
des moyens de la parole à l ’ufage , quem penês
arbitrium eji & ju s & normw Loqusndl. K o y e^
C oncordance, A pposition , & U sage.,
L e régime eft le âgne que l ’ufage a établi dans
chaque langue , pour indiquer le raport de détermination
d un mot à un .autre. L e mot qui eft en
régime fert à rendre moins vague le fens général
de l ’autre mot auquel i l eft fubordonné ; & celui-
c i , par cette application particulière, aquiert un
degré de prcciüon qu’i l n’a point par lui - même.
Chaque langue a les pratiques différentes pour ca-
ra&érifer le régime & les différentes efpèces de
régimes : ic i, c’eft par la place ; l à , par des prépos
io n s 5 ailleurs, par des terminaifons ; partout c’eft
par les moyens qu’i l a plu à l ’ufoge de confocrer.
V Régime , & Détermination.
L a conftruCtion eft l’arrangement des parties lo giques
& grammaticales de la proportion. O n doit
diftinguer deux fortes de conftruCtion : l ’une analytique
, & l ’autre ufuelle. .
L a conftru&ion analytique eft ce lle où les mots
font rangés dans, le même ordre que les idées fe
préfentent à l ’efprit dans l ’analyfe de la penfée. E lle
appartient à la Grammaire générale , & elle eft
l a règle invariable & univerfeile qui doit fervir de
bafe a la conftru&ion particulière de quelque langue
que ce foit ; elle n’a qu’une manière de pro-:
céder , parce qu e lle n’envifage qu’un objet, l ’expofi-
tion claire & fiiivie de la penfée.
L a conftruélion ufuelle eft celle ou les mots font
rangés dans l ’ordre autorifé par, l ’ufage de chaque
langue. E lle a différents procédés, a caufe de la
diverfîté des vues qu’e lle a à combiner . & à con-;
cilier : elle ne doit point abandonner totalement la
fucceftion analytique des idées; elle doit fe prêter 4 la fucceftion pathétique des objets qui intéreffent
l ’ame ; & e lle ne doit pas négliger la fucceftion
euphonique des expreftions les plus propres à flatter
l ’oreille. C e mélange de vues iouvent oppofées ne
peut fe faire fans avoir recours à quelques licences ,
fans faire quelques inverfîons à l ’ordre analytique ,
qui eft vraiment l ’ordre fondamental : mais la Gram-:
■ maire générale approuve tout ce qui mène à fôn
b u t, à l ’expréflion fidèle de la penfée. A in f î, quelque
vrais & quelque riéceffaires que foient les
principes fondamentaux de la Grammaire générale
for l ’enonciation de la penfée, quelque conformité
que les ufages particuliers- des langues puiffent
avoir à ces principes, on trouve cependant, dans
toutes des locutions tout à foit éloignées & des
principes métaphyfiques & des pratiques les plus
ordinaires ; ce font des écarts de- l ’u fag e, avoués
même par la raifon. L a conftru&ion ufoelle eft
donc fimple ou figur ée : fimple , quand e lle fuit
fans écart le procédé ordinaire de la langue ; figurée
, quand elle admet quelquefoçon de parler qui
s’ éloigne des lo is ordinaires. On donne a ces locutions
particulières le nom de fig u r e s de confiruc-
tion , pour les diftinguer de celles dont nous avons
parlé plus haut, & qui font des figures de mots »
les unes relatives au matériel, & les autres au fens.
Celles-ci font les diverfes altérations que les ufages
des langues autorifent dans la forme de la propofition
» ( V o y t\ F ig u r e , & C o nstruct ion ). C ’eft
communément fur quelques-unes de ces figures, que
font fondés les idiotifmes particuliers des langues;
& c’eft en les ramenant à la conttiîfâioq ânal) tique
, que l ’on^ vient à bout de les expliquer. C ’eft
l ’Analyfe feule qui remplit les vides de l ’Ellipfe ,
qui juftifie les redondances du Pléonafme , qui
éclaire les détours de l ’Inverfion. V o ilà , nous ofons
le dire, la manière la plus naturelle & la plus
sure d’introduire les. jeunes gens à l ’intelligence du
latin & du grec. V . C o n stru ct ion , Id io t ism e ,
In v e r s io n , Méthode.
