plus beaux qu’ en aucun autre endroit. Martial prétend
que les Argonautes apportèrent de ces oifeaux
en Grèce oii on n’en avoit jamais vu auparavant, 6c
qu’on les appella tpa.dla.voi , en latin phajiani , parce
qu’on les avoit pris fur le bord du P hafe.
Les anciens difent qu’on avoit été obligé de jetter
deffus cette riviere jufqu’à fix-vingt ponts à caufe
de fes fréquentes courbures. Strabon raconte que la
plupart de ces ponts étoit aux environs d’une forte-
reffe de la Colchide, nommée Sarapanes, 6c qui étoit
le premier des quatre pafl'ages par où l’on entroit dans
llbérie. Ces ponts, ajoute-t-il,fontnéceffaires, parce
que la riviere coule rapidement dans ces lieux remplis
de rochers, 6c tout creufés par les torrens qui fe
précipitent des montagnes voifines. Une pareille,
defcription montre qu’on avoit une affez exaéle con-
noiffance de la contrée dont on parloit : &: il falloit
bien qu’on l’eû t, puil'qu’on y avoit cherché un paffage
dans un pays dont toutes les entrées étoient extrêmement
difficiles 6c qu’on l’y avoit trouvé.
Le Phafe fépare aujourd’hui la Mingrélie de la
principauté de Guriel, &du petit royaume d’Imirete.
La côte efl par-tout un terrein bas, fablonneux, chargé
de bois 6c de petites îles habitées çà 6c là. Il reçoit
dans fon cours trois rivières affez confidérables,
lavoir l’Hippus des anciens, appellé par les gens du
■ pays S cheni-Schari ; le Glaucus, appellé Abajjia ; 6c
le Sicamen, qu’on nomme aujourd’hui Tachur.
z°. Phafis eft encore le nom d’un fleuve de l’île
de Taprobane. Ptolomée en parle, liv. VII. ch. iv.
( D J •)
Ph a s e , ( Critique fa crée.') terme hebreu, qui répond
au mot françois paffage. Vous mangerez l’agneau
pafcal promptement, car c’eft le phafe, c’eft-
à-dire le paffage du Seigneur, Exod. / 2. 11. La raifon
de cet ordre, c’eft que l’agneau pafcal fi.it immolé à
l ’occafion de l’ange qui paffa les maifons marquées
du fangde cet agneau, 6c entra dans celles des Egyptiens,
pour y tuer les premiers nés. De-là vient que
phafe défigne auffi l’agneau palcal qu’on immoloit en
mémoire de ce paffage de l’ange. Immolez le phafe,
Exod. 12. 21. c’eft-à-dire l’agneau pafcal; de plus, ce
mot fe prend pour le jour qu’on immoloit cet agneau,
favoir le quatorzième de la lune ; 6c finalement pour .
toutes les victimes qui étoient immolées pendant la
femaine de Pâques. Vous immolerez au Seigneur le
phafe de vos boeufs 6c de vos brebis. Deuteronome
xvj. 2.
PHASELIS, ( Géog. anc. ) ville maritime dans la
Lycie , fur les confins de la Pamphylie, près d’une
montagne nommée Climan, félon Strabon, l. X IV .
p. 666'. Pomponius Mêla,/. I. ch.xiv. prétend qu’elle
avoit été bâtie par Mopfus. Etienne le géographe
dit qu’on l’appella premièrement Petyuffa, 6c
enfuite P harfalus. Elle mbfiftoit d’elle - même, 6c
n’entroit point en communauté avec les Lyeiens.
Ce fut l’une des villes qui s’enrichirent le plus des
pirateries desCilici.ens ; & Flonis nous apprend que
c’eft par cette raifon qu’elle fut ruinée par Publius
Servilius après les victoires qu’il remporta fur ces
corfaires. Phafelim , dit cet hiftorien , & Olympon
evertit, Ifaurumque , ipfam arcern Cilicice ; elle étoit
dans un pitoyable état lorfque Pompée y aborda
après la bataille de Pharfale, car Lucain, l. VIII. raconte
qu’il y avoit plus de gens dans le vaiffeau de
Pompée que dans cette ville.
Te primum parva Phafeli
Magnus adit, nam te metui vetat incola tutus ,
Exhaufloeque domus populis, maj orque carinx
Quant tua turba fuit.
Ainfi quand Strabon , qui vivoit après Pompée,
parle de Phafdis comme d’une ville confidérable,&
à trois ports , il avoit égard apparemment à ce qu’elle
avoit été ; mais il auroit dû ne pas s’exprimer ait
tems préfent, car il n’y a point d’apparence que depuis
la bataille de Pharfale julqu’au tems de Strabon
cette ville eût été rétablie.
