Lorfqu’après avoir fait apprentiflàge , un compagnon
époufe une fille de maître , il peut, après le
mariage confommé, être reçu fur une fimpie expérience
; ,& ce mariage l’exempte des quatre ans de
compagnonage & du chef-d’oeuvre.
Les veuves demeurant en viduité , jouiffent du
privilège des maîtres, & peuvent continuer les apprentis
commencés par leur mari, mais ne peuvent
point en prendre de nouveaux.
Aucun maître ne peut faire ni vendre des paffe-
mens & autres ouvrages de fon métier, qu’ils ne
foient faits de bonne Sc loyale étoffe ; Sc il n’eft pas
permis de mêler de l’or ni de l’argent faux parmi du
fin, quand même il en feroit requis.
La communauté eft gouvernée par quatre jurés,
dont on en élit deux tous les ans ; de forte que ces
jurés refient deux ans dans leurs fondions.
Les jures ne peuvent intenter procès, ni entreprendre
aucune affaire de la communauté, fans avoir fait
affembler tous les anciens bacheliers de jurande, pour
prendre leur avis, & fe déterminer à la pluralité des
voix.
Les jurés font obligés, quinze jours après être for-
tis de charge , de rendre leurs comptes de dépenfe Sc
de recette en préfence des nouveaux jurés Sc des anciens
bacheliers de jurande.
Il y a peu d’ouvriers en France qui aient droit de
fabrique , & de vendre plus de fortes de marchan-
difes , Sc d’employer plus de matières différentes que
les P affementiers-boutonniers.
i° . Ils peuvent fabriquer & vendre toute forte de
paffemens Sc dentelles., fur l’oreiller, aux fufeaux,
aux épingles & à la main, d’or Sc d’argent fin ou
faux, de foie, de fil de toutes couleurs, fins ou communs
, grands ou petits.
2°. Toutes fortes de paffemens Sc dentelles, pleins
ou à jou r, de noueure Sc à la main, garnis Sc enjolives.
3°- Toutes fortes de houpes Sc campanes coulantes
& arrêtées, montées fur moules Sc bourrelets
noués Sc à l’aiguille , pour garnir différentes efpeces
d’ouvrages, foit pour les ornemens des églifes, ou
pour les ameublemens.
4°* Toutes fortes de crépines grandes Sc petites ,
doubles & fimples.
5°- Toutes fortes de bourfes nouées, au crochet
Sc à la main, pleines Sc à jo u r , garnies Sc non
garnies.
6°. Toutes fortes de treffes à gros Sc petits points,
ganfes rondes, quarrées Sc à l’Italienne , pratiques à
coeur Sc fans coeur, nattes à petits coeurs, bracelets,
rênes , guides Sc cordons , chaînes Sc tour-de-cou ,
aiguillettes treffées ,fignets de livres, ceintures d’aubes
& de foutannes-, treffes , lacets , ganfes Sc ré-
zeaux , cordons de rabats & tous autres enjolivemens
qui fe font fur le boiffeau , à la jatte Sc au
f u i e a u .
7°. Toutes fortes de cordons de chapeaux, bonnets
, toques Sc affiilemens ; comme cordons à l’an-
gloife, à jonchées, à la turque, à la morefque , à
l’arménienne, à l’indienne , à olives Sc boutons, à
lanternes., à cordelieres , à deux, à trois & à quatre
branches ou plus ; cordons à filets ronds Sc demi-
ronds, plats Sc demi-plats , quarrés, à cannetilles
& cartifannes , cordons d’or Sc d’argent trait faux
& façonnes au crochet , cordons d’or Sc d’argent
fin , cordons d’or Sc d’argent faux filé , cordons de '
çrin & de cheveux, cordons à boutons, cordonsen-
çadenaces,. cordons façon de broderie, enrichis Sc
enjolivés , qui fe façonnent à l’aiguille, aux doigts,
au crochet Sc au dé.
8°. Toutes fortes de cordons Sc cordonnets quife
façonnent au rouet ; comme ganfes, cannetilles pleines
Sc creufes, chaînes^ chaînettes, friionsfatinés
& chevilles , bouillons, frifures , guipures plates Sc
rondes » guipures à dentelles or Sc argent grapé Sc
frife, milanoifes , millerets, cartifanes , ffifades Sc
toutes autres fortes de retords & enjolivemens quife
font au rouet, gitipoif , crochet, au moulin, chevalet
, fabot, émérillon, Sc à la molette.
