
F É C
qu’i l ne Toit pas f e r t i le , n’eft pas abfolumentflérile ;
i l n eft qu * infertile. 11 y aura peut-être cette différence
entre Stérile & in fé co n d , que le premier
lignifiera proprement ce qui ne peut pas être f é condé
3 & le fécond, ce qui ne l ’eft pas.
Tice - L ive dit que la Gaule étoit fe r t ile en
tommes & en denrees ; & P lin e , qu’i l n’y avoit
point de terre plus féconde en métaux que FItalie :
la F e r tilité exprimeroit - elle mieux la production
extérieure 3 ôc la F écon d ité , la production intérieure
?
Dans le figuré, un fu jet eft f é c o n d , lorfqu’i l
contient le germe d’une foule de vérités 3 la Fert
il i t é s’annoncera par le dèvelopement de ces
germes.
Dans le figuré, la Fécondité emporte, ce fem-
b l e , une idée de grandeur, que nous n’attachons
pas ordinairement a la Fertilité.
On dira, L a Fécondité d’un auteur, lorfque de la
profondeur de fon génie & de la fcience cet
auteur tirera fans celle de nouvelles malles d’idées
.& d’inftruCtions auflî folides que variées. O n dira,
•La F e r tilité d’un écrivain , lorfqu’avec le don de
croire à fes premières penfées & de commander
à fa p lum e , cet écrivain affeCtera cette faftueufe
& vaine abondance qui n’eft pas incompatible avec
l a Stérilité.
L ’elprit eft fe r t ile en expédients j i l retient les
rênes du. gouvernement dans les mains de Mazarin,
malgré les cabales, les barricades, les arrêts , les
chanlons, les feux follets de la fronde. L e génie
eft fé co n d en rellources 3 i l applanit à A n nib al,
prefque Peul contre tous , la mer , l ’Elpagn e, les
Pyrénées, les Gaules , les A lp e s , & l ’Italie jufi-
qu’aux portes de Rome ou du moins jufqu’ â
Càpoue.
U n â g e , un pays eft fé co n d en grands hommes :
ce pays eft celui d’une honnête liberté , quelle
que foit la forme du gouvernement, monarchique
ou républicain 3 cet âge fera celui d’un grand
prince. I l y a des peuples & des temps fe r tile s
en inventions : cés temps font amenés, ces peuples
fe forment, lorfque les ateliers de l ’ in d u f t r ie e x citée
par les circonftances & par les encouragemen
ts, communiquent, d’un côté avec les cabinets
des favants, & de l ’autre avec les palais des
princes.
Les lo ix tyranniques font fécondes en grands
crimes 3 parce q u e lles en créent , qu’elles en
commettent, qu’elles les confondent, & q u e lles
s’irritent : auflî les moeurs font - e lles atroces partout
ou le font le s loix 3 voyez le Japon. L ’intérêt
particulier èft txès-fertile en moyens d’éluder
les prohibitions 3 Car l ’appât du gain l ’attire vers
le s paflages que l ’infpe&ion la plus févère lailfe
nécelfairement ouverts : auflî la contrebande eft-elle
une des principales branches du commerce de
l ’Ëurope 3 voyez l ’Angleterre.
L ’erreur la plus chère aux paflîons eft l’ erreur
la plus Fertile en déguifemeats i c’eft le Prothée
F É JE
de la fable. Une grande vérité eft une vérité éclatante
& féconde en vérités , c’eft un globe de
lumières ). ( L ’abbé R ou baud.)
FÉ E S , f. f. [B e l le s - L e t t r e s . ) Terme qu’on
rencontre fréquemment dans les vieux romans &
les anciennes traditions 3 i l fignifie une efpèce de
génies ou de divinités imaginaires qui habitoient
fur la terre , & s’y diftinguoient par quantité d’actions
& _de fondions merveilleufes, tantôt bonnes ,
tantôt mauvaifes.
Le s Fée s étoient une efpèce particulière de divinités
qui n’avoient guère de rapport avec aucune de celles
des anciens grecs & romains, fi ce n’eft avec les
larves. Cependant d’autres prétendent avec raifon
qu’on ne doit pas les mettre au rang des dieux 3
mais ils fuppofent qu’elles étoient une efpèce d’êtres
mitoyens qui n’étoient ni dieux ni an g e s , ni hommes
ni démons.