Elle pouvoit néanmoins toujours fe vanter d’avoir
été le lieu de la naiffance 6c du maufolée de Théo-
deéfe, contemporain d’Ariftote, un des plus beaux
hommes de fon tems ; mais la beauté de l’efprit fur-
paffoit en lui celle du corps. Il étoit également grand
poète, 6c grand orateur. Il avoit fait cinquante tragédies
6c plufieurs oraifons qui toutes ont péri.
m J )
PHASELUS, f. m. ( Littéral. ) forte de bâtiment à
voiles 6c à rames, dont les Romains faifoient ufage
pour n’être point arrêtés dans leurs expéditions ; ce
bâtiment avoit tiré fon nom de la ville de Phafelis
en Pamphilie , qui avoit fervi long-tems de retraite
aux pirates. (D . J . )
PHASÉOLE , 1. f. ( Botan. ) ce genre de plantes
qu’on vient de caractéril'er, en latinphafeolus, 6c qui
porte une longue goufle remplie de femences faites
en forme d’un petit rein , conftitue un genre très-
étendu dans le iyftème deTournefort, puiiqu’il renferme
cinquante-neuf efpeces. Nous en avons décrit
çà 6c là quelques-unes d’étrangeres lous leurs, noms
propres , 6c en particulier la plus commune connue
dans nos jardins ious le nom de haricot.
PHASÉOLOIDES , l.f. ( Botan. exot. ) genre de
plante , que les Angjkûs nomment kidnei-bean-tree ; en
voici les caraéteres : fes feuilles font allées , compo-
fées d’un nombre inégal d’autres feuilles découpées.
Sa fleur eft légumineufe ; le piftil qui fort du calice
devient une longue gouffe, renfermant plufieurs femences
faites en forme de rein. On ne connoît en Europe
qu’une feule efpece de ce genre de plante ; on
la nomme phafeoloides carolirùana, frutefeens , fean-
dms, foliis pinnatis ,jloribus cceruleisfpicatis. Les graines
de cette planté ont été envoyées de la Caroline
en Angleterre par M.Catesby en 17x4, & diftribuées
aux curieux ; il s’eft élevé de fes graines plufieurs/>/z<z-
féoloides dans les jardins des environs de Londres ,
& on les a multipliées par des rejettons que la racine
fournit en abondance. Ils viennent en toutes fortes
de terres, fur-tout dans une bonne terre légère, 6c
ne craignent rien de la dureté des hivers , pourvu
qu’on les abrie des vents les plus rudes. On peut placer
cette plante avec les arbriffeaux grimpans , 6c
en la foutenant par des piquets, elle grandit à la hauteur
de douze ou quatorze piés, 6c produit plufieurs
épies de très-belles fleurs bleues. Dans une faifon
favorable, fes graines viennent à parfaite maturité. GH PHASSACHATES, ( Hift- uat. ) nom donné par
les anciens à une agate dont ils ne nous ont tranlmis
que le nom. Cependant M. Hill prétend que c’eft la
même pierre que les anciens nommoient auffi leuca-
chates , agate blanche ouperileucos. Il dit que le fond
de la couleur de cette agate eft d’un gris pâle 6c bleuâtre
ou gorge de pigeon, 6c que fouvent on y voit
des veines noires 6c blanches qui forment des cercles
affez concentriques ; ce qui fait que les morceaux de
cette pierre reffemblent à des onyx II s’en trouve
aux Indes orientales , en Bohème , 6c en plufieurs
endroits d’Europe. Voye[ Hill, natur. hijlory offoffils.
PHATZISIRANDA, ( Botan. exot. ) plante de la
Floride, qui paroît être une efpece de porreau ; mais
les voyageurs ne nous en donnent que des deferip-
tions infidèles 6c fabuleufes. Ses feuilles font fembla-
bles à celles des porreaux, mais plus longues 6c plus
menues. Sa tige eft noueufe , 6c s’élève feulement à
une coudée 6c demie. Sa fleur eft petite, étroite,
compofée de fix pétales, difpofée en lis ; fa racine
eft toute boutonnée. Les habitans broient les feuilles
de cette plante entre deux pierres pour en tirer un
fitc , dont Us fe frottent tout le corps polir fe peindre
6c fe fortifier. ( D . J. )
PH AUSIA, ( Géog, anc. ) nom commun à plufieurs
endroits. i° . C ’eft un lieu du Cherfonnèfe des Rho-
tliens , c’eft-à-dire, dans la partie de la Carie oppo-
lée à l’ile de Rhodes, félon Pline,l. X X X I . a ij. x°.
