
pofition Métsc , eum , & du verbe /3«a a« , ja c io >
ja c u lo r , fer'to.
Les rhéteurs paroiffent avoir eu des idées un peu
différentes de cette figure. Quintilien ( In jlit.
onit. i x . iij. ) rapporte cet exemple de l ’oraifbn
de Cicéron pour Cluentius ( I x . 16 7 .) Qitod au-
tem tempus veneni dandi ? illo die 1 in illôi
freq uen tid ? P e r quem porrà datum 1 unde fump-
tum ? quoe deinde interceptio p o cu li ? cur non
de integro autem datum ? Et i l ajoute tout de
fuite : l ia n e rerum conjuncîam diverfitatem Coe-
c iliu s /AîfaCoAHv vocat. I l me femble que l ’exemple
de l ’orateur romain eft plus tôt un exemple de
Congiobation. Voye\ C o nglobation.
Cafliodore, dans Ion Commentaire fu r les P fea u -
m e s , en donne ' une notion toute différente. M e -
ta b o le , d i t - il, efl iteratio unius rei fu b varietate
verborum. L ’exemple qu’on vient de voir ne va
p lus a cette définition ; auflï le pieux commentateur
endonne-t- i l un autre très-différent ( P f v. 1 , z.~) :
Verha mea auribus percipe, Domine ; intellige
clamorem meum ; intende voci orationis meoe.
L a définition de l ’auteur & l ’exemple qu’i l donne
-caraétérifent très-bien la figure connue de tout le
monde fous le nom de Synonymie : mais ce terme
étant déjà deftiné, par fa nature, à exprimer l ’identité
de lignification entre plufieurs expreffions de
la même langue , i l me femble avantageux de ne
lu i laiffer que ce feus ; & de donner à la figure
le nom de Me’tabole, fur l’autorité de Cafliodore.
L a Métabole eft donc une figure de penfée par
dèvelopement, qui confifte a accumuler plufieurs
expreffions fynonymes pour peindre une même idée.,
Une même penfée. L a mort , dit Maffillon, f in it
toute la gloire de Vhomme qui a oublié D ie u
pendant f a vie ; elle lui ravit t o u t , elle le dép
o u illé de tout ; . . . elle le laijfe f e u l , fa n s force
fa n s apui , fa n s rejfource , entre les mains d’ un
D ie u terrible. I l y a là deux Métaboles différentes.
Les fynonymes que l ’on raffemble ainfi, font
comme autant de coups de pinceau pour fortifier
les traits de l ’image : i l faut donc qu’en effet chaque
fynonyme ajoute quelque chdfe au précédent ;
autrement, les derniers gâteroient ce que les premiers
auroient fuffifàmment marqué. L a variété
des mots, exigée' par Cafliodore, ne doit pas feulement
confifter dans les fons, qui ne frapent que
l ’o reille ; elle doit furtout fe faire fentir dans la
variété des nuances , qui frapent l ’efprit : & c’eft
alors que la Métabole eft véritablement Conjacu-
la t io , comme l ’indique l ’étymologie.
Cicéron fait de ht Métabole un ufage fréquent
& heureux.
Tum denique interficiam
te, quum jam nemo tam
improbus, tam perditus ,
dàntr tui fim ilis inveniri
Je prononcerai enfin votre
mort, quand on ne
pourra plus trouver per-
fonne d’affez-méchant,
pote'rit , qui id non jure d’affeZ corrompu, daf-
faclum ejfe fateatur. ( I. fez femblable à vous,
Ca til. ij. 5. ) V pour ne pas convenir
qu’e lle aura été jufte.
Ego te non vecordem, Comment ne vous
non furiofiim , non men- croirois-je pas extrava-
te captum , non tragico gant , furieux , perdu
illo Orefie aut A l ha- d’efprit, plus dépourvu
mante démentiorem pu- de fens que cet O re fte ,
terni ( Contra Pifon. x x . fi connu dans la T rag é-
47. ) d i e , ou qu’Athamas ?
En g én é ra l, une Métabole qui n accumuleroit
que des mots fans idées, feroit vicieufe & dégé-
nèreroit en Périffologie. Voye\ P érissologie.
I l ne faut pas non plus la confondre avec l ’Ex-
polition. Voye-^ E xpo lit iot s1.- L a Métabole ne
varie l ’expreflion que d’une idée partielle : l ’E x p o -
lit ion varie ce lle de toute une penfée, & la dèvelope
par des détails. ( M . B eAUZÉE. )
M É T A L E P S E , f. f. C e mot eft grec ; ptra-r
A»4'f> compofé de la prépofîtion ^ r c t , qui en
compofîtion marque changement , & de Aa^êa*« ,
capio ou concipio. L a Métalepfe, félon cette notion
, fait donc concevoir autre chofe que ce qu’annonce
le fens propre : c’ eft le caractère de tous le s
tropes; & les noms propres de chacun rendent p refque
tous la même id é e , parce qu’en effet les tropes
ne diffèrent entre eux , que par les nuances délicates
des rapports généraux qui en font les fondements.
