
des tiges, & ce font celles que le vulgaire appelle femelles
: tantôt elles naiflent dans la partie moyenne
des tiges fur les noeuds , 6c opposes à la queue des
feuilles ; celles-ci font nommées fleurs mâles.
Cette plante fleurit tous les ans, & même deux
fois lorfqu’elle eft vigoureufe. On recueille fes fruits
mûrs quatre mois apres que fes fleurs font tombées ,
6c on les expofe au foleil pendant fept ou huit jours,
pendant lefquels l’écorce fe noircit. On trouve cette
plante dans les îles de Java 6c de Sumatra, 6c dans
tout le Malabar. On la cultive en plantant dans la
terre des morceaux de fes branches que l’on a coupés,
6c que l’on inet à la racine des arbres ; ou bien on la
foutient avec des échalas comme la vigne.
En ôtant l’écorce du poivre noir, on fait par l’art
le poivre blanc qui eft le feul que l’on nous apporte
aujourd’hui. On enleve cette écorce en faifant macérer
dans l’eau de la mer le poivre noir ; l’écorce extérieure
s’enfle 6c s’ouvre par la macération, 6c on en
retire très-facilement le grain qui eft blanc, 6c que
l’on feche ; il eft beaucoup plus doux que le noir, 6c
lui eft préférable.
Ce n’eft pas feulement les grains de poivre qui ont
de l’acrimonie, c’eft encore toute la plante ; car les
feuilles foit vertes , foit feches, les farmens, 6c la
racine quand on les mâche, brûlent la langue 6c le
gofier, 6c excitent la falive. ( D . J. )
Po iv r e b l a n c , ( Hifl. des drog. exot. ) Le poivre
liane , piper album, 6c leucopiper oft. piper rotundum,
album, C. B. P. 413. eft de deux fortes : l’un naturel
que l’on nous apporte très-rarement, l’autre fàûice
très-commun ; ce n’ eft autre chofe que le poivre noir
dont on a ôté l’écorce avant de le fécher. Il ne différé
du noir que par la couleur grile ou blanchâtre.
On ne découvre aucune différence entre la plante
qui porte le poivre noir, 6c celle qui porte le blanc ;
de la même maniéré que la vigne qui porte le raifin
noir, n’ eft diftinguée de celle qui porte le raifinblanc,
que lorfque les raifins y font encore attachés, 6c même
qu’ils font mûrs : mais les plantes qui portent le
poivre blanc font très-rares , 6c ne naiflent que dans
quelques endroits du Malabar, 6c de Malaca , 6c encore
en petite quantité., Etienne de Flacourt, dans fa
defeription de l'île de Madagafcar, raconte qu’il y
vient une ëfpece de poivrier blanc ; mais comme il
ne l’a pas décrite , nous ne pouvons affurer fi c’eft la
même plante que celle qui porte notre poivre blanc ,
ou fi elle en eft différente. ( D . J. )
Po iv r e l o n g , ( Hifl. des drog. exot. ) Le poivre
long , piper longurn, 6c macropiper off. piper longum,
orientale, C. B. P. 412. eft un fruit defféché avant fa
maturité, long d’un pouce ou d’un pouce & demi,
femblable aux chatons de bouleau ; il eft oblong , cy lindrique
, 6c cannelé obliquement comme en lpirale
avec des tubercules placés en forme de réfeau. Il eft
partagé intérieurement en plufieurs petites cellules
membraneufes, rangées fur une même ligne en
rayons; chacune de. ces cellules contient une feule
graine,, arrondie , large à-peine d’une ligne, noirâtre
en-dehors , blanche en-dedans, d’un goût âcre,
brûlant, un peu amer. Ces chatons font attachés à un
pédicule grele d’un pouce de longueur.Onchoifit celui
qui eft gros, entier, récent, qui ne pique pas la
langue aufli-tôt, mais dont l’impreflion dure long-
tems; on rejette celui qui eft percé, carié, ou fal-
fifié.
La plante qui porte le poivre long, s’appellepimpi-
lim ifive piper longum, par Pifon, »mantiff. arom.
182. catta-tir pâli, hört. malab. tom. VII. p .ny. Elle
différé du poivrier à ;fniit rond par fes tiges qui font
moins ligneufes, par les queues des feuilles, 6c par
les feuilles même qui font plus longues, d’un verd
plus foncé, découpées vers leur bafe, plus minces &
plus molles, ayant deux ou trois petites nervures outre
la côte qui regne dans le milieu ; ces nervures
font faillantes des deux côtés , s’étendent depuis la
bafe jufqu’à la pointe, 6c la nervure extérieure jette
en fe courbant d’autres petites nervures tranfverfales
qui fe répandent vers le bord.