9°* Toutes fortes de pots , vafes & pommes dé
lits pleins Sc à jou r, coulus Sc collés, garnis Sc chamarres
de paffemens Sc tiffus de rubans figurés Sc
non figurés.
io°. Toutes fortes de bouquets après le naturel,
guirlandes, éventails, fers de collets montés Sc
porte-fraifes , noeuds, rofes , ceintures , guirlandes
Sc galans, noeuds Sc aigrettes garnis, Sc enjolivés,,
houpes battantes , mafques, chaînes encadènacées ,
chapelets garnis de boutonnières Sc de galans, chapeaux
de fleurs après le naturel , coëffures Sc affu-
lemens montes fur fer , cuivre , baleine , laiton ;
fond de cartes Sc cartons , campanes encollées, rofes
Sc rofettes fervant à garnir Sc enjoliver les habits,
bouquets, coëffures Sc affiilemens qui fe font avecla
pihce Sc le gliffoir , au rouet, à l’aiguille Sc au dé.
1 r°- Toutes fortes de ceintures , de noueures,
laffures de treffes au crochet, pleines Sc à jour, rondes
& quarrees, plates Sc demi-plates , au boiffeau ,
aux fufeaux, à la jatte , à la rêne Sc au chevalet,
garnies de fer ; chevilles, boucles, portes , boutons
Sc autres enjolivemens.
12°. Enfin toutes fortes de bordures Sc harnois de
chevaux, de noueures, laffures pleines & à jour,
rondes, quarrées , plates, garnies Sc enjolivées de
toutes façons.
Les/*affementiers-boutonniers peuvent employer dans
leurs différens ouvrages toutes fortes d’étoffes d’or Sc
d’argent tant fin que faux, de foie, fleuret, filofelle,
f i l , laine , coton, crin, cheveux, cuivre,, laiton ,
baleine, fer-blanc, bois , paille , talc, verre , jais,
émail, parchemin, vélin brodé, enluminé Sc doré,
toques , taffetas, fatin , velours, gaze, tabis Sc toutes
autres fortes d’étoffes , pourvu que le faux ne foit
point mêlé avec le fin, comme il a été déjà dit.
Il eft encore permis aux maîtres paffementiers-bou'
tonniers de garnir toutes fortes de facs, toilettes ,
porte-manteaux, valifes Sc fourreaux de piftolets, Sc
de faire toutes fortes de moules à boutons ; comme
glands, poires, vafes , pommes, olives , coulans ,
boutons plats Sc chevilles, émérillons, molettes, Sc
tous autres moules qui fe font tant à l’arçon qu’au
rouet fervant à leur métier il leur eft permis auffi
de fe fervir, pour leur travail, de toutes fortes d’outils
, machines Sc engins, à l’exception feulement de
la haute Sc baffe-liffe, la marché, le peigne, la tire
Sc la navette.
Les paffementiers - boutonniers ont choifi S. Louis
pour leur patron , Sc leur confrérie eft établie dans
l’églife des grands Auguftins.
PASSEMENTER IE , f. f. ( Art méchanique. ) art
d’exécuter un grand nombre de petits ouvrages défi-
gnés fous le nom générique de paffemens ; tels que
rubans, galons, dentelles à l’oreiller, ou fufeau, à l’épingle,
à la main,houppes, bourrelets, campanes, crépines,
bourfes, treffes, ganfes, nates, bracelets, rênes,
guides, cordons , chaînes, éguillettes, ceintures ,
treffes , lace ts, rézeaux, cordonnets, canetilles
bouillons, frifons, guêpiers, &c. Voye-^Carticle Passementier.
Voye.ç ûujji pour la fabrique de ces dif-
ferens petits ouvrages, leurs articles particuliers.
Nous n’expoferons ici que les manoeuvres les plus
générales, Sc nous n’entrerons dans le détail que
des grandes machines du paffementier.
De l'ourdlffage & de l'ourdiffoir. L’ourdiffage étant
la première préparation qui doit être donnée à la
fo ie , ou autres fils qui doivent compofer la chaîne
des rubans, galons, &c. nous commencerons par
démontrer cette opération.
