
ge plantain, plantago latifolia, (inuata. Infi. rei hsrb.
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Sa racine eft courte, groffe comme le doigt, garnie
de fibres blanchâtres fur les côtés ; elle pouffe
des feuilles larges, luifantes, rarement dentelées en
leurs bords, ordinairement glabres ou fans poils,
marquées chacune de fept nerfs apparens dans leur
longueur ; ces feuilles font attachées à de longues
queues & couchées à terre.
De la même racine & du milieu des feuilles, il
s’élève piufieurs tiges à la hauteur d’environ un p ié ,
rondes, difficiles à rompre, quelquefois rougeâtres,
un peu velues;elles portent au fommet un épi oblong,
qui foutient de petites fleurs blanchâtres ou purpurines
; chacune de ces fleurs eft un tuyau fermé dans
le fonds, évafé en-haut, découpé en quatre parties,
& garni de piufieurs étamines. Lorfque la fleur eft
paffée, il lui fuccede un fruit ou une coque mcmbra-
neufe, ovale, pointue ou conique, qui s’ouvre en
travers, comme une boëte à favonnette, & qui renferme
piufieurs femences menues , de figure ovale,
ou oblongue, & de couleur rougeâtre.
Cette plante croît prefque par-tout le long des chemins
, des haies , dans les cours, dans- les jardins,
aux lieux herbeux & incultes. Elle fleurit en Mai &
Juin, & donne fa graine en Août ; on l’emploie beaucoup
en Médecine, ainfi que le plantain blanc, plantago
latifolia, incana ; & le plantain é troit, plantago
angujlifolia ; on les regarde comme déterfifs, aftrin-
gens & réfolutifs.
L’efpece de plantain des environs de Paris, nommé
par Tournefort, plantago palujlris, gramme*» folio
, monanthos parifienfis, a deux Angularités ; l’une
que fa fleur eft à étamines-, c’eft-à-dire mâle & fté-
rile ; & l’autre qu’au bas du pédicule de cette même
fleur, il en naît deux ou trois fleurs à piftil ou femelles
qui font fécondes ; on peut lire à ce fujet les Ob-
fervations de M. de Juflieu dans les Mém, de F Acad,
des Scierie, ann. 1742.
Finiffons par remarquer que M. Linnæus renferme
dans la claffe de ce genre de plante , non-feulement
les différentes efpeces de plantain de Tournefort
, mais encore le pfyllium , le coronopus ou corne
de cerfs , & le grqmen junceum ; voici brièvement
comme il caraftérife ce genre de plante.
Son calice , quoique droit & court, eft divifé en
quatre quartiers dans les bords, & fubfifte après que
la fleur eft tombée. La fleur eft monopétale, en forme
de tube cylindrique arrondi, avec des bords découpés
en quatre parties ; les fegmens font abaiffés
& pointus ; fes étamines forment quatre filets capillaires.
& droits ; l^s boffettes font oblongues, appla-
ties & menues ; le germe du piftil eft ovoïde , le fty-
le eft délié, & de moitié moins long que les étamines
; le ftigma eft Ample ; le fruit eft une capfule
ovale, s’ouvrant horifontalement, &c contenant deux
femences, les graines font oblongues ôc- nombreu-
fes. (JD. 7.)
P l a n t a in , (Mat. midi) grande moyen & petit ; on
emploie indifféremment ces trois efpeces pour l’ufa-
ge de la Médecine. Le plantain eft mis au rang des
plantes vulnéraires aftringentes ; & on lui accorde de
plus une qualité fébrifuge. On emploie le fuc des
feuilles , la décottion de la racine & celle de la fe-
mence;l’extrait & l’eau diftillée du plantain (ont auffi
en ufage ; & enfin, on en retire une eau diftillée à
laquelle on attribue communément les mêmes vertus
qu’à toutes les préparations précédentes.
Tous ces remedes font employés communément
pour l’ufage intérieur , toutes les fois que les aftrin-
gens font indiqués , comme dans la dyffenterie, &
toutes les efpeces d’hémorrhagie interne, & beaucoup
plus rarement, mais quelquefois cependant
çontre les fievres intermittentes.
