
soS H A I
U n habile homme dans les aïfoitêis eft inftmit,
pvn.-lent * & ac lif; fi l un de ces trois meûtes lui nu\n-
L coamfan emporte un peu plus de blâmé
que oc louange ; i l veut dire trop louvcnt habile
fiancur y i l peut aulü ne lignifier qu'un homme
adroit > qui n w ni bas ni méchant» L e renard,
q u i , interroge par le lion for l'odeur qui exhale
de ton p a la is , lu i répond q u 'il rit enrhumé , eft
un cour;îUn hdbile* L e renard, q u i, pour fevenger
de la calomnie du lo u p , cônléille au vieux
lion la peau d'un loup fraîchement écorché, poux
réchauffer la ma je lté , eft plus <[u habile courtilan.
C ’eft en confoquencc qu'on dit , un hdbile fripon >
tm hdbile fecléiat. { A r OHTME* )
(N.) H A B IL E , S A V A N T , D O C T E . Synon.
Le s connoillances qui le léduifent en pratique,
rendent hdbile* Ce lle s qui ne demandeur que de
la ip e ca la tion , font le Jd.vd.nt. Ce lle s qui rem-
p ’ iflexu la mémoire, font l'homme docte.
O n e lit a u p r è s rateur fit de l ’a voca t, qu’il s font
},a îles y du phi leilophe fie du mathématicien , qu’ ils
fout fa voms y de 1’ hiftorien fit du jurifeonfulte ., qu’ils
font deA e s .
; plus entendu;U à d bile iembL le fa v a n t , plus
-proton;1 y fi: l e doeî'e , plus univerlel.
N on s devenons habiles par l ’expérience » a~
r oms par la méiiraiion: doctes par la 1<:£turè.
S o y e z Érudit, Docte , Savait. ( L ’abbé Gi~
RARD.
(N \ H A IN E , A V E R S IO N , A N T IP A T H IE .
R E P U G N A N C E . Synonymes.
L e nx>: Ha ine s’applique plus ordinairement
•aux perfonnes. Les mois cÏAverjzon & $ A ntipa th ie
compensent à tour également. O n ne fe fort de
rylnî de Répugnance qu’à l ’égard des actions, c’eft
à d ire, loiiqu ’i l s’agit de foire quelque choie.
L a S a in e eft plus volon taire, & paroît jeter
fes racines dam la paflîon ou dans le reffentiment
<frm coeur irriré ou plein de fiel# L ’Averjîon ou
¥ A n tipa th ie fout moins dépendantes de la liberté ,
Sl paroiffenr avoir leurs fources dans le tempéra-
TT-vpnr on darw: le gour naturel ; mais avec cette dif-
férmee que ¥ A verjion a des canfes plus connues ,
& que ¥ A n tipa th ie en a de plus fecrètes. Pour
l a Répugnance , e lle n’ eft pa s, comme les autres,
une habitude qui dure; c e â un femimen: paffager ,
par la peine on par le dégoût de ce qu’on eft
o b lig é d e foire.
L e s manières impertinentes & les manvaifes qualités,
qa’on remarque dans les perfonnes ou que l ’on
leur atrr2?HÊ, nonrriftent la Ha ine ; e lle ne ceffe
que quand on commence à les regarder avec d’au-
u es yeux , foit par an retour d’eftime, foit par re-
counoiâiaBce pour quelque fervice, ou par un mouvement
d’intérêt. L e s défauts que nous avons en
horreur 8c le s façons d’agir oppofées aux nôtres,
P92S dsa&taî de X A v e r fo n pour le s perfonnes qui
H A R
les ont ; e lle ne celle que lorlque ces pcilonncs
changent fie s'accommodait à noire cfpûc de a nos
moeiu's, ou que nous changeons nous * mêmes en
prenant leurs inclinations. L a différence du tempérament,
la lingularité de l ’humeur, l ’elprit particulier
, & le Je-ne-fais-quoi d'un air qui déplaît,
produifenc l 'A ntipa th ie ; e lle dure jufqu’à Ce que
les telle rts fccrets du fong fie de la nature ayenc
lait un allez grand changement dans le g o û t , pour
qu'il foit univerfol ou entièrement fournis ïi la
raifon. Une inimité de motifs particuliers peuvent
caufer la Répugnance qu’on a a ufer des choies ou
à les fa ire , félon la nature de ces ch oies, les oc-
calions, & les circonfiances ; on ne la fent qu’autant
qu'on eft contraint par les autres ou qu’on fe contraint
foi-mème.
