
composé par des écrivains publics, chargés de cette
fon&ion chez les Juifs.
Dom Calmet, qui fe propofe ces objections dans
fon didionnaire de la Bible, y répond par trois reflexions
générales ; i° . que pour débouter Moïfe de
la poffeffion où il eft depuis tant de fiecles de paflfer
pour l’auteur du Pentateuque, poffeffion appuyee du
témoignage de la fynagogue 8c de 1 Eglife, des écrivains
l'acrés de l’ancien & du nouveau Teftament,
de Jefus-Chrift & des Apôtres, il faut certainement
des preuves fans réplique 8c des démonftrations : or
il eft évident que les objedions propofées font fort
au-deflous même de preuves folides ; car i° . les additions
les tranfpofttions, les omiflions, les confusions
qu’on lui reproche, & qu’on veut bien ne pas
conteuer, ne décident pas que Moïfe ne foit pas
l’auteur du livre, elles prouvent feulement que l’on
y a retouché quelque chofe, foit en ajoutant, foit
en diminuant. Dieu a permis que les livres facrés ne
foienî pas exemts de ces fortes d’altérations qui viennent
de la main des copiftes, ou qui font une fuite
de la longueur des flecles. Si une légère addition ou
quelque changement fait au texte d’un auteur fuffi-
foit pour lui ôter fon ouvrage, quel écrivain feroit
fur de demeurer en poffeffion du ften penda'nt un fie-
cle ? 30. Les fyftèmes de M. Leclerc 8c de M. Simon
font dénués de vraiffemblance. Ces écrivains publics
ne doivent leur exiftance qu’à l’imagination de M.
Simon. Le prêtre ou le lévite envoyé par Affaradon
aux Cuthéens ne peut être l’auteur, d’un livre cité
dans plufieurs ouvrages qui paffent conftamment
pour être antérieurs au tems de ce lévite. La loi a
toujours été pratiquée depuis Moïfe jufqu’à la captivité
; elle étoit donc écrite : on en mit un exemplaire
dans l’arche 8c il fut trouvé fous Jofias : enfin
les Juifs 8c les Samaritains ayoient trop d’éloignement
les uns pour les autres pour fe communiquer
leurs écrits facrés : d’ailleurs on verra ci-deffous lequel
du Pentateuque hébreu ou du Pentateuque fama-
ritain eft une copie de l’autre. Diclionn. de La Blible,
tom. J II. lettre P , pag. iGi & i fo .
Mais l’aveu qu’ôh tait que les additions reprochées
au Pentateuque font d’Elaras, qui après la captivité
retoucha 8c mit en ordre les livres faints, donnent
matière à une autre objection des incrédules : car,
difent-ils, fi Efdras a ainfl travaillé fur les livres
faints, quelle preuve a-t-on qu’il ne les ait pas notablement
altères, ou même totalement fuppofés )
Abbadie répond à cette difficulté, i °. que les pfeau-
mes, les prophètes, les livres de Salomon rapportent
une infinité de traits comme Moïfe, 8c par con-
féquent que le Pentateuque fubfiftoit avant tous ces
auteurs: z°. qu’Efdras n’a-eu nul intérêt, foit perfon-
nel, foit politique, de changer la forme des livres
faints : 30. qu’il ne l’a pas fait à l’égard de ceux de
Moïfe, parce que fa phrafe & fa maniéré d’écrire eft
toute différente de celle de Moïfe, 8c que d’ailleurs
s’il en avoit été ainfl, il leur auroit donné une meilleure
forme, félon Spinofa même, qui accufe les
livres de Moïfe d’être mal écrits & mal digérés : on
peut voir ces réponfes étendues dans Abbadie,
. traité de la vérité de la Relig. chrétienne , tom. I. fecl. 3 .
' chap. xij. 6* xiij.
On diftingue deux Pentateuques , ou plutôt deux
fameufes éditions du Pentateuque, qui fe font long-
tems difputé la préférence,tant par rapport à l’ancienneté
que par rapport au caraftere : celui des Juifs ap-
pellé le Pentateuque judaïque ou hébreu, écrit en cara-
âere chaldéen ou aflyrien; & celui des Samaritains,
écrit en caraéfere famaritain ou phénicien : on fou-
tient que l’un & l’autre eft l’ancien Pentateuque hébraïque.
