4°8 P E R
on tire le ruban d’un côté à peu près vis-à-Vis le gras
d^la, joue, & l’on fiche un clou, on en fait autant de
l’autre côté ,& toujours bien fyinmétriquementpour
que les parties y correfpondent ; enfuite on a du fil
■ de.Bretagne uni & fort avec une aiguille un peu
.groffe de la longueur de deux pouces ; on difperfe
diflerens clous lur le vifage, un fuffit au menton ,
un autre au-deflous du nez , un troifieme au-deflas,
un quatrième au milieu du front, un à chaque coin
de l’oe il, & enfin par tout où l’on en aura befoin ;
mais le moins que l’on en puiffe employer, c’eft
toujours le mieux. On arrête le fil qui part du ruban,
au premier de tous ces clous difpofes comme on a
dit, parce que à une monture pleine on .commence
toujours par le bas de la joue : on tire enfuite le fil
avec jufteffe de la main gauche en le pouffant avec le
pouce de la main droite. On paffe une carte lotis le
ruban pour le faire gliffer plus aifément ; il faut ordinairement
cinq ou fix de ces fils; on obferve que le ruban
enfoit bien arrondi; on arrête le fil à la pointe qui
fe trouve auprès de l’oeil, en faifant deux ou trois tours
avec le fil au tour du clou , & l’on y marque après un
ou deux noeuds coulans. Il faut avoir attention de ne
pas pafl'er plus de fils d’un côté que de l’autre, de
les pofer egalement, Sc de rendre au compas les
deux côtés égaux. C’eft la même manoeuvre fi l’on
fait un petit devant avec du crin , qu’aux perruques
nonces ; il ne faut point un petit clou pointu au front,
au contraire il faut qu’il foit rond, & communément
le front pas fi ouvert qu'aujourd’hui, au relle chacun
a fon goût, & il n?y a point de réglé là-deffus. Quelque
maniéré qu’on fuive, on prendra une aiguillée
de foie un peu forte, & on l’arrêtera au clou du milieu
du front, l’on piquera enfuite l’aiguille, dans la
lifiere, de façon que la raie d’encre fe trouve dans le
milieu, en paffant l’aiguille par-deffus la lifiere, de-là
ou la fera paffer au clou oit la foie a été arrêtée ; l’on
fera enfuite un autre point à droite, de l’autre côté,
à peu de diftance, & un autre à gauche à diftance
égale, gliffant toujours , comme nous l’avons dit,
une carte deffous le fil, pour que le ruban paffe plus
aifément, & qu’il ne fe fatigué point non plus que le
fil ; le refte n’a rien de difficile. Enfuite il faut ficher
derrière, dans le milieu de la tête , quatre clous , à
commencer à un pouce près de la raie jufqu’àla tempe
; prendre une aiguillée de fil, l’arrêter au premier
clou du côté de la tempe, le paffer dans la lifiere du
derrière du ruban ou plus avant ; mettre un ou deux
fils j félon que l’on veut faire la tempe creufe ou
ronde , également au-deffus, à la partie qui forme
le front, former l’autre côté égal, &: bien compaffer
le tout, pour que le front ne creufe pas plus d’un
côté que d’un autre. Si la lifiere du ruban fronce derrière,
à l’endroit de l’oreille, il faut y faire un p li,
ou y paffer un fil à peu près à la hauteur de l’oe il,
jufque derrière l’oreille ; ce fil doit être tiré & arrête
bien ferme. Si la perfonne a le col gras , il faut
comme nous avons dit, mettre un point plus haut
dans la raie de la tête au-deffus du ruban, prendre
une aiguillée de fil, pofer le premier point fur '
la couture du ruban, & le tirer en avant de la même
façon que nous avons expliqué plus haut, & fi le
-CaS requiert, pofer encore un autre fil de chaque
cote ; enfuite avoir un cordonnet moyen, en prendre
la valeur du quart, faire un noeud à chaque
bout, & l’arrêter bien de chaque côté pour qu’il ne
s’échappe point en ferrant la perruque-, l’on en fait
paffer les deux bouts a l’endroit- du ruban qui n’a
point été coufujufqu’à la lifiere ; enfuite on releve
le ruban pai-deffus le cordonnet, on fait un point un
peu lâche à la lifiere qu’on vient de relever, & par
ce moyen le cordonnet n’cfl point; ç.-éné. Ceci fait
& le ruban placé, on met le rezeau que l’on nomme
auffi ordinairement coeffey ce rézeau efl-fait de foie
P E R
ou de fleuret ou de fil. Si la perruque eft pour une
perfonne qui tranfpire beaucoup de la tête , un rézeau
de fleuret vaut mieux, il eft moins fujet à fe retirer,
il faut que les mailles n’en foient pas trop grandes.
