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 der  aux ruiffeaux  d’en-basi  ( D. J. ) 
 Pa t t e ,  terme  de  Chaudronnier, morceaii  de  fer  
 qu’on  fcelle  pour  faire  tenir  la  plaque  du  feu  au  
 contre-eoeur de-la  cheminée. 
 Pa t t e ,  en terme de  Fondeur de cloches,   eft là  partie  
 inférieure  de la cloche qui fe termine en s’amin-  
 ciffant.  Voyt[  l'article Fonte des  cloches. 
 P a t t e ,«« terme de Filajjier, c’eft la  racine de  la  
 filaflê qui eft plus  épaifle,  plus  dure, &  moins aifée  
 à  peigner &  à fendre. 
 Patte  de  l ie v r e ,  ( Ecrivain; )  on  fe fert  dans  
 l’Ecriture de la patte de  cet animal  pour ôter la fan-  
 darac  de  deffus  le  papier.  Voye^  le volume des Planches  
 & la  table de l'Ecriture, injlrumens de l'Ecriture. 
 Patte  de  loup  ou  Lissoir, ( Ecrivain. }  fe dit  
 dans  l’Ecriture d’un infiniment  concave  extérieurement, 
   propre  à  adoucir  le papier  d’un  trop  gros  
 grain, ou raboteux, ou dur. Voye^ le volume des Planches  
 & la table de l'Ecriture,  Injlrurnent de l'Ecriture. 
 Pa t t e ,  terme  de Mineur ^ (Fortification. }  quand  
 On creufe un  puits dans un  terrein qui n’eft point de  
 bonne  confiftance,  &  qu’on  eft obligé  de  coffrer ,  
 l’on pofe  des  chaffis horifontalement,  pour  retenir  
 les planches  àmefure que  l’on approfondit.  Les extrémités  
 des pièces du  premier chaffis qui eft au bord  
 du puits,  excédans  de  dix ou  douze pouces,  pour  
 appuyer  ffir les  terres  fermes ;  ces appuis  fe  nomment  
 oreilles.  Or  pour  quêtons  les  autres  chaffis  
 que l’on met enfuite, puiflent fe foutenir,  on accroche  
 le fécond au premier avec  des bouts  de planches  
 cloués l’un à  l’autre  :  on accroche  ainfi le  troifieme  
 au fécond, 6c le quatrième au troifieme ;  6c ce font  
 ces bouts  que les Mineurs appellent pattes.  Dictionnaire  
 de l'Ingénieur^  par M. Belidor.  ( q } 
 Pattes  , ( Jardinage. }  c’eft le nom que l’on donne  
 aux oignons des anémones.  F’oye? Anémones. 
 Pattes DANS  L’ORGUE, font dans l'abrégé de U orgue  
 ,  les fiches de fer F I , D  K  ,  ( fig.  z i.  PI.  d'orgue.} 
   applaties  &   percées  d’un  trou  à  leurs  parties  
 antérieures  F  D  ,  6c  rivées  après  avoir. traverfé  le  
 rouleau B C ; il y  a deux pattes  à chaque  rouleau de  
 l’ abrégé.  Voye^ Abrégé. 
 Pattes,  ce  font  auffi  des pièces  femblables à  celles  
 de  l’abrégé,  mais plus  grandes ;  fixées  dans les  
 rouleaux des mouvemens :  la patte qui eft à  la partie  
 inférieure  du  rouleau  s’appelle patte  du  clavier ;  6c  
 celle qui eft au-haut  du rouleau dont  la direfrion  eft  
 perpendiculaire  à  celle de la patte  inférieure,  s’appelle  
 patte du bâton quarré de  la bafcule.  Voye? Mou-  
 VEMENS de C orgue , & la fig.  i. Pl. d'orgue. 
 Pa t t e  , (  outilpour la Mufique. }  petit infiniment  
 à plufieurs pointés,  qui  fert à régler  les papiers  de  
 mufique,  6c  à  faire  plufieurs  raies  tout-d’un-coup. 
 I B M 
 Pa tt es  de  bo u l in e ,  (Marine.}  ce  font  des  
 cordages quife divifent en plufieurs branches au bout  
 de la boulhtfr, pour faifir  la ralingue de  la  voile par  
 plufieurs endroits,  en façon de marticles.  Ces pattes  
 répondent l’une à l’autre par des poulies. 
