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■ de deux ; & fcches à la dofe d’un gros jufqu’à trois.
La racine do. patience fauvage entre dans l’onguent
pour la gale , dans la décoûion anti-fcorbutique &
dans l’orviétan, félon la difpenfation de la pharmacopée
de Paris.
Cette même pharmacopée chaffe cette racine de
l’onguent martiatum ; on ne devine pas trop pourq
u o i, plutôt que celle d’aulnée, de valériane &: de
bardane quelle a retenues. (£)
P atience,mufcle de patience, en Anatomie. Voye{
Releveur.
Patience , ( Morale. ) la patience eft une vertu
qui nous fait fupporter un mal qu’on ne fauroit eih-
pêcher. Or on peut réduire à quatre clafles les maux
dont notre vie eft traverfée. i°. Les maux naturels -,
c’eft-à-dire, ceux auxquels notre qualité d’hommes
& d’animaux périffables nous affujettiffent. z ° . Ceux
dont une conduite vertueufe & fage nous auroit garantis
, mais qui font des fuites inféparables de l’imprudence
ou du vice ; on les appelle châtimens. 30.
Ceux par lefquels la conftance de l’homme de bien
eft exercée ; telles font les perfécutions qu’il éprouv
e delà part des méchans. 40. Joignez enfin les con-
iradiâions que nous avons fans ceffe à effuyer parla
diverfité des fentimens , de moeurs & de cara&eres
des hommes avec qui nous vivons. A tous'ces maux
la patience eft non-ieulement néceffaire , mais utile ;
elle eft néceffaire , parce que la loi naturelle nous èn
fait un devoir , & que murmurer des événemens ,
c’eft outrager la Providence ; elle eft u tile, parce-
qu’elle rend les fouffrances plus légères, moins dan-
gereufes & plus courtes.
Abandonnez un épileptique à lui-même , vous le
verrez fe frapper, fe meurtrir & s’enfanglanter ; l’ é-
pilepfie étoit déjà un mal, mais il a bien empiré fon
état par les plaies qu’il s’eft faites : il eût pu guérir
de fa maladie , ou du mons vivre en l’endurant ; il
va périr de fes bleffures.
Cependant la crainte d’augmenter le fentiment de
nos maux fie réprime point en nous l’impatience :
on s’y abandonné d’autant plus facilement, que la
voix fecrette de notre confcience ne nous la reproche
prefque pas , & qu’il n’y a point dans ces em-
portemens une injuftice évidente qui nous frappe, &
qui nous en donne de l’horreur. Au contraire, il fem-
ble que le mal que nous fouffrons nous juftifie ; il
femble qu’il nous difpenfe pour quelque tems de la
néceffité d’être raifonnables.N’emploie-t-on pas même
quelque forte d’art pour s’exeufer de ce défaut,
& pour s’y livrer fans lcrupule ? ne fe déguife-t-on
pas fouvent l’impatience fous le nom plus doux de
vivacité ? Il eft vrai qu’elle marque toujours une
ame vaincue par les maux, & contrainte de leur céder
; mais il y a des malheurs auxquels les hommes
approuvent que l’on foit fenfible jufqu’à l’excès, &
des événemens où ils s’imaginent que l’on peut avec
bienféance manquer de force, & s’oublier entièrement.
C’ eft alors qu’il eft permis d’aller jufqu’à fe
faire un mérite de l’impatience , & que l’on ne rénonce
pas à en être applaudi. Qui l’eût crû, que ce
qui porte le plus le cara&ere de petiteffe de courage
pût jamais devenir un fondement de vanité ?
Patience , ( Critiq. facrée. ) ce mot appliqué à
l’homme dans l’Ecriture , fe prend pour la conftance
dans les travaux & lès peines, Luc. xxj. ig. Pour la
perfévérance dans les bonnes oeuvres , Rom. ij. y,
pour une conduite réglée, qui ne fe dément point.
JProv. x i x . 11. ( D. J. j ,
PATIENT, f. m. en Médecine, eft une perfonne qui
eft fous la direction d’un médecin ou d’un chirurgien,
pour être guéri de quelque maladie.
Agent 8c patient. Voyez Varticle A gent.
