6 3 4 P I N P I N pain. II en différé par une ouverture pratiquée à fon.
fommet, 6c par fa bafe creufée en maniéré d’entonnoir
fort évafé. Cette bafe pavée de briques , communique
par un canal a une auge, qui le trouve au-
dehors du four. L’auge 6c le canal font conftruits de
briques liées avec de la terre gralfe. Ce four eft inf-
crit dans une cage quadrangulaire formée par des
poutres de pin pofées les unes fur les autres, 6c af-
femblées par leurs extrémités. L’intervalle qui refte
entre le four 6c la cage doit être bien garni de terre.
Après avoir rempli ce four de copeaux enlevés
en entaillant les pins, de la paille à travers laquelle
le galipot 6c le barras ont été filtrés, de mottes
de terre ramaffées fous les pins, & pénétrées du
fuc qui en a découlé , on met le feu par le trou du
fommet : une fubftance noire 6c grafl'e coule bientôt
après , 6c va fe rendre dans l’auge. On garnit le
feu , 6c lorfqu’il a brûlé affez long-tems pour que la
matière ait perdu une partie de fa liquidité, 6c qu’elle
fe réduife en poudre entre les doigts, ou l’éteint en
couvrant l’auge de gazon. On fait couler dans des
trous creufés dans le fable ce qui étoit contenu
.dans l’auge , & on a des pains d’une matière noire 6c
dure qu’on nomme pcgle, nom qui paroît répondre
au mot François poix.
Ces différentes préparations viennent de l’arbre
vivant ; il faut le détruire pour avoir le goudron. On
le tire de la partie des pins la plus chargée du fuc ré-
fineux. Le bois propre à donner du goudron eft pe-
fant, rouge , 6c quelquefois transparent en quelque
• degré , lorfqu’on l’a rendu.fort mince. Les pins n’ en
fourniffent point dans toute leur étendue ; & la quantité
qu’ils en fournilfent, dépend de la nature des ter-
reins. On en trouve par-tout dans les racines des arbres
coupés depuis quelques; années ; la téde endon-
ne en petite quantité dans les bois les plus avancés
vers l’orient ou vers le fud-eft, parce que la couche
de fable y eft moins épaiffë , 6c plus abondamment
dans les forêts les plus v.oifines de la mer. Dans ceS
mêmes cantons où le fable,defeend à une plus grande
profondeur , les arbres .que l’âge, les incendies, ou
d’autres accidens ont fait périr, 6c qui ont demeuré
fur piéton renverfé pendant plufieurs années, ont
du bois propre à faire du goudron dans prefque toute
la longueur de leur tige.
On coupe le bois propre, au goudron en petites bûches
de deux piés de longueur , fur un pouce 6c demi
de largeur dans chacune des deux autres dimenfions.
On le raHemble auprès du four, qui n’eft autre chofe
qu’un ai,re circulaire dé dix-huit ou vingt piés dedia-r
métré, pavée de briques'crèufées en entonnoir., 6c
plus baffe d’environ deux piés au centre qu’à la circonférence.
Le centre eft percé d’un trou qui communique
à un canal bâti de brique q u i, paffant fous
le four , va fe terminer à une foffe. Autour d’un jeune
pin qu’on a fait entrer dans ce trou , & qu’on
éleve perpendiculairement, on arrange les bûches
avec beaucoup, de fo in , o.bfervant qu’un de leurs
bouts foit dirigé vers le centre, 6c l’autre vers la circonférence.
Après aybir formé de cette maniéré une
pile de bois." d’environ 20 piés de hauteur.-; on la couvre
de gazon dans toute fon étendue, exceptant feulement
une ouverture qu’on laide au fommet, & on
retire le pin autour duquel elle a été eonftruitè.
Ce bûcher ayant été allumé par fon extrémité fu-
périeure, rien n’efl plus iatéfeflànt que d’empêcher
que le feii ne trouve quelque iffue. Lorfqti’il menace
de fe faire jour par quelqu’endroit, on y met auffi-tôt
du gazon qu’on a enréferve , 6c dont, on; doit être
bien fourni. H
Il fort d?.abordune certaine quantité d’eau rouffe,
enfuite vient le goudron -, é ’eft-à-dire, cette fubftance
noire, un peu liquide, mais épaiffe & gluante,
qui eft affez connue ; o n ia reçoit dans des barils
qu’on arrange dans la foffe au-deffous d’une gouttière
qui termine le canal.