Les fleurs font monopétales, partagées en cinq ou
fix lanières, 6c fort attachées au fruit. Ce fruit eft cylindrique
, cannelé par des fpirales obliques 6c paralleles
, couvert dans les interférions comme par de
petites feuilles arrondies en forme de bouclier : parmi
ces fpirales il paroît des boutons fur lefquels les
fleurs étoient appuyées ; ils font faillans, marqués
d’un point noir, v erd, jaune d’abord , d’un blanc jaunâtre
en-dedans, enfuite d’un verd foncé, 6c enfin
étant mûrs 6c fecs , ils font d’un gris noirâtre. Lorl-
qu’on coupe ces fruits tranfverfalement,on y remarque
des cellules difpofées en rayons, lefquelles cellules
contiennent des graines oblongues 6c noirâtres.
On cueille ces fruits avant qu’ils foient mûrs , 6c on
les fait fécher pour l’ufage. (D . J. )
Po iv r e d'Afrique, ( Hifl. des drog. exot. ) il eft autrement
nommé poivre de Guinée, poivre indien, rna-
niguette, malaguette, mêle guet te, & cardamome d'Afrique
, car il a tous ces noms. Cordus l’appelle en latin
meleguetta , feu cardamomum piperatum. C’eft une
graine luifante, anguleufe, plus petite que le poivre,
rouflè ou brune à fa fuperficie, blanche en dedans ,
âcre , brûlante comme le poivre 6c le gingembre ,
dont elle a aufli l’odeur. On nous en apporte en
grande quantité , 6c on s’en fert à la place du poivre
pour aflaifonner les nourritures. Cette graine croît
en*Afrique 6c dans l’île de Madagafcar , d’où les Hol-
landois l’apportent en Europe. J’ai lu dans le recueil
des voyages , les deferiptions de la plante qui produit
ce poivre ; on ne peut y ajouter aucune fo i, parce
qu’elles font toutes inndelles , 6c fe contredil'ent
les unes les autres. ( D. J. )
P o iv r e d'Ethiopie, ( Hifl. des drog. exot. ) en latin
piper Æthiopicum , fllicofum. J. B. piper nigrum , &
granum \elim, Serap. On trouve fous ce nom de poivre
d'Ethiopie dans quelques boutiques de droguiftes
curieux, plufieurs gonfles attachées à une tê te , longues
de deux, trois, quatre pouces, cylindriques, de
la groflèur d’une plume d ’oie , noirâtres , un peu
courbées , divifées en petites loges, félon le nombre
de graines qu’elles contiennent ; ridées, eompofées
de fibres longues , pliantes, difficiles à rompre , 6c
d’une fiibftance rouge-cendrée. Les graines font ovalaires
, & chacune eft dans une loge féparée par des
cloifons charnues; il eft difficile de les tirer de leur
goufle. Elles font de la groflèur de la plus petite feve,
noires en-dehors &luifantes, d’une fiibftance un peu
dure, rouflatre, à texture en maniéré de réfeau, femblable
à un rayon de miel. Le goût tant de la goufle
que des graines, approche de celui du poivre noir. C e
poivre naît en Ethiopie ; c’eft de-là que lui- vient le
nom qu’il a parmi les Arabes. Les Ethiopiens s’en fervent
pour les douleurs de dents ; ils pourroient en
faire un meilleur ufage.: (.D. J.')
Po iv r e de Guinée, ( Botan. ) autrement nommér
poivre d'Inde, poivre du Bréfil., piment, &c. Ce n’eft
point un fruit, une graine, une baye ; c’eft le genre
déplanté que lesBotaniftesappellentcapficum. Voici
fes cara&eres félon Ray.
La fleur eft une rofette à cinq pointes.;fon fruit eft
une capfule compofeè d’une feule peau charmie, partagée
en trois logés, quelquefois en deux, qui renr
ferment des femences plates. M. de Tournefort ca-
ra&érife le capfictLjn de la maniéré fui vante :
Sa fleur eft monopétale, découpée en divers feg-
mens fur les bords ; le piftil qui s’élève du calice eft
fixé en manière dedoit au centre de la fleur ; il mû- •
rit infenfiblement en un fruit doux 6c membraneux,
qui contient pluiieursgrain.es applaties, 6c taillées en
forme
forme de rein. Le même botanifte diftingue 26 èfpe-
ces de capficum ; la plus commune eft celle qu’on appelle
vulgairement poivre de Guinée, 6c en Botanique
capficutn Vulgare , filiquis longis , propéndentibüs. I. K.
