
(N . ) O R G A N IQ U E , adj. Appartenant à l ’organe.
Dépendant de l ’organe.
Je diilingue deux efpeces générales d’Articula-
tionsj l ’Articulationafpirée o u i ’A'fpirationfV. ces
mots), & les Articulations organiques. Ces dernières
font celles qui naiiTent de l ’interception du Ion
occafïonnée par le mouvement fubit & inftantané de
quelque partie mobile de l ’organe de la parole.
I l n’y a proprement que deux parties mobiles
dans l ’organe, les lèvres .& la langue : auffi les
Articulations organiques , confédérées fous cet af-
-p eét, fe divifent-elles en deux clafles ; les labiales ,
les linguales. Vqye\ ces mots , & A rticulation.
( M. B e a u z é e . y
(N.) O R G U E IL , V A N IT É . Syn. I l n’y a point
de qualités morales plus eflenciellement différentes
que VOrgueil & ia Vanité , que l ’on confond
cependant allez communément.leux L ’homme orgueil
vain a la plus haute idée de lui-même U Orgueilleux
; l ’homme vondroit l ’infpirer aux autres. croit que l ’admiration lui eft due 5 le Vain aime
mieux l’obtenir que de la mériter. L 'Orgueilleux
veut Vain forcer le refpcét par un air de dignité ; le foliicité des artifices. A in f i , Vanité 1*Orgueil aplaudiflements par de petits
rend les hommes défa-
rgiréétaébsi ^elsi tt; ér&a irleas .les'rend ridicules. ( Va
).
J’entends par Orgueil, une haute opinion de
fon propre mérite & de fa fupériorité fur les autres :
j ’entends par Vanité, l ’envie, d’occuper les hommes
de foi & de fes talents, & la préférence de
cette opinion étrangère à la réalité même du mérite.
L Orgueilleux infulte aux autres hommes,
puifqu’i l fe met au-delfus d’eux ; -le Vain au contraire
les flatte en quelque forte , puifqu’i l les regarde
comme fes juges & qu’i l n’ambitionne que
leurs fuflfages.
T o u t homme qui donne, au Public des ouvrages
dé b el-e lp rit, eft convaincu de V a n ité par le fait
même ; car quel motif pourroit avoir un auteur
quand i l imprime dés ouvrages purement ingénieux,
h ce n’eft de faire avouer à fes leéteurs q u i ! a de
l ’efprit & des talents ? A u fonds la V a n ité n’eft
pas fi mauvaife, humainement parlant : elle fou-
tient bien des veilles , elle enfante bien des. travaux
; & en attendant que nous devenions plus
folides dans nos motifs , i l n’y faut pas regarder
de fi p rè s , de peur d’y perdre ce qu’elle nous vaut
tous les jours ou d’utile ou d’agréable.
Je ne nie pas que les poètes ne joignent d?ordinaire
beaucoup £ Orgueil à leur Vanité. Leur profeflîon
demande fans doute beaucoup'de talents : mais quand
on fonge à quel prix on les cultive & on les perfectionne!;
quand on confidère qu’il faut tourner toutdon
efprit de ce côté-là , qu’i l faut fe réfoudré à ignorer
la plupart des autres chofes quand on veut exceller
dans une feule ; le moyen de s enorgueillir des i
jp>rroégï.r fèusr qlua’ oTnr ayg p. e)ut faire ! ( La M o t t e . Di Te.
L a V a n ité eft un aufli bon reffort pour un G ouvernement
, que YO rg u e il en eftain dangereux. Il
î>y a \P ,our sen convainc re., qu’à fe repréfenter
d un coté les biens fans nombre qui réfulten^ de
la V an ité , le luxe , l ’induftrie , le s arts , les
modes la politefle , le goût ; & d’un autre côté
les maux infinis qui naiiTent dé YOrgu eil de certaines
nations , la parefle , La pauvreté, l ’abandon
de to u t , la. deftruétion des nations que le ha-
f^rd a fait tomber entre leurs mains , Sc la leur
meme.
L a pârefle eft 1 effet de YOrgueil ,* le travail eft
fine fuite de la V un ité . V O rg u e il d’un efpagnol
le portera a ne pas travailler la V a n i té d’un fran-
çpis le portera a favoir travailler mieux que les
autres. ( M o n t e s q u i e u , Efp r it des lois . )
O R G U E IL , V A N I T É , F IE R T É , H A U T E U R .
J772, L Orgueil eft l ’opinion avantageufe qu’on
. e -U V u n i t é , le défir d’infpirer cette op imonaux
autres ; la Fierté , l ’éloignement de toute
bau.efle ; la Hauteur , l ’expreftion du mépris pour
ce que nous croyons au defloüs de nous.
L ’Orgueil eft toujours révoltant ; la V a n i t é ,
toujours ridicule ; la F ie r té, fouvent eftimable ; la
Hauteur, quelquefois bien quelquefois mal placée.