Le plantain étant abfolument privé de tout principe
volatil, il eft démontré que fon eau diftillée ne
poffede aucune vertu médicamenteufe. Cette eau eft
cependant un excipient affez commun des juleps af-
tringens, quoique de toutes les propriétés des végétaux
, celle qui fe tranfmet le moins à l’eau qu’on en
fépare par la diftillation, foit évidemment la qualité
aftringente. L ’ufage le plus commun de cette eau eft
pour les collyres toniques & répereuffifs, qu’on emploie
tres-f©uvent dans les ophtalmies. Il n’eft pas
inutile de répéter que l’eau de plantain eft un ingrédient
abfolument inutile de ces collyres.
La racine & les feuilles de plantain entrent dans
l’eau vulnéraire, & en font un des ingrédiens puériles
, & pour ainfi dire indécens, comme on peut le
déduire facilement de ce que nous venons d’obfer-
ver fur l’eau diftillée de plantain. Voye^ VU LN É R A IRE
, eau. Les feuilles entrent dans la décoâion aftrin-
gente de la pharmacopée de Paris, dans le fyropd’al-
théa de Fernel, dans celui de confoude, &c. les femences
dans la poudre diarrhodon, l’onguent de la
comteffe, &c. (b')
PLANTAIRE, adj. (.Anat.) eft le nom d’un mufcle
charnu dans fon origine; il vient de la partie poftérieu-
re fupérieure du condile externe du fémur,oc defeend
un peu entre les jumeaux & lesfolaires, où il fe change
en un tendon long & mince , qui s’avance à l’extérieur
du tendon d’Achille , tte. s’infere à la partie
fupérieure & poftérieure du calcanéum. Voye^ nos
Planches d'Anatomie. Voyez a u fjiV ik , PALM A IR E ,
&c.
Quelques auteurs comptent ce mufcle parmi les
extenfeurs du pié. Voye^ E x t e n s e u r .
C ’eft le petit jambier poftérieur de M. "Winflow.
L ’aponévrofe plantaire vient des deux tubérofités
qui fe remarquent à la face inférieure du calcanéum ,
& recouvrant tous les mufcles fitués fous le p ié, va
fe terminer aux parties latérales & fupérieures des
premières phalanges.
Les arteresplantaires font la continuation de l ’ar-
tere péronniere & de la tibiale qui s’anaftomofent
dans la plante du pié , & forment un arc duquel il
part différens rameaux qui fe diftribuent aux doigts
& aux autres parties ; celle que produit la péronniere
prend le nom de plantaire externe ; & celle qui
eft la fuite de la tibiale fe nomme plantaire externe.
Voye[ P e r o n i e r e & T i b i a l e .
Les nerfs plantaires font des branches du nerf feia-
tique tibial. Voye^ S c i a t i q u e .
Le nerfplantaire externe fe diftribue au pié enfe
portant tout le long de la partie interne de la plante
du pié, & fournit quatre rameaux pour les parties latérales
& inférieures des trois premiers orteils, &
pour la partie latérale voifine du quatrième. Ces rameaux
communiquent par leur rencontre de leurs extrémités
au bout de chaque orteil.
Le nerfplantaire externe fe porte vers les parties
latérales externes en inférieures du pié , fe diftribue
aux parties voifines,& forment des rameaux aux deux
derniers orteils.
PLANTAS, ou PLAN ÇON, f.m. ( Jardinage.)
eft un rameau que l’on coupe fur un arbre tel que le
faule, & qu’ après avoir éguifé on fiche en terre, où
il reprend parfaitement fans racine.
P L AN T A R D , f. m. terme d.'Agriculture ; groffe
branche de faule, d’aulne, de peuplier, &c. qu’on
choifit pour planter quand on étête ces arbres.
PLANTATION, f. f. (Moral.') je mets les plantations
au rang des vertus, & j’appelle ce foin une vertu
morale néceffaire à la fociété , & que tout légiflateur
doit preferire.