Ourdir une chaîne, n’eft autre ehofe que de raf-
fembler une certaine quantité de fils, fur une machine
reffemblante à un grand dévidoir, Sc les difpofer
de façon, qu’on puiffe les prendre les uns après les
autres, lorfqu’il eft queftion de les paffer en liffes
ou autre endroit, fans qu’ils foient croifés dans toute
la longueur de la chaîne. La quantité de fils de chaque
piece de rubans ou galons', eft proportionnée à
la largeur de ce même ruban ou galon.
Lorfque les fils font portés fur l’ourdiffoir, ils font
rapprochés ou contenus d’une main, Sc attachés de
l’autre à une cheville de l’ourdiffoir fur laquelle ils/
viennent fe ranger côte à côte. Il s’en forme une
poignée qui deicend en ligne fpirale, Sc environne
tout l’ourdiffoir de, fes tours également efpacés.
L ’ouvrier qui ourdit, doit avoir loin déménager par
l’infertion de fes doigts, les féparations des fils qui
doivent aider au jeu .de la chaîne, ainfi qu’il eft démontré
dans la première Planche ; c’eft ce qui s’appelle
encroifer y ou enverger les fils.
La figure première de celte Planche, eft un ourdiffoir i ;
2. - arbre tournant, avec lix .aîles ; 3. traverfes qui
maintiennent les aîles ; 4. les aîles ; 5. les fils attachés
à une cheville, Sc diftribués fur l’ourdiffoir jufqu’à
ce qu’ils arrivent fur une^autre cheville ; 6. la lanterne
de l’ourdiffoir ; 7. le blin ou plo c , fervant à
conduire les fils qui s’ourdiffent du haut en-bas, Sc
du bas en-haut, au moyen d’une échancrure qui entre
dans le pilier du bâtis de l’ourdiffoir, Sc d’une
double corde, dont un bout s’enroule fur l’arbre
de l’ourdiffoir., au-deffous de la lanterne ; Sc l’autre
e ft attaché à une piece fixée fur le pilier ,. de façon
que quand la corde s’enroule, Le blin monte, Sc
lorfqü’ëlle fe déroule il defcend. Les fils qu’on our-,
dit font arrêtés de façon qu’ils ne peuvent monter
ni defceridre, qu’en conformité du mouvement du .
blin qui les retient en ce fens, Sc leurlaiffe feulement
la liberté de s’enrouler fur l’ourdiffoir ; 8. ouvrier
qui ourdit; 9. manivelle attenante à une roue
ca vé e, fur laquelle paflè une corde qui enveloppe
l’ourdiffoir » au moyen de laquelle On le fait tour-,
11er; 10. banque pour porter les rochets fur.lef-
quels eft divifée la foie qu’on Veut ourdir ; 1 1. l’our-
diffeur Sc l’ourdiffoir en ouvrage.
D u retors. La façon de retordre eft très-étendue ;
c’eft par elle qu’on fait les millerets, les cordonnets
à deux, trois boucles ; les grains d’épinard, les
grains d’orge , &c. en un mot, tous les colifichets
deftinés à l’ajuftement des dames.
La figure 2. repréfente un rouet deftiné à toutes
l.es opérations ; 1. la felle du rouet ; 2. les montans ;
3. trou de là petite roue ; 4. trou de la traverfe qui
porte le croiffant; 5. la grande roue; 6. la petite
roue ; 7. l’axe qui traverfe la petite roue ; 8. lafiifée
de l’axe; 9. le deffus des montans; 10. l’épaiffeur
des deux montans ; 11. le croiffant taillé pour recevoir
les molettes; 12. la traverfe Sc fon tourillon
pour retenir le croiffant dans les deux montans ; 13.
une mollette ; 14. le crochet de la mollette ; 15. les
deux tenons pour tenir la traverfe attachée aux
montans ; 16. les deux petits tenons fervant au même
ufage; 17. les deux traverfes dupié de biche; 18.
les deux joues du pié de biche ; 19. poignée pour
appuyer la main du tçurneur ; 20. manivelle pour
tourner le rouet ; 21. petite plaque de cuivre qu’on
met entre la mollette Sc la piece qui la porte pour
éviter que le feu n’y prenne par le continuel frottement.
