
L e s noms propres, dans le G r e c , fignifient fou-
vent quelque choie , comme dans les langues orientales.
Ainii , A r ïjlo ie fignifie bonne fin; Démof-
thène fignifie force du peuple ; Philip p e fignifie qui
aime les chevaux; îfècrate fignifie d’une égale force,
,& c . V oy e\ N om.
L e Grec eft la langue d’une nation p o l ie , qui
avoit du goût pour les Arts & pour les Sciences
qu’e lle avoit cultivés avec fuccès. On a canfervé
dans les langues vivantes quantité de mots grecs
propres, des Arts ; & quand on a voulu donner des
noms aux nouvelles inventions , aux inftruments ,
aux machines, on a fouvent eu recours au Grec ,
pour trouver dans cette langue des mots faciles d
compofer qui exprimaient l’ufage ou l ’effet de
ces nouvelles inventions. C ’ eft fur ce principe qu’ont
été formés les noms d’açou jliqué, d’aréomètre , de
baromètre , de thermomètre, de logarithme , de
te'lefcope, de microfcope , de loxodromie, & c.
* G r e c .v u l g a i r e ou m o d e r n e , eft la langue
qu’on parle an] ourdirai en Grèce.
O n a çcr*it peu de livres en Grec vulgaire depuis
la prife de Conftantinople par les turcs; ceux que
l ’on voit ne font guères que des catéchifmes , ' &
quelques livres femblables, qui ont été compofés
ou traduits en Grec vulgaire par les miflîonn aires
latins.
Le s Grecs naturels parlent leur langue fans la
cultiver : la misère où les réduit la domination
des turcs, les rend ignorants par néçeffité ; & la
Politique ne permet pas , Hans les États du grand
feigneur, de cultiver les Sciences.
Soit par principe de religion ou de barbarie, les
turcs ont détruit de propos délibéré les monuments
de l ’ancienne G rè ce , & méprifé l ’étude du G r e c ,
qui pouvoit les polir & rendre leur empire flo-
riflant ; bien differents en cela des romains , ces
anciens conquérants de la Grèce , qui s’appliquèrent
à en apprendre la langue apres qu’ils en eurent
fait la conquçte, pour puifer la politeffe -&
l e bon goût dans les Arts & dans les Sciences des
Grecs.
O n ne fauroit marquer précisément la différence
qu’i l y a entré le Grec vulgaire & le Grec littéral
: e lle confifte dans des terminaifons des noms ,
des pronoms , des verbes , & d’autres parties d’orai-
fon qui mettent entre ces deux langues, une différence
à peu près fbmblablç à celle que l ’on remarque
entre quelques dialectes de la langue italienne
ou efpagnole. Nous prenons des exemples
de ces langues, parce qu’elles font plus connues
que les autres; lirais on pourroit dire là même chofe
des dialeftes des langues hébraïque , tudefque, efcla-
vontre, &c.
I l y a aufli dans le Grec vulgaire plufieurs mots
nouveaux, qu’on ne trouve point dans le Grec
littéral ; des particules qui paroiffent explétives ,
& que i ’ufage feul a introduites pour cara&érifer
certains temps des verbes, ou certaines exprefiions
,,qni auroient fans ces particules le même fens, fi
1 ufage avoit voulu s’en paffer ; divers noms de
dignités & d’emplois inconnus aux anciens Grecs ,
& quantité de mots pris des langues des nations
voifines. Dictionnaire de Trévoux & Chambers..
( L’abbé Mallet.)
( ^ O n peut prendre une connoiffance plus pré-
cife de la différence qu’i l y a entre le Grec vulgaire
& le Grec litté ra l, dans un ouvrage imprimé
en 1705), chez Guignard , in-8° , & dédie au célèbre
abbé Bignon : c’eft une Nouvelle méthode pour
apprendre les principes de la langue gfèque vulgaire
, divifée & partagée en x 1 1 heures par le
P . F . T homas de P a r i s , capucin, mifjionhdire
apoflolique. Cette Grammaire , écrite enfrançois,
en la t in , & en italien , eft imprimée en trois colonnes,
une pour chaque langue; & quoique par
ce moyen elle foit répétée trois fois , le volume
n’eft pourtant que de 360 pages.) ( M. BeAUZÉE.)
, ( N . ) G R O S , É P A IS . Synonymes. Une chofe’
eft grojfe par la quantité de fà circonférence : e lle
eft épaiffe par l ’une de tes dimenfions.
Un arbre eft gros. Une planche eft épaijfe.
I l eft difficile d’embraffer ce qui eft gros. On a
de la peine à percer ce qui eft épais. [ L ’abbé G l -
R A R D r ) .
( N . ) G U T T U R A L , E , adj. Appartenant à
la gorge ou. au gofier. V aijfeau guttural. Glande,
gutturale. Ar ticu la tion s , Conformes - g u ttu rales.
C e m o t, tiré immédiatement du latin Guttu -
ralis , qui a le même fens, vient du nom Guttur
(G o r g e , G o fie r ).
Les articulations gutturales font celles qui font
retentir l ’explofion de la voix dans la région du
gofier* 11 y en a deux bien fenfibles dans le fran-
cois , G & Q ; telles qu’on les entend dans les mors
G a le y Cale; vaguer, vaquer; &c„ [M. Beau7
ZÉE.)
H,
H
H i f. f. Grammaire. Ç ’eft la huitième lettre
de. notre alphabet. V o y e { A lphabet.
