
i j S G É N
condemnare adpanam capitis. Oblivifcî, retordari,
meminijfe alleu ju s rei; fuppléez memoriam ali- cujus rei : c’eft ce même nom qu’i l faut fous-
entendre dans cette phrafe de Cicéron, & dans les
pareilles ytibi tuarum virtutumveniat in mentent
( de orat. ij. 61. ) ; fuppléez memoria.
v. Quand on trouve un G é n it i f ayecnn adverbe,
i l n*jr a qu’à fe rappeler que l ’adverbe a la valeur
d une prépofition avec fon complément, vqyc[
A d v e r b e ; & que ce complément eft un nom ap-
p e lla t if : en décompofant 1 adverbe -, on retrouvera
l ’analogie. U bi terrarum, décomposez ; in quo loco
zerrarum : nufquam gentium , ç’ eft à dire , in nullo
loco g entium.
I l faut remarquer ic i qu’on ne doit pas chercher
par cette voie l ’analogie du G é n it if , après certains
mots que l ’on prend mal à propos pour des adverbes
de quantité , tels que parum , multum , p lu sy
m in u s , plurimum , minimum , J a tisy &c. C e font
de vrais adjeCtifs employés fans un nom exprimé,
& fouvent comme complément d’une prépofition
également fous-entendue : dans ce fécond c a s , ils
font l ’office de l ’adverbe ; mais partout le G é n it if
qui les accompagne eft le déterminatif du nom leur
corrélatif : fa t i s n iv is , c’ eft copia fa t i s n iv is , ou
copia conveniens n iv is . D e l ’adjectif f a t i s vient
fa tio r .
t j . Enfin on rencontre quelquefois le G é n it i f
3 la fuite d une prépofition ; i l fe rapporte alors au
complément de la prépofition même qui eft fous-
entendu. A d Caftorisy fuppléez cedem ; e x A p o llo-
dori (Gicer.) , fuppléez chronicis ;.Lubiorum tenus,
fuppléez extremitate.
Nous nous fommes un peu étendus fur ces phrafes
elliptique s: premièrement, parce que le G é n it if ,
qui eft ic i notre objet princ ipa l, y paroiffant emp
lo y é d une autre manière que fa deftination orig
in e lle ne femble le comporter , i l étoit de notre
devoir de montrer que ce ne font que des écarts
apparents, & que les affermions contraires des mé-
thodiftes. font fauffes & fort éloignées du vrai génie
de la langue latine ,• en fécond lieu , parce que
pous regardons la connoiffançe des moyens de fup-
p léer 1 ellipfe comme une des principales clefs de
cette langue.
. O n doit être fuffifamment convaincu, par tout •
ce qui p réc èd e, que le G é n it i f fait l ’office de
déterminatif à l ’égard du nom auquel i l eft fubordonne
; mais i l faut bien fe garder de 'conclure
que ce foit le feul moyen qu’on puiffe employer
pour cette détermination. I l faut bien qu’i l y en ait
d autres dans les langues dont les noms ne reçoivent
pas les inflexions appelées cas.
En françois on remplace affez communément la
fonction du Ç é n i t i f latin par Iç fervice de la prépofition
de y qui, par le vague de fa lignification,
femble exprimer un rapport quelconque; ce rapport^
eft fpécifié dans les differentes occurrences
( qu’on nous permette les tçrmes propres ) , par la
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nature de fon antécédent & de fon conféquent. "Le
créateur de Vunivers, raport de la caufe à l ’effet :
les écrits de Cicéron , raport de l ’effet à la caufe :
un vafe d’o r , raport de la forme d la matière :
l or de ce vafe 0 raport de la madèie à la forme ,
&c. En hébreu, on emploie des préfixes, fortes de
prepofitions inféparables, dont quelqu’une eft fpécia-
lement déterminative d’un terme antécédent. Chaque
langue a fon génie & fes reffources.
L a langue latine elle-même n’eft pas tellement
reftreinte à fon G é n it i f déterminatif, qu’elle ne
puiffe remplir les mêmes viles par d’autres moyens.
Evandrius en jis , c’ eft la même chofe qu*’enfis
Evand ri ; liber meus , c’eft liber mei , liber p er-
tinens ad me ; domus r eg ia , c’eft: domus regis.
O n voit que le raport de la chofe poffédée au
poffeffeur s’exprime par un adje&if véritablement
dérivé du nom du poffeffeur, mais qui s’accorde avec
le nom de la chofe poffédée; parce que le raport
d’appartenance eft réellement en e lle & s’identifie
avec elle.
