5 4 4 P I G
& rl’Août ; car dans les autres iftois il eft couvert dë
neige, quoiqu’on n’en vo y e jamais dans cette île ,
ni dans les îles Canaries qui en font voifines. Son
fomrnet paraît diftinélemeftt au-deffus des nues ; mais
comme il eft ordinairement couvert de neige, il n’eft
certainement pas au-deffus de la moyenne région de
l’air. Il faut deux à trois jours pour arriver au haut
de cette montagne ; fon extrémité n’eft pas faite en
pointe , mais unie & plate : de-là on peut apperce-
voir diftin&ement par un tems ferein le refte des îles
Canaries , quoique quelques-urtès en foieiït éloignées
de plus de 16 lieues.
Scaliger écrit que cette montagne vomiffoit autrefois
des charbons enflammés, fans difcontinuer : on
ne fait où cet auteur a pris ce fait. Cependant il eft
vraiffemblablejque cette montagne a été autrefois brûlante
: car il y a au fomrnet un entonnoir qni produit
une forte de terre fulphureufe,telle que,fi on la roule,
& qu’on en faffe uné chandelle, elle brûle comme
dit fouffre. II y a plufieiirs endroits fur les bords du
Pic qui brûlent ou fument : dans d’autres, fi on retourne
les pierres, on y trouve attaché du foufre
pur. Il y a aufli dans lé fond des pierres qui font lui-
iârites & femblables au mâchefer ; ce qui vient fans
doute de l’extrême chaleur du lieu d’où elles fortent.
C’eft ce que Confirme M. Edens, qui y à fait un
voyage en 1715. Voye{tes Tranfacl philof n°. 34S.
Long, du Pic deTénérijfè, félon Caffini, 2. 51. 30.
Latitude 28. 3 o. (J?. J. )
PiG A p ic , ( Marine. ) c’éft-à-dire à plomb, ou
perpendiculairement.
A piè fur une ancre , c’eft-à-dire, que le vâiffeau
eft perpendiculairement fur cette ancre, 6c qu’elle
eft dégagée du fond.
Des fauts à pic dans une rivière. C’eft quand il fe
trouve uh rocher efearpé ou fauts dans une fiviere ,
où toute l’eau tombe de haut ert-bas comme dans
une cafcade , ainfi qu’il s’en trOuVe dans dé grandes
rivières dë l’Amérique. Voye\_ Po rtage , faite portage
; le vent eji à pic. Voyeç V ent.
Pic , ( Poids. ) grospoids de la Chine dont on fè
fert particulièrement du côté de Canton, pourpaf-
fer les inarchandifes ; il fé divife en cent càtis ; quelques
uns difent en cent Vingt-cinq ; le catis en feizé
ta e ls ; chaque tael faifant une once deux gros de
France ;* en forte que le pic de la Chine, revient à
cent vingt-cinq livres , poids de marc. Savary.
P ic , ( Infiniment d’ouvriers.} infiniment de fer
un peu courbé , pointu, & acéré, avec Un long manche
de bois qui fert aux mâçônS & terrafliefs à ouvrir
la terre, ou à démolir les vieux; bâtirtiens. Les
Carriers s’en fervent aufli pour déraciner & découvrir
les pierres dont ils Veulent trouver le blanc. Cet
Outil ne différé de la pioche pointue, qu’en ce que
le fer en eft plus long, plus fort, & mieux acéré.
( D . J . )
P i c , en terme de Boutonnier, petit ouvrage en car-
tifane qui fert d’ornemens dans différens ouvrages ,
foit dans les earroffes, fort dans les harnachemens
des chevaux, dans lesameublemens ou habillemens
d’hommes ou de femmes, &c. C ’eft un qttarreau urt
peu arrondi fur fes angles ;poür faire une p ic , la première
chofe néceflaire c’ eft de découper du vélin
de la grandeur convenable avec l’emporte pièce ;
ôn le met alors en foie en tournant uné bobine au-
four de la cannetille oii dit milleray qui borde cé
fond. Par-là ott arrête lé bord , & o n couvre lé vélin
tout enfembie. Voyt{ Cànnètillê. Ehfuité OÙ
recommence l’opération en or & en argent s’il le faut.
Le principal tifage dix pic , c’eft dans les graines d’épinards
, ou dans les jâfrnirïs. Voye^ Jasmins.
PiC , èn iertni de Rafineur, eft un infiniment de
fer en forme de langue de boeuf, monté fur un manche
de trois prés de long ; on s’en fert à piquer les
P I C
matierés quand elles font trop maftiquée's dans le bac
à lucre. Voye{ Bac a sucre.