. Du lifiage _ ou lecture des defieins. Cette opération
étant, une des plus importantes de la Paffe*
menterie > il s’agit d’expliquer la façon de lire les def-
fems, c eft-<Wurej de les incorporer dans les cordages
Sc haütes-Iifles, de façon qu’avec la marche fimpie
nient , l’ouvrier faffe lever les. fils de la chaîne
qui doivent former la figure dans le galon où ruban;
La figure 3 . indique un galon fabriqué; dont le
deffem reprefente par la figure 4. n’en montre que la
moitié. L ’autre moitié eft formée dans la fabrication,
par le retour de l’ouvrier fur fes pas , c’eft-à-dire ,
en venant finir au même endroit par où il a com4
mencé ; ce qui eft appelle en terme de l’art répétition
de retour»
La figtire 5. indiqué un deffeih trànflafé, différent
de celui de la figure 4, qui eft au naturel. On
appelle defiein translaté, le même deffein porté de.
ddfus lui papier réglé bien ferré , tel que celui de la
figure 4. fur un autre papier beaucoup plus grand
dans feS quarrés, Sc fur lequel la figuré eft plus étendue),
quoique cependant elle ne contienne que les
mêmes quarrés,- mais plus grands : le deffein eft ap^
pellé patron-.
Les petits-carreaux représentés fur lé patron, ƒ -
gure indiquent la quantité de cordes qui doivent
compofer le deffein. Les grands carreaux qui en contiennent
douze petits en hauteur, Sc dix ën travers,
font appellés dixaines-. De façon que le. deffein oü
patron, figure S':, contenant huit dixaines * de dix carreaux
en travers , exige quatre-vingt cordes dé rames
pour former la figure 3 ou éch-. n illoii du galon.
Les dixaines contenues dans le mêmë patron,
en hauteur qui font au nombre de fix, indiquent un
pareil nombre de retours. T e retour n’eft autre chofe
que partie ,de la poignee de quatre-vingt cordes attachées
enfemble à un levier, pour donner l’èxten-
fion aux-cordes qui. y font attachées. Ces cordes
font paffées dans les hautes-liffes , - ainfi qu’il eft re-r
prélenté, par .exemple, dans le patron, figure S. La
première corde à gauche qui eft marquée, eftpaffée
dans la première maille de la haute-liffe. Les deux-
autres qui font au-deffous & en blanc, font laiffçes.
La quatrième qui èft marquée, eft prife Sc pafféè
dans la première maille à gauche de la quatrième
haute-liffe ; les quatre autres en blanc font ïaifféés*
La neuvième marquée Sc paffee dans la premiers
maille de la neuvième haute-liffe ; la dixième Sc on-*
zieme blanche laiffees. La douzième enfin prife, c©
qui compofe le premier cours. du premier retour ^
ainfi des autres.
Si le patron ne Contient que quatre-vingt cordes ,
les hautes-liffes n’ont befioin que de quatre-vingf
mailles chacune, quoiqu’elles ne foient pas toutes
employées ; attendu que les cordes vuides ne font
point paflêes. Toute la dixaine en travers, contenant
huit grands carreaux, compofe un retour, lequel
étant fini de pafler, les cordes font arrêtées &:
liées , pour commencer le fécond retour de la même
façon que le premier. Le nombre des marches doit
être conforme à celui des hautes-liffes : toutes les
cordes du ràme font attachées d’un côté aux mailles
du corps dans lefquelles lés fils font pafl.es, Sc de
l’autre côté aux bâtons de retour. Lés bâtons de retour
font faits pour faire bander la partie des cordes
de rames qui eft attachée à un fil de fer qui forme
une elpece d’arcade liée à ce même bâton, au moyen
d’une corde qui vient répondre à côté de la main
droite del’ouvrier quand il travaille. La partie de cordes
attachée au bâton de retour étant bandée ; lorfi
que l’ouvrier enfonce une marche pour faire lever
la haute-liffe, toutes les cordés bandées qui font
paffées dans les mailles de cétte même liffe, doivent
néceffairement lev er, ainfi des autres.
Les douze marches qui donnent le mouvement
aux douze hautes-liffes étant paffées, on tire un autre
retour qui fait partir le précédent, Sc conlé-
quemment bander d’autres Cordes de rames ; après
quoi on recommence les douze marches jufqu’à la