L a V an ité & la Hauteur fe laiffent toujburs
voir au dehors ; Y O r g u e il, prefque toujours; la
Tierte peut être intérieure, & ne. fe décèle fou-
vent que par une conduite noble & fans oftenta-
tion.
L a Hauteur, dans les Grands, eft follife : la Fierté,
ans les Petits , eft courage : & dans tous les états 4 Orgueil eft vice ; & la Vanité, petitefle.
La Fierté convient au mérite fuperieur ; la Ha u-
rewr au mérite opprimé ; YOrgueil n’appartient
qua 1 élévation fans mérite ; la V a n i t é , qu’au
mente médiocre. 1
La V â n ite court après les honneurs ; la Fierté ne
les recherche ni ne les refufe ; YOrgu eil affeCte^de
les dédaigner, o u ïe s demande avec infolence ; la
Hauteur en abufe quand ils font aquis. ( M . d ’A -
L EM B E R T . )
( N - ) O R G U E IL , V A N IT É , PR ÉSOM P-
L,. H. Synonymes. L ’Orgueil fait que nous nous
eftimons ; la Vanité fait que nous voulons être
eftimés ; la Préemption fait que nous nous flattons
d un vain pouvoir. - , ■
L Orgueilleux fe confidère dans les propres idées •
plein & bouffi de lui-même , i l eft uniquement
occupé de Ça. perfonne. L e V a in fe regarde dans
les idees d autrui; avide d’eftime, i l délire d’occu-
• penfee de tout le monde.Le Préfomptueux
porte fon efpérance audadeufe jufqu a la chimère ;
hardi à entreprendre, i l s’im agine pouvoir venir à
bout de tout.
L a plus grande peine qu’on puifle faire à un
Orgueilleux, eft de lui mettre fes défauts fous les
jeux. On ne fauroit mieux mortifier un homme
Vain, qu*en ne fefant aucune attention aux avanta
g e s dont i l veut fe faire honneur. P o u r confondre
l e Préfomptueux , i l n’ y a qu’ à l e préfenter
à l ’ex écution. {L’abbé G lR A R V . )
* O R T H O G R A P H E , f. f. C e m o t eft
g r e c d’ o r ig in e ; opôo^pacpra , de l’ ad je é tif opôôf, • je cîus, Sc du verbe ?p aeça , feribo ou pin go. ,
C e nom , par fa v a leu r é tym o lo g iq u e , lignifie donc Peinture ou Repré/entât ion régulière. D ans l e
la n g a g e des g ram m a ir ien s , qu i le font ap proprié
ce terme , c’eft , ou l a Repré J e n cation régulière de llaa ppaarroollee., ou YA rt de repréfenter régulièrement
I l ne p eu t y a v o ir qu’ un fy ftêm ed e p rinc ipe s p ou r
peindre la p a ro le , qui fo it l e m e illeu r & l e v éritab le ; .
car i l y au ro it trop d’ inconvénients à trouver bons tous
ceu x que l ’ on peu t im a g in e r . Cepend ant on .donne
é g a lem en t l e nom d’Orthographe à tous le s fy ftê -
mes d’ écriture q ue différents auteurs ont p u b lié s ;
& l ’on dit Y Orthographe de D u b o is , de M e ig r e t ,
de P e l le t ie r , de Ramds , de Rambaud , de L e f -
c la c h e , de L a r t i g a u t , de l ’ abbé de S . P ie r re , de
du M a r fa is , de D u c lo s ,~ de V o lt a i r e , &c ; pour
dé figner le s fyftêmes pa rticu liers que ces écrivains
o n t pu b lié s ou fuivis , C ’eft q ue la r é g u la r ité indiq
u é e pa r l ’é tym o lo g ie du m o t , n’ eft autre chofe
q u e c e lle qui fu it neceflairement de tou t corps fyf-
tématiqu e de princ ipe s , qu i réunit tous le s cas
p a re ils fous la même l o i .
A u ffi n’ honore-t-on p o in t du nom d’Orthographe,
l a manière d’écrire des gens non in ftru it s , q u i fe
raprochent tant qu’ i ls peu v ent de la va leu r a lp h a b
étiqu e des lettres ; qu i s’en écartent en que lq u e s
cas , lo r fq u ’i l s fe rap p e lle n t l a manière dont i l s
o n t vu écrire, q ue lqu es mots ; qu i n’ont & ne peu v
en t a v o ir aucun éga rd aux différentes manières
d’écrire q u i fé fu lten t de la différence des genres ,
des nombres, des p erfonnes , & autres accidents gramm
a ticau x ; en un mot qu i n’ont aucun p rinc ipe fiable ,
& q u i donnent tout.au hafard : on dit Amplement qu ’ils
ne favent pa s Y Orthographe, qu’ i l n’ y en a p o in t
dans leu r s écrits.
S i to u t fy ftêm e d’Orthographe n’eft pas admifi-
f ib le , s’i l en eft un qui mérite fur tous le s autres
une préférence ex clu h ve ; f e r o i t - i l p o ffib le d’affi-
gn e r ic i l e fondement & d’ indiquer le s caractères
q u i l e rendent recon n o ifla b le ?