On ne fe met point en peine de féparer du goudron
l’eau qui le précédé dans cette diftillation lorft
qu’il en entre dans les barils. Elle ne lui eft: point
nuifible, à la différence de l’eau commune qui en al-
téreroit la qualité.
Trois parties de pégles 6c une' partie de goudron
mifes fur un fourneau dans une chaudière de fer fondues
enfemble 6c bien écumées, font ce qu’on appelle
le b rai gras. Cette matière qui a quelque degré
de liquidité, fe tranfporte dans des barils , dans lefquels
on l’entoure en le tirant de la chaudière.
PiN., chenille de, ( Infeclolog ) en latin pithyocam-
pa. Les forêts de pins nourriffent ces fameufes chenilles
, qui paflent une grande partie de leur vie en
fociété, 6c qui font dignes d’attention par la feule
quantité 6c la qualité de la foie dont eft fait le nid
.qu’elles habitent en commun. Cette foie eft forte,
6c les nids font quelquefois plus gros que la tête d’un
homme.
La figure de ces nids eft toujours à-peu-près celle
d’un cône renverfé. Tout l’intérieur eft rempli de
toiles dirigées en différens fens, lefqu’elles forment
divers logemens qui fe communiquent.
Toutes les chenilles de pin forties des oeufs d’un mê-
meme papillon, travaillent apparemment de concert
à le conftruire un nid peu de tems après qu’ elles font
nées. Elles en fortent toutes à la file au lever du fo-
leil pour aller chercher de la pâture ; une trace de
foie d’une ligne de large, marque la route qu’elles
fuivent pour s’éloigner de leur nid ; 6c elles y reviennent
par la même route deux ou trois heures après
en être forties.
Cette chenille n’eft guere plus grande 6c plus groffe
dans nos climats que la chenille de grandeur médiocre.
Elle eft velue, fa peau eft noire, 6c paroît en
une infinité d’endroits au-travers des poils. Ceux du
deffus du corps font feuille morte, 6c ceux des côtés
font blancs ; fa tête eft ronde 6c noire ; elle a feize
jambes, dont les membraneufes font armées de demi-
couronnes de crochets ; la peau du ventre eft rafe,
d’un vilain blanchâtre ; fes poils ne portent nulle
part des tubercules ; ils tirent leur origine de la peau
Blême.
Ces chenilles, comme la plupart de celles qui aiment
à s’enfoncer en terre pour fe métamorphofer ,
fe métamorphofent néanmoins, quoique la terre leur
planque.
On leur a attribué une fingularité étonnante, celle
de ne jamais fe transformer en papillon, celle de faire
des oeufs pendant qu’elles font chenilles ; ce feroit là
un grand prodige dans l’hiftoire des infettes ; auffi
ce prodige merveilleux eft—il contraire aux obferva-
tions.
Mais une autre particularité véritable de ces chenilles
, c’eft d’avoir fur le dos des efpeces de fligma-
tes, différens de ceux par lefquels elles refpirent l’air;
6c qui plus eft, de darder vifiblement dans certains
tems par ces mêmes ftigmates des flocons de leurs
poils même affez loin. Ils peuvent en tombant fur la
peau y caufer des démangeaifons , pour peu qu’on
ait été près de ces chenilles, mais l’effet en fera bien
plus grand fi on les a maniées.
Voilà fans doute la caufe de l’averfion qu’on porte
fur-tout à cette efpece de chenille , 6c qui la fait regarder
non-feulement comme venimeufe à toucher,
mais encore comme un poifon dangereux pour l’intérieur.
Quelques modernes en parlent ainfi avec
tous les anciens naturaliftes ;les uns nous difent qu’elles.
agiffent en véficatoires fur la peau, comme les
cantharides ; 6c d’autres qu’ elles ont un venin encore:
plus efficace, fi on en avàloit mifes en poudre ; cette
derniere opinion eft établie anciennement dans les
P I N
pavs-chauds, & le droit romain en condamne l’ufage
formellement par les plus grandes peines.
Tous les jurifconfultes connoiffent la loi contre
ceux qui empoifonneront avec l’efpecè de chenille
nommée phhyocampoe , c’eft-à-dire , chenille de pin ,
ainfi que le mot grec le porte.