A confidérer le texte en général, ils font affez
conformes l’un à l’autre, puifqu’ils contiennent les
pacages dont nous avons parle ci - deifus, attribués
aux copiftès, quoique le famaritain en contienne un
ou deux qui ne fe rencontrent point dans l’hébreu; le
premier eft un paflage qui fe trouve dans le Deutéronome,
xxvij. 4. où il eft commandé de bâtir un
autel 8c d’offrir des facrifices fur le mont Ebal, ou
plutôt fur le mont Gariiim , ce qui eft une interpolation
manifefte, faite pour aûtorifer le culte des Samaritains,
8c montrer qu’il ne le cédoit point en antiquité
au culte qu’on rendoit à Dieu dans le temple
de Jérufalem. f^oyer Samaritain s.
Cependant M. Whifton déclare qu’il ne voit pas la
raifon d’accufer de corruption fur ce point le Pentateuque
famaritain, que ce reproche tombe plutôt fur
le Pentateuque hébreu, 8c il foutient très-férieufement
que le premier eft une copie très-fidele des livres de
Moïfe, qui vient originairement de la féparation
des dix tribus, du tems de Jéroboam : mais le contraire
eft évident par les additions qu’on attribue à
Efdras, qui vivoit plufieurs flecles après Jéroboam.
Mais la différence la plus fenfible eft dans les lettres
ou caraéteres. Le Pentateuque hébreu étant en
caraéiere chaldéen ou aflyrien , 8c le famaritain en
ancien caraétere phénicien ; il lembleroit par-là que
ce dernier eft plus ancien que le premier : mais M.
Prideaux penfe que le Pentateuque des Samaritains
n’eft qu’une copie tirée en d’autres caraftéres, fur
l’exemplaire eompofé ou réparé par Efdras ; i°; parce
que toutes les interprétations de l’édition d’Elclras
s’y trouvent; z°. par rinattention que l’on a eu d’y
mettre des lettres femblables à celles de l’alphabet
hébreu, qui n’ont rien de commun avec les lettres
de l’alphabet famaritain, variations qui ne font venues
que de ce qu’on a tranferit le Pentateuque de
l’hébreu vulgaire en famaritain, 8c non du famaritain
en hébreu.
Ajoutez à cela que Mrs Simon, A llix, 8c plufieurs
autres favans, prétendent que le caraéfere chaldéen
ou aflyrien a toujours été en ufage parmi les Juifs,
8c que le famaritain ou ancien caraéfere phénicien
n’avoit jamais été ufité parmi eux avant la captivité,
de quelque maniéré que ce fut, ni dans les livres ni
fur les médailles.
Ufferius penfe que le Pentateuque famaritain a été
corrompu par un certain D ofithée, dont parle C r -
gene, 8c M. Dupin croit que c’eft l’ouvrage de quelque
famaritain moderne qui l’a compilé de divers
exemplaires des Juifs répandus dans la Paleftine 8c
dans la Babylonie, auffi bien que de la verflon des
Septante, parce qu’il eft quelquefois? conforme à l’hébreu
8c quelquefois au grec : mais il s’en éloigne
auffi fort fouvent. Le texte famaritain avoit été inconnu
depuis le tems d’Origene 8c de faint Jérôme ,
qui en avoient quelquefois fait mention. Dans les
derniers flecles on en rapporta quelques exemplaires
d’Orient, & le pere Morin en fit imprimer un en
1631, qu’on trouve dans la Polyglotte de le Jai, 8c
plus correél dans celle de Valton. La comparaifon
qu’on en a faite avec le texte hébreu, a fait penfer à
plufieurs favans qu’il étoit plus pur 8c plus ancien
que celui-ci : de ce nombre font le pere Morin 8c
M. Simon. Le commun des théologiens penfe que le
Pentateuque famaritain 8c celui des Juifs ne font qu’un
feul 8c même ouvrage, écrit en la même langue,
mais en cara&eres différens ; 8c que les diverfités qui
fe rencontrent entre ces deux textes, ne viennent
que de l’inadvertance ou de la négligence des copï-
ftes, ou de l’affeélation des Samaritains qui y ont
glifle certaines chofes conformes à leurs intérêts 8c,
a leurs prétentions ; que ces additions y ont été faites
après coup, 8c qu’originairement ces deux exemplaires
étoient entièrement conformes : fuivant cela
il faut dire que le Pentateuque des Juifs eft préférable
à celui des Samaritains, comme étant exemt des altérations
qui fe rencontrent dans ce dernier. Calmet,
D ic lio n n . de ld B ib le , tom. III. lettre S , au mot Samar
i t a in ,^ . 4J4. dijjért. f u r U Pentateuque.
