
E S P E S P
E;i S P R I T , f. m. Terme de. Grammaire
grèque. L e mot E fp r i t , fp ir itu s , fignifie dans
le lens propre un vent fu b t il ,:le vent de la refpi-
ration , un fou ffle . En terme de G rammaire grèque
, on appelle E fp r i t , un ligne particulier deftiné
a marquer i ’a(piration . comme dans l ’a r ic le », le ,
y , la. On prononce ho , l i é , comme dans hotte ,
héros; ce p e t it c qu’on écrit fur la le tt re , eft appelé
E fp t it rude.,
U E fp r ità e s grecs répond parfaitement a notre H ;
car , comme nous avons une h afpirée que l ’on
fait fentir daiis la prononciation, comme dans
ha îne, héros , & que de plus nous ayons une h
qu’on éc rit, mais qu on appelle muette , parce qu’on
ne la prononce point , comme dans l 'homme ,
Vheure i de même en grec i l y a E fp r it rude qu’on
prononce toujours , & i l y a E fp r it doux qu’on ne
prononce jamais. Nous avons dit que Y E fp r it rude
| eft marqué comme un petit * qu’on écrit fur la lettre
^ajoutons que Y E fp r it doux eft marqué par une
petite v irg u le ’ : a in fi, Y E fp r it rude eft tourné de
gauche à droite * , & le doux de droite à gauche
Que nos h foient afpirées ou qu’elles ne le
foient pas , i l n’y a aucun ligne qui les diftino-ue ;
on écrit également par h le héros & Y héroïne, mais
le s grecs diftinguoient Y E fp r it rude de Y Efp r it
doux : je trouve que les italiens font encore plus
e-xafts, car ils ne prennent, pas la peine d’écrire
Y h qui ne marque aucune afpiration ; homme,
uomà i les hommes , uordini ; philofophe, f ilô fo fo ]
rhétorique , rettot'ica: on prononce les deux t.
- Y,’E fp r it rude étoit marqué autrefois par h , êta.,
qui eft le ligne 'de la plus forte afpiration des hébreux,'
Comme Y h en latin & en françois eft la
marque de 1 afpiration. Âinfi , ils écrivirent d’abord
hekatom , dit ia Méchode de P o r t -R o y a l, & dans
E fuite ils ont écrit f Ka-m en marquant Y E fp r it
L a même Méthode obferve., p a g e 13 , que les
deux E fp r it S' font des reftesde h qui a été fendue
en deux horizontalement, ■ en lorte qu’une partie c
a fervi pour marquer Y E fp r it rude , & d’autres pour
etre le ligne de Vefprit doux. *
. L e méchanifmè des organes de la parole a fou-
vent changé Y E fp r it rude , & même quelquefois
le doux en ? ou eh v. Ainfi de v V p , de f u s , on a
p k fu p e r ; de vis», dejfous , on a fait fu b ,• de
6no? i vinum ; de as, vis ; de â \ s , f a l ; de sVra ,
feptem ; de s | , f e x ; de h/ùo-v î , fem is ; de ep<sra
je r p o . ( M . d u .M a r s a ï s ).
. (; N. ) ■ E s p r 1 t . Ce mot n’eft- il pas une grande
preuve de l ’imperfeaion des langages, & du hafard.
qura dirigé prefque toutes nos conceptions ?
I l a plu aux grées , ainfi qu’a d’autres nations,
d appeler vent , loulfle , p n eum a , ce qu’ils en-
tendoient vaguement par refpiration, v ie ,- am e .
u r ’ j ame„ & y ea} étoient en un fens la même
c oie dans 1 antiquité ; & fi nous difions que l ’homme
CtK A m m . e t L i t t é r a t . Tome I L
eft mie machine pneumatique , nous ne ferions que
traduire les grecs. Les latins les imitèrent , & le
fervirent du mot fpiritus™ E fp r i t , Cou ffie. A n im a ,
fp ir itu s , furent la même choie.
L e rouhak des phéniciens, & , à ce qu’on prétend
, dés chaldéens , fignifioit de même, fouffLe 8c
vent. t
Quand on traduifit l a Bible en latin , on-employa
toujours indifféremment l e ' mot fouffle, E fp r i t ,
vent , ame. Spiritus D ei fereb.aturfuper aquas ,
l e vent de D i e u , Y Efp r it de D ieu .étoit porté fu*
le s eaux. -
Spiritus vit c e , le louffle de la v i e , l ’arae de
la vie.
Infpiravit in fa c iem ejusfpira cu lum , ou fp i -
rhum vitae : 8c U fouffla fur fa face un fouffle de
.. vie ; & , félon l ’hébreu , i l fouffla dans fes narines
un fouffle, un Efp r it de vie.
Hoec qïium d ix ijfe t , in fu ffla vit, & d ix it e is :
Ac c ipite fpir itum fanctum. Ayant dit cela, i l fouffla
fur eux, Scieur dit : Recevez le fouffle faint, Y Efp r it
faint. ■
Spiritus ubi vult fp ir a t ., & voçem e ju s au dis ,
fe d n e fe is unde veniat : l ’E fp r it , lè v en t fouffle 011
i l veu t, & vous entendez fa voix ( fon bruit ) , mais
vous ne favez d’o ù .il vient.
< G e que nous entendons communément en fran-
cois par E fp r i t , bel- E fp r i t , trait S E fp r i t , &c.
lignifie des penfées ingénieufes. Aucune autre
nation n a fait un tel ufage du mot fp ir itu s . L e s
latins difoient ingenium, les grecs eu p huia, ou
bien ils employoient des adje&ifr. Les efpagnols
difent a g u d o , jagudeçça.
Les italiens emploient communément l e terme
ingegno.
} Le s anglois fe fervent du mot w i t , w it ty , dont
l ’étymologie eft belle , car ce mot autrefois fignifioit
f ig e .
Les allemands dilent verflandig ; & quand ils
veulent exprimer des penfées ingenieufes , vives ,
agréables , ils difent riche en fenfations , f in reich.
C ’eft de là que les an g lo is, qui ont retenu beaucoup
d’expreffions de l ’ancienne langue germanique
& francoife , difent fenfible man.
Ainfi , pre(que tous les.mots qui expriment des
idées de l ’entendement, font des métaphores.
U ingegno , Y ingenium, eft tiré de ce qui engendre
j Yagudejfa , de ce qui eft pointu; le f in
reich des fenfations ; Y E fp r i t , du vent ; & le w it. de
lafag effe .
En toute langue ce qui* répond à en général,
eft de plufieurs fortes ; & quand vous dites : Ce t
homme a de Y E fp r it , on eft en droit de vous demander
, duquel ?
G ira rd , dans (bn livre utile dés définitions, intitulé
Synonymes fran çois -, conclut ainfi :
I l fa u t dans le commerce des dames de /’Efprit,
ou du ja rg o n qui en ait Vapparence. ( C e n’eft