
ifiW e ïl» p i* imp ofl'tb le , ce pro je t de fa ire chanter
l e danlcui^, ou de l e fa ire accorripagner pa r Une
v o ix que I o n c ro iroît la fiertne, fe ro it éncôrë bien
é tran g e ; & 1 e x em p le d’A n d fbnicûS ,' fur le q u e l on
v e u t l e fonder , ne T a t ito r ifé pas a ffè z . O n rac
o n t e , i l eft vrai , qùé v ffans un temps où lé s
.om am s dé vo ient être p eu délicats? fur l im it a t io n
th é â t ra le , la v o ix a y ant manqué' à c e comédien , i l
l i t 1 réc iter Ion r ô le p a r un e fc la v e qu’ô n 'n e v o ÿ o it
p a s , tandis q u i l en fa ifo it lès, g efte s . J e rie d o i s
p a s que fu r aucun théâtre du monde un p a re il
e x em p le fo it jamais T uiVb; mais s’ i l p b iiv o it être
im i t é , ce le ro it dans la déclama tion tou te fim p le , & non pas dans une -àftion auffî v io le n te , aufiï
e x a g é r e e q ue doit l ’ être la Pantomime. A n d ro -
xucus ne danioit pas.
.'.hi* 9“ l ’a â iop -eft jpàrléej elle a deux Cènes,
celu i de la parole & celu i'du ge/le1;' l e g e f t e 'i fà
donc plus alors- aucune raifon d’être exagéré. C e ll
Ihypotbefe d’im aftenr muet ou trop éloigné pour
le faire entendre, qui donne de la yraifemblance à
i exagération des mouvements pantomimes. Un acteur
qui , en parlant'Ou. en chantant , gefticu-
Culerort comme un danfeur pantomime/nous fem-
bleroit outré jufqu’à Textravàg.antfe. ’ D ’ailleurs
qir arrrveroit-il, & tandis que fîe Pantomime danfe,
»ne voix étrangère’ eïprjinoit cê qu’i l peint» De
Ion cote , le mérite de" faire entendre aux iéux le
Sentiment’& ,là penfée’ i & du nôtre le plaifir de le
deviner , de 1 admirer , feroieut détruits : la Pantà-
mime perdrait toiis fes charmes , & ne féroit
plus qu.uné expreflîpfp exagérée', fans raifon, &
»ors de toute Vraifémbiànce.-: :
-à 11 6 % a ‘ 4ue i eux cjtconftances o ù ' i l foit poflîble
P parole |yec fan io n
j f • dan.c : c d&ns les mouvements, tumultueux
d une multitude agitée de quelque paflïon violente,
comme dans un choeur de combattants j ou lorfque
l a dante n eft que l ’expreflïqn vague d’Un fentiment
qui met lam e en aftivité p 8c que la parole & le
Chant n ont ’ avec elle aucune identité mais feule,-
ment de 1 analogie , comme ’lorfqu’on .voit'des ber-
? e-rS5T?nlrtî? Par 2% Joie > chanter & dahfer à la
fois. Dans 1 un & l ’autre cas. , .ce ferôit lïtie illufton
agréable que.de croire entendre chanter les mêmes
perionnes qui danfent; & pour faire cette illufton,
•il e“ ,un m° y e": bien aifé > c’eft de cacher les choeurs
dans les coyliffes & de ne faJre paroître que les
ballets. Mais dans la fcène, dans le dialogue, le
Monologue , le duo, imaginer de faire danfer les
acteurs, tandis !q # dés chanteurs invifihles'parlé-
ro ie n t , chanteroient pour eux ; c’eft une invention
q u i , je crois, ne fera jamais adoptée.
L a feule voix qu’on peut donner à l ’afteur pantomime
, eft ce lle de la fymphonie ; parce qu’elle
cft vague & confufe ; qu’elle ne gêne point Taftiou :
qu en nous aidant a deviner le fentiment & la penfée',
e lle nous^lailfe encore jouir de notre pénétration-,
j>ü plus tôt du a ien t qui fait tout exprimer fans lé
'«cours de la parole*
L e projet de fubftituer fur la (cène lyrique lâ
danfe pantomime aux ballets figurés, me femblfe
encore peu réfléchi. L e ballet pantomime eft placé
quelquefois, & nous en avons des exemples. Mais
premièrement, i l n’y a aucune rai Ion de vouloir que la
danfe foit toujours pantomime : chez tousles peuples,
même les plus fauvages, le goût de la danfe eft
inné , aufli' bien que celui du chant ; l ’un & l ’autre
a été' donné par lâ nature , comme l ’expreiïïon
vague de la joie & du plaifir , ou plus tôt comme
un mouvement analogue à cette fituation de l ’âme.