C’eft une faute, pour le dire en paffant, in digejl.
apudMarcellum, /. XLV III. tit. ad leg. corn, de venef
le mot de pithyocarpa, qu’oil y trouve pour pithyôcampa.
Ulpien expliquant la loi cor. de Sicar. met au nombre
des gens qui ont mérité la peine ftatuée par cette
lo i, ceux qu’il nomme pithyocampce propinatores. Y
avoit-il réellement dans le pays chaud une chenille
<lepin qui empoifonnât 6c que nous ne connoiffons
plus? Ou plutôt cette idée feroit-elle une erreur po-
pulaire qui a paffé jufqu’à nous par tradition 6c par
écrit ? Il y en a tant de ce genre !
Pin , ( Iconolog. ) il étoit confacré à plufieurs déi-
tés , mais fur-tout à Cybèle ; car on le trouve ordinairement
repréfenté avec cette déeffe. Le dieu Sylvain
porte auffi quelquefois de la main gauche un
rameau de pin chargé de fes pommes. Properce prétend
encore, que le dieu d’Arcadie aimoit 6c favori-
foit cet arbre de fa protection. Enfin, on s’en fervoit
par préférence à tout autre pour la conftruCtion des
bûchers fur lefquels on brûloit les morts; 6c c’étoit-
là le meilleur ufage qu’oïi en pût tirer. (D . J. )
PINAÇIA, f. f. ( Antiq. grecq. ) ttivclkIo. ; on nom-
moit ainfi chez les Athéniens des tablettes de cuivre,
où étoient écrits les noms de toutes les pérfonnes
dûement qualifiées de chaque tribu, qui afpiroient
à être .juges de l’aréopage. On jettoit ces tablettes
dans un grand vafe, & l’on mettoit dans ùn autre
vafe un pareil nombre de feves», dont il y en avoit
cent de blanches , & toutes les autres noires. On ti-
roit le nom des candidats 6c lesfeves une par une,
'6c tous ceux dont les noms étoient tirés conjointement
avec une feve blanche , étoient reçus dans le
fénat. Du tems de Solon, il n’y avoit que quatre
tribus, dont chacune élifoit cent fénateurs; de forte
qu’alors l’aréopage n’étoit compofé que de quatre
cens membres ; mais le nombre des tribus ayant ei>
fuite été augmenté, le nombre des fénateurs le fut
aufli proportionnellement : cependant la maniéré de
les élire fubfifta toujours la même. Potter, Archaol.
grtec. tom. I. p. ( -D. J. )
PINACLE, f. m. fe dit en Arch.ited.ure, du haut ou
du comble d’une maifon qui fe termine en pointe.
Voye^ Comble*
Ce mot vient du latin pinna, pinnaculum : les anciens
ne donnoient guere qu’aux temples cette efpece
de comble ; leurs combles ordinaires étoient tout
plats ou en maniéré de plate-forme. Voye{ Plateform
e.
C’eft du pinacle qüe le fronton a pris fon origine.
Voye^ Fronton.
Pinacle , ( Antiq. rom. ) le pinacle étoit une forte
d’ornement parmi les Romains, que l’on mettoit au
haut des temples. Les Grecs l’appelloient AtToç, àt-
'ratp.a, 6c les Romains fafligium ; on en voit fur les
médailles anciennes. Il ne dépendoit pas dès particuliers
de pofer à leur volonté de pareils ornemens
fur leurs maifons. C’étoit une faveur précieufe qu’il
falloit obtenir du fénat, comme tout ce qui fe pre-
noit fur le public. C ’eft ainfi que pour honorer Pu-
blicola , on lui donna la penniffion de faire que la
porte de fa maifon s’ouvrît dans la rue, aù lieu de
s’ouvrir en-dedans. Cefar jouiffoit de l’honneur du
pinacle, que le fénat n’ofa pas lui refufer, 6c qui di-
ftinguoit fa maifon de toutes les autres. Au refte, le
pinacle étoit décoré de quelques ftatues des dieux,
ou de quelques figures- de la V iû o ire , ou d’autres
•rnemens , lelon le rang, ou la qualité de ceux à qui
Tome X I I ,
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ce .privilège rare étoit accordé ; car les maifons à
pinacles , étoient regardées comme des temples» jâsBiB I I ... . PlNÀCLË du temple, ( Critique facrêe. ) pinnaçulurri
templi, en grec t0 tmpuyiov rS hpa, Luc. iv. xj. C ’étoit
la galerie qui régnoit autour du toît plat de Jéruia-
lem, ou la tourelle bâtie fur le veftibule du temple-, M M
PlNAHUITZXIHUITL, ( Hift. nat. B am . ) ar-
bufte de la nouvelle Efpagne -, que l’on défigne dans
de certaines provinces fous le nom de cocochiatli. II
a communément deux piés de haut ; fes tiges font
minces 6c épineufes ; fes feuilles font divifées en fix
parties ; fes fleurs reffemblent à celles du châtaignier,
6c fon fruit, qui forme de petites grappes, reffemble
à la châtaigne ; il eft verd d’abord, enfuite il devient
rougeâtre.' Cette plante a, dit-on, les propriétés de
la fenfitive ; elle fe contracte lorfqu’on la touche, ou
même lorfqu’on en approche.