U n e lan g u e eft l a to ta lit é des u fage s propres
d’une nation p ou r exprime r le s penfées par la
p a ro le : c’ eft la no tion la p lu s p ré c ife & la plus
v ra ie q ue l ’on p u ifle donner des lan gu e s ; parce
q u e l ’u fa g e feu l en eft le lég ifla teu r n a tu r e l, né-
cmeeflnati'r.e , & ex clufif. Voye\ L angue , au com
D ’ où v ient ce tte nécelïité de ne reconnoître
dans le s langu es que le s décifions de l ’ ufage ? C ’eft
q u ’on ne p a r l e , que p o u r être en tend u; que l ’on
ne peu t être entendu , qu’ en em p lo y a n t le s lignes
dont la lign ifica tio n eft connue de -ceux pour qu i
ô n le s em p lo ie ; q.u’ y ay an t une néceffité in d i L~
pen fable d em p lo y e r le s mêmes lignes p ou r tous
ceux a v e c q u i l ’on a le s mêmes lia ifo n s , afin de
ne pas être furchargé par le grand nombre ou era-
barrafle par la diftinéfion qu ’i l faudroit en faire ,
i l eft é g a lem en t n éc effa ire d’ ufer des fignes connus
& autorifés pa r la multitude ; & q u e , pour y parv
e n i r , - i l n’ y a pas d’autre m o y en que d’em p lo y e r
ceux qu ’em p lo ie l a mu ltitud e e l le -m êm e , c’eft à
dire , ceux qui font autorifés p a r i ’ u fage .
T o u t - c e q u i a la même nn & l a même u n L
v e r fa lité , doit” avoir l e même fondement ; & 1 eci >
ture eft dans ce cas. C ’ eft un autre moyen de communiquer
fes penfées , par la peinture des fons u fuels
qu i conftituent l ’expreflion o ra le . L a pen fée , étant
purement in t e lle c tu e lle , ne peu t être repréfentée
pa r aucun ligne m a té r ie l ou fenfïble qu i en fo i t l e
t y p e natu re l ; e l l e ne peut l ’être que par des lignés
conventionnels , & la convention ne p eu t être au -
torifé e n i connue que pa r l ’u fàge. L e s productions
de la v o ix , ne pouvant être que du re flo r t de 1 ouïe ,
ne peu v ent p a re illem en t être repréfentées p a r aucune
des ch ofes qu i r e flo r tiflen t au tribunal des
autres fens , à moins d’une convention qu i étab lifle ,
entre le s éléments de la v o ix & certaines figures
v if ib le s , pa r e x em p le , la r e la tio n néceffaire p ou r
fonder ce tte lignifica tion. O r cette conv ention eft
de même nature que la prem ière ; c’eft i ’ u fa g e qu i
do it l ’autorifer & la faire conno îlre .
I l y aura peut-être des articles de cette cor ven •
tion qui auroient pu être plus généraux, plus analogues
à d’autres articles antécédents , plus ailés a
failïr , plus faciles & plus Amples à exécuter.
Qu’importe ? vous devez vous conformer à la
décifion de l ’u fag e, quelque capricieufe & quelque
inconféquente qu’e lle puifle vous' paroître.
Vous pouvez fans contredit propofer vos projets
de réforme, furlout fi vous avez fo in , en en démontrant
lès avantages , de ménager néanmoins
avec relpeCt l ’autorité de l ’ufage national, 5c de
fôumettre vos idées à ce qu’i l lu i plaira d’en
ordonner : tout ce qui eft raifonné , 5c qui peut
étendre la fphère des idées , foit en eh propolant
de neuves foit en donnant aux anciennes des combinai
fons nouvelles , doit être regardé comme
louable & reçu avec reconnoiflance.
M ais fi l ’emp reflement de v o ir vo tre fyftêm e
e x é c u t é , vous fa it abandonner Y Orthographe ufuelle
p ou r la vô tre , je crains b ie n que vous ne cou riez
l e rifque d’ être cenfuré par l e grand nombre. V o u s
im i te z c e lu i qu i v iend roit vous p a rle r une lan g u e
q u e ,v o u s n’ entendriez pas , fous p rétex te qu ’elJe
eft p lu s p a rfa ite q ue c e lle q ue vous entend
e z . Q u e fe r ie z -v o u s ? vous r ir ie z d’a b o rd ; puis
vous lu i d ir ie z qu’ une lan g u e q ue vous n’entendez
pas n’a p ou r vous n u lle p e r fe é lion , parce que rien
n’ eft pa rfait qu’autant qu’i l rem p lit bien là
deftina tion. A p p liq u e z - v o u s ce tte réponfe : c’eft la
. même ch o ie en fa it S Orthographe ,* c’eft p ou r le s
ieux un fy ftêm e de figue s reprçfentatifs de la p a -