 Pattes dé ancre ,  ce font deux pattes de fer triangulaires  
 , qui fontfoudées fur chaque bout de la croifée  
 de l’ancre,  6c recourbées pour pouvoir mordre dans  
 la terre. 
 La patte d’ancre tourne y  c’eft quand  la patte  quittant  
 le fond tourne en-haut, 6c que le jas va toucher  
 le fond. 
 Laijfer tomber la patte de t'ancre,  c’eft mettre  l’ancre  
 perpendiculaire  à la m er,  afin  de la tenir  toute  
 prête à être mouillée. 
 Pattes de voiles, morceaux quarrés  de toile qu’on  
 applique  aux bords  des voiles  proche  la  ralingue  
 pour les renforcer, afin d’y  amarrer les pattes de boulines. 
 Pattes d'anfpecls,  ce font des pattes de  fer  qu’on 
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 inet  au bout  d’un  lévier  pour fervir  à moitvoir  les  
 '  gros fardeaux. 
 Pattes d'oie ,  VOye{ Mo u il l e r   EN  PATTES  D’OIEi 
 ( e ) 
 Patte ,  ( Serrurerie. }  on  donne  communément  
 ce  nom  à  tout  morceau  de  fer  plat  d’un  bout  6c à  
 pointe de  l’autre,  qui fert ’ à  fceller  quelque  chofe  
 dans un endroit.  Il y  a  des  pattes de différentes formes  
 , félon les différens  ufages, 
 Patte ,  en  terme  de  Rafineur,  eft  proprement le  
 gros bout plat d’un pain de fucre qui lui fert d’afliette; 
 Pa t t e  ,  en terme de  Vergettier,  c’eft un  morceau  
 de  bois  percé,  dans  les  trous  duquel  doivent  être  
 poiffés  les  loquets  avec  de  la  poix  de Bourgogne  
 fondue. 
 Pa t t e s  , en terme de Blafon ; ce font les griffes  ou  
 les  extrémités  des  piés,  fur  lefquelleS  les  animaux  .  
 marchent. 
 PATELETTE, f. f.  ( en Bourferie.} c’eft une patte  
 de cuir qui couvre le deffus  de  la cartouche  ou de la  
 giberne. 
 PA T TU , PATU,  voyeç Pigeo n pa t tu  . 
 PATULC1U S , ( Mythol.} furnom  de Janus, dont  
 parle Ovide  dans  les faites.  On  le  lui  donnoit,  ou  
 parce qu’on ouvroit les portes de l’on temple pendant  
 la  guerre,  ou plutôt parce  qu’il  ouvroit l’année  6c  
 leslaifons,  c’eft-à-dire,  qu’elles  commençoient  par  
 la  célébration de fes  fêtes.  (D .  J .} 
 PATURAGE ,  voye^ ci-devant PASCAGE. 
 PATURE,  voye^ ci-devant au mot PASCAGE. 
 PATURON d’un ch e v a l , (Maréchallerie.} c’ eft  
 la partie de la jambe  comprife  entre  le  boulet  6c  la  
 couronne du fabot.  Koye{ Boule t , C ouronne. 
 Cette partie doit être courte, principalement dans  
 les  chevaux  de moyenne taille,  parce que les longs  
 paturons font foibles ,  6c ne peuvent pas fi bien réfi-  
 fter à la fatigue. 
 Le joint du paturon eft la jointure qui  eft au-deffus  
 du paturon. 
 Le joint  eft fujet à être couronné  après le  travail,  
 c’eft-à-dire,  à avoir une  enflure par-deffous  la peau  
 en  forme  de  cercle,  large  d’un  tiers de pouce. 
 P ATZINACÆ ,  ( Géog. anc. } peuple dé la Scy-^  
 thie, du nombre de ceux qu’on  appelloit Bajîlii.  Ils  
 habitoient au-delà du Danube,  dans  des  plaines qui  
 s’étendent depuis  le Boriflhène  jufqu’à la Pannonie.  