En effet, il n’eft peut-être point de foin plus utile
au public que celui des plantations ; c’eft lemer l’abondance
de toutes parts, & léguer de grands biens
à la poftérité. Que les princes ne regardent point
cette idée comme au-deffous de leur grandeur. Il y
a eu des héros de leur ordre dans ce genre, comme
dans l’art de ïa deftruétion des villes , & de la défo-
lation des pays. Cyrus , dit l’hiftoire , couvrit d’arbres
toute l’Afie mineure. Qu’il eft beau de donner
une face plus belle à une partie du monde ! La remplir
de cette variété de feenes magnifiques, c’eft approcher
en quelque forte de la création.
Caton , dans Ion livre de la vie ruflique, donne un
confeil bien fage. Quand il s’agit de bâtir, dit-il, il
faut long-tems délibérer, & fouvent ne point bâtir ;
mais quand il s’agit de planter, il feroit abfurde de
délibérer , il faut planter fans délai.
Les fages de l’antiquité n’ont point tenu d’autres
difeours. Ils femoient, ils plantoient ; ils paffoient
leur vie dans \zwrs plantations & dans leurs vergers;
ils les cultivoient foigneufement , ils en parloient
avec tranfpôrt.
Hic gelidi fontes, hic mollia prata, Lycori,
Hic nemus , hic ipfo tecum confumerer cevo.
Virg. Eclog. X . 42.
« A.h ! Lycoris , que ces clairs ruiffeaux, que ces
» prairies & ces bois forment un lieu charmant! c’eft
» ici que je voudrois couler avec toi le refte de mes
» jours.
Ipfe jam carmina rupes,
Jpfa fonant arbufla.
» Les rochers & les arbuftes que tu as plantés tout
» autour de ce hameau, y répètent déjà nos chan-
» Ions.
Virgile lui-même a écrit un livre entier fur l’art
des plantations.
Jpfe thymum , pinofque ferens de montibus altis
Tecta ferat latè circum, cui talia curce :
Ipfe labore manum duro ttrat : ipfe feraces
Figat humo plantas, G* amicos irriget imbres.
» Que celui qui préfide à vos ruches, ne manque pas
» de femer du thym aux environs ; qu’il y plante des
>> pins & d’autres arbres, qu’il n’épargne point fa
» peine, & n’oublie pas de les arrofer !
Atque equidem extremo ut jam fub fine laborum
Vêla traham, 6* terris feftinem advertere proram ,
Forjitan & pingues hortos quee cura colendi
Ornant canerem.................
» Si je n’étois pas à la fin de ma courfe, je ne com-
» mencerois pas à plier déjà mes voiles prêt d’arriver
» au port ; peut-être enfeignerois-je ici l’art de culti-
» ver les jardins, & de former des plantations dans
.» les terres ftériles.
Namque fub (Rbalitz memini me turribus altis,
Quiî niger humectât flavenda culta Galefus ,
Corycium vidijfefenem , cui pauca relicti
Jugera ruris erant ; nec fertilis ilia juvencis,
Nec pecori opportuna feges , nec commoda Baccho.
Hic rarum tamen in dumis olus , albaque circum
Lilia verbenafque premens, vefeumque papaver ,
Regum aquabat opes animis, ferâque revertens
Nocte domum dapibus menfas onerabat inemptis.
Primus vere rofam, atque autumno carpere poma :
E t cum trijlis hyems etiarn nunefrigore fa x a
Rumperct, & glacie curfus freenaret aquarum;
Ille comam mollis jam tient tondebat acanthi ,
ÆJlatem increpitans feram , Zephyrofque morantes.
Jlli tilia, atque uberrima pi nus :
Quoique in flore novo pomis fe fertilis arbos
Induerat, totidem autumno matura tenebat ,*
llle edam feras in verfum dijtulit ulmos ,
Eduramque pyrum, & fpinosjampruna ferentes,
Jamque minifirantem platanum pot antibus umbram.
Vzritm hoec ipfe equidem fpadis exclufus iniquis,
Proetereo.
Georg. liv. IV. 12S. tâo.