Malade eft plus ufité que patient ; le terme malade
eft rendu plus communément par celui d’ceger, quoi-
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que patient 6c ceger foient à peu près la même ebofe ';
cependant on fe fert peu du mot de patient en fran-
çois dans le langage ordinaire-.
PATIN , f. m. ( Arts. ) en hollàndois fckàats ;
morceau de bois applati, plus grand que le pié, terminé
en une pointe recourbée , & qui eft garni déficits
d’un fer liffe, de la largeur d’environ un pouce
pour pouvoir couper la glace. On applique ce morceau
de bois ferre fous le milieu de la femelle des
fouliers , 6c on l’attache fermement avec des courroies
fur le cou du pié : on s’en fert de cette maniéré
, pour Fendre la glace en courant ; c’eft une invention
ingénieùfe , mais qui demande de l’adreffe , de
la jeuneffe, de l’habitude 6c beaucoup d’exercice
pour en pouvoir faire ufage. Tout le monde fait
qu’en hiver dans toute la Hollande , de chaque village
, bourg, ville 6c province batave, le peuple fort
en foule 6c vient fe rendre aux lieux où les branches
du Rhin étendent leurs longs canaux. Les Hollàndois
volent fur des patins retentiffans , courent en équilibre
ceintré, 6c s’exercent de mille maniérés différentes
, furpaflant par la rapidité de leur courfe les
chevaux meme les plus légers. Tout vit alors, tout
eft en joie dans ces climats triftes 6c glacés. ( D . J. )
Patin , ( Hifi. de Lapponie. ) les Lappons fuédois
fe fervent pour courir fur la neige de patins de bois
de fapin fort épais , longs d’environ deux aunes, 6c
larges d’imdemi-pié. Ces patins font relevés en pointe
fur le devant, 6c percés dans le milieu pour y paffer
un cuir qui tient le pié ferme 6c immobile. Ils courent
fur la neige avec tant de vîteffe , qu’ils attrapent
les ahimauxles plus légers à la courfe. Ils portent
un bâton ferré, pointu d’un bout, & arrondi de l’autre.
Ce bâton leur fert à fe mettre en mouvement,
à fe diriger, fe foutenir, s’arrêter ; 6c aufli à percer
les animaux qu’ils pourlùivent. Ils defeendent avec
ces patins les fonds précipités , & montent les montagnes
efearpées. Les patins dont fe fervent les Sa-
moïdes font*bien plus «ourts, 6c n’ont que deux piés
de longueur. Chez les uns 6c les autres les femmes
s’en fervent comme les hommes. Ce que nous nommons
patins des Lappons, s’appelle raquette au Canada.
Voye^ Raquette. ( D. J.')
Patin , f. m. ( Hydr. ) ce font des pièces de bois
que l’on couche fur les pieux dans les Fondations où
le terrein n’eft pas folide, 6c fur lefquels on affure les
plate-formes pour fonder dans l’eau.
On appelle encore patins des pièces couchées à
plat fervant de piés dans la conftruftion de plufieurs
machines.
Pa tins , ( Brafferie. ) font de petits morceaux de
bois de deux pouces en quarré, 6c la longueur de la
largeur des planches du faux fond de la cuve-matiere.
Ils fervent à foutenir ce faux fond diftant du fond de
leur épaiffeur. Voyt{ C uve-matiere.
Pat in , ( Charpent. ) ce qui eft pofé fur une affife
de pierre, ou un mur fur lequel porte une autre piece
debout, comme le patin d’un efcalier qui en porte
l’efehifre.
Patin , ( Cordon. ) efpece de fouliers de femme
fort hauts 6c garnis de liege. Ils ajoutent à la taille.
Patins , les Imprimeurs nomment patins ou fabots
deux pièces de bois prefque quarrées , de deux piés
fept à huit pouces de long fur feize à dix-huit pouces
de perimetre, couchées de champ , q u i, au moyen
de mortaifes, reçoivent 6c retiennent d’aplomb les
deux jumelles d’une preffe d’imprimerie. Voyc^ nos
PL d?Imprimerie.
Patin , ( Maréchall. ) on appelle ainfi un fer de
cheval fur lequel on a foudé une elpece de demi-
boule de fer concave. Il fert dans plufieurs accidens
& maladies, comme aux chevaux éhanchés, à ceux
qui ont fait quelque effort d’épaule, ou qui fe foai
entrouverts.