H. , 3*.
La racine de cette plante eft courte, grêle * garnie
fur les côtés d’un grand nombre de fibres ; elle pouffe
une tige à la hauteur d’un ou deux piés, anguleufe ,
dure, velue, rameufe ; fes feuilles font longues, pointues
, plus*larges que celles de la perficaire, un peu
épaiffes 6c charnues , glabres ou fans poil , d’un
verd brun, tirant quelquefois fur le jaune, attachées
à des queues longues d’un pouce ou deux, fans dentelures.
Sa fleur ; qui fort des àiffelles des feuilles 6c à la
naiflance dés rameaux, eft une rofette à plufieurs
pointes, de couleur blanchâtre, refl’emblante à celle
de la morelle commune,mais plus grande, foutenue
par un pédicule aflez long, charnu 6c rouge. Après
que cette fleur eft paflee, il lui fuccede un fruit qui
eft une capfule longue & greffe comme le pouce ,
droite , formée par une jjeau luifante, polie, verte
d’abord, puis jaune , enfin rouge comme du corail
ou purpurine quand elle eft en maturité. Cette capfule
eft divifée intérieurement en deux ou trois loges
, qui renferment beaucoup de femences applaties
de couleur blanchâtre tirant fur lé jaune, formées
ordinairement comme un petit rein.
Toutes les parties de cette plante ont beaucoup
d'âcreté, mais particulièrement fon fruit, qui brûle
fa bouche ; elle croît naturellement en Guinée 6c au
Bréfil : on la cultive 6c on l’éleve aifément de graine
dans les pays chaiids, comme en Efpagne 6c en Portugal,
en Languedoc , en Provence"& dans nos jardins
, où la couleur rouge de fes capfules fait plaifir à
Voir. On les confit au fucre pour les adoucir, 6c les
Vinaigriers en mettent dans leur vinaigre pour le rendre
fort 6c piquant. {D. /.)
POIVRE de Guinée , ( Hifl. des drogues exot. ) c’eft
encore le poivre autrement nommé poivre d'Afrique ,
voyeç POIVRE D’AFRIQUE. '*
Po iv r e de la Chine, {Hifl. des drog. exot. ) Le P. le
Comte dans fes mémoires dit que le poivre de la Chine
a les mêmes propriétés que celui des Indes. L’arbre
qui le produit eft grand comme nos noyers. Son fruit
eft de la groflèur d’un pois , de couléur grife mêlée
de quelques filets rouges. Quand il eft mûr, il s’oii-
vre de lui-même , 6c fait voir un petit noyau noir
comme du jay. Après qu’on l’a cueilli, on l’expôfe
au foleil pour le fécher, & l’on jette le noyau , qui
eft d’un goût trop fort, ne réiervant que Pécorce.
L’odeur de ces arbres à poivre eft fi violente, qu’il
en faut cueillir le fruit à plufieurs reprifes, crainte
d’en être incommodé. {D , J .)
POIVRE de la Jamaïque, ( Hifl. des drog-. exot.) On
appelle en françois poivre de la Jamaïque, poivre de
Theves, piment de la Jamaïque, amomi, ou toutes épi-1
ce s, un fruit oii une certaine baie aromatique, que
l’on apporte depuis quelque tems de l’île de la Jamaëque
., & dont les Anglois font un très-grand ufage
dans leurs fauces Cette baie eft entièrement differente
des efpeces de poivre dont nous venons de parler:
celui-ci eft nommé pimienta ou the Jamaica pep-
per tree en anglois ; piper jamaïccnfe quibitfddm par
Dale , pharmacol. 421 ; piper odoratuhi jamàïcenfe
noßratibus , par Ray, hifL 1507 ; cocculi indici faro-
matici, dans le muf reg.foci fond, t u 8*
C ’eft un fruit defleché avant fa maturité, orbicu-
laire, ordinairement plus gros qu’un grain de poivre ;
fon écorce eft brune, ridée ; il a un ombilic ou petite
couronne ati haut partagée en quatre, contenant deux :
noyaux noirs , verdâtres, féparés par une paroi mitoyenne
, d’un goût un peu âcre, aromatique , 6c
' qui approche du çlou de girofle«
Tome X I I ,
L’îirbré cjui port« ce fruit eft àppelfépiirje ch«s
.vttlier Hans Sloane , dans fon catal. plant, iamaic.
myrt/ius arhorea, aromaùca. fo û is Làürmis Uiiftfibus &
Jubtomndh; & parle P. Plumier* botan. Americ. mfli
'".y"'“ • i to n fam , citnj'olùs ÿlabris j a S n raetmafoi
caryophilli Japore.