L a S a in e fait tout blâmer dans les perfonnes
qu’on h a i t , & y noircit jufqu’aux vertus. U A ve rjio
n fait qu'on évite les gens , & qu’on en regarde
la fociété comme quelque chofc de fort défogreabie.
U A n tip a th ie fait qu'on ne les peut fournir, 8c
nous en rend la compagnie fatigante. L a Répugnance
empêche qu’on ne fane les cliofes de bonne grâce ,
& donne un air g én é , qui fait voir que ce n’ell pas
le coeur qui commandée« qu’on exécute.
I l y a moins loin comme l ’a dit un homme
d’efprit, de la Ha ine à l ’amour, que de la Ha ine
à l ’indifférence. C ’eft quelquefois pour ceux avec
qui le devoir nous engage à vivre , que nous avons
le plus d’Aver/ion. Rien ne dépend moins de nous
que Y A n tipa th ie y tout ce que nous pouvons faire ,
c e ft d e là diflîmuler. On ne doit jamais faire avec
Répugnance ce que la raifon, l ’ honneur, & l e devoir
exigent.
I l ne .fout avoir de la H a in e , que pour le vice ;
de Y Averjion , que pour ce qui ell nuifiblep.de
Y A n tipa th ie , que pour ce qui porte au crime ; &
de la Répugnance, que pour les foufles démarches
ou pour ce qui peut donner atteinte à la réputation*
( L ’ abbé G i r a r d . )
* H A R A N G U E . B e lles -L e ttr e s . Difooprs qu’un
orateur prononce en p u b lic , ou qu’un écrivain, tel
qu’un hiftorien ou un poète , met dans la bouche
de fes perfonnages. .
Ménage dérive ce mot de l ’ italien arenga, qui
fïgniffe la même chofe ; Farrari le fait venir <¥dr-
r in g o , jo u te , ou place de joute ; d’autres le tirent
du latin a ra , parce que les rhéteuis prononçaient
quelquefois leurs Harangues devant certains autels
, comme C a ligu la en avoit établi, la coutume
à L y o n :
A u t Lugdimenfem rhetor diâurus ad aram.
JuYen.
C e mot fe prend quelquefois dans un mauvais
f o i s , pour un difeours diffus ou trop pompeux , &
qui n eft qu’une pure déclamation y & en ce feus
un Harangueur eft un orateur ennuyeux,.
H A R H A R 2 07
Les héros d’Homère haranguent ordinairement
avant de combattre; fit les criminels cn Angleterre
haranguent fur l ’échafaud avant de mourir : bien
des gens trouvent l ’un auffi déplacé que l ’autre.
L ufltge des Harangues dans les Jûftoriens a de
tout temps eu des parti fans tk des cenfeurs. Selon
ceux-ci elles font peu vrai fem b labiés , elles rompent
le fil de la narration ; comment a-t-on pu en
avoir des copies fidèles? c’eût une imagination des
hiftrriens, q u i, fins égard à la différence des temps,
ont prété à tous les perfonnages le même langage
fie le même ftyle ; comme fi Romulus, par exemple
, avoit pu fié dû parler auffi poliment que
Scipion. V o ilà les objections qu’on fait contre les
Harangues , fie furtouc contre les Harangues
directes.
Leurs défenfeurs prétendent an contraire qu’elles
répandent de la variété dans l ’Hiftoire, fie que quelquefois
on ne peut les en retrancher fons lui dérober une
partie confidérable des faits. « Car , dit à ce fujet
» M. l ’abbé de V è r to t , i l faut qu’un hiftorien re-
» monte , autant qu’i l fe p eu t, jufqu’aux caufes les
» plus cachées des évènements ; qu i l découvre les
» deffeins des ennemis ; qu’i l raporte les déiîbé-
» rations; fie qu’i l faite voir les différentes aCtions
» des hommes, leurs viles les plus fecrètes , fie
» leurs- intérêts les plus cachés. O r c’eft à quoi
» fervent les H a ra n g u e s , furtout dans l ’hiftoire
» d’un Etat républicain. O n foit que , dans la ré-
» publique romaine , par exemple , les réfolutions
» publiques dépendoient de la pluralité des v o ix ,
»» & q u e lle s etoient communément précédées des
» difeours de ceux qui avoient droit de fuffrage ,
j» 8e que ceux-ci aportoient prefque toujours dans
» l ’affemblée des Harangues préparées ». D e même
les Généraux rendoient compte au Sénat affemblé
du détail de leurs exploits fié des Harangues qu’ils
avoient faites. Les hifto riens ne pouvoient-ils pas
avoir communication des unes 8e des autres ?