PINÀRÀ, ( Géog. arïc..) i°. ville d’À fie, dans lai
Lycie. Strabon, qui la met dans les terres au pié du
mont Cragus, dit que c’étoit une des plus grandes
villes de la Lycie ; Etienne le géographe la place
mal-à-propos dans la Cilicie. Lés habitans de cette
ville étoient appellés Pinaretoe.
2°. P inara, ville de la Cælefyrie, dans la partie
feptentrionale, fur le Gindarus ; car la Cæléfyrie
s’étendoit jufques-là, félon Pline, l. f*. c. xxiij. Pto-
lomée, l. V. c. xv. la place dans la Piérie de Syrie.
C D . J . l B
PIN ARIENS , f. m. Pinarti, ( Antiq. rom. ) prêtres
d’Hereule. Ils furent ainfi nommés aVo t«V 7nvnc%
a famé, pour marquer qu’il ne leur étoit pas permis
de goûter aux entrailles des viéiimes, dont les feuls
Potitiens avoient droit de manger ; 6c cela en punition
de s’être trouvés trop tard aux facrifices , dont
Hercule leur avoit donné le foin : cqtte punition fut
donc l’effet de leur négligence.
Enfin, le facré miniftere eeffa dans ces deux ordres
de prêtres ; car du tems de Denys d’Halycar-
naffe, c’étoient des efclaves achetés des deniers publics,
qui avoient foin des facrifices d’Hercule. Voici
la caufe de ce changement rapportée par Tite-Live,
livre IX . de fon hiftoire.
Tandis que Claudius Appius faifoit les fonélionsr
de cenfeur, il engagea les Potitiens à fe décharger,
du foin dès facrifices dont ils étoient les .miniftres,1
6c à l’inftruire des cérémonies dont ils avoient feuls
la connoiffance ; mais il arriva, dit l’hiftorien latin,
que la même année, de douze branches dont étoit
alors compofée la famille des Potitiens ,, il mourut
trente perfonnes toutes en âge d’avoir poftérité ,
6c que toute la race fut éteinte. Appius lui-même ,
pour avoir donné ce confeil, devint aveugle ; comme
fi Hercule eût voulu venger fur Appius , & fur
tous les Potitiens, le mépris qu’ils avoient de fes facrifices,
en les remettant en d’autres mains^ ( D . J. y
PINASSE , f. f» ( Marine. ) c’eft un bâtiment fait
à poupe quarrée , dont l’origine vient du nord, 6c
qui eft fort en ufage en Hollande. On croit qu’on l’a
appellé ainfi depinaffe., pin, à caufe que les premier
res pinajfes ont été faites d.e pin. Comme le vaiffeau
de 13 4 piés de long, de l’étrave à ' l’étambord, dont
les proportions fe trouvent ici fous chaque mot de
eonftruriion, ou de membres de vaiffeaux, eft une
pinaffe , il n’eft pas befoin d’en donner encore d’autres
devis-,
Pinaffe, c’ eft un petit bâtiment de Bifcaie, qui a
la poupe quarrée : il eft long, étroit, & léger; ce
qui le rend propre à la courle, à faire des decouvertes,
6c àdefeendre du monde en un côte; il porte
trois mâts 6c va à voiles 6c à rames.
PINCE, f. f. ( outil. ) gros levier de fer rond, de
quatre piés de long 6c de deux piés de diamètre,
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