Leur origine vient d’Orient : i l femble que\les
perfans & les arabes en font les inventeurs', leur
hiftoire & leur religion étant remplies d’hiftoires
de Fées & de dragons. Les perfes les appellent
P é r i , & les arabes Gimn , parce qu’ils ont une province
particulière qu’ils prétendent habitée pa rle s
Fées ,* ils l ’appellent G im n ijla n , & nous la nommons
P a y s des Fées. L a Reine des Fée s , qui eft le
chef-d’oeuvre du poète anglois Spencer, eft un P oème
épique, dont les perfonna^es & le caractère font tirés
des hiftoires des Fées.
Naudé, dans fon M a fcu râ t , tire l ’origine des
contes des Fées-, des traditions fabuleufes fur les
parques des anciens, & fuppofe que les unes & les
autres ont été des députes & des interprètes des -
volontés des dieux fur les 'hommes 3 mais enfuite
i l entend par Fées , une efpèce de forcières qui fe
rendirent célèbres en prédifant l ’avenir, par quelque
communication qu’elles avoient avec les génies.
Les idées religieufes des anciens, obferve-t-il, n’ étoient
pas, â beaucoup près, aufti effrayantes que
les nôtres, & leur enfer & leurs furies n’avoient
rien qui put être compare à nos démons. Selon lui >
au lieu de nos forcières & de nos magiciennes , qui
ne font que du mal & qui font employées aux
fonctions les plus viles & les plus baffes , les anciens
"admettoient une efpèce de déeftes moins mal-
faifantes, que les auteurs latins appeloient albas
dominas : rarement elles fefoient du mal, elles fe
plaifoient davantage aux actions utiles & favorables.
T e l le étoit leur nymphe Égérie , d’011 font
forties fans doute les dernières reines F é e s , Morgane
, A lc in e , la Fée Manto de l ’A r io fte, la G lo -
riane de -Spencer, & d’autres qu’on trouve dans les
romans anglois & françois : quelques - unes préfi-
doient à la naiflance des jeunes princes & des cavaliers
, pour leur annoncer leur deftinée, ainfi que
fefoient autrefois les parques, comme le prétend H y -
g in , ch. c l x x j , & c lx x jv .
* Quoi qu’en dife Naudé , les anciens ne man-
quoient point de forcières aufti méchantes qu’on
F É L
fuppofe les nôtres * témoin la Canidie d’Horace 3
( Ode V , & S a t.l. 5.). Les Fées ne fuccédèrent point
aux parques ni aux forcières des anciens , mais plus
tôt aux nymphes j car te lle étoit Égérie.
Les Fée s de nos romans modernes font des êtres -
imaginaires, que les auteurs de ces fortes d’ouvrages
ont employés pour opérer le merveilleux ou. le
ridicule qu’ils y sèment, comme autrefois les poètes
fefoient intervenir dans l ’Épopée , dans la Tragédie,
& quelquefois dans la Comédie, les divinités du
paganifme : avec ce fecours, i l n’y a point d’idée
fo lle & bizarre qu’on ne puiffe hafarder. Voye-^Varticle
Merveilleux , Dictionnaire de Chambers.
( V a b b é Ma l l e t . )
FÉ E R IE y f. f. O n a introduit la-.Féerie à l ’Opéra
comme un nouveau moyen de produire le merveilleu
x , feul vrai fonds de ce fpeétacle. Voye-[ Merveilleux,
O péra.
O n s*eft fervi d’abord de la Magie. Q u i-
nault traça d’un pinceau mâle & vigoureux les ■
grands tableaux des Médée, des Arcabonne , des
Armide , &c. Les Argine , les Zo rad ie , les
Phéano, nevfont que' des copies de ces brillants ori-M
ginaux.
Mais ce grand poète n’introduifît la Féerie dans
fes Opéra qu’en fous-ordre. Urgande dans Amadis,
& L o g ift ille dans Rolland, ne font que des perfon-
nages fans intérêt , & tels qu’ on les aperçoit â
— peine.
D e nos jours, le fonds de la F é e r ie, dont nous
nous fournies formé une idée vive—, légère , &
riante, a paru propre à produire une^ dilufion agréable
& des aérions aufti intéreflantes -que merveilleufes.
O n avoit tenté ce genre autrefois 3 mais le peu
de fuccès de M an to la f é e & de la Pe in e des
péris y fembloit l ’avoir décrédité. U n auteur moderne,
en le maniant d’une manière ingénieufe , a
montré que le malheur de cette première tentative
ne devoit être imputé n i .à l ’art , ni au genre.
