
les a compofées de traits droits à la^ Vérité, mais
fort longs , exceflivement maigres , -.réunis par le
haut ou parole bas avec d’autres traits droits;horizontaux
de pareille maigreur > & tous terminés
fans grâce. Les traits arrondis que fa i deltinës aux
vo y elle s , font au moins des demi-cercles ayant,des
pleins & des déliés, comme c , e * 0, 3,;s , w ., B ,.09 j
& je n’ai pas prétendu exclure des conformes les. lia i—
fous courbes avec leurs pleins &>; leurs déliés :
a in f i , au lieu de mettre fous les ieux une grande
figure maigre de fourche à deux -ou trois fourchons,,
11e pouvoit-ou pas montrer m pu n fians leur fi-
tuation naturelle, ou renverfée comme m ou u ?
Pour alonger par en haut le premier t ra it , ;on
avoit l ’exemple ;de la Lettre h ,,à laquelle i l étroit
poffible d’ajouter dans le.b efoin un troifipme fam-
:bage, pomme à m j & en renverfant ces caractères,,
ils n’auroient pas plus choqué l ’oe il : ajoutez que
je ne bannirois point de ce fyftême les- caractères
i y l y r , v y x . Remarquez encore qu’i l eft fort
aifé. de prendre pour eflenoielleriient choquant, ce
qui ne l ’eft que pour le premier moment & parce
qu’i l eft infolite. ,
J e n’infifterai pas davantage fur la juftification
d’un fyftême, que je ne préfente ici que comme
un eflai fur la manière d’envifager l ’objet dont i l
s’agi-t > & nullement comme un .projet à exécuter.
I l n'y a aucun Tribunal dont l ’autorité put paraître
fuffifante à une nation pour lui préfenter avec
fuccès un nouvel alphabet, qüi la réduirait a ne
lavoir ni lire ni écrire , & à recommencer unappren-
tiffage dont l ’idée feule eft. révoltante. Je connois
les droits imprefcriptibles de l ’ufage fur les. caractère^
néceffaires à l ’Orthographe} & c’eft ici que
Ton peu t, fans mériter aucun reproche', ou que
l ’on doit même , pour éviter tout reproche, dire
franchement : V id eo meliora pro logu e , détériora,
fequor. .
Le s diftinCtions néceflaires dans une Orthographe
raifonnée,. ont amené des variétés utiles
dans la forme & dans la figure des L e ttr e s , fans
aucun changement dans la valeur que l ’ufage leur
■ a donnée.
J’entends par la forme des Lettres , la fitua-
iion perpendiculaire ou inclinée des traits qui les
çompofent} ce qui donne lieu à la. diftinction des
caractères romains & des caractères italiques. Les
Lettres de caractère romain font droites & po-
fées perpendiculairement ; A , a } B , b ; C , c;
P , d } E , e } &c. Le s Lettres de .caractère italiq
u e font penchées de manière que le haut eft
Incliné obliquement vers la droite : A , a 5 B , b ;
Ç , c ; D 3 d ; E , e ; &ç.
J’entends par la figure des L e ttr e s , la détermination
de chaque caractère fondée fur le nombre.,
l a proportion , & l’aflortiment des traits qui le composent}
ce qui donne lieu à la diftinétion des
Lettres majufcules & des Lettres minufcu les,
foit romaines foit italiques. V oy e5 Majuscule
|k Minuscule, { M. J jE jy zÉ E , J
L e t t r e s • G R è^ u E S , Gram. prig. des langues *
■yf>ci^a.r«. ra î àAhvwv , caractères de l’écriture des anciens
grecs.
: Jofeph S c à lig e r , fuivi par Wallon , Bochart, &
•plufieürs autres Savants^, a tâché, de prouyer dans fes
notes fur la chronique d’Eufèbe, que les caractères
grecs tiraient leur origine des Lettres phéniciennes
.ou hébraïques. •
L e chevalier Marsham..., dans fon Canon chronfi
eus -.agyptjacus , - ouvrage excellent par la. méthode
, la c la r té , la brièveté , & l'érudition, dpnt i l
eft rempli ," rejette le fentiment de Scàliger., &
prétend que Cadmus, égyptien de naiffariçe., ,ne
.porta pas de Phénicie en G rèce les Lettres ■ phéniciennes
, mais les carafteres,ipift q lïques des. égyptiens
, dont Theut ou .T h o o t , un des Hermès des
g rec s , étoit l ’inventeur;} & que de plus les hébreux
mêmes ..ont tiré leurs Lettres,, des égyptiens,
ainfî que diverfes autres. choies.