Nous terminerons cet article par le récit de ce
que pratiquent les Juifs dans la le&ure du Pentateuque.
Ils font obliges de le lire tout entier chaque
année 8c le divifent en paragraphes ou fedions,
qu’ils diftinguent en grandes 8c petites. Les grandes
comprennent ce qu’on a accoutumé de lire dans une
femaine. Il y en a cinquante-quatre, parce que dans
les années intercalaires des Juifs il y a ce nombre de
femaines. Les petites fedions font divers endroits
qui regardent certaines matières. Les Juifs appellent
quelques-unes de ces fedions, foit grandes foit petites
,feclions ouvertes. Celles-là*commencent par un
commencement de ligne : fi c’eft une grande fedion,
on y marque trois fois la lettre phé, au-lieu que les
petites n’ont qu’une lettre ; 8c ils nomment les autres
feciions fermées ,c lies commencent par le milieu d’une
ligne. Si elles font grandes on y met trois famech,
ou un feul fi elles font petites. Ces fedions font appelles
du premier mot par lequel elles commencent
: ainfi la première de toutes s’appelle berefehit,
qui eft lé commencement de la Genèfe. Chaque
grande fedion fe fous - divife en fept parties, parce
qu’elles font lues par autant de différentes perfon-
nes. C’eft un prêtre qui commence, enfuite un lévite
; 8c dans le choix des autres ledeurs, on a égard
à la dignité ou à la condition des gens. Après le texte
de Moïfe ils lifent auffi un paragraphe de la para-
phrafe d’Onkelos. On a fait une femblable divifion
des livres prophétiques dont on joint la ledure à
ceux de Moïfe. Le pere Lami, dont nous empruntons
ce c i, penfe que cette divifion eft très-ancienne
chez les Juifs, 8c qu’elle a donné lieu à celle que
l’Eglife a faite des livres faints, dans les ledures dif-
tribuées qu’on en fait dans fes offices. Quoi qu’il en
foit, elle a lieu parmi les Juifs, qui marquent exactement
ces fedions, tant du Pentateuque que des livres
prophétiques, dans leurs Bibles 8c dans leurs
Calendriers. Lami de l’Oratoire, Introduit, à l'Ecri-
ture-fainte.
PENTATHLE, f. m. ( Jeux des Grecs & des Rom. )
nom des cinq exercices qui compofoient les jeux
publics de la Grece, 8c enfuite de l’Italie : ces corn?
bats font renfermés dans ce vers grec.
A À/xa , ‘aoS'tùKtiisv , JWstoy , cwovta , ira A m'.
« le faut, la courfe, le palet, le javelot,& la lutte ».
On couronnoit les athlètes qui avoient vaincu de
fuite dans ces fortes de combats ; il n’y avoit qu’un
feul prix pour ces cinq exercices.
L’amuiement du peuple, naturellement avide de
foedacles, n’eft pas l’unique but que les anciens fe
foient propofé dans l’inftitution des divers exercices
qui compofoient les jeux publics de la Grece 8c
de l’Italie. Ils ont eu principalement en vûe d’endurcir
les corps au travail, 8c en leur procurant par - là
une fanté plus vigoureufe , de les rendre plus propres
au pénible métier des armes, c’eft à quoi ten-
doit ordinairement toute leur gymnaftique, 8c les
hommes y trouvoient des reffources merveilleufes
pour l’accroiffement de leurs forces 8c de leur agilité
: ces deux qualités s’y perfedionnoient plus ou
moins, fuivant le choix des exercices. Il y en avoit
quelques-uns par l’ufage defquels le corps entier
devenoit ou plus robufte ou plus fouple. La lutte,
par exemple, 8c le’ pancrace produifoient le premier
effet ; la danfe 8c la paulme produifoient le fécond. Il
y en avoit d’autres qui n’opéroient que fur certaines
parties ; c’eft ainn que les jambes acquéroient à
la courfe une plus grande légèreté ; que le pugilat
augmentait la vigueur 8c la foupleffe des bras ; mais
nul exercice peut-être ne les fortifioit plus efficacement
que celui du difque, Voye^ D isque. (Z>. J .)