«$
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PATINA T yr o t aRich i , ( Lang. ht. }■ c’étoît
un mets fort greffier dont fe nourriffoient les gens de
la campagne, 6c qui étoit compofé de fromage 6c de
drogues foiées, comme le porte l'étymologie ; mais
ce mot fe trouve pris au figuré dans plufieurs endroits
de Cicéron pour fignifier une table frugale.
PATINE, f. f. ( Arts, ) Il n’y a point de mot fran-
çois pour exprimer cette belle & brillante couleur
de vert-de-gris que le-cuivre ne prend pas toujours ;
l’agrément de cette couleur pour l’oeil 6c la difficulté
de la rencontrer ( car tous les cuivres ne s’en chargent
pas également ) , là rendent très-recommandable
aux Italiens, qui la nomment patina, comme on
ofe ici le faire d’après eu x, &: par l’exemple de M.
le comte de Caylus. « Il doit être permis, dit-ilavec
» raifon , d’adopter un mot étranger au moins dans
» la langue des arts ». OH’Encyclopédie en eft le dictionnaire.
( .D. J. )
PATIRA , f. m. ( üflencile de Tailleur. ) C’eft un
petit tapis fait de lifieres qu’ils étalent fur l’établi, 6c
Fur lequel ils pofent l’étoffe qu’ils veulent repaffer
avec le carreau, afin quel’aftion du carreau n’appla-
tiffe point trop les boutonnières.
PATIS, f. m. ( Ornithol. ) petit oifeau de mer décrit
par Oviedo , & qui femble être le même que
Celui dont parle Hoier dans fa lettre à Clufius. Il eft un
peu plus gros que'notre moineau, rafe délicatement
la furface de l’eau, 6c paffepour préfager la tempête
prochaine.
PATISSERIE , f. f. ( terme de Cuijine. ) ouvrage dë
cuifine fait avec de la pâte qui fe cuit ordinairement
au four. On appelle auffi pâtijferie , l’art d’affaifon-
ner 6c dreffer toutes les préparations de pâtes que font
les pâtiffiers.
PATISSIER, f. m. ( Art méchaniq. ) celui qui fait
& qui vend de la pâtifferie.
La communauté des PâtiJJiers n’eft: pas une des
moins anciennes de Paris, les maîtres prennent la
qualité de maîtres de l'àrt de PâtiJJier 6* Oublayer.
Les ftatuts qui leur ont été donnés par Charles IX.
en 1566, en conféquence de l’ordonnance d’Orléans,
confiftent en trente-quatre articles, tirés en partie
des anciens & en partie des nouveau*. L’enregiftre-
ment au parlement dés lettres-patentes de ce prince
eft du 10 Février de l’année fuivante.
Les jurés font au nombre de quatre, dont deux
s’élifent chaque année , enforte qu’ils font toujours
deux ans en charge.
Outre les jurés, il y a un clerc de la communauté
chargé des fondions ordinaires à ces fortes d’officiers,
& encore inftitué pour l’ordre qui fe doit obferver
dans la-diftribution des garçons aux maîtres qui en
ont befoin, qui tous doivent s’a dreffer à ce clerc, les
uns pour trouver maître , les autres pour avoir des
garçons.
L’apprentiffage eft de cinq années confécutives ;
trois mois d’ablence fans le fu du maître, caffent &
annullent le brevet quelque tems que l’apprenti ait
fervi.
Le chef-d’oeuvre eft d’obligation à tous afpirans à
la maîtrife. Il confifte pour la pâtifferie en cinq plats
faits & cuits en un feul jour à la diferétion des jurés ;
& pour l’oublayerie, en cinq cens de grandes ou-
blayes ou oublies, trois cens defupplications, & deux
cens d’eftriers qu’il peut faire un autre jou r , mais
dont il faut qu’il prépare la pâte lui-même.
Les garçons ou ferviteurs font tenus de fervir chez
les maîtres le tems dont ils font convenus, autrement
il eft fait défenfe aux autres maîtres de les prendre à
leur fervice, à-moins que le premier maître n’y consente.
. J
■ Les veuves en viduité peuvent tenir boutique &
jouir des autres droits des maîtres, à la réferve de
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faite dès apprentis , pouvant toutefois achever celui
que leur mari auroit commencé.