L e raport de l ’efpèce à l ’individu n’eft pas toujours
annoncé par le G é n it i f ; fouvent le nom p ropre
déterminant eft au même cas que le nom ap -
p e lla t if déterminé; urbs R om a yflum en Sequana,
mons P am a jfu s , &c. Mais cette concordance ne
doit pas s’entendre , comme le commun des grammairiens
l ’explique : urbs R om a ne fignifie point,
comme on l ’a d i t , Roma quoe e jl urbs ; c’eft au
contraire urbs quoe eft Rom a : urbs eft détermine
par les qualités individuelles renfermées dans la
lignification du mo^ jjloma. I l y a précifément
encre urbs Romoe & urbs R om a , la même différence
qu’entre vas auri & vas aureum ; aureum
eft un ad je&if, Roma en fait la fonction ; l’ un
& l ’autre eft déterminatif d’un nom ap p ella tif, &
c’eft la fonftion commune des adje&ifs relativement
aux noms. N ’eft-il pas en effet plus que vraifem-
blable que les noms propres A j ia , A fr ica^ H i f -
p an ia , G a l lia , &c , font des adjectifs dont le fùbf-
tantif commun, eft terra ; que a n n u la r is , auricu-
la r isy in d e x , & c , noms propres des doigts , fè
raportent au fubftantif commun d ig itu s 7 Quand
on veut donc interpréter l ’appofîtion & rendre rai-
fon de la concordance des ca s, c’eft le nom propre
qu’i l faut y confîdérer comme adjeétif, parce qu’i l
eft déterminant d’un nom appellatif. P~oye\ A pposition.
L a langue latine a encore une manière qui lu i
eft propre , de déterminer un nom appella tif d’action
par le raport de çette aélion a l ’objet; ce
n’ eft: pas en mettant le nom de l ’objet au G én itifs
ç’eft: en le mettant à l ’accufatif. Alors l e nom déterminé
eft tiré du fupin du verbç qui exprime la
même a ftio n ; & c’eft: pour cela qu’on le çonftruit
comme fon primitif aveci’accufarjf. A in f i, au lieu de
dire, quid tibi hu jus cura e jl rei? Plaute dit, quid
tib i hanc curatio eft rem 7
Nous avons vu jufqu’ici la nature, la deftination
générale , & les ufàges particuliers du G é n it i f ;
n’en diffimulons pas les inconvénients. I l détermine
quelquefois en vertu du raport d’une aCtion au fujet
ui la produit , quelquefois aufli en vertu du raport
e cette action à 1 objet ; c eft une fource d’obfciirités,
dans les auteurs latins.
E ft-il aifé , par exemple,, de dire ce qu’on entend
par amàr D e l 7 L a queftion paroitra f in g u l i è r e au
premier coup d’oeil ; tout le monde répondra que
c’eft l ’amour de D ie u : mais c’eft en françois la
même équivoque; car i l reftera toujours à favoir
fi c’eft amor D e i am a n tis , ou amor D e i amati.
I l faut avouer que ni l ’expreffion françoife ni l ’ex-
prelfion latine n’en difent rien. Mais mettez ces
mots en relation avec d’autres, & vous jugèrêz
enfuite. Am o r D e i e jl in jb iitu s , c’eft amor D e i
a m a n t i s y amor D e i eft ad falutem necejfariusy
c ’ e f t amor D e i a m a t i .
Cette remarque amène naturellement ce lle - ci,
I l ne fuffit pas de connoître les mots & leur conf-
truétion méchanique , pour entendre les livres écrits
en une langue : i l faut encore donner une attention’
particulière à toutes les .correfpondances des parties
du difeours, & en obferver avec foin tous les effets.
( M M . D o u c h e t & B e a u z é e . )
G E N R E , f. m. Grammaire. Genre ou C la jfe ,
dans l ’ufage ordinaire, font à peu près fynonymes,
& fignifient une collection d’objets réunis fous un
point de vue qui. leur eft commun & propre : i l
eft affez naturel de croire que c ’eft: dans le même
fens que le mot Genre a été-introduit d’abord dans
la Grammaire , & qu’on n’a voulu marquer par
ce mot qu’une claffe de noms réunis fous un point
de vue commun qui leur eft exclufivement propre.
