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 &  rl’Août ;  car dans les autres iftois  il  eft couvert dë  
 neige,  quoiqu’on  n’en vo y e   jamais  dans  cette île ,  
 ni dans  les îles  Canaries qui  en  font  voifines.  Son  
 fomrnet paraît diftinélemeftt au-deffus des nues ; mais  
 comme il eft ordinairement couvert de neige, il n’eft  
 certainement pas au-deffus de la moyenne  région de  
 l’air.  Il  faut deux  à trois  jours  pour arriver au  haut  
 de cette montagne ;  fon extrémité n’eft pas faite en  
 pointe ,  mais unie & plate  :  de-là  on  peut  apperce-  
 voir diftin&ement par un tems ferein  le refte  des îles  
 Canaries ,  quoique  quelques-urtès  en  foieiït  éloignées  
 de plus de  16  lieues. 
 Scaliger écrit que  cette montagne vomiffoit autrefois  
 des charbons enflammés,  fans  difcontinuer  :  on  
 ne fait où  cet auteur  a  pris  ce fait.  Cependant il  eft  
 vraiffemblablejque cette montagne a été autrefois brûlante  
 : car il y  a au fomrnet un entonnoir qni produit  
 une forte de terre fulphureufe,telle que,fi on la roule,  
 &   qu’on  en  faffe  uné  chandelle,  elle  brûle comme  
 dit fouffre.  II y   a plufieiirs  endroits fur  les  bords du  
 Pic qui brûlent  ou fument :  dans  d’autres, fi on retourne  
 les  pierres,  on  y   trouve  attaché  du foufre  
 pur.  Il y  a aufli  dans lé fond des pierres qui  font lui-  
 iârites &  femblables  au mâchefer ;  ce  qui  vient  fans  
 doute de l’extrême chaleur du lieu d’où elles fortent.  
 C’eft  ce  que  Confirme  M.  Edens,  qui  y   à  fait  un  
 voyage en  1715.  Voye{tes  Tranfacl philof  n°.  34S.  
 Long,  du  Pic deTénérijfè,  félon  Caffini,  2.  51. 30.  
 Latitude  28.  3 o.  (J?.  J. ) 
 PiG  A   p ic ,  ( Marine. )   c’éft-à-dire  à  plomb,  ou  
 perpendiculairement. 
 A  piè fur une ancre ,   c’eft-à-dire,  que le  vâiffeau  
 eft perpendiculairement  fur  cette ancre,   6c  qu’elle  
 eft  dégagée  du fond. 
 Des fauts à pic dans une  rivière.  C’eft  quand  il  fe  
 trouve uh rocher efearpé  ou fauts dans une fiviere ,  
 où toute  l’eau  tombe  de  haut  ert-bas  comme  dans  
 une  cafcade  ,  ainfi qu’il s’en trOuVe  dans dé grandes  
 rivières dë l’Amérique.  Voye\_  Po rtage , faite portage  
 ;  le vent eji à pic.  Voyeç V ent. 
 Pic   ,  ( Poids. )   grospoids de  la Chine dont on fè  
 fert particulièrement  du côté  de Canton,  pourpaf-  
 fer  les inarchandifes ; il fé divife en cent càtis ; quelques 
 uns  difent en cent Vingt-cinq ;  le catis en  feizé  
 ta e ls   ;  chaque  tael  faifant  une  once  deux  gros  de  
 France ;* en forte que le pic  de  la  Chine,  revient  à  
 cent  vingt-cinq  livres  ,  poids  de  marc.  Savary. 
 P ic ,  ( Infiniment d’ouvriers.}   infiniment  de  fer  
 un peu courbé , pointu,  &  acéré, avec Un long manche  
 de bois qui  fert  aux mâçônS &   terrafliefs  à ouvrir  
 la terre,  ou à  démolir les  vieux;  bâtirtiens.  Les  
 Carriers s’en fervent  aufli pour  déraciner &  découvrir  
 les pierres dont ils Veulent trouver le blanc. Cet  
 Outil  ne différé  de  la  pioche pointue,  qu’en ce que  
 le  fer  en  eft  plus  long,  plus  fort,  &  mieux  acéré.  