O n voit par cette diftribution de l ’Orthologie ,
quelles font les bornes préc-ifes de la Grammaire
par raport à cet objet. E lle n’examine ce qui concerne
les mots, que pour les employer enfuite à
l ’expreffion d’un lens total dans une propofition^
F au t-il réunir plufîeurs propofitions pour en com-
pofer un difoours ? chaque propofition ifolée fera
toujours du reffort de là Grammaire , quant à l ’ex-
preflion du fens que l ’on y envifageta; mais ce qui
concerne l ’enfemble de toutes ces propofitions, eft
d’un autre diftriâ:. C ’eft à la Logiqu e à décider du
choix & de la force des raifons que l ’on doit employer
pour éclairer l ’efprit : c’ eft à la Rhétorique
à régler les tours, les figures, le ftyle dont on doit
fe fervir pour émouvoir le coeur par le fentiment,
ou pour le gagner par l ’agrément. Ainfî , la L o g ique
enfeigne en quelque forte ce qu’i l fout dire ;
là Grammaire , comment i l faut le dire pour être
entendu ; & la Rhétorique , comment i l convient de le
dire pour perfoader.
D e l3 Orthographe. Le s Arts n’ont pas été portés
du premier coup à leur perfection; ils n’y font
parvenus que par degrés , & après bien des changements.
A in fî, quand les hommes fongèrent à Communiquer
leurs penfées aux abfents, ou à les transmettre
à la poftérité-, ils ne s’avisèrent pas d’abord
des fignes les plus propres à produire cet effet : ils
commencèrent par employer des iymboles repré-
fentatifs des chofes, & ne fongèrent à peindre la
Parole même , qu’après avoir reconnu par une
longue expérience l ’infoffifonçe de leur première
pratique, & l ’inutilité de leurs efforts pour la per-
feétioriner autant qu’ i l eonvenoit à leurs. befoins.
Voye-{ É c r it u r e , C a r a c t è r e s , H ié r o g l y phes.
L ’Écriture fymbolique fut donc; remplacée par
l ’Écriture orthographique, qui eft la repréfenta-
’“tion de la Parole. C ’eft. cette dernière feule qui eft
l ’objet de la Grammaire ; .& pour en expofer l’art
avec méthode^ i l n’y a qu’à fuivre le plan même
de l ’Orthoiogie. O r nous avons d’abord confîdéré
à part les, mo.ts qui font les éléments de la proportion
; enfuite nous avons envifagé l ’enfemble de
la propofition t ainfî, la L e xico lo g ie & la Syntaxe
font les deux branches générales du traité .de la Parole.
C e lu i de l ’Écriture peut fe divifer également
en deux parties correfpondantes , que nous nommerons
Lexicographie 8c Logo graphie, R. R.
vocabulum ,■ - \iyoi, fermo ; & yputptu. , jfcriptio ;
comme fi l ’on difoit orthographe des mots , 8c
orthographe du difeours. L e terme -de Logogrcv-
p hie eft connu dans un autre fens, mais qui eft éloigné
du fens étymologique que nous revendiquons
i c i , parce que c’eft le feul qui puiffe rendre notre
pçnfée.
I. L ’office de la Lexicographie eft- de preferire
les règles convenables .pour reprefenter le materiel
des mots, avec les carattèrês autorifés par l ’ufage
de chaque langue. O n confîdère .dans le matériel
des mots les éléments & laprofodie ; de là deux fortes
de caractères , caractères élémentaires, 8c caractères
profodiques.
i ° . Les cara&ères élémentaires font ceux que
l ’ufage a cfeftinés primitivement à la représentation
des éléments de la Parole + favoir les voix & les
articulations. Ceux qui font établis pour repréfenter
les v o ix , fe nomment voyellesq ceux qui font introduits
pour exprimer les articulations, s appellent
confo'nnes : les uns 8c les autres prennent le nom
commun de lettres. L a lifte de .toutes les lettres
autorifées par l ’ufage d’une langue , fe nomme a lphabet
; St on appelle alphabétique, l ’ordre dans
le q u e l on a coutume de les ranger. ( Voye-[ A lphabet,
L ettres , V oyelles , C onsonnes). Les
grecs donnèrent aux lettres des noms analogues à
ceux que nous leur donnons ; ils les appelèrent
aruty/ia. , éléments , ou ypdppcAo. , lettres. Les
termes d3éléments, de v o ix , & d’articu la tion s , ne
devroient convenir qu’aux éléments de la Parole
prononcée ; comme ceux de lettres , de voyelles,
& de confonnes , rie devroient fe dire que de ceux
de la Parole écrite : cependant c’eft affez l ’ordinaire
de confondre ces termes , & de les employer
les uns pour les autres. C ’eft à cet .ufage , introduit
par là manière dont les premiers grammairiens
envifagèrent l ’art de la P arole , que l ’on doit
l ’étymologie du mot Grammaire.