L a Métalepfe eft une figure d’Oraifon ou un
trope par lequel un mot, au lieu de fa lignification
primitive , en prend une autre en vertu de la relation
d’ordre qui eft entre les deux idées. M. du Mariais
regarde la Métalepfe comme une efpèce de Méto-
'nymie , quoique ce lle -c i foit fondée, non fur un
raport d’ordre comme la première, mais fur un
raport de eoëxiftence. V~oye\ M é t o n y m i e .
Cette méprife d’un fi habile grammairien prouve
feulement combien eft délicate en effet la différence
qui diftingue les deux figures : car d’ailleurs le phi—
lofophe les a bien diftinguées dans les détails; &
c’eft: lui qui va parler ici jufqu’à la fin dé l ’article.
(M . B e a it z é e .)
« L a Métalepfe eft une efpèce de Méton ymie,
» par laquelle on explique ce qui fuit pour faire
» entendre ce qui précède , ou ce qui précède pour
» faire entendre ce qui fuit : elle ouvre, pour ainfi
» dire, la p o r te, dit Quintilien, afin que vous pafliez
» d’une idée à une autre ; e x alio in a liud v iam
» praefiat ( In fi. F U I • 6) . C ’eft l ’antécédent pour
» le conféquent, ou le conféquent pour l ’antécé-
« dent; & c’eft toujours le jeu des idées acceffoirès,
» dont l ’une éveille l ’autre.
» L e partage des biens fe faifoit fouvent, & fe fait
» encore aujourdhui, en tirant au fort. Jofué fe » fervit de cette manière de partager : Quitmque
» furrexiffent viri ut pergerent ad defcribendam
» ter ram, proecepit eis Jofue dicens : Circuits
» terram defcribite eam, ac revertimîni a d me ;
t> ut h î c , coram D om in o , in S ilo vobis mit tam
» fortem (Jofue xviij. 8). L e fort précède le par-
» tage ; de là vient que f o r s , en latin , fe prend
t> fouvent pour la portion qui eft échue en par-
» tage ; c’eft le nom de l ’antécédent qui eft donné
» au conféquent.
» Sors fignifîe encore ju g em en t, arrêt; c’ étoit
» le fort qui décidoit, chez les romains, du rang
» dans leque l chaque caufe devoit être plaidee. En
» voici la preuve dans la remarque de Servius fur
» ce vers de V irg ile ( Æ n . Pr* 431 )■ 'Nec vero hoe
» fin e fo r te datce ,fin e ju d ic e fed e s . Sur quoi Ser-
» vius s’exprime ainfi : E x , more romano non au-
» diebantur ca ufe , nifi per fortem ordinatoe. Ternit
pore enim quo caufce audiebantur, convenier
» bant omîtes, unde & conciiium : & e x forte
» dierum ordinem accipiebant , quo p o fi die s
» tr ig in ta fu a s caufas exequerentur ; unde eft ,
» urnam movet. A in fi, quand on a dit* fo r s pour
» ju g em en t., on a pris l ’antécédent pour le con-
i> féquent.
» Sortes en la t in , fe prend encore pour un
p oracle ; foit parce qu’i l y avoit des oracles qui
» fe rendoient par le fort, foit parce que les ré-
» ponfes des oracles étoient comme autant de ju-
» gements qui régloient la deftinée , le partage ,
» pétât de ceux qui les confultoient.
» O n çroit avant que de parler. Je crois , dit
1» le prophète , & c’eft pour cela que je parle : Cre-
» d id i , propter quod locutus fum ( P f i e x F . 1 ).
» I l n’y a point là de Métalepfe ; mais i l y a une
» Métalepje quand on fe fertde parler on dire pour
» fignifier croire. Dire\-vous après cela que j e ne
» fu i s >p a s de vos amis ? c’eft-à-dire, croire£-
» vous? aure-ç-vous fu je t de dire » ?