 ( D . J . ) 
 P i c , en terme de Boutonnier, petit ouvrage en car-  
 tifane qui fert d’ornemens dans  différens  ouvrages ,  
 foit  dans les  earroffes,  fort  dans  les harnachemens  
 des  chevaux,  dans lesameublemens ou habillemens  
 d’hommes ou de femmes, &c.  C ’eft un qttarreau  urt  
 peu arrondi fur fes angles ;poür faire une p ic , la première  
 chofe néceflaire  c’ eft  de  découper  du  vélin  
 de  la  grandeur  convenable  avec  l’emporte  pièce ;  
 ôn le met  alors  en foie  en tournant  uné bobine  au-  
 four  de  la  cannetille  oii  dit  milleray  qui  borde  cé  
 fond.  Par-là ott arrête  lé bord ,  & o n  couvre  lé  vélin  
 tout  enfembie.  Voyt{  Cànnètillê.  Ehfuité OÙ  
 recommence l’opération en or &  en argent s’il le faut.  
 Le  principal tifage  dix pic ,  c’eft dans les  graines d’épinards  
 , ou dans les jâfrnirïs.  Voye^ Jasmins. 
 PiC ,  èn  iertni  de  Rafineur,   eft  un infiniment  de  
 fer  en forme de langue de boeuf, monté fur un manche  
 de trois  prés  de  long ;  on s’en fert  à piquer  les 
 P  I  C 
 matierés quand elles font trop maftiquée's dans le bac  
 à lucre.  Voye{ Bac  a  sucre. 
 Pi c ,  ( Jeu.  )  le pic  a  lieu  dans le  jeu de piquet  ;  
 lorfqu’ayant  compté  un  certain  nombre  de  points  
 fans  que  l’adverfaire  ait  rien  compté,  l’on  va  en  
 jouant  jufqu’à  trente ;  auquel cas,  a u   lieu  de  dire  
 trente,  l’on  compte  foixànte,  &   l’on  continue  de  
 compter les points que l’on fait de furplus.  II faut remarquer  
 que pour faire pic, il fàtit être premier ;  car  
 fi vous  etes dernier,  le premier  qui jette une  carte  
 qui marque, vous empêche d’aller à foixànte, quand  
 vous  auriez compté dans votre  jeu 29,  &  que vous  
 lèveriez la Carte  jettée. 
 P IC A ,   f.  m.  ( Medec.  pratiq. )   ce  mot  défigné  
 une maladie dont le caraélere diftinâif eft un dégoût  
 extrême pour les bons alimeiis, &  un appétit violent  
 pour des chofes abfurdes, nuifiblès, nullement alimen-  
 teufes. Les étymologiftes prétendent qu’oh lui a donné  
 ce nom qui  dans  le feils naturel fignifiepie, parce  
 que comme cet oifeau eft fort varié  dans  fes  paroles  
 &  fon plumage  ,  de même  l’appétit dépravé de cette  
 efpece de malade s’étend  à plufieurs  différentes chofes  
 ,  fe diverfifie à l’iiifini ; n’auroit-ôn pas pu trouver  
 un  rapport  plus  ferifible  &   plus  frappant  entre  
 cet oifeau remarquable pat fon babil,&  les perfonnes  
 du fe x e , qui'font les  fujets ordinaires de cette maladie  
 ? eft-ceun pareil rapport qui auroit autorifé cette  
 dénomination ?  ou plutôt ne  léróit-ce pas parce que  
 la pie ,  comme  l’ont  écrit  quelques  naturaliftes , fe  
 plaît à manger des petites  boules de terre ?  On  voit  
 aufli  que le mot grec  ,  par  lequel  on  exprime cette  
 maladie, mS'a. ,  ou,  fitivant la dialeéle attique, kit] a,  
 eft le nom de la pie; quelques auteurs, comme il s’en  
 trouve fouvënt, préférant aux explications naturelles  
 les fens les plus recherchés,  oht tâché de  trouver au  
 mot Kifftet une autre étymologie,  ils  l’ont  dérivé  de  
 Kifftoç,  qui veut dire  lierre,  établiffant  la comparai-»  
 fon entre la maladie dont  il s’agit 6c cette plaiite pa-  
 rafite  ,  fur  lé nombre 6c  la variété  des  circonvolutions  
 &  détours qü’elle fait à l’aidé des  autres  corps  
 qui lui fervent d’appui : quoi qu’il en foit de la jufteffe  
 de ces  étymologies &  de ces commentaires ,  laiffons  
 cette  difetifliofi de mots pour paffer à  l’examen  des  
 chofe. 