Cet arbre furpaflè en hauteur nos noyers d’Europe
lorfqu’il eft dans une bonne terre ; mais comme
il fe plaît dans les- forêts fècheS, il ne s’élève alors
que médiocrement ; il eft branchu 6c touffu ; fon
tronc eft le plus louvent droit 6c haut ; fon bois eft;
dur, pefant, d’un rouge noirâtre d’abord , énfuite
devenant avec le tems noir comme l’ébene , ce que
l’on doit entendre du coeur. Il eft couvert d’un obier
épais, blanchâtre, 6c d’une écorce liffe * mince , 6c
qui tombe quelquefois par lames. L’arbre entier fait
une belle figure, par là difpolition de fes branches 6c
par fon leuillage.
Ses feuilles font très-liffes 6c d’un verd fort âgréa-f
ble ; elles naiflent deux-à-deux, 6c oppoièes à chaque
noeud des rameaux ; elles font de différentes
grandeurs : les plus amples font longues de quatre ,
cinq ou fix pouces , larges de trois ou quatre , de la
figure d’une langue , termes , d’un verd foncé, lui—
fantes, parfemées de petite veines parallèles 6c obliques
ÿ que l’on a peine à appercevoir, 6c portées fur
des queues d’un pouce de longueur; elles font d’une
odeur 6c d’une faveur qui approche beaucoup de là
cannelle &: du clou de girofle, légèrement aftringem1
tes , 6c d’une amertume qui n’eft pas défagréable.
L’extrémité des tiges eft terminée par plufieurs
pédicules longs d’un pouce , portant chacun une pe-1
tite fleur compofée de cinq pétales blancs, arrondie
, concave, 6c difpofée en rofe ; du fond du
calice de la fleur, s’élève un piftil poinlti, accompagné
d’étamines blanches; Quand ces fleurs font tombées
, il leur fuccede beaucoup de baies couronnées
oiëcreuféeS en maniéré de nombril ; elles font d’abord
petite^ 6c verdâtres ; mais dans leur maturité elles
font plus greffes que les baies de génieVre, noires ,
liflës &'iuifàntes ; elles contiennent une pulpe humide
i verdâtre , acre ,'aromatique.
Cette pulpe renferme le plus fouvent dans le centre
deux graines hémifphériques, féparées par uné
membrane mitoyenne , enforte qu’elles forment en-
femble un petit globe ; c’eft pourquoi Clufius, qui a
décrit le premier cet aromate, ne lui attribue qu’une
feule graine divifée en deux parties.
Cet arbre vient dans les îles Antilles ; le R. P/ Plu-1
mier l’à obfervé dans les îles de Sainte-Croix, de
Saint-Domingue , & les Grenadines ; mais il croît
par-tout dans les forêts qui font fur les montagnes de
la Jamaïque, 6c en particulier du côté du feptentrion,
où il porte des feuilles tantôt plus large9, tantôt plus
étroites. On le cultive aujourd’hui précieufement à
la Jamaïque ; il fleurit en Juin, Juillet 6c Août, fui-
vartt les pluies 6c l’expofition, mais le fruit mûrit bientôt
enfuite.
Les negrés montent fur qüelqUes-uris dé ces àrbïes
pour cueillir le fruit ; ils en coupent d’autres 6c les
abattent; ils prennent les rejettons chargés de fruits
verds ; qu’ils féparent des petites branches des feuil-*
les & des baies qui font mûres ; enfuite ils les eXpo-
fent fur de l’étoffe pendant plufieurs jours aux rayons
du foleil, depuis fon lever jufqu’à fon coucher * prenant
garde qu’ils ne foient mouillés dé la rofée dit
mâtin 6c du foir. Ces baies étant ainfi féchees, fe
rident,& de vertes qu’elles étoient, elles deviennent
brunes 6c en état d’être vendues. Les Anglois les
regardent comme un des meilleurs aromates qui
foient en ufage' ; 6c fon goût agréable, 6c qui tient du
clou de girofle, de la cannelle 6c dû poivré, avec plus
de douceur , fait qu’ils lui donnent un nom qui figni-*
fie-tous les aromates enfemble. XXxxx