a 0. Les caractères profodiques. font ceux que
l ’ iifage a établis pour diriger la prononciation des
mots écrits. On peut en diftinguer de trois fortes : les
uns règlent l ’ expreffion même des mots ou de leurs ,
éléments ; tels que la cédille, Y apostrophe ,1e tir et,
& la diérèfe : les autres avertiffent de l ’accent, c’eft
à dire , de la meiure, de l ’élévation de la'voix ; ce
font Y accent a ig u , l ’accent grave , St Y accent
circonflexe : d’autres enfin fixent la quantité ou la
mefure de la durée de la voix ; & on les appelle longue,
br ève, -St douteufe , comme les fyilabes mêmes
dont elles cara&érifent le fon. V o y e \ P rosodie ,
A ccent, Q uantité , & les mots que nous venons
d ’ indiquer.
IL L ’office de la Logograp hie eft de preferire
les règles convenables pour repréfenter la relation
des mots à Penfemble de c h a q u e . propofition, &
la relation de chaque propofition à 1 enfemble du,
difeours.
i ° . P ar raport aux mots confîdérés dans-la phrafe ,
la Logographie doit en général fixer le choix des
lettres capitales ou. courantes ; indiquer les occa-
fioris ou i l convient de varier la forme du caraClère
& d’employer l ’italique ou le romain, & preferire
les lois ufuelles fur la manière de repréfenter les
formes accidentelles des mots relatives à l ’enfemble
de la propofition.
i ° . Pour ce qui- eft de la relation de chaque propofition
à l ’enféinble du difoours, la Logographie
doit donner les moyens de diftinguer la différence
des fens, & en quelque forte les différents degrés
de leur mutuelle dépendance. Cette partie s appelle
Ponctuation. L ’ufage n’y décide guères que la
forme des caractères qu’elle emploie : l ’art de s’en
fervir devient en quelque forte une affaire de goût j
mais le goût a aufh fes r è g le s , quoiqu’elles puiffenc
plus difficilement être mifes à la portée du grand
nombre. V oy e \ P o n c tu a t io n .
T e l *eft l ’ordre que nous mettons dans notre m inière
d’envifoger la Grammaire. D ’autres fiiivroienc
un plan tout différent, & auroient fans doute de
bonnes raifons pour préférer celui qu’ils adopceroient.
Cependant le choix n en eft pas indifférent. De toutes:
- les routes qui conduifent au même bu t, i l n y en a
qu’une qui foit la meilleure. Nous n’avons garde d af-
ulrer que nous l ’ayons faifie : cette affertion feroic
d’autant plus préfomptueufe, que les principes d après
lefquels on doit décider de la preference des méthodes
didaéfiques, ne font peut-être pas encore
affez détermines. T ou t ce que nous pouvons'avancer,
c’eft que nous n’avons rien n ég lig é pour préfenter
les chofes fous le point de vue le plus favorable 8c
le plus lumineux.
I l ne faut pas croire cependant que chacune des
parties que nous avons affignees a la Grammaiis.
puiffe être traitée feule d’une manière complette ;
elles fe doivent toutes des fecours mutuels. C e qui
concerne l ’Écriture doit a ller affez parallèlement
avec ce qui appartient à la Parole : i l eft difficile
de bien fentir les caractères diftinCtifs des différentes
efpèces de mots , fans connoître les vues de l ’Ana-
lÿ fe dans l’expreffion de la Penfée ; .& i l eft impof-
fible de fixer bien précifémènt, la nature des accidents.
des mots , u l ’on ne connoit les emplois
différents dont ils peuvent être chargés dans la
propofition. Mais i l n’en eft pas moins neceffaire
de raporter à des chefs généraux toutes les matières
grammaticales , 8c de tracer un plan ^ qui puiffe
ette fu iv i, du moins dans l ’exécution d’un ouvrage
élémentaire. Avec! cette connoiffance des éléments
, ori-peut reprendre le même plan & l ’approfondir
de . fuite fans: obftacle, parce que les pre-
niières notions préfenteroric partout les focours
B b’ i