Q u o i qu’i l en foie , l ’ufoge des Harangues militaires
furtout paroît attefté par toute l’Antiquité:
« Mais pour juger foinement , dit M. R o l lin , de
» cette coutume de haranguer les troupes , géné-
» râlement employée chez les anciens, i l fout
» fe transporter dans les fîècles ou ils vi voien t, fie
» faire une attention particulière à leurs moeurs &?
» à leurs ufoges. Les armées, continue-t-il, chez
» les grecs fie chez les romains étoient compo-
» fées des mêmes citoyens à qui dans la v ille 8c
en temps de paix on avoit coutume de com-
» muniquer toutes les affaires : le Général ne foi-
» foit dans le camp ou fur le champ de bataille,
» que ce qu’i l auroit été obligé de faire dans la
» tribune aux Harangues ; i l honoroit fes troupes,
» ateiroit leur confiance , intéreffoit le foldat , ré-
■ » veilloit ou augmentoit fon courage , le ralTuroit
» dans les encreprifesr p éû lleu fe s , le confoloit ou
» ranimoit fa valeur après un échec, le flattoit
» même en lui faifont' confidence de fes deffeins ,
» de fes craintes, de fes efpérances. Ori a des
exemples de«i effets mcr/eilleux qoe
cette éloqucrice militaire ».
Mai? la difti cafté eft de campre ,dr"
i Général po avoit fe faire en rendre de«
Outre que chez les anciens les armées n’é.oient
pas toujours fort nombmjfe* , toute l ’armée ézott
jnftruite du difeours du Généra l, à peu près comme
dans la place publique à Rome fie à Athènes le
peuple étoit îrtftruit des difeours des orateurs, f i
fufmoit que les plus anciens , les p 'i .cipaux des
manipules fie des chambrées fe trouva fier, t à la H a rangue
, dont enfuite ils rendoient compte aux
autres ; les foidats, fons armes, debout, 8c prefic s,
occupoient peu de p la c e ; 8c d’ailleurs les anciens
s’exerçoxent dès la jeuneffe à parler d’ une v o it forte
fie di Mrs été , pour fe faire entendre de la multitude
dans les délibérations publiques.
Quand les armées étaient plus nombreafés, que
rangées en ordre de bataille fie prêtes à en venir
aux mains elles occupoient plus de terrain, l e G é nérai
, monté à cheval ou fur un char , pzrcoufoit
les rangs fie diCoit quelques mots aux corps ; 8c fon
difeours paffoit de main en main. Quand les armées
étoient compofées de troupes de différentes- nations,
le Prince ou le Général fe coatencoit de parler fo
langue naturelle aux corps qui l'entendoient. &
fai foit annoncer aux autres fes vûes fie fes deffeins
par des truchements ; ou le Général affernhiok les
officiers, fie après leur avoir erpofé ce qu’i l foukar-
toit qu’on dît aux troupes de fo part . i l les ren-
v o yo k chacun dans leurs corps ou dans leurs compagnies
, pour leur faire l e raport de ce qu’ils avoient
entendu, fie pour le s animer au combat.
A u refte , cette coutume de haranguer les
troupes a duré long- temps chez les romains,
comme le prouvent les allocations militaires re-
préfèntées fur les médailles. O n en trouve zufS
quelques exemples parmi les modernes, & l ’on
n’oubliera jamais ce lle que Henri IV fit à fos
troupes avant la bataille dTvry : a Vous êtes fran-
» cois, voilà l ’ennemi, je fuis votre ro i : ralLiez-
» vous à mon panache blanc y vous le verrez tou-
» jours au chemin de l ’honneur & de la gloire ».
Mais i l eft bon d’obferver que dans le s Ha rangu
es directes que le s hiftotiens ont fhppofees prononcées
en de pareilles occanoos, la plupart tèm-
blent plus tôt avoir cherché l ’occafion de montrer
leur efprit & leur éloquence , que de nous traoi-
mettre ce qui y avoir été dit réellement. ( L ’abàe
M a l l e t . )
Après avoir erpofé avec foin les n iion s pour &
contre l ’ufoge des Harangues dans la narration
hiftorique, l ’abbé Mallet laiffe la queftioa indé-
cife : fons être plus tranchant que lu i > je me permettrai
d’indiquer le point de la difficulté fie les
moyens de la réfoudre.
Eft- il permis à l ’hiftorien de céder la parole à
fes perfonnages > ou ne doi;-ïI raporter qu indirectement
ce q u ils ont d i t , fons les faire parler eux-
mêmes?