
Celfe recommande le foie du pigeon récent &
■ crud, mangé pendant long-tems, contre l’iftere. Le
cerveau de pigeon paffe pour aphrodisiaque.
Les auteurs de Chimie & de Matière médicale,
difent que la fiente de pigeon eft éminemment ni-
treufe; Foreftus conclut de cette obfervation, que
cette fiente prife intérieurement, eft im très-bon
diurétique contre l’hydropifie; cette même fiente
eft vantée encore contre la pleuréfie, à la guérifon
de laquelle le nitre paroît aulfi être très-propre. La
fiente de pigeon eft aufli recommandée contre la fu-
preffion des réglés. Ces vertus ne paroiffent pas
avoir été attribuées à la fiente de pigeon aufli légèrement
que celles qu’on trouve attribuées dans les
livres à beaucoup de matières femblables ; ce re-
mede paroît au contraire mériter d’être tenté dans
ces divers cas.
Diofcoride, Galien, Pline Sc plufieurs auteurs
modernes recommandent aufti l’ufage extérieur de
la fiente de pigeon, à laquelle ils accordent une
puifl'ante vertu difeuflive, réfohitive, répereuflive,
cicatrifante, &c. Jean Becler dit qu’on trouve quelquefois
dans les boutiques le mufe fàlfifié avec du
lang de pigeon. La tourterelle & les deux efpeces de
ramier , l'avoir le petit ramier & le gros ramier oiî
palombe, font évidemment des efpeces de pigeon ou
du-moins des animaux, on ne peut pas plus, analogues
au pigeon; quant à leurs qualités diététiques
& pharmaceutiques, les ramiers ont feulement la
chair un peu plus ferme & un peu plus noire, & le
goût beaucoup plus relevé.
Au pié des Pyrénées, où l’on prend au commencement
de l’automne une quantité prodigieufe de
ces oifeaux ; on les mange communément à la
broche prefque cruds, du moins c’eft de toutes les
viandes celle que j’ai vu fervir la plus faignante ;
elle eft délicieufe dans cet état, (te il eft rare qu’ elle
incommode. ( b)
P i g e o n , ( Hiß. des inventions.') dans l’orient fur-
tout en Syrie, en Arabie & en Egypte, on dreffe
des pigeons à porter des billets fous leurs aîles, &
à rapporter la réponfe à ceux qui les ont envoyés.
Le mogol fait nourrir des pigeons qui fervent à porter
les lettres dans les occafion où l’on a befoin d’une
extrême diligence. Le conful d’Aléxandrette s’en
fert pour envoyer promptement des nouvelles à
Alep. Les caravanes qui voyagent en Arabie, font
favoir leur marche aux fouverains Arabes, avec qui
elles font alliées, par le même moyen : ces oifeaux
volent avec une rapidité extraordinaire, & reviennent
avec une nouvelle diligence , pour fe rendre
dans le lieu où ils ont été nourris, & où ils ont leurs
nids. On voit quelquefois de ces pigeons couchés lur
le fable & le bec ouvert, attendant la rofée pour fe-
rafraichir & reprendre haleine. Au rapport de Pline,
on s’etoit déjà fervi de pigeons pour faire paffer des
lettres dans Modène aflîegé par Marc-Antoine. Omen
renouvella l’ufage en Hollande en 1574 au fiége
de Harlem & au fiége de Leyde en 1575; le prince
d’Orange après la levée du fiége de cette derniere
place, voulut que ces pigeons fuffent nourris aux
dépens du public, dans une voliere faite exprès
& que lorfqu’ils.feroient morts, on les embaumât
pour être gardés à rhôtel-de-ville, en figne de re-
connoiffance perpétuelle.-(Z). J. )
P lG E O N , clou à , ( Clouterie. ) le s c lo u s à pigeon
fo n t d e s g r an d s clou s à c r o c h e t , q u ’o n nom m e
au t r em e n t bec-de-canne ; ils fe r v e n t à a t ta c h e r dans
le s v o le t s & c o lom b ie r s , le s p aniers o ù l’o n me t
p o n d r e (te c o u v e r le s pigeons. (D . J .)
PIGEONNER, v. a. ou ÉPIGEONNER, ( terme
de M-içon. ) c’eft employer le plâtre un peu ferré ,
fans le plaquer ni le jetter, mais le lever doucement
avec la main ôc la truelle par pigeons, c’eft-à-dire
par poignées, comme lorfqu’on fait les tuyaux &
les languettes de cheminées qui font de plâtre pur.
