’un ou de l ’autre royaume.
L a Langue cantahre , dépouillée des mots
efpagnols qu’elle a adoptés pour des chofes dont
l ’ufage étoit anciennement inconnu aux bifeayens,
n’a de raport avec aucune Langue connue.
L a plus grande partie de fes noms finiffent en a
au fîrigulier, 8c en ac au plurier : tels font ceroa
8c ceroac , les cieux ; lurra 8c lur ra c, la terre 3
idoufquia , le foleil 3 hilarguia , la lune 3 i^arra ,
une étoile 3 odeya , un nuage 3 f i a , le feu^