C ’eft une ville de Médie ; Pline, L VI. m xm en fait
mention. 30. C ’eft une ville de la grande Arménie ,
que Ptolomée , l-.V.c. xiij. place entre Soeocaria&
Phandalia. (D . /. )
PHAZEMON1T IS, ( Géog. anc. ) contrée du Pont.
Elle s’étendoit, félon Strabon , L X I I . p. 5 60. de^
puis le fleuve Amyfus jufqu’à celui, d’Halys. Pompée
changea le nom de cette contrée en celui de Megalo-
polis ; 6c du bourg Phazemont il fit une ville qu’il appella
Neapolis. Etienne le géographe écrit Phamizon
pour Phazemont, 6c place cette ville près de l’Amy-
îiis, vers le midi. (D . J .)
PHEA, ( Géog. anc. ) nom d’iine ville de l’Èlide,
d’un fleuve peu confidérable du Péloponnèfe, 6c
d’une ville de Theffalie , félon Ortelius. (D . J .)
PHEBUS , ( Mythol. ) voyei APOLLON.
PHÉGONÉE, ( Mythol. ) Jupiter de Dodone eft
quelquefois appellé Phégonée, c’eft-à-dire, qui habite
dans un netre, <p>iyoç, parce qu’il fe trouvoit à
Dodone un hetre célébré qui fervoit à un oracle, 6c
dans lequel le peuple s’imagina que Jupiter avoit
çhoifi fa réfidence. ( D. J. ) *
PHÉGOR, ( Geog. anc. ) nom d’une montagne ,
félon Ortelius, qui cite Ifidore. De-là, ajoute-t-il,
vient le nom d eBaal-Phégor, n.25.3. & 5. Deut. iv. 3 ' J°fue•> xxij. ty. c’eft-à-dire, Baàl fur la montagne
de Phégor. Béel-Phègorfignifie, félon Suidas, le
lieu où Saturne étoit adoré. Béel-Phégor, dit dom
Calmet, eft le dieu Phégor. ou Phogor. On peut voir
les conjeélures qti’il a rapportées fur cette fauffe divinité.
Dans une differtation que ce favant bénédictin
a faite exprès à la tête du livre des Nombres, il tâche
d’y montrer que c’eftle même,dieu, Adonis on
Orus , adoré par les Egyptiens 6c par la plupart des
peuples d’Orient. L’Ecriture dit que les Ifrallites étant
campés au défert de Sen, fe Jaiflèrent aller à l’adoration
de Béel-P hégor, qu’ils participèrent à fes facri-
fices, 6c qu’ils tombèrent dans l’impudicité avec les
■ filles de Moab. Et le Pfalmifte racontant le même évécnfices
des morts. Phégor ou Pé-or, ajoute domCa
met, eft le même qu’Or ou Orus, en retranchant c
ce mot l’article pè] qui ne fignifie rien. A l’égard d’G
rus, dit-il, c’eft le même qu’Adonis ou Ofiris. O
célébroit les fêtes d’Adonis comme des funéraille«
6c l’on commettoit dans ces fêtes mille diffolution:
lorfqu on chantoit qu’Adonis qu’on avoit pleuré mo
étoit vivant. Ainfi dom Calmet eft bien éloigné c
dire que Phégor foit une montagne. ( D . J. ) °
, PHÉHUAME , f. m. (Botan. ) cette plante qui
félon Hernandez, eft une efpece d’ariftoloche, ero
au Mexique ; fes feuilles ont la figure d’un coeur
fes fleurs font purpurines ; fa racine eft longue
groffe, couverte d’une écorce rougeâtre. Elle e
acre, odorante , chaude. Les fauvages s’en fervei
pour guérir la toux invétérée 6c pour diffiper
vents.( D . J . )
PHELLANDRIUM, (. m. (m j ï . nat. Botan.