 L’objet  de  l’appétit  des  perfonnes  attaauées  du  
 pica eft extrêmement varié; il n’y  a rien defiàbfurdë  
 qu’on ne  les  ait vû quelquefois defirer avec paflion ,  
 la craie, la chaux, le mortier, le plâtre, la pouffere*  
 les cendres, le charbon, la boue, le deffous dèsfouliers,  
 le cuir pourri, les excrémens même, le poivre, le fel,  
 la cannelle,  le vinaigre, la poix, lé Coton, &c.  6c autres  
 chofes femblables, font fouvent recherchées par  
 ces  malades  avec  le  dernier  empteffemeftt.  Il  y  a  
 une obfervation rapportée par M. Nathanaël Fairrax,  
 Act.philôfoph. anglic. nutn. 2$. cap. v. §. 6. d’une fille  
 qitiaVoit un goût particulier pour l’air qui föifoit des  
 foufflets ; elle  étoit  continuellement  occupée à faire  
 jouer les foufflets, &  avalölt avec un plaifir délicieux  
 l’air qui  en  étoit exprimé'.  Cette maladie èft très-ordinaire  
 aux jeunes filles , elle peut même paffer pour  
 une' de ces affeélions  qiti leur lont propres.  Quoiqu’il  
 V ait  quelques  obfervatiöfts rapportées  par  RiViere  
 Rhodius 6c  Schenkius qui prou vent que les hommes  
 n’en font pas tout-à-fait  exemts,  c es faits  font très-  
 rates &  fôüVent peu conftatés, il en eft de même des  
 prétentions de ReifeliuS 6c de Primetofe, &  des hif-  
 toires m W  rapportent.  d’oîi il  réfulteroit  que  des  
 maris ont été  attaqués de cette maladie lörfque leurs  
 fé'mmè? étoient enceintes ,   ou s’étoient expôfés  aux  
 caufés  qüi  la  produifent  ordinairement,  ou  ,  pour  
 mieux dire,  ces hiftoirés  font  évidemment fauffes, 
 &  ces prétentions  ridicules  ;  il ne manqueront  plus  
 pour porter le dernier Coup à l’état de mari, que de  
 lui faire partager  les maladies de  fa femme,  &  de lé  
 charger. 
 P  I  C 
 charger des peines de  fes dérahgemehs après  l’avoir  
 rendu refponfable de fa fageffe, en le couvrant de ridicule  
 &  de  honte lorfqü’elle  en manque. On affûre  
 aufli que  les animaux font  fujets au pica'; Schenkius  
 dit  l’avoir  obfervé  dans  des chats,  centur. 4.  obferv.  
 46. On en voit aufli des exemples dans les  chiens &   
 les  cochons ,  rapportés  dans  les  actes philofophiques  
 anglois, vol. 1. p. y 41. Les pigeons, fans en être attaqués  
 ,  mangent fouvent  du petit  gravier  du  fable.,  
 béquetent les  murs,  &   les  autruches  dévorent  du  
 fer, d’autres oifeaux avalent des cailloux ; mais c’eft  
 plutôt  pour  aider  leur  digeftion  naturelle  que  par  
 -maladie. 