Cette hypothèfe a le défavantage de n’ être pas
étayée par des.témoignages pqfîtifs de l ’Antiquité,
& par la vue des caractères épiftoliques des, égyptiens
, que nous n’avons plus , au lieu que-les caractères
phéniciens ou hébraïques ont paffeJufqu’à
nous. .
Aufti .les partifans . de Scàliger - appuient beaucoup
, en faveur de fonqpinion ,,fu f la; réffemblance
de forme entré- le s . anciennes 1 Lettre $ g ré que s '
les caraÇtè.re.s, phéniciens :• mais malhëureufemëhf
cette fi mili tude' n’eft pas concluante,} parce qu’elle
eft trop foible , .trop légère ; parce qu’elle ne
fe ’ rencontre . que dans quelques "Lettrés dé deux
alphabets:} parce qa’enfin Rudbeck ne ‘prouve pas
mal que les Lettres runiquçs . ont encore plüs .cTaïE-
nïte avec, les Lettres gréques , par le nombre,
par l ’ordre , & par' la v a leu r , que les Lettres phéniciennes,
. : .
I l fe pourrait donc bien que les feCtateurs dé
Scàliger & de Marsham fuffent également dans
l ’erreur, ,& que les grecs , avant l ’arrivée de CadJ-
mùs qui leur fit corinoître les câraCtèrës phéniciens
ou, égyptiens, i l n’ importe, euflent déjà leur
propre écriture, leur propre alphabet* cômpofé de
fêizè Lettres, & qu’ils enrichirent cet alphabet qu’ils
pofledoient de quelques autres Lettres de celui dq
Cadmus.
Après t o u t , quand on examirTe fans prévention
combien le fyftême de récriture grèque eft différent
de celui de l ’écriture phénicienne , ,on a bien
de la peine à fe perfuader qu’i l .‘.en émane.
i ° . Lès grecs exprimoient toutes lés voyelle s
par des caractères fepairés, & lès phéniciens ne les
exprimoient point du-loüt} z ° . les grecs n’eurènt
que feize Lettres jufqu’aii fiège de T r o y e & les
phéniciens en ont toujours eu vingt deux } 30. les
phéniciens écrîvoient de droite à gauche, & les
gr'cCs*, au contraire, de gauche à droite._S’ils s’en
font écartés quelquefois , ça été par bifarrerie , &
pour 's’accommoder à la forme des monuments fux
lefqueis on gia voit les infçriptions ? ou même fur
le s monuments élevés par des phéniciens ou pouf
$es phéniciens de la colonie de Cadmus. Les thé-
Ibains eux-mêmes font revenus à la méthode commune
•de difpofer les caractères grecs de la gauche à la
droite, qui étoit la méthode ordinaire & univerfelle
de là nation.
Ces différences, dont i l ferait fuperflu de ra-
.porter la preuve , étant une fois pofées i
vraifemblable que les grecs euflent fait de tî grands
changements à l ’écriture phénicienne, s’ils n euflent
qjas déjà été accoutumés à une autre maniéré d e-
crire & à un autre alphabet, auquel apparemment
i l s ajoutèrent les caractères phéniciens de Cadmus?
Ils retournèrent ceux-ci de la gauche a la droite,
donnèrent à quelques - uns la force de voyelles
parce qu’ils en avoient dans leur écriture , & rejetèrent
abfolumenf ceux qui exprimoient des fons
dont ils ne fe fervoient point. ( L e chevalier DE
J AU COU R T . )
L ettres ( L e s ) , Encyclopédie. Ce m ot défigne
en général les lumières que procure l ’ étude , &
en particulier c e lle des Belles-Lettres ou de la L i t térature.
Dans ce dernier fens , on diftingue les _
gens de L e ttr e s , qui cultivent feulement'i’érudi-%
lion variée & pleine d’aménités, de ceux qui s’attachent
aux fciences abftraites & à celles d’une
■ utilité plus fenfible. Mais on ne peut les acquérir
à un degré éminent fans la connoiflance des
Lettres ; i l en réfulte que les Lettres & les fciences
proprement dites , ont entre elles l'enchaînement,
les liàifons, & les rapports les plus étroits}
c’eft dans T Encyclopédie qu’i l importe de le dé-,
montrer, & je ffen veux pour preuve que l ’exemple
ides fiècles d’Athènes & de Rome.