On ne danfe pas pour exprimer fon fentiment ou
fa penfée ,* on danfe pour danfer, pour obéir à l ’afti-
vifé naturelle où nous met la jeuneffe, la faute ,
le repos , la joie , & que le fon d’un inftrument invite
a fe developer: la danfe alors eft rriefuréè'; & pour
la rendre plus agréable , on imagine d’en varier
les formes, les figures , & les tableaux j. mais elle-
n eft point pantomime. L ’expfeflîond’un fentiment
v agué, qui n’eft le plus fouvent que le deftr de
p la ire , ou l ’actrait du pla ifir , en fait le caractère;
& le choix des attitudes, dès p a s , des mouvements
qui lui font les plus analogues , eft tout
ce qu’elle fè preferit. V o ila l ’intention du ballet
figuré : fon modèle eft dans la nature. I l eft âufiî
dans les coutume,sdans les rites, dans les cérémonies
des différents peuples du monde': .alors le caractère
du ballet , dans un triomphé , daris une Fête , à desnoces
, â des funérailles, dans des expiations , des
fâcrifices , ou des enchantements’, èft relatif à ces
ufagés. Les convenances en font les règles; mais
1 expreflion en eft vague & ne peint point, comme
la P antomime, t e l ou te l mouvement de l ’âme
que la parole'exprimeroit.
Quant au plaifir que cette expreflion vague &
confufe peut nous eau fe r , i l reffemble aflez a celui
d’une belle fymphonie. C e lle -c i, en même temps
qu’elle charme l ’oreille , caufe à i ’efprit de douces
rêveries, & porte à l ’âme des émotions confufes,
dont l ’âme le plaît a jouir : i l en eft de même de
la danfe. D ’un cô té , l ’âme eft émue d’un fentiment
vague & confus comme l ’expreflion qui le ,c a u fe 5.
de l ’au tre, les. ieux jouïflent de tous les dèvelo—
pements de la beauté préfentée fous mille attitudes ,
& fous les formes variées d’une infinité de tableaux
ingénieufement groupés. L a grâce , la nobleîïe ,,
la légèreté , l ’élégance, la précifion & le brillant
des pas , la fouplefle des mouvements , tout ce qui
peut charmer les ieux s’ y réunit & s’y varie ; & c’ei*
eft bien afle z , je croies, pour'en juftifier le goût.
L a danfe en général eft une peinture vivante. O r
lin tableau, pour nous intérefler , n’a pas befoin
de rendre expreffément tel fentiment, te llep en fé e y.
& pourvu que, dans les altitudes-j dans le caractère
des têtes, dans l ’enfemble d e l ’aélion, i l y ait afleic.
d’analogie- avec te lle efpèce de fèntiments & de
penféés, pour indûirè 1 âme: & l ’imagination da
ipe&ateür à chercher dans le vague de ce tte:expreflion
muette une intention décidée, ou plus ié t
a J ’y fuppofcr, la peinture a fon intérêt i & Ü
bailleurs e lle réunit à tout le preftige de l*art 'totis
Jes charmes de la nature, les ieu x, l ’efprit, & l ’âme
en jouiront avec délices, fans y délirer riert de plus*
I l en eft de même de la danfe.
L e Critique de l ’Opéra françois trouve prefque
tous nos ballets inutiles & déplacés : i l ne cottnoît
que celui dés bergers de R olan d, qui fe lie avec
Vadïion. Mais les plaifirs, dans le palais d’Armide
& dans la prifon, de Dardanus, ; mais le ballet des
armes. d’Énée dans, l ’opéra de L a v in ie , & dans le
même le ballet des bacchantes, & celui de la Rofe
dans les Indes galantes, & celui dés lutteurs aux
funérailles de Câftor , & une infinité d’autres , qui
font également ,& dans le fyftême, & dans la fituation,
& dans le caraélère du poème.; faut-il les bannir
Ùü Théâtre ? U n.ballet peut être moins heureufement
'lié â l ’aftion que la paftoraié de Roland, ch e f d’oeuvre
unique en ce genre, fans pour cela être déplacé. O n
>a fans^dfeute âbufë de la danfe; mais les excès ne
' prouvent rien, fihon qu’i l faut les éviter.
■ (■ M. M a r m o n t e l . )
■ ( N . ) P A R A B O L E , A L L É G O R I E .
■ S y n o n ym e s ., , . • ; :V.
L a Parabole eft une efpèce particulière £ A l l
é g o r i e : mais fi l ’on, envifage ces deux termes
-comme fynonymes, la fimple A l l é g o r i e n® doit
plus s’entendra dans lé fens générique ; c’eft une
efpèce particulière. Les deux efpèçes -, conformément
à leur nature commune , offrent d’abord un
fens littéral , autre que celui qu’on a deffein de
faire entendre, mais qui fe découvre enfuite aifé-
■ ment par le fecours des idées acceffoires, des eff-
conffances, & de l ’analogie.
L a P a r a b o l e préfente, fous Tes Véritables couleurs
, un fait réel ou. imaginaire , dont l ’analogie
' avec celui qu’on envifage effeéîîvement eft affez
palpable pour en réveiller l ’idée. U A l l é g o r i e au
“Contraire préfente diredement le fait qu’elle envifage
, mais fous le déguifement de couleurs em-
• pruntéés & propres à d’autres faits analogues au
premier.