 Les jeunes filles auxquelles cette maladie eft familière  
 , commencent fouvent d’affez bonne heure k s’y   
 adonner;  l’exemple,  les  invitations  de  leurs amies,  
 quelquefois  l’envie  de  devenir pâles,  un  dérangement  
 d’eftomac, peut-être aufli d’efprit, font les premières  
 caufes de  cette paflion ;  dès-lors l’appétit ordinaire  
 ceffe, les alimens  qu’elles aimoient autrefois  
 leur paroiffent infipides , mauvais  ;  elles deviennent  
 trilles ,  rêveufes,  mélancoliques, fuient la  compagnie  
 , fe dérobent aux yeux  de  tout le monde pour  
 aller en cacheté fatisfaire leur appétit dépravé ; elles  
 mangent les  chofes les plus abfurdes  ,  les plus fales,  
 les plus dégoûtantes avec lin plaifir infini, les chofes  
 abfolument  infipides  flattent  délicieufemeht  leur  
 goût ; ce plaifir eft bientôt une paflion violente, une  
 fureur qu’elles  font forcées de fatisfaire, malgré tout  
 ce que  la  raifon  peut leur  infpirer  pour  les  en détourner  
 ;  la privation  de  l’objet  qu’elles  appetenffi  
 vivement, les jette dans un chagrin cuifant, dans une  
 noire mélancolie, &  quelquefois même les rend malades  
 ; fi au contraire elles la fatisfont librement, leur  
 eftomac fe dérange de plus en plus ,  toutes fes fonctions  
 fe font mal 6c difficilement ;  il furvient des anxiétés, 
   des naiifées , des rots, des gonflemens.,  douleurs, 
  pefanteurs,  ardeurs  d’eftomac, vomiffement,  
 conftipàtion ; la langueur s’empare de leurs membres,  
 les rofes difparoiffent de  deffus  leur vifage  ,  la pâle  
 blancheur du  lis  ou  imë  pâleur jaunâtre  prend leur  
 place, leurs yeux perdent leur vivacité &  leur éclat,  
 voye{ P a l e s   c o u l e u r s   ,   6c  leur  tête  panchée Ian-  
 guiffamment 6c  fans  force  ,  ne  fe  foutient  qu’avec  
 peine fur le col ;  fatiguées  au  moindre mouvement  
 qu’elles  font,  elles Tentent un malaife  ;  lorfqu’elles  
 font obligées de faire quelque pas , 6c fur-tout fi elles  
 montent, alors  elles font effoufflées ,  ont de la peine  
 k refpirer, 6c  éprouvent  des palpitations  violentes :  
 on dit alors  qu’elles ont les pales  couleurs, ou qu’elles  
 font  oppilées.  Voyc^  P a l e s   c o u l e u r s   ,   O p p i -   
 l a t i o n .  Cette  maladie  ne  tarde  pas  à  déranger  
 l’excretion menftruelle  ,  fi  fon dérangement  n’a pas  
 précédé 6c produit le pica, comme il arrive fouvent,  
 à-moins  qu’il  ne  furvienne  avant  l’éruption  des  re-  
 gles. 
 On  a  beaucoup difputé fur là  caufe &  le  liège  de  
 cette maladie  ;  les  uns  ont  prétendu  que  fon  fiegè  
 etoit dans l’eftomac, 6c ne dependoit que de  l’accumulation  
 de mauvais fucs  ; les autres  l’ont  regardée  
 comme une maladie de  la  tête, 6c en ont fait une efl  
 pece d’affeèlion mélancolique.  Parmi  les  premiers ,  
 les uns ont cru avec Aphrodifée que  les mauvais fucs  
 qui fe ramaffoient dans l’eftomac étoient de la même  
 nature que les alimens, ou que les chofes qui étoient  
 1 objet  de  l’appétit,  6c  que  c’étoit en  vertu  de  ce  
 rapport, de cette fympathie qu’on les appétoit ; ils fe  
 fondoient  fur  ce que  tous  les  fucs  étant viciés  ,  ils  
 dévoient exciter l’appétit de mauvais alimens , Comme  
 l’eftomac  fain  ou  les  fucs  bons  font  defirer  des  
 alimens de même nature.:  z° ceux qui font d’un tenv  
 pérament bilieux  ne  voient, en fonge que des incendies  
 ; les pituiteux  ont toujours  devant  les  yeux de  
 1 eau,  des debordemens, &c, il en doit être de même  
 Tome M m 
 P I C   54! 
 des  fucs  d’une  telle  efpece déterminée,  ils  doivent  
 frapper l’imagination  d’une telle façon,  &  lui repré-  
 fenter les alimens  analogues ;  les  ifucs  acides,  faire  
 defirer les fruits aigrelets ; les  fucs brûlés  ;  du  charbon  
 , &c.  6c par conféquent en  faire naître l’appétit;  
 Les  autres  penfent  avec  Avicenne  que  les  flics  de  
 l’ eftomac font  d’une  nature contraire ,  6c que cette  
 contrariété  eft la caufe du pied,  alors  ces  prétendus  
 alimens  font l’effet  des  remedes  ;  il ne leur manqué  
 pas  de  raifon  pour  étayer  6c  confirmer  leur  fenti-  
 ment.  i°   L’appétit  des  chofes analogues  aii  fiic  de  
 l’eftomac  ne devroit  jamais  fe  raffaiier  ,   &  devroit  
 au contraire toujours augmenter, parce que ces fucs  
 recevroient toujours plus  de force 6c d’attivité de la  
 part des chofes qui feroient prifes.en guife d’aliment ;  
 ce qui n’arrive  pas.  20 Eft-il  probable  que  les  fucs  
 puiffent s’altérer au point d’être comme dubois pourri  
 ,  de la boue,  du plomb,  &c?  40 H n’eft  pas  plus  
 naturel que  l’eftomac  fe porte vers des  chdfes dont  
 il regorge. 40 Dans la foif &   la faim, lés objets dèfi-  
 rés  font propres  à  faire  ceffer  l’état  forcé dû gofier  
 6c de l’eftomae, parce qu’ils lui font contraires, &c.  
