
fenter le matériel des mots avec les caractères
autorités par 1’ufage de chaque langue. O n peut
voir, à Varticle G rammaire , l ’étymologie de ce
m o t , 1’objet & la divifion détaillée de cette pa rtie,
& fa liailon avec les autres branches du fyftême
de toute la Grammaire ; & à Y article O rthographe
, les principes qui en font le fondement.
( M . B e a u z é e . )
L E X IC O L O G IE , f. £ Grammaire. L ’Ortho-
lo g ie , première partie de la Grammaire , félon
l e fyftême adopté dans l ’Encyclopédie , fe foudi-
vife en deux branches générales , qui font la Lexicologie
& la Syntaxe. L a Lexicologie a pour objet
l a connoiffancè des mots confîdérés hors de l ’élocution
; & elle en confidère le matériel , la valeur,
8c l ’étymologie. V o y e à Varticle G ramm
a ir e , tout ce qui concerne cette partie de la
fcience grammaticale. ( iV f .B e a u z é e . )
( N . ) L E X I Q U E , f. m. Ce m o t , comme
le s deux /précédents , a pour racine Atfys, voca- bulum , dérivé de a/?w , dico ; d’où l ’on a tiré
l e mot Aêgixo'y, que nous traduifons en françois par Lexique.
C ’eft un mot conlacré pour défigner les dictionnaires
ou vocabulaires de la langue grèque ou
de la langue hébraïque. A cette deftination exclusive
près , i l eft , quant au fens étymologique ,
entièrement fynonyme des mots Dictionnaire & Vocabulaire , tirés des mots latins diclio & vo-
ca b u lum , correfpondants l ’un & l ’autre au mot
g rec ae|/î.
L ’abbé Prévoft a fait du mot Lexique un adje
c tif , en intitulant fon petit dictionnaire Manuel
lexique , comme pour dire Manuel des mots. Ce
terme n’eft pas allez ordinaire dans le langage
commun, pour ne pouvoir pas être confidéré comme
adjectif ; & les gens de Lettres font bien de fe
jnettre a l ’aife à l ’égard des termes techniques ,
pourvu qu’ils refpeCtent les vues de l ’Ana logie .
j£ M . B e a u z é e . )
L IC E N C E , f. f. Le s Licences données à la
Poéfîe françoife ne font pas , comme on l ’a d i t ,
certains mots réfervés au ftyle fublime , & que la
haute Éloquence emploie aufli bien que la Poéfîe.
Bofluet ne fait pas plus de difficulté que Ra cin e,
de dire les mortels pour les hommes , les forfaits
pour les crimes, le glaive pour 13épée , les ondes
pour les eaux , l ’éternel, &e : & quant aux ex-
preffions exclufivement permifes a la Poéfîe , les
iines font figurées , les autres font prifes du fyftême
fabuleux ou du merveilleux poétique ; ce font
pour la plupart des hardieffes, mais non pas des Licences.
L a Licence eft une incorrection , une irrégularité
de la n g a g e p e r mife en faveur du nombre , de
^’harmonie , de U rime i % de l ’élégance du y^rs,
C ’eft une ellipfe qui fort des règles de la Syntaxe t
comme dans ces exemples :
Je c’aimois, inconftantj qu’aurois-je fait, fidèle ?
Peuple roi que je fers,
Commandez à Céfar j Céfar, à l’univers.
C ’eft une v o y e lle fupprimée, parce qu’elle altère
la melure fi on ne la compte pas , ou qu’elle
affoiblit le nombre & le fentiment de la cadence
fi on la compte pour une fyllabe : ainfi , Ve muet.