 Suidas appelle ce peuple Patrinacitce. Selon Cedrene,  
 il  étoit divifé  en treize  tribus,  qui  compofoient une  
 nation  fi  nombreufe,  qu’aucun  peuple  lcythe  ne  
 pou voit  lui réfifter.  ( D .   J .} 
 P A T Z IS IR A N D A ,  (Hifi.  nat. Botan.  }  plante  
 de la Floride,  dont les feuilles  reffemblent, dit-on,  
 à  celles du poireau,  excepté qu’elles  font plus longues  
 6c  plus  déliées ;  fon  tuyau  eft  une  efpece  de  
 jonc noueux 6c plein de pulpe ;  il s’élève d’une  coudée  
 6c  demie  de haut ; "l’a fleur  eft petite  6c étroite;  
 faracine eft fortlongue, déliée, 6c remplie de noeuds,  
 comme  un  chapelet ;  ces noeuds  deviennent  noirs , 
 &  fe durciffent au foleil ;  ils ont une odeur aromatique. 
  Les fauvages  tirent des feuilles  de  cette  plante  
 un  fuc  dont  ils  fe  frottent,  afin  de  fe  fortifier.  On  
 regarde  ces feuilles  réduites  en poudre, comme un  
 grand reniede contre la pierre de la veffie, &  les ob-  
 ftru&ions des reins ;  on les prend dans des bouillons  
 pour  les maux  de  poitrine.  On l’applique  extérieur  
 rement fous la forme  d’un emplâtre, pour arrêter  le  
 fang, pour fortifier l’eftomac,  6c  pour les douleurs  
 de  l’uterus. 
 PAU ,  ( Géog. mod.  )  ville  de  France ,  regardée  
 comme  capitale  du Béarn,  avec un parlement,  une  
 chambre des comptes  ,  6c une cour des aides, unies  
 au  parlement, une fénéchauflée, un hôtel des mon-  
 noies.  Elle  eft  fur une  hauteur,  au  pié  de  laquelle  
 paffe  le G ave  béarnois,  à  io  lieues  O.  de Tarbes, 
 I § i | i 
 4 L j l 
 P  A  Ü 
 I l   S. d’A irc ;  39  S. dé Bordeaux ,  167 S.  O. de  Paris  
 Long  frnvaat Camni  9»  4  22 '  3 o " .  lut  4g d. 
 Henri  IV . naquit à Pau,  le  13 Décembre  1553,  
 dans lé château qui ell au bout de la  ville.  « La Fran-  
 »  ce n’a point  eu de meilleur ni de  plus  grand  roi ;  
 »  il unit auxfentimens les.plus élèves une fimplicit'é  
 »  de moeurs  charmante,  6c  à  un  courage  de foidat,  
 »  un  fond  d’humaniîé  inépuilàble.  Il  rencontra  ce  
 »  qui forme 6c ce qui  déclare  les  grands  hommes,  
 » des  obftacles  à  .vaincre,  des périls, à  efluyer,  6c  
 » fur-tout des adversaires dignes de  lui.  Enfin, com-  
 » me l’a dit un de nos plus grands poetes, il fut de fes  
 » fiijets  le vainqueur  6c le pere ». 
 Il ne faut pas lire la vie de ce monarque dans le P.  
 Danié-lq  qui ne dit rien  de tout le  bien  qu’il  rit  à  la  
 patrie:; mais pour l’exemple des rois, 6c pour la con-  
 folation des peuples ,  il importe  de  lire  ce'  qui  concerné  
 les tems  de ce. bon prince,  dans la grande  hi-  
 floire  de Mézerai,  dans  Péréfixe ,  6c  dans  les  mémoires  
 de Sully.  Le précis que  M.  de Voltaire  en a  
 ■ fait dans, fon hilloire générale,  eft auffi trop intéref-  
 fant  pour  n’en  pas  tranfcrire  quelques  particularités.. 
   ' 
 Henri  IV.  dès  fon  enfance,  fut  nourri  dans  les  
 troubles  6c dans les malheurs.1!!  iè trouva  à  14  ans  
 à la bataille de Moncoritour ;  rappellé à Paris, iln'é-  
 poufa  làfoeur de Charles IX.  que pour voir fes amis  
 affaffinés  autour  de lui-,  pour  courir  lui-même  rif-  
 . que  de fa v ie , 6c pour refter près de trois ans prifon-  
 niër d’état.  Il ne iôrtit de fa prifon  que  pour efluyer  
 toutes les fatigues &  toutes les fortunes  de la guerre.  
