
font en grand danger de ne fè diftîngucr que parle
P h é b u s parce" qu’ il efc uaturei qu’ ils jugent
du mérite de leur expreflion par ce qu’e lle leur a
coûté > & qu’e lle leur coûte d'autant plus qu e lle
s’éloigne plus de la nature.
I l eft a ilé , d’après ces notions, de dire pourquoi
i l fe trouve tant de Galimatias dans les comportions
de la plupart de nos jeunes réthoriciens, &
tant de P héb u s dans plulieurs encours de nos jeunes
orateurs. C 'ç ft qu’on exige des uns qu’i l s . parient
avant d’avoir appris à penfer ; lJicendi enim vira
is , n iji y ci qui dicity ea ques d ic it perccpta
J in t , ex/lare non pote/î : ( Cic. Orat. I , x j . 48.)
ôc que les autres veulent recueillir les fruits de
l ’Éloquence, avant de s’y être formés d’après les
grands modèles, Neque enim.dubitari p o te j l quin
artis pars m agna coiitlneatur imitations. ( Quint.
Inft. or. X . ij. ) ( M . B b a u z é e . )
G A L L IA M BE , f. m. B e lle s - Lettres. Terme
de Poéfie. Sorte de vers fort agréables,, que les
galles ou prêtres de Cyb è le chautoient en l ’honneur,
de cette déeffe.
C e mot eft formé de G a llu s , nom despretres .de
C yb è le 5 Ôc d’ïambu s, forte de pied fort ufité dans
la Poéfie grèque & latine. V o y e z I a m b é .
G a- l l ïa m b ’e le dit aullî d’un .ouvrage en vers
galliambiques. V oy e \ G alliambique , D i c i . de
Trévoux & Charniers.
G A L L IA M B IQ U E , adj. Belles-Lettres. Terme
de l ’ancienne Poéfie: On appeloit Poème g a îliam -
bique y un poème compofe de vert galliambiques.
V o y e^ G a lliam b e.
L e vers galliambique étoit compofé de fix pieds:
i ° . unanap efte, un fpondée; z î . un ïam b e , ou
un anapefte, ou un tribraque; 30. un ïambe, enfuite
deux daétyles, & enfin un anapefte.
O n peut encore mefùrer autrement le vers g a lliambique
y ôc faire un arrangement de fylLabes
qui donnera des pieds d’une autre efpèpe. Les anciens
n’avoient gu ères égard, dans les vers g a lliam -
biques y qu’au nombre des temps ou des intervalles,
parce qa on chantoit ces fortes de vers en danfant,
Sc que d’ailleurs on s’y mettoit peu en peine de
Pefpèce des pieds qu’on fefoi: entrer dans fa cômpo-
fition. Voflius croit qu’ils imitoient fort le défordre
Sc l ’obfcurité des dithyrambes, [ A n o n y m e .)
G A L L IC I S M E , f. m. Grammaire. C ’eft un
idiotifine français, c’eft à dire, une façon de parler
éloignée des lois générales du lan g a g e , & exclu-
fîvement propre à la langue françoife. V oy ez
Idiotisme.
«Lorfque dans un livre écrit en latin , dit le D ic -
»tionnaire de Trévoux fur ce m o t , on trouve beau-
» coup de phrafes & d’expreflîons qui ne font point
»du tout latines ,* & qui lemblent tirées du langage
p français, on juge que cet ouvrage a été fait par
» un franchis ; on dit que cet ouvrage eft plein de
» GalliciJ'mes ». Cette manière de parier femble •
indiquer que le mot G allie i f me eft le nom propre
d’un Vice de langage , q u i, dans un autre
idiome , vient de l ’imitation gauche ou déplacée
de quelque tour propre à la langue françoife ;
qu’un Gallicifme en un m o t . eft uns-* efpèce de bar-'
barifme. O n ne fauroit croire combien cette opinion
eft commune, Ôc combien on la. foupçonne-
peu .d’ être fauffe : elle a même furpris la fagacité-
de cet iiluftre écrivain', que la mort a enlevé a 1 Encyclopédie j ce grammairien créateur , d qui
nous avons eu la témérité de fuccéder . fans jamais1
oier nous flatter de pouvoir le remplacer ; ce phi-
lofophe exaCt" & profond , qui a porté la lumière
fur tous les, objets qu’i l a traités , & dont les v des
répandues abondamment dans les ..parties-qu’i l a
achevées s feront le^ principal mérite de celles que
nous avons à remplir ; en un mot., M. du Mariais
lu i—même paroît n’avoir‘ pas été âfiez en garde
contre. i ’impreffion de ce préjugé'. V o ic i comme i l
s’explique à T article A ngl icisme. « Si l ’on difoit'
» en françois fo u e t t e r , dans de bonnes moeurs,
» ( w h ip intogood maners ) au .lieu de Tint fou e tte r
» afin de rendre meilleur , ce fèràit un A n g l i -
» cifme ». N e femble-t-il pas què M. dû Marfais’
veuille dire que le tour anglôis n’eft A n g lic ifm e
que quand i l eft transporté dans une autre langue ?
