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fait affe'z fient! r combien eft poffible l ’application
de ce verbe à d’autres fujets. V o ic i des preuves de fait
pour les autres. O n lit dansValerius Flaccus {lib. i l .
de P u lcan o ) , A d clinem fcopulo inveniunt, mi-
ferentque , f o v e n t q u e ; où l ’on voit miferent au
p lu r ie l, & appliqué au même fujet que les deux
autres verbes inveniunt & f o v e n t . Plaute nous
fournit un pafTage. où p ig e t & pudet tout à la
fois font appliqués perfonnellement -, s’i l eft poffible
de le dire : Q u o d pudet fa c i liù s fe r tu r
q u a m illu d quod piget ( in P f e n d . ). Lucain
emploie pudebunt au pluriel ; Semper metuit quem
f oe v a pudebunt fup p lic ia ; & l ’on trouve pudent
dans Térence , Non te h c e c pudent ( in A d elph, ) ?
Pour ce qui eft de t c e d e t , on le trouve avec un
fujet au nominatif dans Sénèque ( lib. I. de ira ) ,
I r a e a tædet quoe invajit ; & A u lu -G e lle ( lib . i . )
's’en fert même au p lu riel; V e r b i s e j u s d efatig ati
pertæduiffent.
S’il-s’agit des verbes qui expriment l ’exiftence des
météores & autres phénomène? naturels , comme
p lu i t , fu lm in â t , f u l g u r a t , lucefcit ; ils font dans
le mèiue cas que les précédents. O n trouve dans
le s écrivains les plus sûrs des exemples ou ils font
accompagnés de fujets particuliers, comme tous
les autres verb.es reconnus pour perfonnels. M a -
lunt quum impluit cceteris , n o n im p lu a t mihi;
( Plaut. M ofle ll. ). M u ltu s ut in terras deplue-
ritque lapis ( Tib* lib. I I . ). N on denfjor
aëre g rando, nec de concujfd tantum p lu it ilice
glandis ( V irg . Georg. I V . ) ; F ulminât Æ n e a s
armïs ( id. Æ n . XIh. ) ; A n tr a aetnea tonant
( id. Æ n . v i n . E t elucefcet aliquando ille
dies ( Cic. pro M il. ) ; N e f p e r a f c e n t e coelo Tke-
bas pojfunt pervenire (C o rn . N ep. P é lo p .) . I l
feroit fuperflu d’accumuler un plus grand nombre
d’exemples ; mais je remarquerai que la manière
dont quelques grammairiens veulent que l ’on fup-
p lée le fujet de ces verbes , lorfqu’i l n’eft pas
exprimé , ne me paroît pas affez jufte : ils veulent
qu on leur donne un fujet cognâtes fignificat ionis,
c ’eft à dire, un nom qui ait la même racine que
le verbe , & que l ’on d ife , par exemple , p lu v ia
p l i â t , fulm en fu lm in â t , fu lg u r fu lg u r a t , • lu x
lucefcit XL* eh. introduire gratuitement un p léonafme;
ce qu’on ne doit jamais fe permettre qu’en faveur
de la netteté ou de l ’énergie. On a voulu indiquer
un moyen général de fuppléer l ’ellipfe ; mais
ne vaudroit - i l pas mieux renoncer à cette vue ,
que de lui facrifier la jufteffe de l ’expreflion, comme
i l femble qu’on la facrifie en effet dans lu x luce
fcit ? L u x fignifie proprement la fplendeur du
forps lum in eu x ; lucefcit veut dire aquiert des
degrés de fplendeur : car lucefcere eft un verbe
inchoatif. P o y e \ Inchoat if. Réunifiez ces deux
traductions, & jugez ; la fplendeur aquiert des
degrés de fplendeur ! Confultons les bonnes fourees,
.& réglons-nous dans chaque occurrence fur les
exemples les plus analogues que nous aurons
prouves ailleurs : c’ e ft, je crois, la règ le générale
la plus sûre que l ’on doive p ropofer, & qu’i l faille-
fuivre.
Parcourons encore quelques verbes de terminai-,
fon aétive , prétendus imperfonnels par la foule
des grammatiftes, & cepèndant appliqués par les
meilleurs auteurs à des fujets déterminés, quelquefois
même au nombre pluriel.
Accidit. Q u i dies quam crebro a c c id a t, experti
debemus fc ir e ( C ic .pro M il.) . E n accido ad tua
genua ( Tac it. )
Contiogit. Nam neque divitibus contingunt
gaudia f o li s . (H o r . epifl. i . 17 .)