Pi c , ( Jeu. ) le pic a lieu dans le jeu de piquet ;
lorfqu’ayant compté un certain nombre de points
fans que l’adverfaire ait rien compté, l’on va en
jouant jufqu’à trente ; auquel cas, a u lieu de dire
trente, l’on compte foixànte, & l’on continue de
compter les points que l’on fait de furplus. II faut remarquer
que pour faire pic, il fàtit être premier ; car
fi vous etes dernier, le premier qui jette une carte
qui marque, vous empêche d’aller à foixànte, quand
vous auriez compté dans votre jeu 29, & que vous
lèveriez la Carte jettée.
P IC A , f. m. ( Medec. pratiq. ) ce mot défigné
une maladie dont le caraélere diftinâif eft un dégoût
extrême pour les bons alimeiis, & un appétit violent
pour des chofes abfurdes, nuifiblès, nullement alimen-
teufes. Les étymologiftes prétendent qu’oh lui a donné
ce nom qui dans le feils naturel fignifiepie, parce
que comme cet oifeau eft fort varié dans fes paroles
& fon plumage , de même l’appétit dépravé de cette
efpece de malade s’étend à plufieurs différentes chofes
, fe diverfifie à l’iiifini ; n’auroit-ôn pas pu trouver
un rapport plus ferifible & plus frappant entre
cet oifeau remarquable pat fon babil,& les perfonnes
du fe x e , qui'font les fujets ordinaires de cette maladie
? eft-ceun pareil rapport qui auroit autorifé cette
dénomination ? ou plutôt ne léróit-ce pas parce que
la pie , comme l’ont écrit quelques naturaliftes , fe
plaît à manger des petites boules de terre ? On voit
aufli que le mot grec , par lequel on exprime cette
maladie, mS'a. , ou, fitivant la dialeéle attique, kit] a,
eft le nom de la pie; quelques auteurs, comme il s’en
trouve fouvënt, préférant aux explications naturelles
les fens les plus recherchés, oht tâché de trouver au
mot Kifftet une autre étymologie, ils l’ont dérivé de
Kifftoç, qui veut dire lierre, établiffant la comparai-»
fon entre la maladie dont il s’agit 6c cette plaiite pa-
rafite , fur lé nombre 6c la variété des circonvolutions
& détours qü’elle fait à l’aidé des autres corps
qui lui fervent d’appui : quoi qu’il en foit de la jufteffe
de ces étymologies & de ces commentaires , laiffons
cette difetifliofi de mots pour paffer à l’examen des
chofe.
L’objet de l’appétit des perfonnes attaauées du
pica eft extrêmement varié; il n’y a rien defiàbfurdë
qu’on ne les ait vû quelquefois defirer avec paflion ,
la craie, la chaux, le mortier, le plâtre, la pouffere*
les cendres, le charbon, la boue, le deffous dèsfouliers,
le cuir pourri, les excrémens même, le poivre, le fel,
la cannelle, le vinaigre, la poix, lé Coton, &c. 6c autres
chofes femblables, font fouvent recherchées par
ces malades avec le dernier empteffemeftt. Il y a
une obfervation rapportée par M. Nathanaël Fairrax,
Act.philôfoph. anglic. nutn. 2$. cap. v. §. 6. d’une fille
qitiaVoit un goût particulier pour l’air qui föifoit des
foufflets ; elle étoit continuellement occupée à faire
jouer les foufflets, & avalölt avec un plaifir délicieux
l’air qui en étoit exprimé'. Cette maladie èft très-ordinaire
aux jeunes filles , elle peut même paffer pour
une' de ces affeélions qiti leur lont propres. Quoiqu’il
V ait quelques obfervatiöfts rapportées par RiViere
Rhodius 6c Schenkius qui prou vent que les hommes
n’en font pas tout-à-fait exemts, c es faits font très-
rates & fôüVent peu conftatés, il en eft de même des
prétentions de ReifeliuS 6c de Primetofe, & des hif-
toires m W rapportent. d’oîi il réfulteroit que des
maris ont été attaqués de cette maladie lörfque leurs
fé'mmè? étoient enceintes , ou s’étoient expôfés aux
caufés qüi la produifent ordinairement, ou , pour
mieux dire, ces hiftoirés font évidemment fauffes,
& ces prétentions ridicules ; il ne manqueront plus
pour porter le dernier Coup à l’état de mari, que de
lui faire partager les maladies de fa femme, & de lé
charger.