C o ./ .) ■ W M ' (H
PIGE R HENRICUS, ( Chimie. ) Henri le paref-
feux; c’eft un nom que l’on donne quelquefois à un
fourneau chimique qui fert à faire plufieurs diftilla-
tions (te autres opérations à la fois. On l ’appelle plus
communément athanor. Voye^ A t h a n o r G* FOURNEAU.
P i g e r UN c h a n t i e r , terme de rivière & de comm.
de bois-, c’eft lorfque l’on veut favoir combien un
chantier contient de voies de bois , le faire mefurer.
PIGNATOLIS , en italien pignatella, petite me-
fure qui eft en ufage dans cette partie de l’Italie qu’on
nomme la P ouille, pour mefurer les liqueurs. On s’en
fert aufli en quelques endroits de la Calabre : c’eft à-
peu-près la pinte de Paris. Dictionn. de Commerce ,
tom. III. p. 846.
PIGNEROL , ( Géogr. mod. ) petite ville d’Italie
dans le P iémont, à l’entrée de la vallée de Péroufe.
Elle paffa en 104a dans la maifon de Savoie. François
I. s’en empara en 1536 , mais Henri III. rendit
cette place en 1574 au duc de Savoie. Elle paffa en-
fuite en 163 a au roi de France en toute propriété, &
pour lors les François y bâtirent une citadelle, qu’ils
ont démolie en remettant Pignerol au duc de Savoie
en 1696. Cette ville eft fur la riviere de Chiufon ou
Clufon , à 8 lieues au nord-oueft de Turin, 28 nord
de Nice, 18 fud-oueft de C afal, 32 eft de Grenoble.
Long. 24. 56. lat. 44. 43.
M. Fouquet, furintendant des finances, fut enfermé
en 1664 dans la citadelle de Pignerol, où il mourut
en 1680. Le jugement qui le condamna à cette
prifon perpétuelle, ne fait pas honneur à M. Colbert;
& de tant d’amis de la fortune de M. Fouquet, Pelif-
fon fut prefque le feul qui lui refta fidele. (Z). J. y
PIGNES, ( Minéralogie. ) On appelle ainfi dans le
Pérou & le Chily des maffes d’argent poreufes &
légères, faites d’une pâte defféchée qu’on forme par
le mélange ou l’amalgame du mercure (te de la poudre
d’or, d’argent, tirée des minières.
Lorfque le minerai ou la pierre qui contient l’un
de ces métaux a été détachée du filon, on commence
par la concaffer, pour la mettre en état d’être écra-
lée , moulue dans des moulins deftinés à cet ufage ,
auxquels l’eau donne ordinairement le mouvement,
& qui ont des pilons de fer du poids de 200 livres.
Après avoir réduit le minerai en poudre , on le
paffe par des tamis ou cribles de fer ou de cuivre , &
on le paîtrit enfuite dans l’eau, jufqu’à ce qu’il ait
acquis la confiftance d’une boue affez épaiffe.
Cette boue étant à demi-féchée , on la coupe par
tables d’un pié d’épaiffeur, & d’environ 25 quintaux.
Chaque table , qu’on nomme cuerpo, eft de nouveau
paîtrie avec du fel marin, qui s’y fond & s’y incorpore
; il en faut ordinairement 200 livres par table ,
mais on l'augmente ou on la diminue fuivant la qualité
du minerai.
Après cette préparation, à laquelle on emploie
trois jours, on y joint depuis 10 jufqu’à 20 livres de
mercure, fuivant la richeffe de la mine ; c’eft-à-dire
on y en met une plus grande quantité fi elle eft riche,
(te une moindre fi elle ne l’eft pas. On recommence
enfuite à repaîtrir chaque table , jufqu’à ce que le
mercure ait bien ramafle & fe foit bien incorporé
avec l’argent.
Ce travail eft très-dangereux, à caufe des mauvai-
fes qualités du mercure ; il fe fait par des malheureux
indiens, qui le recommencent huit fois par jour. Neuf
où dix jours 'fuffifent pour cette amalgamation dans
les lieux tempérés ; mais dans les pays froids, on y
emploie quelquefois un mois ou fix lemaines.