• Decet. Nec velle experiri quam f e a liéna deceant;
id enim maximè quemque decet quod e jl cujufque
maximèfuum. ( Cic. O j f c . I . )
Libet & lubet. Nam quod tibi lu b e t, idem mihi
libet. ( Plaut. M o f l e l l . )
Licet. Non mihi idem licet quod iis qui nobili
genere n a tifu n t. ( Cic. )
Licet & oportet. E f l enim aliqu id quod non
oporteat, etiamfi liceat ; quidquid vero non licet,
certè non oportet. ( Cic. pro B a lb o. )
Oportet. H oe c fa c la ab illo oportebant ( Terent).
A d h u c A c h illis quoe a d fo len t, quceque oportent
fig n a adfalutem effe , omniahuic ejfevideo, ( id .)
Si nous trouvons ces verbes appliqués à des lujets
déterminés dans les exemples que l ’on vient de
v o ir , pourquoi faire difficulté de reconnoître qu’i l
en eft encore de même , lorfque ces fujets ne
font pas exprimés , ou qu’ils font moins apparents
? M e liceat cafum miferari in fon tis
amici ( Æ n . v .) ; le fujet de liceat dans ce vers, c’eft
me miferari cafum infontis amici ; c’eft la même
chofe dans ce texte d’Horace , L icu it f em p e r q u e
licebit fignatum p r ce f e n t e nota producere nomen
( A r t . poet. 58. ). L e fujet grammatical de licu it
& de licebit , c’eft l ’infinitif producere ; lé fujet
logique , c’eft fignatum p r ce f e n t e nota producere.
nomen. O n lit dans Corn. N ep. ( M ilt. I . ) A c cidit
ut Athenienfes Cherfonefum colonos vellent
mittere ; la confirmation pleine montre clairement
le fujet du verbe accidit : c’eft res accidit
ita ut Athenienfes vellent mittere colonos in
Cherfonefum ; ou bien, hcec res , ut Athenienfes.
vellent mittere colonos in Cherfonefum acciditm
Selon la première manière , le nom fous - entendu»
res eft le fujet d’a c c id it , & ita u t A th en ien fe s ,
&c , eft une expreffïon adverbiale , modificative du
même verbe accidit : félon la fécondé manière ,
le nom fous-entendu res n’en eft que le fujet gramma
tica l; hceç ut Athenienfes v ellen t, &c , eft
une pfopofition accidentelle, determinative de resy
& qui conftitue avec rés le fujet logique du verbe
accidit. O n peut , fi je ne me trompe , choifir
afiez arbitrairement l’une de ces deux conftruélions,
également approuvées par la faine Logiqu e ; mais
i l réfulte également de l ’une & de l ’autre qu’ rzc-
c id it n’eft pas imperfonnel. Je ne dois pas infifter
davantage fur ç£tcé matière ; i l fuffic ic i d’avoij
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indiqué la voie pour découvrir le fujet dé ces verbes
revécus de la terminaifon ac tive, & taxés fauffement
d imperfonnalité.
II. i l ne faut pas croire davantage que ceux que
l ’on allègue fous, la terminaifon paffive , foient
employés fans relation à aucun fujet ; cela eft
abibiument contraire à la nature des modes per-*
fo n n e ls , qui ne font revêtus de cette forme , que
pour ê.re mis en concordance avec le fujet particulier
& déterminé auquel on les applique.
Mais la méthode de trouver ce fujet mérite q u e lque
attention; & je ne peux approuver ce lle que
rrifclen enfeigne-, & qui a été adoptée enfuite par
les meilleurs grammairiens.
V o ic i comment s’expliquePrifcien {lib. X V I I I ) •
Sed f i quis & hcec oninia imperfonaliâ velit
infpîcere penità s , ad ipfa s res verborum refe-
run tu r , & f in it tertice perfonce , etiamfi prima
& fe cu n d d deficiant. I l ajoute un peu plùs bas:
P o jfu n t ■ habere intelleclum nominadvum ipfius
rei quee in verbo inte lligitur : nam quum dico
curritur , curfus inte llig itu r ; & fedetur , feffio
& ambulatur, ambulatio . • -fie & fim ilia ; quoe res
in omnibus verbis etiam abfolutis neceffe efl
ut intelligatur ; ut vivo vitam , & ambuio am-
bulationem, & fedeo feffionem, <S* curro cur-
fiim.
Sanélius ( Minerv. lib. I II. cap. j . ) ' donne à
ces paroles de Prifciën l e nom dè paroles d’o r ,
aurea P r ifc ia n i verba , tant la doctrine lui en
-paroît plaufible : auffi l ’adopte-t-il dans toutes fes
Conféquences ; & i l s’en fert ( cap. âj.{J\ pour
prouver qu’i l n’y a point de verbes neutres , &
que tous font aélifs ' ou paffifs. Pour moi je ne
faurois me perfiiader que, pour rendre raifon de
quelques locutions particulières, i l fa ille adopter
univerfellement le pléonafme , qui eft en foi
un vice entièrement oppofé a l ’exaélitude grammaticale,
& qui n’eft en effet permis en aucune
lan g u e , que dans quelques cas rares, & pour des
vues, particulières que l ’art de la Parole ne doit
point négliger. « - I l y auroit autant de raifon ,
.» comme l ’obferve très-bien M. Lancelot ( Gram-
» maire générale , par t. I l , chap. x v i ij . ) , de
» prétendre que quand on dit homo candidus , il
» faut fous-entendre candore , que de s’imaginer
» que , quand on dit eu rrit, iL faut fous- entendre
n.curfum ou currere ». Toute la langue latine
deviendroit donc un pléonafme perpétuel :. que
dis-je ? i l en feroit ainfi de toutes les langues ; &
•rien ne me difpenferoit de dire que j e dor.mois,
figni-fie en françois , je dormais, le dormir ; &
ainfi du refte. Credat Judceus A p e l la , non ego.