 Manquant fouvent du néceffaire,  s’expofant  comme  
 le plus hardi foidat, fail'ant des aérions qui ne paroil-  
 fent pas croyables, 6c qui ne le deviennent que parce  
 qu’il  les a répétées ;  comme  lorlqu’à la prif e  de Ca-  
 hors  en  1599,  il  fut  fous  les  armes  pendant  cinq  
 jours^ combattant de rue en rue,  fans prefque prendre  
 de repos;  La viâoire  de Coutras  fut  due  principalement  
 à fon  courage ;  fon humanité  après  la v i-  
 .éloire  devoit lui-gagner  tous  les coeurs. 
 Le meurtre  de  Henri  IIri  le  fit  roi  de  France;  
 mais  la  religion  fervit  de prétexte  à  la moitié  des  
 chefs de l’armée  &  à  la ligue,  pour ne pas le recon-  
 noîtrg.  Il n’avoit pour lui  que la juftice  de fa  caufe,  
 fon courage,  quelques  amis,  6c  une  petite  armée  
 qui ne monta prefeue  jamais  à  douze mille hommes  
 complets ;  cependant  avec environ cinq mille  com-  
 battans,  il  battit  à  la  journée  d’Arques  auprès  de  
 Dieppe ,  l’armée  du duc de Mayenne,  forte de plus,  
 de vingt-cinq  mille  hommes;  Il livra  au même  duc  
 de  Mayenne,  la  fameufe  bataille  d’Iv ry,  &  gagna  
 cette bataille  comme il avoit gagné celle de Coutras,  
 en fe jettantdans les rangs ennemis , au milieu d’une  
 forêt de lances.  On  fe  fouviendra  dans  tous les ficelés  
 , des paroles  qu’il dit  à ( fes troupes  :  « Si vous  
 »  perdez  vos  enfeignes,  ralliez-vous  à mon penna-  
 » che blanc,  vous le  trouverez  toujours  au  chemin  
 » de l’honneur 6c de la gloire ». 
 Profitant  de la viéloire,  il vint  avec  quinze mille  
 nommes affiéger  Paris,  oii fe  trouvoient alors cent  
 quatre-vingt mille habitans ;  il eft confiant qu’il l’eût  
 prife par famine, s’il n’avoit pas permis  lui-même par  
 trop de pitié , que les  affiégeans  nourriU'ent les alfié-  
 ges.  En vain fes généraux publioient-fous fes  ordres  
 des  derenfes fous peine de mort,  de  fournir  des vivres  
 aux Pariliens;  les foldats leur en vendoient.  Un  
 jour  que  pour  faire  un  exemple *  on  alloiî  pendre  
 deux paylans  qui  àvoient .amené  des  charrettes  de  
 pain  a une poterne,  Henri  les rencontra  en  allant  
 vifiter  fes quartiers :  ils  fë jettêrent  à fes genoux, 6c  
 lui remontrèrent qu’ils  n’avoient- que  cette maniéré  
 de gagner leur vie :  alle^ en paix ,  leur dit le ro i,  en  
 leur donnant  auffi-tôt l’argent  qu’il avoit fur  lui;  le 
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 béarnois eji pauvre, ajouta-t-il,  s'il en àvoit davantage  
 il vous  Le donner oit.  tJn  coeur  bien  né  ne  peut  lire  
 de  pareils  traits- fans  quelques larmes  d’admiration  
 6c  de tendreflë. 
 Le duc  de Parme fut  envoyé  par Philippe  11.  au  
 fecours de Paris avec une puiffante armée.  Henri IV.  
 courut  lui  prélènter  la bataille;  &   c’eft  alors  qu’il  
 écrivit du  champ oii  il croyoit combattre,  ces deux  
 lignes  à la belle Gabrieile  d’Eftrée  :  «Si  je  meurs, 
 »  ma derniere  penfee  fera  à  D ieu ,  6c  l’avant-der-  
 »  niere  à vous  »./Le  duc  de  Parme  n’accepta  point  
 la  bataille ;  il empêcha  feulement  la  prife  de Paris;  
 mais Henri IV. le côtoyant jufqu’aux dernières frontières  
 de  la  Picardie,  le  rit rentrer  en  Flandres,  6c  
 bien-tôt après il lui  fit  lever le fiége  de Rouen. 