Dans les premiers tems onavoit mis un contrôle
fur les coëffes, on l’a ô té , on en a fenti la puérilité,
&c l’impoffibilité d’obvier à la fraude. En plaçant le
rézeau fur la tête, il faut obferver que ce qui termine
la fin du rézeau foit bien dans le milieu de la tête;
fans cette précaution , un côté feroit plus large que
l’autre; on en attache un côté avec un clou pour
qu’il ne varie point, &c l’on le coût avec le ruban ,
en pratiquant à peu près un point à chaque maille.
Quand le rézeau eft coufu, s’il fe trouve trop grand,
il faut couper tout ce qui devient inutile.
L’on a enfuite un ruban que l’on appelle le ruban
large ; il eft ordinairement brun fil & foie, il n’eft point
âufli frappé que celui du tour ;fa largeur eft de quatre
pouces , on y fait d’abord un rempli & on commence
à le coudre à la lifiere du. ruban dès la pointe ; on le
tire enfuite par en bas aux environs de quatre doigts
au-deffus du ruban de derrière ; on le coupe, on le
remployé au-deffous, on met un clou dans une petite
raie qui fe trouve- dans le milieu du ruban, on.
en met auffi un dans la raie de la tê te , & un autre
de chaque cô té, en tirant depuis le deffus de la tête
pour que le ruban ne fronce point ; on prend enfuite
une aiguillée de fil que l’on paffe dans le ruban, &
plus bas dans celui qui fait la monture, obfervant
toujours que le milieu du ruban fe trouve dans le milieu
de la raie de la tê te , pour que les rangs frifent
également. Ainli arrêté de chaque côté, on le coût
dans le bas, & pareillement au haut, en prenant un
fil de la raie du ruban placé fur la couture du ruban
de tour. Pour que la perruque foit ferme ? on y met
un taffetas qu’il faut, d’abord faufiller fur le rézeau ,
tk couper après comme il convient; enfuite on commence
à le coudre fur le devant le long du derrière
du ruban de tour, toujours en remontant jufqu’à la
raie. 11 eft à propos de ne pas aller fur le derrière
jufqu’au ruban large, parce que fi la perfonne tranfpire,
cela peut faire retirer la perruque ; on procédé
ainfi également de chaque côté. Voilà tout ce qui regarde
la monture d’un bonnet un peu ample, ou
d’une perruque nouée d’une perfonne d’un certain
âge.
Il faut enfuite prendre les mefures : la première
qui eft la baffe s’appelle mefure de tournant, parce
qu’on la prend depuis le coin du front jufqu’à la couture
de derrière ; il faut la plier en deux pour que lé
papier foit plus fort & réfifte davantage ; enfuite on
fait la mefure de corps de rang, à peu près comme
on en verra le modèle dans nos Planchés.
Si l’on fait un bonnet pour une perfonne âgée ou
qui ne veuille point de boucle, il ne faut point
epointer les paquets, au contraire ils doivent être
très-quarrés par la pointe pour cet effet. Il n’y a pas
encore plus de douze ou dix-huit années, qu’après
les avoir, tirés comme nous avons dit plus haut,
avant d’y mettre des papillotes, on plaçoit le paquet
dans une carde par la tête, & on le tiroit par
la pointe pour qu’il fut plus quarré : c’étoit un ouvrage
très-difficile & qu’il falloit faire avec attention;
enfuite on y remettoit le papillon & oh commençoit
la perruque ; on diftribuoit du crin où il eft marqué.
Il faut d’abord avoir la mefure du bord du front ;
on la prend avec une bande de papier double de la
largeur du front de la monture que nous venons d’expliquer.
Il faut, que le front foit fait fur le plus court
paquet ,ô c treffe fin & à cinq tours pour un devant
peigné avec du crin. Malgré le plan clés mefures que
nous venons de donner, il n’en faut pas faire une réglé
générale ; tout dépend du goût des perfonnes, de H
p ë i i
ï’air du vifagè , êç de l’idée du perruquier : il faut fur- ;
vre la forme de la tête. Si la forme de la tempe eft
plate & que l’on veuille la perruque gonflée , on 1
montera les longs plus haut en faifant la mefure. Si
au contraire la tempe eft forte & gonflée , on ne
montera point les longs fi haut, & par confequent
on tirera la perruque, plus court. De même fi la personne
eft grande ; fi elle a le vifage maigre & le col ;
long, on l ’engagera davantage par les cheveux.