» Près de la fuperbe ville de Tarente, dans"cette
» contrée fertile qu’arrofe le G alèfe, je me fouviens
» d’avoir vu autrefois un vieillard de Cilicie, poffef-
» feur d’une terre abandonnée , qui n’étoit propre
» ni pour le pâturage, ni pour le vignoble ; cepen-
» dant il avoit fait de ce terrein ingrat un agréable
» jardin, où il femoit quelques légumes bordés de lys,
» de vervene & de pavots. Ce jardin étoit fon royau-
» me. En rentrant le foir dans fa maifon, il côuvroit
» fa table frugale de fimples mets produits de fes tra-
» vaux. Les premières fleurs du printems, les pre-
» rniers fruits de l’autonne naiffoient pour lui. Lorf-
» que les rigueurs de l’hiver fendoient les pierres, &
» uifpendoient le cours des fleuves, il émondoit déjà
» fes acanthes ; déjà il jouiffoit du printems , & fe
» plaignoit de la lenteur de l’été. Ses vergers étoient
» ornés de pins & de tilleuls. Ses arbres fruitiers don-
» noient en automne autant de fruits, qu’au printems
» ils avoient porté de fleurs. Il favoit tranfplanter
» & aligner des ormeaux déjà avancés, des poiriers,
» des pruniers greffés fur l’épine, déjà portant des
» fruits , & des planes déjà touffus, à l’ombre def-
» quels il regaloit fes amis. Mais les bornes de mon
» uijet ne me permettent pas de m’arrêter plus long-
» teins fur cette peinture ».
C’eft pourquoi je me contenterai d’obferver avec
Virgile, que l’amufement des plantations ne procure
pas feulement des plaifirs innocens, mais des plaifirs
durables,& qui renaiffent chaque année. Rien en effet
ne donne tant de fatisfaûion que la vue des payfa-
ges qu’on a formés, & des promenades délicieufes
à l’ombre des arbres qu’on a plantés de fes mains.
On pourroi.tmême, ce me femble, charger un domaine
entier de plantations différentes, qui tourre-
roient également au plaifir & au profit du propriétaire.
Un marais couvert de faules, un coteau planté de
chênes, feroit fans doute plus profitable qu’en abandonnant
le terrein à fa ftérilite naturelle. Des haies
fortifiées & décorées d’arbres forment un rempart
utile, agréable & folide.
Il n’eft pas befoin de fe montrer trop curieux de la
fymmétrie des plantations. T out le monde eft en état
de remplacer des arbres à la ligne & à la réglé , en
échiquier, ou en toute autre figure uniforme ; mais
doit-on s’aftraindre à cette régularité fans ofer s’en
écarter ? Et ne feroit-on pas mieux de cacher quelquefois
l’art du jardinier ? Préfenter toujours des arbres
qui s’élèvent en cônes, en globes, en pyramides
, en éventail, fur chacun delquels on reconnoît
la marque des cifeaux, eft plutôt l’effet d’un goût
peigné, que celui de la belle nature. Ce n’eft pas
ainfi qu’elle forme fes admirables fîtes. Des forêts de
citronniers ne font pas moins fuperbes avec toute
l’étendue de leurs branches, que taillés' en figures
mathémathiques. Un grand verger dont les pommiers
font en fleurs, plait bien davantage que les petits labyrinthes
de nos parterres. Qui eft celui qui ne pré-
fereroit à nos arbres nains, des chênes de piufieurs
centaines d’années, & 4es grouppes d’ormes, propres
à mettre à couvert de la pluie un grand nombre de
cavaliers.
Quoi qu’il en foit des plantations fymmétriques ou
fauvages, je ne recommande pas les lyies ou les autres
aux grands & aux riches, par la feule raifon
qu’elles font un amufement agréable, en même tems
qu’une décoration de leurs maifons de campagne ;
j’ai des motifs plus nobles à leur propofer ; je leur
recommande les plantations de toutes parts , parce
que c’eft un emploi digne d’un citoyen vertueux, &
qu’il s’y doit porter par des principes tirés de la mo