Subftitüez dans la P a r a b o l e le véritable fait à
?celui qu’elle expofe , vous changerez le fonds du
-difeours : fubftituez dans Y A l l é g o r i e les véritables
«couleurs à celles qu’elle emprunte, vous ne changerez
que la forme. ^ v
L e prophète Nathan (11 Reg. xij. ) fait fentir
.à David l ’énormité de fon crime & la juftice de
•la pénitence qu’i l doit en faire , par analogie avec
- le crime imaginaire de l ’homme riche q u i, pour
•ménager Tes troupeaux , a voit égorgé la brebis
unique & chérie du pauvre fon voifin , & avec la
Tentence que le roi lui-même , dans fa jufte indignation
jj venoit de prononcer contre le raviffeur :
c’eft une Parabole , dont le prophète découvrit
■ .au;roi le fens dire61 par cette terrible lubftitution,
T u es ille v ir , &c.
L a plainte que Dieu fait ( (Ifa'bv.) de l ’inu-
rtfïité de -fes attentions pour fa vigne , qui n’ a
porté que des fruits fauvages, & les menaces qui
a c compa gnent c e tte p la in te , font une fim p le A l légorie
, dont l e p ro p h è te découvre enfuite l e fens
propre p a r la fubftitution ( V e r f . 7 ) : V ïn e a domini
exercituum domus I fra e l eft. ( M . B e a u z é e .)
I l me femble q ue l a P a r a b o l e a p o u r o b je t
le s maximes de M o r a le ; & Y A l l é g o r i e , le s fa its
d’H ifto ir e .S L ’ une & l ’autre fon t une efp è c e de v o i le
qu’ on peu t rendre p lu s où moins tranfparent , &
dont on fe fert p ou r cou vrir l e fens p r in c ip a l, en
ne l e p ié fentant q ue Tous l ’ap parenc e d’un au tre . C e
dë guilem en t fe fa it , dans la P a ra b o le , pa r la fubftitu
tio n . d’un autre f u j e t , pein t a v e c des co u leu r s
convenables à c e lu i qu’ on a en vue : i l s’ ex écute
dans Y A l l é g o r i e , en inlroduifant des perfcnrfag'es
étrangers & arbitraires au l ie u des v é r it a b le s , ou
en changeant l e fonds r é e l de la defeription :en
q u e lq u e obofe d’im a g in é .
L e s Paraboles fon t fréquentes dans le s inftfrictions
que nous, donne l e N o u v e a u T e ftam én t. L ”A l légorie
fa it l e ca raftpre .de la p lu p a r t des ouv rage s
-orientaux. ( JJ abbé G i r a r d . )
(N.) P A R A P I A S T O L E , f. T F ig u r e de
pen fée pa r combinai fon , qu i confifte à diftingu er
l ’une de l ’autre des idées an a lo gu e s & ap ro ch an te s ,
afin de le s déterminer d’une manière p r é c i f e , &, de
prév en ir l a confùfion que p o u r ro it occafionner le u r
reffemb-lancé. M o liè r e ( Mtfanthr. I I , 4. ) vâ;nous
en fou rnir un e x em p le & l a preu v e :
L’Amour pour l’ordinaire eft peu fait à ces lois ,
Et l’on voit les amants vanter toujours leur choix }
Jamais leur pafiâon n’ y voit rien de blâmable,
Et dans l’objet aimé tout leur devient aimable j
Us. comptent les défauts pour des perfeâipns,
Et favent y donner de favorables noms :
La pâle eft aux -jafmins en blancheur- comparable 5
La noire à faire peur, une brune adorable;
La maigre a de la taille & de la liberté;
La-graffe eft dans fon port pleine de majeflé;
La malpropre fur foi, de peu d’attraits chargée,
Eft mife fous le nom de Beauté négligée
La géante paroît une déeffe aux ieux ;
La naine, un abrégé des merveilles des deux ;
L ’orgueilleufe a. le coeur digne d’une couronne ;
La fourbe a de l ’efprit; la fotte eft toute bonne ;
La trop grande parleüfe eft d’agréable humeur;
Et la muette garde une honnête pudeur.
« N o u s fou îme s fi p réo c cu p é s en n o tre faveur
» d it M . l e duc de l a R o cB efou cau It [Penf i7p*
» x j e édit, de l ’abbé de la R o ch e j , que fouv ent ce
» que nous prenons p ou r des vertu s , n’ eft q ue
» des v ice s q u i le u r reffemblent & que i-’amour
» p ro p re nous déguife
“ L e trop , dit le P. And ré, jéfuite ( E t fa i
» fu r le B ea u , dite.' v . } ,, défigure fouvent le beau
;» dans les moeurs i l en altère le fonds .par la
» manière ; i] en corrompt même, quelquefois tonte
» la-nature jufqu’d là transformer, en fon contraire