£>e la maniéré de trejjer, qu’on entendra mieux encore
varies Planches, que par ce que nous en allons dire. Pou.r
treffer il faut donc prendre les deux bâtons, celui oit
font les fix foies, & celui qui porte la pointe : on les
mettra dans les trous de la table. Pour le tournant,
il ne faut que trois foies. On prend le nô. premier ;
qui eft le plus court ; ôn treffe fin & ferré à cinq
tours :. on place fon, paquet dans la. carde qui eft devant
foi : on en tire, à-peu-près fept à huit cheveux de
la main droite, 8c de la gauche on les reprend par la
pointe ; on laifle excéder hors des doigts le moins
que l’on peut de là têté ; on les paffe avec la main
derrière les foies, & l’on préfenté la tête par-devant
entré la fécondé & la,troifieme foie ; puis on les paffe
par-deffus avec la main droite, & on les reprend entre
le pouce ôi le premier doigt de là gauche. Ort les
repaffe là , entre, la première & la fécondé avec le
pouce & le premier doigt de la droite ; on les paffe
par-deffous, & on les reprend de la gauche, en les
repaffant par la fécondé & la troifieme. Après quoi
l’on les paffe par-deffus ; l ’on les reprend des doigts
de la gauche , & l’on les repaffe entre la première &
la fécondé ; on les reprend des doigts de la droite, &
on en repaffe le bout entre ja fécondé & la troifieme.
On lès tire pour lors de ia gauche, èn lâchant doucement
, & én faifant couler la tête de la droite. On
laifle paffer la tête des cheveux le moins que l’on
peut ; & on la pouffe jufqu’auprès.du noeud que l’on
a fait ; quand elle eft au point que l’on v e u t , l’on reprend
la frifure. que l’on repaffe entré la derniere
& la fécondé foie, en obfervant de la paffer par-devant;
Ce dernier tour-ci ne fert qu’à la première paf-
fée de chaque rang & tournant que l’on veiit commencer
; enfuite on retire une autre paffe, & l’on
travaillé de même. Lorfque la pafféè eft faite, elle
doit former une my dont il faut avoir foin de preffer
les jambes l’une contre l’autre, pour que tout foit
égal & ne iaiffe point d’efpace plus grand ou plus petit:
vous ’treffez ainfi jufqu’àu chiffre qui marque le i;
l ’on reprend le z , & l*on treffe jufqu’à z ; puis l’on
reprend le 3 , & l’on treffe jufqu’au chiffre 3 ; enfuite
l’on reprend le 4 ; & l’on treffe jufqu’aii 4 , en montant
imperceptiblement la garniture i l’on continue
jufqu’au 5 ou 6 , toujours en remontant de garniture,
qui aü lieu d’une m , ne formé qu’une n. Alors orl
prend la pafle comme noiis venons de dire ; on la
paffe déiix fois en-deffus 8i line fois en deffous ,
on la finit entre ia fécondé & la troifieme foie : elle
èn garnit davantage la treffe & la fait plus preffée. Il
Faut toujours augmenter de garniture jufqu’au dernier
paquet, où les paffes doivent fe trouver d’une bonne
pincée. Il faut avoir foin en mettant les paquets dans
la cardé, dé placer iin peigne deffus, pouf que les
cheveux ne viennent pas trop vite ; il faut auffi prendre
garde que les paquets foient toujours bien égali-
fés. A la fin du rang il faut faire une paffe d’arrêt, en
repaffant la tête entre la fécondé & derniere jambe
de l’m. Autrefois quand ori fai,foit dés devàns bien
élevés & les tempes à-proportiori, On treffoit auffi à
bouts levés; au lieu depaflèr la main gauche qui tient
la paffe, on la mettoit par-devant, en paffant la tête
de la paffe entre la première & la fécondé ; ail lieu de
paffer par-deffus, oh repaffe paf-deffous, & l’on fait
le tour à l’ordinaire : enfuite on prend une autre paffe
qiie l’on met de l’aptre côté, en paffant de même par
Tome X I I .