• I l .n’eft pas unanimement avoué - par tous les
grammairiens que ce caractère foit une lettre * &
ceux qui en font une lettre né font pas même
d’accord entre eu x; les tins prétendant 3 que c^eft
une conforme, & les autres/, q u e lle n’eft qumi
figne d’afpiration. I l eft certain que le plus effençiel
eft de convenir de la valeur de c e caradère ; mais
i l ne fauroit être indifférent à la Grammaite de ne
favoir à quelle claffe on doit le raporter. Effayons
donc d’approfondir cette queftion, & cherchons-en la
folucion dans les idées générales.
; Les lettres font les figues des éléments de la
parole, favoir des voix & désarticulations. Voye\
L ettres. L a voix eft une fimple émiffion de 1 air
fonore, & dont les différences eüencielles dépendent
de la forme du paffage que la bouche prête a cet air
pendant l ’émiflion ( voye\ V o i x ) ; & les voyelles
font les lettres deftinées à la repréfentation des
voix | Voye\ V oyelles ). L ’articulation eft une
modification des voix produite par le mouvement
fubit & inftantané de quelqu’une des parties mobiles
de l’organe de la P a ro le ; & les confonnes
font les lettres deftinées à la repréfentation des articulations.
Cé ci mérite d’être dèvelopé.
Dans une thèfe foutenue aux écoles de Médecine
le 13 Janvier 17«; 7 [ A n ut cæteris a/umantibits,
ita & homini, fu c iv ô x ’ peculiar is ? ) , M. Savary
prétend que l ’ intérception momentanée du fon eft
ce qui conftituë l ’effence des confonnes, c’eft à
dire, eu diflinguant le figne de la chofe' fignifiée,
l ’effence des articulations : fans cette interception ,
la Voix ne feroit qu’une cacophonie , dont les variations
mêmes feroient fans agrément. -
J’avoue que l ’interception du fon cara&érife en
quelque forte toutes les articulations unanime-
jment reconnues , parce-qu’elles font toutes produites
par des mouvements qui embarraffent en effet
l ’émiffion de la voix. Si les parties mobiles de
l ’organe reftoient dans l ’état où ce mouvement les
met d’abord , ou l ’on n entendroit r ien , ou l ’on 11 entendront
qu’un fifflemeftt,, caufé par l ’échapement
contraint de l ’air hors de- la bouché. Pour s’en
affurër, on n’a q u à réunir les lèvres comme pour
articuler un p on approcher la lèvre inférieure
des dents fupérieures,. comme pour prononcer un v,
tâcher de produire le fon a , fans changer cette
polition. Dans le premier ca s , on n’entendra rien
jufqu’à ce que les lèvres-fe féparent ;& dans le fécond
cas , on n’aura qu’un fifflement informe.
V o ilà donc deux chofes à diftinguer dans l ’articulation
; le mouvement inftantané de quelque
G r a m u . e t L i t t é r a t . Tome I I .
H
partie mobile de l ’organe l’ interception momentanée
du fon ; laquelle, des deux eft repréfentée par
le s confonnes ? ce 11 eft affinement ni l ’une nî
l ’autre. L e mouvement en foi* n’eft point du reflort
de l ’ouïe > & l ’interception du fo n , qui eft un
véritable filence, n’en eft pas davantage. Cependant
l ’oreille diftingue très-fenfiblement les chofes
repréfentées‘ par les confonnes ; autrement, quelle
différence trouveroic - e lle entre les mots v a n ité ,
q u a lité , qui fe réduifent également aux trois fons
a-i-é y quand on en fuppnme les confonnes ?
L a vérité eft que le mouvement des parties mobiles
de l ’organe eft la caufe phyfique de ce qui
fait l ’effence de l ’articulation : l ’interception du fon
eft l ’ effet immédiat de cette caufe. phyfique a
l ’égard de certaines • parties mobiles ; mais cet effet
n’eft encore qu’un moyen pour amener l ’ardculatioa
même.
L ’air eft un fluïde q u i , dans la produftion de la
v o ix , s’échape par le canal de là bouche ; i l lu i
arrive a lo r s, comme à tous les fluides en pa re ille
circonftance, que , fous l ’impreflîon de la même
force, fes efforts pour s’échaper & fa viteffe en
s’ échapant croiffent en raifon. des obftacles qu’on
lu i oppofe ; & i l eft très-naturel que l ’oreille distingue
les différents degrés de la viteffe & de l ’a â io n
d’un fluïde qui agit-fur elle immédiatement. Ces
accroiffements d’ad ion inftantanés. comme la caufe
qui les produit, c’ eft ce qu’on appelle explofion,
Ainfi-, les articulations font les différents degrés
d’explofion que reçoivent les voix par le mouvement
■ fubit & inftantané de quelqu’une des parties mobiles
de l ’organe.
C e la pofé , i l eft raifonnable de partager les ar-'
ticulations & les confonnes qui les reprélentent, en
autant de claffes qu’i l y a de parties mobiles qui
peuvent procurer l ’explofion aux voix par leur mouvement
: de là. trois claffes générales de confonnes »
les lab ia le s, les linguale s, &T lés gutturales , qui
repréfentent les articulations produites par le mouvement
ou des lèvres, ou de la lan g u e , on de la
■ trachée-artère. .
L ’afpiration n’eft autre chofe qu’une articulation
gutturale ; & la lettre fi , qui en. eft le figne , eft
une çonfonue gutturale. C e n’eft point par les
caufes phyfiqües qvt’ i l faut juger de la nature de
l ’articulation; c’eft par elle-même : l ’oreille ea
difeerne toutes les variations, fans autre fecours
que fa propre fenfibilité ; au lieu qu i l faut les
lumières de la Phyfique & de l ’Anammiei pour
en connôître les caufes. Que l ’afpiration n^occa-
fionne aucune interceptionde la voix., c’eft une vérité
inconteftable; mais elle n’en produit pas moins