 On pourroit encore ajouter à cela que les perfonnes  
 bilieufes défirent avec ardeur les fruits acides-, oppo-  
 fés à la nature 6c à l’aêlion de labile.  20 Que les pér-  
 fonnes attaquées  du pica font bien moins incommodées  
 de  l’ufage des chofes  abfurdes 6c nuifiblès quel-  
 que immodéré qu’il foit, qu’elles ne le feroient fi elles  
 n’a voient pas cette maladie, fi  elles ne s’y  portoient  
 pas avec  cette  fureur.  30 Enfin qu’il eft rare qu’on  
 îouhaite paflionnément une  chofe dont la jouiffance  
 n’eft  pas  un  befoin , un  bien,  en même  tems qti’elle  
 eft un plaifir.  Toutes ces raifons donnent  beaucoup  
 de  vraiflèmblance à  ce  fentiment  ;  les  expériences  
 6c- les obfervations  de M.  Reaumur  lui  donnent  encore  
 un nouveau poids.  Cet illuftre  académicien  dit  
 avoir trouvé une analogie  entre  les fucs digeftifs de  
 ces malades 6c les chofes qu’ils mangeoient, &  cette  
 analogie étoit telle' que ces chofes fe diffolvoient très-  
 facilement  dans  leurs fucs jjjj  ainfi  que  celles qiii  ai-  
 moient la craie, la chaux * &c. avoient des fucs  légèrement  
 acides qui diffolvoient très-bien tous les ab-  
 forbans, alkalis,  &c.  C es  expériences n’ont pas  été  
 pouflees  affez  loin  ,  6c  ne  font  pas  affez  générales  
 pour avoir la force  de  la démonftration  ;  mais  cette  
 opinion peut toujours paffer pour une hypothefe in-  
 génieufe, bien fondée 6c  très-vraiffemblable.  Mais,  
 demandera-t-on, n’y  a-t-il point  de  vice  d’imagina-'  
 tion, de délire? Ceux dont nous venons d’expofor le  
 fentiment, prétendent qu’il n’y  a point de dérange-ï  
 ment  de  raifon  ,  qu’il n’y   a qu’une dépravation  de  
 Cupidité, 6c  qu’ainfi on ne doit pas plus regarder lé  
 pica comme déliré, que  la faim  canine , que l’érotomanie  
 ,  le l'atyriafis,  cas où les befoins naturels font  
 Amplement portés à un trop  haut degré &  dépravés; 
 Cependant on ne  pourra guere s’empêcher de regarder  
 le pica  comme  une  efpece  de  délire,  fi  l’on  
 fait  attention.  z° Qu’on  peut  délirer  &   raifonner  
 très-bien.  z °  Que  le  délire  n’exclud  pas  les motifs  
 des aérions  qu’on fait, qu’il eft même  très-vraiffem-  
 blable  que  la  plûpart  des  délires  ne corififtent  que  
 dans des fauffes apperceptions, 6c qu’étant fùppofees  
 vraies, comme elles le paroiffent au foux, toutes leurs  
 aérions  faites en conféquence font raifonnables  ;  un  
 homme  qui  regarde tous  les afliftans comme fes  ennemis, 
  comme  des gens qui veulent l’affaflîner, s’emporte  
 contre eux en injures &  en coups quand ilpeut,  
 y  a-t-il rien de plus naturel ?  3 °  On pourra bien dire  
 qu’une  fille mange  de  la  craie,  de  la chaux,  de  là  
 terre , parce qu’elle a de l’acide dans l’eftomac; mais  
 expliquera-t-on par-là cette ardeur à fe cacher, cette  
 paflion  violente  qui  fubfifte  long - tems  après  que  
 tous les acides feront détruits ?  Et pourquoi tous les  
 enfans  qui font fi  fort tourmentés par l’a c id e n ’ont