5 ajjiduement, à'ingénuement, S enjouement, S effra
ie ra , S avouera , d3 encore , de g a ie t é , fe retranche
, parce qu’i l ne feroit pas à l ’oreille un
temps affez marqué. C ’eft de même une confonne
fupprimée en faveur de l ’élifion ou de la rime : ainfi.,
dans ces noms de villes , N a p le s , Lond res , A th è nes
y & c , i l eft permis au poète d’ écrire N a p le ,
Lo n d r e , Athène fans s ; ainfi, à la première
perfonne de certains verbes , comme je d o is , je
vo is y je produis , je fr ém is , j e lis , ) avertis , les
poètes fe font permis de retrancher l\r , & d’écrire
je doi y je voi , \eprodui, je fr ém i y je l i , j averti ,
&c. C e font des adverbes abfolus mis à la place
des adverbes relatifs , comme alors q u e , cependant
que y au lieu de lorfque , pendant que. C ’eft
quelquefois le ne fupprimé de l ’interrogation négative
, comme lorfqu’on dit , fa v e\ - vous p a s ,
voye^-vous p a s , d o i s - j e p a s , au lieu de ne
fiv e \ -v o u s p a s , ne voye^-vous p a s , ne dois-je
p a s . Enfin, ce font quelques inverfions peu forcées,
mais q u i, n’ayant pas pour raifon dans la profe la
néceflité du nombre, de la rime , & de la mefure ,
y paroitroient gratuitement employées, quoiqu’elles
Fuffent quelquefois très-favorables à l ’harmonie,
6 que par conféquent i l fut à défirer que l ’ufagç
les y reçût. O p les trouvera prefque toutes raliem-
blées dans ces vers de la Henriade , où la Difcorde
dit à l ’Amour :
Ah ! fl de la difeorde allumant le tifon ?
Jamais à tes fureur? tu mêlas mon poifon,
Si tant de fo is pour tpi j’ai troublé la nature,
Viens, vole fur mes pas , viens venger mon injure.
U n roi victorieux écrafe mes ferpents j
Ses mains joignent- l’ olive aux lauriers triomphants.
La clémence avec lui marchant d’ un pas tranquille »
Au fein tumultueux de la guerre civile,
V a fous fes étendards , flottants de tous .côté? ,
Réunir tous les coeurs par moi feule écartés.
Encore une victoire, 8c mon trône eft en poudre.-
A u x remparts de Paris Henri porte la foudre-.
Ce héros va combattre 8c vaincre & pardonner ;
Dp cent chaînes d'airain fon bras va m’enchaîner.
C ’eft à , toi d’arrêter, ce torrent dans fa coiirfe.
V^ de tant de hauts faits empoifonner la fource.
Que fous ton joug, Amour, il gémifl'e abattu j
Va dompter fon courage au fein de la vertu.
Ùtft, Marmots tel. )
{ N . ) L IC IT E |
( N ). L IC IT E , PERMIS , fynonyme.
O n peut faire l ’un & l ’autre : ce qui eft l ic it e ,
parce qu’aucune lo i ne l ’a déclaré mauvais ; ce
qui eft permis , parce qu’une lo i expreffe l ’auto
ri fe.
C e qui eft lic ite , tant que la lo i n’a rien prononcé
de contraire , eft indifférent en foi : ce qui
éft permis , avant que la lo i s’expliquât , étoit
mauvais en vertu dune autre lo i antérieure.
C e qui ceffe d’être licite , devient illic ite ; &
ces deux termes ont un rapport plus .marque a
l ’ufage que l ’on doit faire de fa liberté : ils ca-
raélérifent les objets de nos devoirs. Ce qui ceffe
d’être permis , devient clé fendu ; &. ces termes
ont un rapport plus marqué à 1 empire.de la lo i :
ils ,cara£térifent notre dépendance.,
L ’ufao-e de la viande eft licite en foi : mais
rÉ g lr fe l ’ayant défendu pour certains jours de
l ’année , i l n’eft permis alors qu’ à ceux qui , fur
de juftes motifs , font difpenfés de Tabftinence • par
l ’autorité de l ’Ég life - même ; i l eft illic ite pour
tous les autres. ( M . B e a u z é e . )
( N . ) L IE R , A T T A C H E R , Synonymes.
O n lie pour empêcher. que les membres n’a-
g iffen t, ou que les parties d’une chofe ne fe fé -
parent. On attache pour arrêter une chofe , ou
pour empêcher qu’elle ne s’éloigne.
O n lie les pieds & les mains d’un criminel ,
& on 1"attache à ùn poteau.
On lie un faifeeau de verges avec une corde.
O n attache une planché avec un clou.
Dans le fens figulé , un hoiiime éft l i é , lo,rf-
qu’ i l n’ a pas 4 a liberté d’agir ; & i l eft atta ch é , ‘
uand i l n’eft pas en état de changer de parti ou
e le quitter.
L ’autorité & le pouvoir lient. L ’ intérêt & l ’amour
attachent.