Éa chaux oc les mines de plomb ou d’étain qu’on
eft fouvent obligé d’y mêler, facilitent beaucoup l’anvaîgame
du mercure ; il faut même pour de tertaïnès
mines fe fervir du feu pour en avancer l’effet.
Lorfqu’on croit le mercure & l’argent bien amalgamés
, on en fait l’effai en prenant un peu de terre
de chaque cuerpo, & en la lavant dans de l’eau fur
une afliette ; fi le mercure eft blanc, on juge qu’il a
produit fon effet ; s’il eft noirâtre , il faut le paîtrir de
nouveau, en y ajoutant du fel.
Lors enfin que l’effayeur eft content, on l’envoie
aux lavoirs : ce font trois baflins conftruits en pente,
qui fe vuident fucceflîvement l ’un dans l’autre , &
d’où la terre qui eft mife dans le plus élevé , s’écoule
à force d’être délayée par l’eau d’un ruiffeau qui y
tombe, (te qu’un indien agite avec les piés, ce que
font aufli deux autres indiens dans les deux baflins
fiiivans.
Lorfque l’eau fort toute claire des baflins, on trouve
dans le fond , qui eft garni de cuir, le mercure amalgamé
avec l’argent, ce qu’on appelle la pella; (te c’eft
de cette pella qu’on formé les pignes, après qu’on en
a fait fortir le plus que l’on peut de mercure , en la
mettant d’abord dans des chauffes de laine de vigogne
, qu’on preffe & qu’on bat fortement, & en la
foulant enfuite dans un moule de bois de figure pyramidale
oâogone , au bas duquel eft une plaque de
cuivre remplie de plufieurs petits trous,
On donne à volonté différens poids aux pignes ; &
pour connoître la quantité que chacune peut contenir
d’argent, on les pefe ; & en déduifarit les deux
tiers de leur péfanteur pour le mercure, on juge, à - ’
peiu-près de ce qu’elles doivent contenir d’argent.
La pigne tirée hors du moule , & foutenue de la
plaque de cuivre trouée, on la pofe fur un trépié au.-
defious duquel eft un grand vaiffeau plein d’eau : on
couvre le tout d’un grand chapiteau de terre qu’on
environne de charbon qu’on entretient toujours bien
allumé. Le mer.cure que la pigne contient encore, fe
réduit en vapeur par la violence du feu ; il fe con-
denfe enfuite dans l’eàu, où il eft reçu, & il refte une
malle où un amas de grains d’argent de différentes figures,
qui fe joignent par leurs extrémités, ce qui
forme une maffe poreufe & fort légère, & ce font
ces fortes de pignes que les mineurs tâchent de vendre
furtivement aux vaiffeaux étrangers qui vont dans la
mer du Sud, & qui ont fait faire de fi grands profits
aux négocians qui fe font hafardés. dans les dernieres
guerres à faire ce commerce de contrebande.
Ceux qui achètent de l’argenterie pigne, doivent
bien fe gardër de la màuvâile foi des mineurs efpa-
gnols, qui pour les rendre plus pefantes en rempliffent
le milieu avec du fable ou du fer. Le plus sûr eft de
lés ouvrir ou de les faire rougir au feu ; car fi elles
font falfifiées, elles noirciffent ou jauniffent. On fraude
aufli l’acheteur, en mêlant dans la même pigne del’ar-
gènt de différent aloi. V?yeç le Dictionnaire de Charniers.
L’or en pigne eft ce qui refte de l’amalgame qui a
été fait du mercure avec l’or; cette opération eft décrite
à ¥ article Or.
PIGNONS ou PIGNONS D O U X , (Diete & Mat.
med. ) fru its du p in f r a n c o u c u l t iv é . Voyeç P in .