P I C
charger des peines de fes dérahgemehs après l’avoir
rendu refponfable de fa fageffe, en le couvrant de ridicule
& de honte lorfqü’elle en manque. On affûre
aufli que les animaux font fujets au pica'; Schenkius
dit l’avoir obfervé dans des chats, centur. 4. obferv.
46. On en voit aufli des exemples dans les chiens &
les cochons , rapportés dans les actes philofophiques
anglois, vol. 1. p. y 41. Les pigeons, fans en être attaqués
, mangent fouvent du petit gravier du fable.,
béquetent les murs, & les autruches dévorent du
fer, d’autres oifeaux avalent des cailloux ; mais c’eft
plutôt pour aider leur digeftion naturelle que par
-maladie.
Les jeunes filles auxquelles cette maladie eft familière
, commencent fouvent d’affez bonne heure k s’y
adonner; l’exemple, les invitations de leurs amies,
quelquefois l’envie de devenir pâles, un dérangement
d’eftomac, peut-être aufli d’efprit, font les premières
caufes de cette paflion ; dès-lors l’appétit ordinaire
ceffe, les alimens qu’elles aimoient autrefois
leur paroiffent infipides , mauvais ; elles deviennent
trilles , rêveufes, mélancoliques, fuient la compagnie
, fe dérobent aux yeux de tout le monde pour
aller en cacheté fatisfaire leur appétit dépravé ; elles
mangent les chofes les plus abfurdes , les plus fales,
les plus dégoûtantes avec lin plaifir infini, les chofes
abfolument infipides flattent délicieufemeht leur
goût ; ce plaifir eft bientôt une paflion violente, une
fureur qu’elles font forcées de fatisfaire, malgré tout
ce que la raifon peut leur infpirer pour les en détourner
; la privation de l’objet qu’elles appetenffi
vivement, les jette dans un chagrin cuifant, dans une
noire mélancolie, & quelquefois même les rend malades
; fi au contraire elles la fatisfont librement, leur
eftomac fe dérange de plus en plus , toutes fes fonctions
fe font mal 6c difficilement ; il furvient des anxiétés,
des naiifées , des rots, des gonflemens., douleurs,
pefanteurs, ardeurs d’eftomac, vomiffement,
conftipàtion ; la langueur s’empare de leurs membres,
les rofes difparoiffent de deffus leur vifage , la pâle
blancheur du lis ou imë pâleur jaunâtre prend leur
place, leurs yeux perdent leur vivacité & leur éclat,
voye{ P a l e s c o u l e u r s , 6c leur tête panchée Ian-
guiffamment 6c fans force , ne fe foutient qu’avec
peine fur le col ; fatiguées au moindre mouvement
qu’elles font, elles Tentent un malaife ; lorfqu’elles
font obligées de faire quelque pas , 6c fur-tout fi elles
montent, alors elles font effoufflées , ont de la peine
k refpirer, 6c éprouvent des palpitations violentes :
on dit alors qu’elles ont les pales couleurs, ou qu’elles
font oppilées. Voyc^ P a l e s c o u l e u r s , O p p i -
l a t i o n . Cette maladie ne tarde pas à déranger
l’excretion menftruelle , fi fon dérangement n’a pas
précédé 6c produit le pica, comme il arrive fouvent,
à-moins qu’il ne furvienne avant l’éruption des re-
gles.
On a beaucoup difputé fur là caufe & le liège de
cette maladie ; les uns ont prétendu que fon fiegè
etoit dans l’eftomac, 6c ne dependoit que de l’accumulation
de mauvais fucs ; les autres l’ont regardée
comme une maladie de la tête, 6c en ont fait une efl
pece d’affeèlion mélancolique. Parmi les premiers ,
les uns ont cru avec Aphrodifée que les mauvais fucs
qui fe ramaffoient dans l’eftomac étoient de la même
nature que les alimens, ou que les chofes qui étoient
1 objet de l’appétit, 6c que c’étoit en vertu de ce
rapport, de cette fympathie qu’on les appétoit ; ils fe
fondoient fur ce que tous les fucs étant viciés , ils
dévoient exciter l’appétit de mauvais alimens , Comme
l’eftomac fain ou les fucs bons font defirer des
alimens de même nature.: z° ceux qui font d’un tenv
pérament bilieux ne voient, en fonge que des incendies
; les pituiteux ont toujours devant les yeux de
1 eau, des debordemens, &c, il en doit être de même
Tome M m
P I C 54!