 Cependant les  Citoyens  laffés  de  leurs malheurs  
 foupiroient après la paix ; mais le peuple étoit retenu  
 par la religion;  Henri  IV.  changea la-fienne,  6c  cet  
 événement porta  le  dernier  coup  à  la  ligue;  il  eft  
 vrai  qu’on  -a  depuis  appliqué  les  vers  fuivans  à la  
 conduite  de  ce prince. 
 Pour le point de  conviction  
 Au jugement du Ciel un chrétien T abandonne ; 
 Mais foufire[ que l'homme foupçônne  
 Un acte  de  religion  
 Qui je  propofe une couronne. 
 Ori  voit  affez  ce qu’il penfoit lui-même  de fa con-  
 verfion, par ce billet à Gabrieile d’Eftrées  :  ce fl demain  
 que je  fais le faut périlleux y je   crois que ces  <*ens-  
 0 me feront hoirfaint Denis, autant que volts hdiffe£....  
 Perfonne  ne fi.it  plus affligé de l’abjuration  de Henri  
 IV. que la reine Elifabeth.  La lettre qu’elle écrivit  
 alors  à ce prince eft bien remarquable,  en ce quelle  
 fait  voir  en même tems fon coeur,  fon efprit, 6c l’énergie  
 avec  laquelle  elle s’exprimoit dans  une  langue  
 étrangère  :  « Vous  m’offrez  ,-  dit-elle  ,  votre  
 »  amitié  comme à votre feeur.  Je fais que je  l’ai mé-  
 »ritee,.  Si certes  à  un très-grand  prix.  Je  ne  m’en  
 » repentirois pas, fi vous n’aviez pas changé de pere ; 
 » je ne peux  plus  être votre foeur de pere;  car j’ai-  
 » merai toujours plus chèrement  celui qui  m’eft proi  
 » pre  que celui qui vous  a adopté » 
 La  converfion  d’Henri  IV.  n’augnientoit  én rien  
 fon  droit  à  la couronne ,  mais, elle  hâta  fon  entrée  
 dans fa capitale  ,  fans  qu’il y  eût prefque de fang répandu. 
   Il  renvoya  tous  les  étrangers  qu’il pouvoit  
 retenir prifonniers  ;  il  pardonna à tous les  ligueurs; 
 Il fe réconcilia fincerement avec le duc dé Mayenne,  
 &  lui donna le gouvernement de l’îie de France. Non-  
 feulement  il  lui d it ,  après l’avoir laffé un jour  dans  
 une promenade :  « Mon coufin* voilà le  feul mal que  
 »  je vous ferai de ma vie ». Mais il lui tint parole,  6c  
 il n’en manqua jamais  à perfonne. 
 Il recouvra fon royaume pauvre, déchiré y 61 dans  
 la même  fubverfion où il avoit  été  du tems des Philippe  
 de Valois ,  Jean 6c Charles VI.  Il fe vit  forcé  
 d’accorder plus de grâces  à fes propres ennemis qu’à  
 fes anciens ferviteurs, 6c fon changement de religion  
 ne le garantit pas de plufieurs attentats contre fa vie.  
 Les  finances  de  l’état  diffipées  fous  Henri  III.  n’é-'  
 toient plus  qu’un  trafic public des reftes  du fang  du  
 peuple , que le  confeil des  finances  partageoit  avec  
 leStraitans.  En un m ot,  quand la déprédation générale  
 força Henri IV. à donner Padminiftrâtion entière  
 des  finances au duc de Sully, ce miniftre auffi éclairé  
 qu’integre trouva qu’eri  1596 on le voit  150 millions  
 f  ir le peuple , pouf en  faire entrer  environ 30 dans  
 le  tréfor royal.  . 
 Si Henri IV; n’avoit été  que  le  plus  brave  prince  
 de fon tems,  le plus clément,  le plus droit,  le  plus  
 honnête homme, fon royaume  étoit ruiné  : il  falloit  
 un prince qui fût faire la guerre 6c la paix, connôître  
 toutes les bleffures de fon état &  connoître les reme*