[ On prend ici le conféquent pour l ’antécédent. J
« Ce do veut dire , dans le fens propre, j e cède ,
» je me rends ; cependant, par une Métalepfe de
» l ’antécédent pour le conféquent , cedo fignifîe
» fouvent , dans les meilleurs auteurs , dites ou
» donner : cette fîgnification vient de ce qu e , quand
» quelqu un veut nous parler & que nous parlons
» toujours nous-mêmes, nous ne lui*donnons pas
» le temps de s’expliquer : 1Ecoutes-moi, nous dit—
» il. Eh bien , je vous cède, je vous écoute , parlez :
» cedo , die. Quand on veut nous donner quelque
» ch ofe, nous refufons fouvent par civilité ; on
» nous preffe d’accepter, & enfin nous répondons
» Je vous cède, je vous obéis, je me rends, don-
» ne\ ; cedo , da : cedo, qui. eft le plus p o li de
» ces deux mots , eft demeuré tout feul dans le
k> langage ordinaire , fans être fuivi de die 011 de
» da , qu’on fupprime par ellipfe : cedo fignifîe
» alors ou l ’un ou l ’autre de ces deux mots , félon
» le fens ; c’ eft ce qui précède pour ce qui fuit :
» & ^voilà pourquoi on dit également ced o , foit
» qu’on parle à une feule perfonne ou à plufieurs;
» car tout l ’ufage de ce m o t , dit un ancien gram-
» mairieiî , c’ eft de demander pour foi : cedo ,
» Jibi p o fe it & efl immobile. Corn. Fronto , apud
» autores L L . p a g . 1335 > verbo C edo.
» On raporte de même à la Métalepfe ces façons
» de p a rle r , i l oublie les bienfaits , c’eft: à dire ,
» i l n’eft pas reconnoiffant : fouvene\-vous de notre
» convention , c’eft à dire , obfervez notre conven-
» tion : Seigneur , ne vous rejfouvene\ point de
» nos fa u te s , c’eft à dire^ ne nous en puniffez
» p o in t , accordez-nous en le pardon:j e ne vous
» cannois p a s , c’ eft à d ire , je ne fais aucun cas
» de vous , je vous méprife , vous êtes à mon égard
»> comme n’étant point : quem omnes mortaies
» ignorant & ludificant. Plaut ( Am phi. act. IF ,
» f i . iij. 13) ».
« I l a é t é , i l a v é cu , veut dire fouvent i l eft
» mort ; c’eft l ’antécédent pour le conféquent. C e n
» efl f a i t , Madame , & j ’ a i vécu ( Rac. Mithr id .
»> a cl. F , fcèn e dernière ) , c’eft à dire, j e me
» meurs ».
« U n mort eft regretté par fes amis ; ils vou-
» droient qu’i l fût encore en v ie , ils fouhaitenÉ
» celui qu’ils ont perdu, ils le défirent : ce fen-
» timent fuppofe la mort , ou du moins l ’abfence
» de la perfonne qu’on regrette. Ainfi la mo r t, la.
» perte, ou l ’ abfence , font l ’antécédent, & le d é fir ,
» le regret font le conféquent. O r en latin de-
» fid e ra r i, être fouhaité, fe prend pour ‘être mort,
» être p e rd u , être abfent ; c’ eft le conféquent pour
» l ’antécédent , c’ eft une Métalepfe. E x parte
» Alexandre trigenta omnino & duo , ou félon
» d’autres, trecenti omnino e x ped kibu s defide-
» rad fu n t ( Q . Curt. II I . 1 1 . in fin . ) ; du côté
» d’Alexandre i l n’y eut en tout que trois-cents
» fantaflins de tués., Alexandre ne perdit que trois-
» cents hommes d’infanterie. N u lla navis defide-
» rabatur ( Caff. )' , aucun vaiffeau n’étoit défiré,
» c’eft à dire , aucun vaiffeau ne p é r i t , i l n’y eut
» aucun vaiffeau de perdu. Je vous avois promis
» que je ne ferois que cinq ou fix jours à la cam-
» pagne , dit Horace à Mécénas , & cependant j’y
» ai paffé tout le mois d’Août ( E p it . 1. vij ).
33 Quinque dies tibt pollicitus me rure futurum,
d» Sextïltm totum , mendax, dejideror ;
» où vous voyez que defideror veut dire par Me~
» talepfe , je fuis abfent de R ome, je me tiens à
» la campagne.
» Par la même figure , defiderari fignifîe en-
» .core deficere , manquer, être tel que les autres
» ayent befoin de nous. Cornélius-Népcs ( F.panu
» 7 ) dit que les thébains , par des intrigues pa r-
» ticulières, n’ayant point mis Épaminoudas à la
» tête de leur armée , reconnurent bientôt le be-
» foin qu’ils avoient de fon habileté dans l ’art mi*
» litaire : defiderari cæpta efl Epaminondoe d d i-
» gentia. I l dit encore ( ibid. 5 ) , que Ménéclide,
» jaloux de la gloire d’Épaminondas , exhortoi*
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