Les pignons contiennent une amande ou femence
émulfive qui eft affez agréable à manger , furftout
lorfqu’on l’a recouverte de fucre, C’efl-à-dire qu’on
en a fait une dragée , qu’on.emploie dans les emul-
fions, & dont on tire une huile par expreflion qui eft
d’ufage en medecine. Ces ufages des pignons, & leurs
propriétés diététiques (te médicamenteufes , n’ont
rien de particulier : tout cela leur eft commun au contraire
.avec toutes des femencès émulfives que les
hommes mangent> Voye^ S e m e n c e s é m u l s i v e s . ;
. Les pignons?ont cela de fpécial, qu’ils font d’un,
tiflù mou.&, lâche ,ô t qu'ils.font éminemment huileux
, ce qui les rend communément pefans à î’eftomâc,
& très-fujets à vomir. Il eft difficile fte les pré-
ferver de cet accident pendant toute l'année** même
en les confervant dans leur coque, qui éft très-dure
& très-denfe. On ne doit les employer que lorfqu’ils
font récens, fecs & très-blancs, ( é )
P ig n o n d ’ In d e , ricinoides, genre de planté à fleur
en rofe, compofée de plufieurs pétales difpofés en
rond, & foutenus par un calice qui a plufieurs feuilles
; cette fleur eft ftérile. L’embryon fe trouve fur
le même individu féparément des fleurs ; il éft cou*
vert d’un calice, & il devient dans la fuite Un fruit
qui fe divife en trois capfules : elles renferment chacune
une femence oblongue. Tournefort, Injl. reî
herb. app. Voye^ P l a n t e .
P i g n o n d ’ iNDE ou R i c i n , (A lat. nied.) On trouvé
dans les boutiques plufieurs fortes d’amandes purgatives
fous le nom de pignon d'Inde ou de ricin, que
l’on apporte foit des Indes orientales, foit de l’Amérique.
L’une porre plus particulièrement le nom de
graine de ricin ou de pignon d'Inde : elle eft le fruit dit
ricin vulgaire ou palma Chrijti. Une autre eft connue
fous le nom fpécial de pignon de Barbarie : elle eft le
fruit du grand ricin d’Amérique ou medicinier. P~oye^
M é d i c i n i e r . Une troifieme eft le fruit du médici-
nier d’Efpagne , & eft quelquefois appellée aveline
purgative du nouveau monde ; & enfin une quatrième
efpece eft connue fous le nom de graine de Tilli ou
des Moluques, (te c’eft le fruit de l’arbre appelle vulgairement
panava ou pavana.
Tous ces fruits, dont le premier a été connu des
anciens, font des purgatifs émétiques très-violens ,
capables d’enflammer la gorge, l’eftomac & les intef*
tins, & de produire tous les autres ravages dès vrais
poifons. Lès habitans des ÿays où ces fruits Croiffent*
fe font un peu familiarifes avec ces remedes, qu’ils
préparent & qu’ils emploient diverfement ; mais la
Medecine poffede affez de purgatifs violens aufli sûrs
& moins dangereux, pour qu’elle doive rejettér abfo-
lument l’ufage de ceux-ci. \b)
PlGNON , terme de Méchaniqui ; c’en: eii général la
plus petite de deux roues qui engrenent l’une dans
l’autre ; cependant on donne ce nom plus particulièrement
à la roue qui eft menée ; c’eft dans ce dernier
fens que nous le prenons dans tous les articles
où nous parlons des pignons, & fur-tout dans Canif
cle D ent , où tout ce que nous difons de la formé
des dents des roues & des ailes des pignons, doit s’entendre
de ces dents & de ces ailes, en tarit que la
roue mene & que le pignon eft mené.
On emploie dans les machines de dèüx fortes de
pignons ; dans les grandes ce font ordinairement des
pignons à lanterne ,fig. 5. N Y ; dans les petites, des
pignons dont les dents ou ailes font difpofées & formées
à peu-près de la même façon que celles des
roues ; tels font ceux des montres, des pendules, &c.
Les fufeaux A B des pignons à lanterne, font ordinairement
cylindriques. Plufieurs artiftes ont renouvelle
dernièrement une ancienne pratique, qui eft
de faire tourner ces fufeaüx fur leurs axes, entre
autres à Londres M. Hariffon, dans fa première pendule
pour les longitudes ; leur but étoit de diminuer
par-la le frottement des dents de là roue fur les fufeaux
; mais quoique ce frottement foit affez de Con-
féquence pour qu’on doive y faire attention, cependant
ce n’eft pas fa chofe effentielle dans un engrenage;
c’eft l’uniformité de l’attion de la dent de la roue fur le
filfeau ou fur l’aile du pignon, comme on l’a vu à Iarticle
D ent , uniformité qu’ôn a de la peine à fe procurer
lonque l’on fait tourner lés fiueaux fur leurs
axes, parce qu’étant obligé de lès faire d’une certaine
groffeur, fans quoi l’avantage ne feroit prefque
rien, il eft difficile de donner alors à la dent la formé
requife pour qu’elle mene le filfeau toujours uniformément,