C eft une erreur manifefte, & que ceux même qui
paroiflent l ’infînuer ou la répandre ont, fentié : la
définition que les auteurs du DicHonnaire de T ré voux
ont donnée du mot G a llic ifm e , & ce lle que'
M. du Marfais a donnée du mot A n g l i c i fm e eh four-
niffent la preuve.
L ’effence du Gallicifme confifte en effet à être
un écart de langage è'xclufivement propre à la
langue françoife. L e Gallicifme en françois eft a
fa p la c e , & i l y eft ordinairement pour éviter un
vice^ dans une autre lan g u e , c’eft ou une locution
empruntée qui prouve l ’affinité de ce tte'langue
avec la nôtre , ou une expreflion figurée que l ’imitation
; fuggère à la paffion ou au befoin, ou une
expreflion vieieufe qui naît de l ’ignorance : mais
partout & dans tous les cas , \t G allie i f me eft G a lli-
cifme dans le fens que nous lu i avons afligné.
Chacun a fo n opinion ; c’eft un Gallicifme au
l ’ufage autorife la tranfgreflion de la fyntaxe de
concordance, pour ne pas choquer l ’oreille par ua
hiatus défagreable, L e principe d’identité exigeoit
que l ’on dît f a opinion ; l ’oreille a voulu qu’on f î t
entendre fo n -n -o p in io n , & l ’oreille l ’a emporté
fu a v ita t is caufâ.
B ile s fo n t tonte déconcertées ; c’eft un G a ll i cifme
où l ’ufage , qui met le mot toute en concordance
de genre avec le fujet e l le s , n’a aucun
égard à la concordance de nombre, pour éviter un
contre-fens qui en feroit la fuite : toute eft ici une
forte d’adverbe qui modifie la lignification de l ’ad-
je c tif déconcertées- y comme fi l ’on difoit , elles
fo n t totalement déconcertées ; au contraire toutes
au
au pluriel feroit un adje&if co lle éK f , qui déter-
mineroit le fujet e l le s , comme fi l ’on d ifoit, I l
n y en a p a s une feu le qui ne fo i t déconcertée :
c’eft donc a la netteté de l ’expreffion que la lo i de
concordance eft ici facrifiée.
V o u s ave% beau dire ; c’eft un G a llic ifm e , où
l ’ufage permet à l ’eliipfe d’altérer l’intégrité phy-
fique de la phrafe (voye?L Ellipse) pour y mettre
le mérite a e . la brièveté. Un françois qui fait fa
langue entend cette phrafe auffi clairement & avec
plus de plaifir, que fi l ’on employoit l ’exprefllon
pleine , mais diffiife , lâche, & pefante, vous ave^
un beau fujet de dire ; c’eft ici une. raifon de brièveté.
I l eft incroyable le nombre de vaijfeaux qui
partirent pour cette expédition ; c’eft un G a llicifme
y où l ’ufkge, confent que l ’on fouftraye les
parties de la phrafe a l ’ordre qu’il a lui - même
ffeé ; pour donner à l ’enfemble un fens accefloire
que la conftruârion ordinaire ne pourroit y mettre.
On auroit pu dire , L é nombre de vaijfeaux qui
partirent pour cette expédition efi incroyable ÿ
mais i l faut convenir qu’au moyen de cet arrangement
, aucune partie de la phrafo n’eft plus {aillante
que les autres : au lieu q u e , dans la premiè
re , le mot incroyable qui fe préfenté à la
t ê te , contre l ’ufage ordinaire, paroît ne s’y trouver
que pour fixer? davantage l ’attention de l ’efprit fur
le nombre des v a ijfe a u x , & pour en exagérer
en quelque forte la multitude : raifon d’énergie.