P EN T A T O N O N , f. m. étoit, dans l'ancienne
Mafique, le nom d’un intervalle que nous appelions
aujqurd’hui/£e/efuperflue, l'oye^Sixte. Il eft com-
pofé de quatre tons, d’un femi-ton majeur, 8c d’un
femi-ton mineur, d’où lui eft venu le nom de penta-
ton on, qui fignifie cinq tons.
PENTA.UREA, ( Hißoirc nat. ) nom d’une pierre
fabuleufe, inventée par Appollonius de Thyane, qui
avoit la faculté d’attirer toutes les autres pierres,
comme l’aimant attire le fer.
PENTE , f. f. terme relatif à la fituation horifon-
tale ; tout ce qui s’écarte de cette fituation, enforte
qu’une des parties du plan refte dans la ligne hori-
fontale, 8c l’autre defeende au-deflous, eft en pente.
Un corps mis fur une furface en pente defeend de
lui-même. Ce terme fe prend au fimple 8c au figuré ;
la pente de cette colline eft douce ; la pente naturelle
au vice eft rapide : nous avons tous une pente à la
gourmandife, au v o l , & au menfonge.
Pente , ( Ar chiteclure. ) inçlinaifon peu fenfible ,
qu’on fait ordinairement pour faciliter l’écoulement
des eaux; elle eft réglée à tant de lignes par toife,
pour le pavé 8c les terres, pour les canaux des aqueducs,
pour les conduites, 8c pour les chêneaux 8c
gouttières des combles.
On appelle contre-pente, dans le canal d’un aqueduc
, ou d’un ruiffeau de rue, l’interruption d’un niveau
de pente, caufée par malfaçon, ou par l’affoi-
bliffement du terrein, enforte que les eaux n’ayant
pas leur cours libre, s’étendent ou reftent dormantes.
Pente de chêneau, plâtre de couverture conduit en-
glacis | fous la longueur d’un chêneau, de part 8c
d’autre, depuis fon haut.
Pente de comble, c’eft l’inclinaifon des côtés d’un
comble, qui le rend plus ou moins rojde fur la hauteur
par rapport à fa bafe. (Z>. J.)
Pente, bande qui entoure le ciel d’un dais ou
d’un lit fur le haut des rideaux ; on donne le même
nom aux bandes d’étoffe qu’on attache fur le bord
des tablettes d’une bibliothèque.
P e n t e , tabac mis, à la , ( Fabrique de tabac. )
pendu par la queue, fur des cordes ou fur des perches,
après que les feuilles ont été enficelées; dans
les lieux où l'on fabrique du tabac, on a de grands
atteliers couverts ppur mettre les tabacs à la pente :
ç’eft-là qu’ils fechent & qu’ils prennent couleur. Il
ne faut pas croire néanmoins qu’on les fafle fécher
allez pour les mettre en poudre ; on fe contente de
leur laili'er évaporer leur plus grande humidité, 8c
les foire amortir ou mortifier lùffifamment pour pour
voir être filés,à-peu-près comme on file le chanvre,
8c enlùite être mis en rôles ou rouleaux. Savary. HH I HHHHH _PENTEÇOMARQUE, f. m. ( Hiß. ane. ) en gé.
néral un gouverneur de cinq bourgs.
PENTEÇQULORE, f. m. (H fi. b Marine anc. )
batiment à cinquante rames.
PENTECOSTALES , f. f. pl. ( Théol. ) étoient aur
trefois en Angleterre des offrandes pieufes que les
paroiffiens faifoient à leurs curés à la fête de la Pente?
côte, 8c que les églil'es ou paroiffes inférieures faifoient
aufll quelquefois dans le même tems à l’églife
mere ou principale. V jj^ O f f r a n d e ou O b l a t i o n *
Ces offrandes s’appelloient auffi deniers pentecofr
taux, 8ç on les divifoit en quatre parties, dont l'une
étoit pour le curé, la fécondé pour les pauvres, la
troifieme pour les réparations de l’églife , & la quatrième
pour l’évêque du diocèfe.
PENTECOSTAIN , f. m. livre eccléfiaftique des
Grecs qui contenoit leur çffice depuis Pâque juf-
qu’à la Pentecôte.
PENTECOTE, f. f. ( Théolog. ) fête folemnelle
qu’on célébré dans l’Eglife chrétienne le cinquantième
jour après Pâque, en mémoire d® k defeente du