En 1733 » M. de Moncrif mit une entrée de
Féerie dans fon b allet de Y Empire de VAmou r ;&
i l acheva de faire goûter ce genre, en donnant Zélin -
d o r , roi des Sylphes.
■_ Çet ouvrage, qui fut repréfenté à la C o u r , fit
partie des fêtes qui y furent données après la victoire
de Fontenoy.
MM. Rebel & Francoeur, qui en ont fait la
Mufique, ont répandu dans le chant une expreflion
aimable, & dans la plupart des fymphonies un ton
d’enchantement qui fait illufîon 3 c’ eft prefque partout
une Mufique qui peint , & i l n’y a que Celle-
là qui prouve le talent & qui mérite des éloges.
( Ca h u z a c .)
F É L I C I T É , f. f. Grammaire. C ’eft l’état permanent,
du moins pour quelque temps , d’une ame
contente 3 & cet état eft bien rare. L e bonheur
F É M 5 t
vient du dehors 3 c’ eft originairement une bonne
heure. U n bonheur v ien t, on a un bonheur 3 mais
on ne peut dire , I l m’ e jl venu une Félic ité y f ai
eu une Félicité : & quand on d i t , Cet homme
jo u î t d'une Félicité parfaite , une alors n’eft pas
pas prife numériquement , & fignifie feulement
qu’on croit que fa F é lic ité eft parfaite. O n peut
avoir un bonheur fans être heureux. Un homme a
eu le bonheur d’échaper à un piège , & n’en eft
quelquefois que pfus malheureux 3 on ne peut pas
dire de lui qu’i l a éprouvé la F élic ité. I l y a encore
de la différence entre un bonheur & le bonheur
3 différence que le mot F é lic ité n’admet point.
Un bonheur eft un évènement heureux. L e bonheur „
pris indéfinirivement, fignifie une fu it e de ces évènements.
L e plaifir eft'unfentiment agréable & paf-
fager 3 le bonheur , confidéré comme fentiment ,
eft une fuite de plaifîrs 3 la prolpérité, une fuite
d’heureux évènements 3 la F é lic ité y une jou ïffan c e.
intime de fa prolpérité. L ’auteur des Synony mes
dit que le bonheur eft pour les riches t
la Félicité pour le s f âges y la béatitude pour le s
pauvres d’efprit; mais le bonheur paroît plus tôt
le partage des riches qu’i l ne l ’eft en effet, & la
F é lic ité eft un état dont on parle plus qu’on ne
l ’éprouve. C e mot ne fe dit guères en profe au
p lu r ie l, par la raifon que e’eft un état de l ’am e ,
comme Tranquillité, Sageffe, Repos 3 cependant la
Poéfie, qui s’élève audeflus de-la Profe, permet qu’on
dife dans PoJ.yeu&e :
Ou leurs Félicités doivent être infinies )
Que vos Félicités t s’il fe peut, foient parfaites.
Les mots, en paflant du fiibftatitif au v erbe, ont
. rarement la même lignification.. F é lic ite r , qu’on
emploie au lieu de Congratuler, ne veut pas dire
Rendre heureux ; i l ne dit pas même fe R é jou ir
avec quelqu’un de fa F é lic ité : i l veut dire Amplement
Faire compliment for un fuccès, for un évènement
agréable. I l a pris la place de Cbngratuler9
parce qu’i l eft d’une prononciation plus douce & plus
. fonore. ( M . DE VOLTAIRE. )
F É M IN IN , IN E , adj. Grammaire. C ’eft un
qualificatif qui- marque que l ’on joint â fon fubl-
tantif une idée accefloire de femelle. Par exemple
, on dit d’un homme qu’i l a un vilàge fém in in ,
une mine fém in in e , une voix fém in in e y & c. On
doit obferver que ce mot a une terminaifon mafeu-
line & une féminine. Si le fobftantif eft du genre
mafculin, alors la Grammaire exige que l ’on énonce
l ’adjeérif avec la terminaifon mafeuline : ainfi, on
dit. un air fém in in , félon la forme grammaticale
de l ’élocution 3 ce qui ne fait rien perdre du fens,
qui eft que l ’homme dont on parle a une configuration
, un teint, un co lo r is, une voix , &c , qui
reffemblent à l ’air & aux manières des femmes, ou
qui réveillent une idée de femme. O n dit au contraire
une v o ix fém in in e , parce que v o ix eft
du genre fém in in : ainfi, i l faut bien diftinguer la