N ou s venons d’ arriver, nous allons partir ;
ce font des G allie i f me s , où l ’ufage eft forcé de
dépouiller de leur fens naturel les mots nous venons
y nous allon s , & de les revêtir d’un fens
étranger, pour fuppléer i des inflexions qu’i l n’a
pas autorifees dans les verbes arriver ôc p a r tir y
non plus que dans aucun autre : nous venons d ’arriver
y c’ eft adiré , nous fommes arrivés dans le
moment ; expreflion détournée d’un prétérit récent,
auquel l ’ufage n’en a point accordé d’analogique :
nous allons partir y c’eft â dire, nous partirons
dans le moment; expreflion équivalente à un futur
prochain , que l ’ufage n’a point établi. Çes fortes
dé locutions ont pour fondement la raifon irréfîftible
du befoin.
. Nousne prétendons pas donner ici une lifte exaéle
de tous les Gallicifme s j nous ne le devons pas, &
l ’exécution de ce projet ne feroit pas fans de grandes
difficultés^
I l eft évident, en premier lieu , qu’un recueil de
cette . efpèce doit faire la matière d’un ouvrage
exprès, don: l ’exécution fuppoferoic une patience
à l ’épreuve des difficultés ôc des longueurs , une
connoiffance exa&e Ôc réfléchie de notre langue &
de fes origines , Sc une phifofopbie profonde &
lumineufe ; mais dont le fuccès , en enrichiflant
notre Grammaire d’une branche qu’on n’a pas a-flez
cultivée jufqu’ à prefent,, affùreroit à l ’auteur la
reconnoiffan.ee de toute la nation , & une réputa-
G r a m M , e t L i t t é r a t . Tome U .
tion aufll durable que la langue même. Si cette
matière pouvoit entrer dans un Di&ion naire, e lle
ne pourroit convenir qu’à celui de l ’Académie, Sc
nullement à l ’Encyclopédie. O n ne doit y trouver ,
en fait de Grammaire , que leS principes généraux
& raifonnés des langues , ou tout au plus les principes
q u i , quoique propres d une langue , font
pourtant du diftriét de la Grammaire générale j
parce qu’ils tiennent plus d la nature de la p a ro le ,
qu’au génie particulier de cette langue ; qu’ils
conftituent ce génie , plus tôt qu’ils n’en font une
fuite y qu’ils prouvent la fécondité de l ’art ; qu’ ils
peuvent paffer dans les langues poffibles , &
qu’ils étendent les vues du grammairien. Mais tout
détail qui concerne le pur matériel de quelque
langue que ce foit , doit être exclu de ce D ic tionnaire
, dont le plan ne nous laifle que la l i berté
de choifir des exemples dans te lle langue
que nous jugerons convenable. Nos forupules d cet
égard vont jufqu’a nous perfuader qu’on auroit dâ
omettre l ’article Gallicifme y qui ne devoir pas
plus paroître ic i que l ’article Arabifme qu’on n’y
a point m is , & mille autres qui n’y font point.
L ’article Idiotifme , qui les comprend tous,, eft
le feul article encyclopédique fur cet objet; &nous
ne donnons celui-ci ,q u e pour céder aux inftances qui
nous en ont été faites.
Nous ajoutons, en fécond lie u , que le projet
de détailler tous les G allicifme s ne leroit pas fans
de grandes difficultés. L e nombre en eft prodigieux ;
& plufleurs habiles gens ont remarqué q u e , fi l ’on
en excepte les ouvrages purement didactiques ,
plus un auteur a de g o û t , plus on trouve dans fon
ftyle de ces irrégularités heureufes & fouvent pit-
torefques , qui ne paroiffent violer les lois générales
du langage que pour en atteindre plus fare-
ment le but. D ’ailleurs , d moins de bien connoître
les langues anciennes & modernes où la nôtre a
puifé , i l arriveroit fouvent de prendre pour G a llicifmes
des expreffions qui feroient peut-être des
He llénifmes , L a tin ifm e s , C e ltic ifm e s , Teuto-
nifmes ,r ou Idiotifmes de quelque autre genre ;
& la précifion philofophique que l’on doit furtout
envifager dans cet ouvrage , ne permet pas qu’on
s’y expofe a de pareilles méprifes. ( M M . D o u -
chet Sc B e au zé e . )
( N . ) G A R D E R , R E T E N IR . Synonymes.
O n garde ce qu’on ne veut pas donner ; on retient
ce qu’on ne veut pas rendre.
Nous gardons notre bien ; nous retenons celui
d’autrui.
L ’avare garde fes tréfors ; le débiteur retient l ’argent
de fon créancier.
L ’honnête homme a de la peine d ga rd e r ie qu’ i l
pofsède, lorfque le fripon eft autorilé d retenir ce
qu’i l a pris. ( L ’ abbé GlRARD. )
(N.) G É N É R A L , U N IV E R S E L . Synon.
C e qui eft Général regarde le plus grand nombre