genre de plante auquel on a donné le nom de ciat
tCeati, & dont la fleur eft enrofe& en ombelle ^con
pofee de plufieurs pétales faits en forme de coeur
ckfppfes en rond & foutenus par un calice, qui de
vient dans la fuite un fruit compofé de deux petitf
femences rdevees en bofle , légèrement ftriées d’u
cote & plates de l’autre. Tournefort, inli. rti htrl
Voye^ P l a n t e . 7 J
' T °T m f% 7 C°mrU deM ?fPeces de ‘
geiirè déplante : le pjàikÀl, ■ ium dés Alpes j phèllan-
drium alpinum , umbellâ purpurafeente ; ÔC le phellan-
dnurh aquatique. La première efpece a une vertu approchante
de celle du meum. Ses racines font apériti-
ves,ineifives 6c difeuffives. La fécondé efpece eft
au contraire fufpe&e dans fes effets , & paffepouf
avoir les mêmes qualités que la ciguë aquatique -
c’eft pourquoi les Anglois la nomment the jratet-hem-
lock. Elle vient dans les marais, 6c s’élève au-deffus
de l’eau à la hauteur de deux ou trois piés ; fa tige
eft cannelee ,- nouée , vuide, divifée.en plufieurs rameaux
cjui s’étendent en aîles. Ses feuilles font am-
P k ? , découpées comme celles du cerfeuil, d’un
goût affez agréable ,• un peu âcre. Ses fleurs naiffent
en ombelles aux fommets des branches ; elles font
difpofees en ro fe , à cinq feuilles blanches ; il leur
fuccede des femences jointes deux à deux, un peu
plus groffes que celles de l’anis, prefque ovales ,
raÿees, convexes,-noirâtres, odorantes ; fes racines
font fibrées. Onn’emplôie cette plante qii’extérieurement
, pour arrêter les progrès de la gangrené.
(D . J . ) 5 0
PHELLODRYS., f. m. ( Botan. ) arbre que nous
pouvons nommer laurier-chêne ; il croît en E?almatie ,
8c, fuivant quelques-uns , en Grece. C’eft le phel-
lodrys alba , latifolia, 6* angujlifolia de Parkinfon ,
théât, ijcfCf Ses feuilles, fon ecorce , & fes glands
font employés au même ufage que ces mêmes parties
du chêne ordinaire. Il paroît que Pline a confondu 1 e phellodrys de Théopnrafte j qui eft là même plante
que celle qu’il appelle aria , avec le fuber, nommé
phellos ; car il attribue au fuber toutes’ les propriétés
que Théophrafte donne au phellodrys. (D . J .)
PHELLOÉ , ( Géog. anc. ) ville de l’Achaïe. Pau-
fanias, /. VII. c. xxvj. qui la met au voifinage d’Æ -
gira, dit que s’il y a un lieu dans là Grece, qui puiffe
être dit arrofé d’eaux courantes, c’eft Phelloé. Il
ajoute qu’on y voyoit deux.temples ; l’un confacré à
Bacchus, & l’autre à Diane. La ltatue de Diane étoit
d-’airain i 6c dans l’attitude d’une perfonne qui- tire
une fléché de fon carquois : celle de Bacchus étoit
de bois -, peint en vèrmillon. (D . J .)
| PHELLUS, ( Géog. anc. ) c’eft le nom de plufieurs
lieux : i°. d’une ville de Lycie-, oppofée à Antiphel-
lus , ou plutôt, comme dit Pline, /. V. c.xxvïf. dans
l’enfoncement, ayant Antip'hellils à l’oppofite ; car
Phellus étoit à quelque diftance dans les terres, ait
lieu qu’Antiphellus étoit fur le rivage. Le périple de
Sc y la x, p. g c). donne Un port à Phellus ; mais ou ce
port étoit celui d’Antiphellus, ouiln’étoitpas contigu
à la ville. A la vérité Strabon , l. X IV . p. 666. fem-
ble mettre l’une 6c l’autre de ces villes dans les ter-,
res ; mais on ne peut le dire que de Phellus, 6c s’il y
place Antiphellus, cen’eft qu’à caufe du voifinage de
ces deux places. Elles étoient toutes deux épifcopa-
le s , fuivant la notice d’Hiérôclès. x°. Nom d’une
ville du Péloponnèfe , appellée autrement Phello ,
dans l’Elide. Strabon, l. VIII. p- 334. la met au voifinage
d’Olympia. 30. Nom d’une montagne d’Italie.
Le grand étymologique qui en parle, dit qu’on y
voyoit beaucoup de pelles, forte d’arbre d’où découlé
la poix. ( D . J. )
PHÉLONÉ, f. m. ( Critiq. façrét. ) tptXcvn ou tptvôxn 0 i
faint Paul, dans fa fécondé épître à Timothée, ch. iv*
v. 13. dit, « apportez avec vous le phéloné ( reV <pi-
»‘.Xovw ) que j’ai laiffé à Troas chez Carpûs, avec
». mes livres, & fur-tout mes parchemins ». On varie
dans l’explication de ce mot iptXavn : quelques-uns
l’entendent d’une caffette où faint Paul avoit mis fes
livres , mais la plûpart l’entendent d’un manteau qui
fervoit contre le froid 6c la pluie ; auffi la vulgate
rend^eXoV» par penula, qui étoit une forte de manteau
romain dont nous avons parlé fous ce mot. L’auteur
du coijimentaire fur les épîtres-de faint Paul, qui fr*
R n ;