Nous né croyons pas être liés , lorfque nous
ne voyons pas nosNliens j & nous ne fentons pas
. que nous fommes attachés , lorfque nous ne pensons
point à faire ufage de notre liberté. ( L'a b bé
G i r a r d )
/ (N :j .< L IE U X C O M M U N S E N L I T T É R A -
T U R E . Quand une nation fe dégroflit, elle eft d’a-
-Wrd- émerveillée de voir l ’Aurore ouvrir de fes doigts
de rofe les portes de l ’O r ien t , &femer de topazes &
de rubis le chemin de la lumière ; le zéphyr careffer
F lore , & l ’Amour fe jouer des armes de Mars.
Toutes les images de ce g en re, qui plaifent par
là nouveauté , dégoûtent par l ’habitude. Les premiers
qui les empioyoieat paffoient pour des inventeurs
, les derniers ne font que des perro-.
quets.
I l y a des formules de profe qui ont le même
fort. L e roi manqueroit a ce q u 'il f e doit à lui-
yiéme Ji . . . . L e flambeau de Vexpérience et
Gramm. et Lit t ÉRAT. Tome IL
conduit ce grand apothicaire dans les routes té -
nébreitfes de la nature. — Son efprit ayant été
la dupe de fo n coeur. — I l ouvrit trop tard les
ieu x fu r le .bord de tabîme. — Me fieu r s , p lu s
j e f e n s mon infuffifance , p lu s j e fe n s auflb
vos bienfaits ; mais éclairé par vos lumières ,
fou îen u p a r vos exemples , vous me ■ rendre£
digne de vous.
L a plupart des pièces de Théâtre* deviennent enfin
des L ieu x communs , comme les oraifons funèbres
& les difeours de réception. Dès qu’une princefle
eft aimée , on devine qu’e lle aura une rivale. S i
e lle combat fa paffîon , i l eft clair qu’elle y fuc-
combera. L e tyran a - t - i l envahi le trône d’une
pupille ? foyez fur • qu’au cinquième aéle juftice
fe fera, , & que l ’ufurpatcur mourra de mort
violente.
Si un roi & un citoyen romain paroiffent fut
la foène , i l y a cent contre un à parier que le
roi fera traité par le romain plus indignement que
les miniftres de L ou is X I V ne le furent a G er—
tuudemberg par les hollandois.
Toutes les fîtuations tragiques font prévues, touÿ
lésfentimentsque ces limitions amènent font devines J
les rimes mêmes font fouvent prononcées par l e
parterre avant de l ’être par l ’aéleur. I l eft difficile
d’enténdrè parler à la. fin d nn vers d une
lettre , fans voir • clairement à quel héros on doit
la remettre. L ’héroïne ne peut guères manifeftèr
fes alarmes , qu’aulfitôt on ne s’attende à voir
c'ouler fes larmes. ' P eu t-on voir un vers finir par
C é fa r , & n’être pas kir de voir des vaincus traînés
après fon char ?
Vient un temps où l ’on fe lâffe de ces lieux
communs d’amôur , de po litiqu e, de grandeur , & de
vers alexandrins. L ’opéra comique prend la place
d’ Iphigénie & d’Ériphile , de jÇipkarês & de
Monime. Avec le temps cet opéra comique devient
Lieu commun à fon tour j & Dieu fait alors
à quoi ôb aura recours.
Nous avons les L ieu x communs de la Morale;
ils font fi rebattus, qu’on devroit abfolument s en
tenir aux bons livres faits fur cette matière en
chaque langue. L e Spectateur anglois çonfeilla a
tous les prédicateurs d’Angleterre de reciter les
excellents fermons de 'Tillotfon ou de Smaldrige•
Les prédicateurs de France pourrojent bien s’en
tenir à réciter Maffîllon , ou des extraits de B o u r -
daloue. Quelques-uns de nos jeunes orateurs de
la chaire ont appris de Lekain à dédamer; mais
ils reliemblent tous à Dancourt qui ne vouloit
jamais jouer que dans fes pièces.
Le s L ie u x communs de la Controverfe font abfolument
paffés de mode , & probablement ne reviendront
plus. Mais ceux de l ’Éloquencç & de la
Poéfîe pourront renaître apres avoir été oubliés î
pourquoi ? c’eft que la Controverfe eft 1 çteignoir
& l'opprobre 4e i ’efprit humain ; & que la Poéfîe
*•* O ri n