P E R 409
dedans ; & l’on continue le tour de même. Voilà cé
u’on appelle trejjer à boutslevés. On treffoit auffi à ,
èmi-bouts levés, en faifant celui de devant comme
nous venons de dire , & l’autre paffe à l’ordinaire.
Pour revenir au tournant, quand on a fait la pafle
d’arrêt comme nous l’avons d it , on laifle un efpace
de foie , & l’onrecommence par les mêmes paquets
par où l’on a fini ; en faifant une paffe d’arrêt comme
on la doit pratiquer à tous les commencemens & fins
de chaque rang. Il faut obferver de rendre la garniture
la même, en faifant. aller en arriéré ce que l’on
a fait aller en devant, c’eft-à-dire que les n°. 11 reviennent
aux 10 , ainfi des autres a-proportion. Le
plus court fe trouvera à la fin de la mefure ; &c les
deux côtés feront égaux. Il faut faire un fécond tournant
de même , en obfervant la même réglé , & mettre
à la fin de chaque paquet Un fil rouge pour marquer
tous les étages, ce qui fort beaucoup lorfqu’il
éft queftion de pofer les rangs ; c’eft-à-dire qu’il faut
en pofor deux dans ia hoche du 6. La marque de fil
indique où elles commencent & où elles finiffent.
Lorfqu’on pofe les z du 6 , indiqués par la mefure ,
on a les 3 lur, le 5 dans la hoche du 5 , le 4 dans la
Hoche du 4 , le 5 fur le 3 dans celle du 3 , le 6 dans
celle du z , &c les 8 dans celle du 1. Il faut que celui
qui monte fâche combien de rangs il a pofé dans
chaque hoche, & qu’il s’arrange en conféquence. Il
faut pofor les fils à la fin de chaque hoche, à l’autré
coté du fécond tournant, en obfervant la même régularité
& la même garniture qu’à celle du premier
côté.
Enfuite il faut bien mettre les deux tôiirnans
en boucle devant foi, c’eft-â-dire du même côté , &c
les ôter de defliis le métier ; remonter enfuitè le métier
avec les fix foies, comme nous avons d i t , pour
commencer le corps de rartgs, en le travaillant à fix
foies. On fait les deux côtes enfombie, & la garniture
fë trouve égale par le moyen de la mefure; Les
premiers rangs commencés fur les fix foies , il les
faut prendre & aller jufqu’à 6 , ainfi des autres >
comme nous avons expliqüé, en tournant. Après 3
ou 4 rartgs il faut diminuer de garniture jufqu’à la fin,
ou elle doit être extrêmement légère, en obfervant
de mettre un crin ou deux à chaque paflee pour fou-
tenir la tempe. Il faut obferver que quand on a fini
les grands corps de.rangs (on les appelle ainfi, parce
qiie depuis l’endroit où on les pofe , ils doivent fé
rejoindre enfombie par derrière j , on en fait plus ou
moins aux tempes , folôn qiie l’ori veiit que la frifure
monte, & au-deffus ôn met un paquet préparé exprès
qui ne frife pas beaucoup ; ce paqiiet s’appelle
plaqué : on la fait d’une treffe de fuite, fans la travailler
par rang.
Après lès grarids, il y â les petits., qu’on appelle
ainfi, parce qu’ils ne croiffent pas , & qu’ils ne font
que là fate ; on les termine par dès paquets de plaque;
Le premier petit rang a la mefure fuivàntë : il commence
aü trdifiemë fui* ie 3 , & finit fur le 5 ; quand
on a foit jufqu’au 5 ; l’on prend les paqiiets de plaque
que l’on travaillé jufqii’à là raie y àinfi des autres;
Après avoir fait ce qùë nous vfenons de dire ; c’eft-
â-dirè les corps , ori emploie .les fournitures. L’oa
commence par les bords du front : nous, avons dit
comment on en prerioit la mefure ; & qu’il falloit les
treffer fin & ferré ; â la fin du front on fait une petite
étoile, c’eft-à-dire cinq ôu fix paffes : treffez ferme,
ferrez, & laiffez de chaque côté liri quart dë vos trois
foies; nous marquerons en foritems où ces paffes doivent
fe pofer. Si la tempe de ladite mëfiiré etoit fur lé
i ; il feroit à-prôpôsde foire les devarts par rang de la
longueur du dernier rarig d’en Haut de la mefure : lë
1 5c le z faits, ori mettra uni crin à chaque paffe ;
mais comme la tempe de ces mefures n’eft que fur le