S i nous les rappelons â notre mémoire, nous
Verrons que chez les grecs Tétude des Lettres em-
fcelliffoit ce lle des fciences, & que l ’étude des
fciences donnoit aux Lettres un nouvel éclat. L a
Grèce a du toift fon luftre à cet affemblage heureux
} c’eft par là qu’ elle jo ig n it , au mérite le plus
lolid e , la plus brillante réputation. Le s Lettres
& les fciences y marchèrent toujours d’un pas é g a l,
& fe fervirent mutuellement d’appui. Quoique les
tarifes préfidaflent, les unes à la roéfie & à l ’H if-
toire , les autres à la D ia le ctique, à la Géomét
r ie , & à l ’Aftronomie.} on les regardoit comme des
foeurs inféparables, qui ne formoient qu’un feul
choeur. Homère & Héfîode les invoquent. toutes
dans leurs poèmes 5 & Pythagore leur facrifîa, fans
les féparer, un hécatombe philofophique, en re-
connoiffanee de la découverte qu’ i l fit de l ’égalité
du carré de l’hypothénufe dans le triangle rectangle
, avec les carrés des deux autres côtés. \
Sous Augùfte , les Le ttres fleurirent avec les
fciences^& marchèrent de front. Rome , déjà mai-
treffe d Athènes par la force de fes armes, vint à
concourir avec elle pour un avantagé plus flatteur ,
celui d une érudition agréable & d’une fcieace pro*-
fonde.
Gramm, et LittêrAT. Tome JL
Dans le dernier fiècle , fi glorieux à la France
à cet égard, l ’intelligence des langues fâvantes &
l ’ étude de la nôtre furent lès premiers fruits de
la culture de l ’efprit. Pendant que l ’Éloquence
de la chaire & ce lle du barreau brilloient avec
tant d’é c la t , que la Poéfie étaloit tous fes charmes
, que l ’Hiftoire fe faifoit lire avec avidité dans
fes fources & dans des traductions élégantes , que
l ’Antiquité fembloit nous dévoiler fes tréfors , qu un
examen judicieux portoit partout le flambeau de
la critique 5 la Philofophie réformoit les idées ,
la Phyfique s’ouvroit de nouvelles routes pleines
de lumières , les Mathématiques s’èlevoient à la
perfection , enfin les Lettrés & les fciences s’en-
richiffoient mutuellement par l ’intimité de leur
commerce.
Ces exemples des fiècles brillants prouvent, que
les fciences ne fauroient fubfifter dans un pays que
les Lettres n’y foient cultivées. Sans e l l e s , une
nation feroit hors d’état de goûter les fciences &
de' travailler à les acquérir. Aucun particulier ne
peut profiter des lumières des autres & s’entretenir
avec les écrivains de tous-les pays & de tous les
temps, s’i l n’eft favant dans les Lettres par lu i -
même , ou du moins fi des gens de Lettres ne lui
fervent d’interprêtes. Faute d’un te l fecours, le
voile qui cache les fciences dévient impénétrable;
Difôns encore que les principes des fciences) feraient
trop rebutants, fi les Lettres ne leur prêtaient
des charmes. Elles embelliffent tous les fu-
jets qu’elles touchent} les vérités, dans leurs mains,
deviennent plus fenfibles, par les tours ingénieux,
par les images riantes, & par les fictions même
fous lefquelles elles les offrent à l ’e fp r it} elles
répandent des fleurs fur les matières les plus abftraites
, & favent les rendre intéreflantes. Perfonne
n’ ignoré . avec quels fuccès les fages de la G re c s
& de Rome employèrent les ornements de l ’É lo quence
dans leurs écrits pbilofophiques,
Les fcholaftiquçs, au lieu de marcher fur les
traces de ces grands maîtres, n’ont conduit perfonne
à la fcience de la fageffe ou à la connoiflance
de la nature } leurs ouvrages font un ja rgon , également
inintelligible & meprifé de tout le monde»
Mais fi les Lettres fervent de c l e f aux fcie nces,
les fciences , de leur cô té , concourent à la perfection
des Lettres } elles ne feraient que 'bégayer
dans une nation ou les connoiflances fublimes n auraient
aucun accès. Pour les rendre • floriflantes , i l
faut que l ’efprit philofophique, & par confequeut
les fciences qui le produifent, fe rencontre dans
l ’homme de Lettres , ou du moins dans le corps
de la nation. Vp)'e \ G e n s d e L e t t r e s . .
L a Grammaire, l ’Éloquence, la Poefie, lH i f -
to i r e , J.a C r it iq u e , en 'u n m o t, toutes les parties
de l a Littérature feraient extrêmement defec-
tueufes, fi les fciences ne les réformoient & ne les
perfe&ionnoient : elles font furtout neceffaires aux
ouvrages didactiques en matière de Rhétorique, de
Poétiqu e, & d’Hiftpire. Pour y réuflïr, i l faut être.
N n n