Outre les vifites que les jurés doivent faire chez
les maîtres , ils ont encore droit de vifitâtion fur les
fromages de Brie, les oeufs & le beurre,.& il leur
eft permis de les lottir entr’eux.
Le pain à chanter, grand & petit, fait à.Parls où
ailleurs, ne peut être exppfé en vente par les maîtres
Pâtiffiers qui s’appliquent à cette forte de pâtifferie ,
qu’il n’ait été vû 6c vilité par les jurés.
Les maîtres font confervés dans leurs droits de
mefurer leur blé à la halle à l’heure accoutumée,
parce que Varticle ic). porte que le plus beau blé n'efl
pas tr,op bon pour faire pain à chanter meffe ,, & à communier
oit le corps de notre Seigneur efl célébrée
Il eft défendu aux maîtres de vendre aucunes pièces
de pâtifferies mal-conditionnées & réchauffées :
il n’appartient qu’aux Pâtiffiers de faire toutes lés
pièces de four pour les feftins, noces, &c. qui fe donnent
dans la ville & fauxbourgs de Paris.
Il eft défendu aux Pâtiffiers d’aller au-devant des
marchands & laboureurs pour acheter leurs grains y
ni d’en acheter ailleurs que fur les ports. Il leur eft
encore défendu d’acheter plus que fix feptiers de
blé & autant de farine , à peine de confifcation du
furplus.
PATMOS ou PATHMOS , ( Glog, anc. & mod. )
île de l’Archipel, fituée entre les îles de Nicatia Sc
de Samos, au nord occidental de la première & aii
nord oriental dë la fécondé entre les îles de Na-
xie & de Narcio , au midi occidental de la première
& à l’orient de la fécondé.
L’île de Patmos, aujourd’hui nommée Patino, célébré
par l’exil de l’apôtre S. Jean pendant 18 mois ,
eft un des plus méchans écueils de l’Archipel ; elle
eft découverte, fans bois & fort feche, quoiqu’elle
ne manque pas de roches, ni de montagnes, dont la
plus élevée s’appelle S te Hélie. Cette île ne produit
que peu d’orge, de froment & de vin ; mais elle a
beaucoup de gibier, perdrix, lapins , cailles , tourterelles
, &c. tout fon négoce confifte dans l’Jnduftrîû
des habitans, qui, avec une douzaine de caïques ou
plufieurs autres petits bateaux, s’en vont chercher
du blé en terre-ferme, & même jufques fur les côtes
de la mer Noire, pour en venir charger des bâtimens
françois. Il eft furprenant que dans un fi pauvre pays
les maifons y foient auffi-bien bâties que dans les.
lieux où il y a du commerce, & leurs chapelles font
toutes voûtées.
Cette île n’a que dix-huit milles de tour, mais fi
l’on parcouroit les recoins de cap en cap, on excu-
feroit bientôt P line, qui lui donne trente lieues de
circonférence. Il n’y a guere plus de trois à quatre
cens perfonnes dans Patmos ; les Corfaires ont contraint
les habitans d’abandonner la ville, qui étoit au.
bord de la Scala, & de fe retirer à deux milles & demi
fur la montagne, autour du monaftere de S. Jean,
qui eft une efpece de citadelle folidement bâtie , &
dans laquelle il y a toujours une cinquantaine de ca-
loyers.
Les femmes de Patmos font affez jolies, mais lé
fard qu’elles mettent les défigure horriblemer t ;
néanmoins ce n’eft pas leur intention i car depuis
qu’un marchand de Marfeille en a époufé une pour
fa beauté , elles s’imaginent, dit Tournefort, qu’il
n’y a point d’étranger qui defeende dans l’île, qui n’y
vienne foire la même emplette.
Patmos eft éloigné de 60 milles des îles de Cos ,
de Stampalie & de Mycone ; elle eft à 18 milles de
i Léro , à 45 milles de Nicaria, & à 60 de Samos. Il
n’y a ni tu rc , ni latin dans rîle ; un #rec y fait la
fonftion de conful de France, quoiqu’il n’ait ni pouvoir,
ni patentes pour prendre cette qualité. Long.
de Patmos 44. ià. latit. Jy . 20. (ZL / .)