L a diftinétion -des fexes femble avoir occafionné
ce lle des Genres , pris dans ce fens, puifou’on a
diftingué le Genre mafoulin & le Genre féminin ,
& que ce font les deux feuls membres de cette
diftribution dans prefque toutes les langues qui
en ont fait ufage. A s’en tenir donc rigoureufement
a cette confidération , les noms feuls des animaux
devroient avoir un Genre; les noms des mâles
feroient du Genre mafoulin; ceux des femelles ,
du Genre féminin : les autres noms , ou ne feroient
d aucun Genre relatif au fe x e , ou ce Genre n’au-
roit au fexe qu’un raport d’exclufion, & alors le
nom de Genre neutre lui conviendroit affez ; c’eft
en effet fous ce nom que l ’on défigne le troifième
Genre dans les langues qui en ont admis trois.
Mais i l ne faut pas s’imaginer que la diftinélion
des fexes ait été le motif de cette diftribution des
noms; elle n’en a été tout au plus que le modèle
& la règle jufqu’à un certain point: la preuve en
eft fennble. 11 y a dans toutes les iangues une
infinité de noms ou mafeulins ou féminins, dont
les objets n’ont & ne peuvent avoir aucun fexe ,
tels que les noms des êtres inanimés , & les noms
abftraics qu’i l eft fi facile & fi ordinaire de multiplier
: mais la relig ion , les moeurs, & le génie
des différents peuples fondateurs des langues,peuvent
leur avoir fait apercevoir dans ces objets des
relations réelles ou feintes , prochaines ou élo ignées
, à l ’ un ou à l ’autre des deux foies ; & cela
aura fuffi pour en raporter. les noms à l ’un des deux
Genres.- :.
Ainfi, les latins, par exemple , dont la religion
fut décidée avant la langue, & qui admettoient
des dieux & des déeffes, avec la conformation ,
les foibleffes , & les fureurs des fexes, n’ont peut-
être placé dans le Genre mafoulin les noms communs
& les noms propres/- des vents , v en tu s ,
A u fte r , Z e p h y r u s , & c , ceux des fleuves yf lu v iu sy
Garumna, T iberis, & c , les noms a e r , ig n is ,
f o l , & une infinité d’autres , que parce que leur
Mythologie fefoit préfider des dieux à la manutention
de ces êtres. C e feroit apparemment par une
raifon contraire qu’ils auroienc raporté au Genre
féminin les noms -abftraits des pallions , des vertus,
des vice s, des maladies, dés foiences, & c ; parce
qu’ils avoient érigé prefque tous ces objets en autant
de déeffes, ou qu’ils les croyoient fous le gouvernement
immédiat de quelque divinité femelle.
Les romains, qui furent laboureurs dès qu’ils
furent en fociété p o litiq u e , regardèrent la terre &
fes parties comme autant de mères qui nourrif-
foient les hommes. Ce fut fans doute une raifon
d’analogie pour déclarer féminins les noms des régions
,' des p rovinces, des îles*, des v ille s, &c.
Des vues particulières fixèrent les Genres d’une
infinité d’autres noms. Les noms des arbres fau-
vages , o lea fte r , p inafte r , &c , furent regardés
comme mafoulins, parce qu e , femblables aux mâles
, ils demeurent en quelque forte ftériles , fî
on n;e les a llie avec-quelque autre efpèce d’arbres
fruitiers. C e u x * -c i au contraire portent en eux-
memes leurs fruits comme des mères ; leurs noms
durent être féminins. Les minéraux & les monftres
font produits & ne produifent rien ; les uns n’ont
point de fexe , les autres en ont en vain: de là
le Genre neutre pour les noms metallum, au -
rum4 c e s , & c , & pour le nom monftrum, qui
eft en quelque forte la dénomination commune
des crimes ftu p rum , fu r tum , mendacium , & ç ,
parce qu’on ne doit effectivement les envifager
qu’avec l ’horreur qui eft due aux monftres, &
que ce font de vrais monftres dans l ’ordre moral.
D ’autres peuples , qui auront envifagé les chofcs
fous d’autres afpects , auront réglé les Genres à’une
manière toute différente ; ce qui fora mafoulin
dans une langue , fera féminin dans une autre :
mais décidés par des confidérations purement arbitraires,
ils ne pourront tous établir pour leurs
Genres que des règles fujettes à quantité, d’exceptions.
Quelques noms feront d’un Genre par la
raifon du fexe , d’autres à caufe de leur terminaifon,
un grand nombre par pur caprice ; & ne dernier
principe de détermination fe manifefte affez par