des fucs d’une telle efpece déterminée, ils doivent
frapper l’imagination d’une telle façon, & lui repré-
fenter les alimens analogues ; les ifucs acides, faire
defirer les fruits aigrelets ; les fucs brûlés ; du charbon
, &c. 6c par conféquent en faire naître l’appétit;
Les autres penfent avec Avicenne que les flics de
l’ eftomac font d’une nature contraire , 6c que cette
contrariété eft la caufe du pied, alors ces prétendus
alimens font l’effet des remedes ; il ne leur manqué
pas de raifon pour étayer 6c confirmer leur fenti-
ment. i° L’appétit des chofes analogues aii fiic de
l’eftomac ne devroit jamais fe raffaiier , & devroit
au contraire toujours augmenter, parce que ces fucs
recevroient toujours plus de force 6c d’attivité de la
part des chofes qui feroient prifes.en guife d’aliment ;
ce qui n’arrive pas. 20 Eft-il probable que les fucs
puiffent s’altérer au point d’être comme dubois pourri
, de la boue, du plomb, &c? 40 H n’eft pas plus
naturel que l’eftomac fe porte vers des chdfes dont
il regorge. 40 Dans la foif & la faim, lés objets dèfi-
rés font propres à faire ceffer l’état forcé dû gofier
6c de l’eftomae, parce qu’ils lui font contraires, &c.
On pourroit encore ajouter à cela que les perfonnes
bilieufes défirent avec ardeur les fruits acides-, oppo-
fés à la nature 6c à l’aêlion de labile. 20 Que les pér-
fonnes attaquées du pica font bien moins incommodées
de l’ufage des chofes abfurdes 6c nuifiblès quel-
que immodéré qu’il foit, qu’elles ne le feroient fi elles
n’a voient pas cette maladie, fi elles ne s’y portoient
pas avec cette fureur. 30 Enfin qu’il eft rare qu’on
îouhaite paflionnément une chofe dont la jouiffance
n’eft pas un befoin , un bien, en même tems qti’elle
eft un plaifir. Toutes ces raifons donnent beaucoup
de vraiflèmblance à ce fentiment ; les expériences
6c- les obfervations de M. Reaumur lui donnent encore
un nouveau poids. Cet illuftre académicien dit
avoir trouvé une analogie entre les fucs digeftifs de
ces malades 6c les chofes qu’ils mangeoient, & cette
analogie étoit telle' que ces chofes fe diffolvoient très-
facilement dans leurs fucs jjjj ainfi que celles qiii ai-
moient la craie, la chaux * &c. avoient des fucs légèrement
acides qui diffolvoient très-bien tous les ab-
forbans, alkalis, &c. C es expériences n’ont pas été
pouflees affez loin , 6c ne font pas affez générales
pour avoir la force de la démonftration ; mais cette
opinion peut toujours paffer pour une hypothefe in-
génieufe, bien fondée 6c très-vraiffemblable. Mais,
demandera-t-on, n’y a-t-il point de vice d’imagina-'
tion, de délire? Ceux dont nous venons d’expofor le
fentiment, prétendent qu’il n’y a point de dérange-ï
ment de raifon , qu’il n’y a qu’une dépravation de
Cupidité, 6c qu’ainfi on ne doit pas plus regarder lé
pica comme déliré, que la faim canine , que l’érotomanie
, le l'atyriafis, cas où les befoins naturels font
Amplement portés à un trop haut degré & dépravés;
Cependant on ne pourra guere s’empêcher de regarder
le pica comme une efpece de délire, fi l’on
fait attention. z° Qu’on peut délirer & raifonner
très-bien. z ° Que le délire n’exclud pas les motifs
des aérions qu’on fait, qu’il eft même très-vraiffem-
blable que la plûpart des délires ne corififtent que
dans des fauffes apperceptions, 6c qu’étant fùppofees
vraies, comme elles le paroiffent au foux, toutes leurs
aérions faites en conféquence font raifonnables ; un
homme qui regarde tous les afliftans comme fes ennemis,
comme des gens qui veulent l’affaflîner, s’emporte
contre eux en injures & en coups quand ilpeut,
y a-t-il rien de plus naturel ? 3 ° On pourra bien dire
qu’une fille mange de la craie, de la chaux, de là
terre , parce qu’elle a de l’acide dans l’eftomac; mais
expliquera-t-on par-là cette ardeur à fe cacher, cette
paflion violente qui fubfifte long - tems après que
tous les acides feront détruits ? Et pourquoi tous les
enfans qui font fi fort tourmentés par l’a c id e n ’ont