Tout le monde fait que l ’on dit également en
latin, multi ko mines reperiuntur ( plufieurs honv-
-mes font trouvés*) -, & multos hommes reperire
e fl ( trouver, ou 1 action de trouver plufièürs hbiù-
m e s , eft ) 5 ce qui lignifie également , félon le tour
de notre langue , -on trouve plufieurs hommes.
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C ’eft aiiifi que V ir g ile ( Æ n . V I* f p f . ) dit ,
N e c non & Tityon ter r ce omnipotentis alumnum
cernere e ra t, & qu’i l auroit pu dire, n’eût été la
contrainte du v e r s , Nec ’ non & T ity u s terrez
omnipotentis alumnus cernebatur. I l n’y a plus
qu’ à fie laifler a ller au cours des conféquences de
cette obfervation fondamentale, afin a expliquer
la langue latine par e lle - même , plus tôt que
par des fuppnfitions arbitraires & peu juftes. h u r ,
fle tu r 1 f ia t u r , . cu rritur,. Sec , font pareillement
dés exprefïions équivalentes à iie efl , flere e fl ,
fià r e e f l , currere e f l; ce^ qui paroît fans doute
plus raifonnable que ire ou itio itu r , flere ou
fle+us fle tu r ; fiare.o\i f ia t io fia tu r ; currere ou
■ curfus curritur, quoi qu’eu ayent penfé Prifciën &
ceux qui l ’ont répété après lu i. O r dans ire e f l ,
fle r e e f l, ftare e f l , i l y . a très-nettement un fujet ,
lavoir ire , flere , f l a r e , & le verbe perfonnel eft :
itur , fle tu r , f ia t u r , 11e font que des exprefïions
abrégées -, qui renferment tout à la fois le fujet
& le verbe , de même à peu près que eo , f le o y
f to , font équivalents à ego Jum ie n s , ego fum
f le n s , ego fum f la n s , renfermant conjointement
le fujet de la première perfonne & l e verbe.
O n à coutume de regarder comme un latinifine
-très-éloigné des lois de la Syntaxe générale le
tour ire eft ; & je-ne fais fi l ’on s’eft douté que
Téquivalènt itu r s’écartât le moins du monde des-
lois les plus ordinaires : c’ eft pourtant l ’expreffion
la moins naturelle des deux., Sc la plus difficile à
juftifier. Ire e/£(.l’a£tion d’a ller eft) ;c e la eftfimple^
quand on ne veut affirmer que l ’aétion d’aller y
fans aflîgner à cette action aucun fujet déterminé. Mais
comment le tour paffif itur peu t-il préfenter la
même idée? c’eft que l ’effet produit par une caufe
eft en foi purement paffif, & n’exifle que paffi-
. vement ; ainfi, i l fùffit d’employer la voix paffive
pour affirmer l ’exiflence paffive de cet effet, quand
on ne veut pas-en défigner la caufe aétive. C e c i
me paroît encore naturel, mais beaucoup plus
détourné que le premier moyen; & par conféquent
le fécond tour approche plus que le premier de ce
que l ’on nomme idiotifme.
Cette obfervation me conduit à une queftiorf
q ui y a bien du rap o r t ,& qui va peut-être apprêter
à rire - à cette foule d’ érudits qui ont garni leur
mémoire de tous les mots & de tous les tours
matériels de la- langue latine , fans en approfondir
un feul ; qui en connoifient la lettre , fi l ’on
veut -, mais qui n’en ont jamais pénétré l ’efpriu
Itum e f l , fle tum e j l , fta tum efl ( on alla , on
pleura, on s’arrêta) ; ces tours font - iis aétifs ou
paffifs?
Afin de répondre avec préçifion, qu’il me foit
permis de remarquer en premier lieu que ire efl
eft aü - préfèm-, • âtum efl au prétérit , & eundum
efl au futur ; perfonne apparemment ne le con-»
téftèrcf :• en 'fécond l ie u , que; ces trois tours font
analogues entre eu x , puifque dans tous tro is ;
l ’idée-individuelle de la fignificatitfn du verbe ire