quand même on n'en pourroit pas afligner la raifon :
mais on ne peut ftatuer le fait que par M ag e ; & T u-
fa»e univerlel, qui s’explique à merveille par l’analogie
commune des autres modes du verbe , eft de
mettre l’acculatif fans prépofition après 1 es participes
a&ifs. On ne trouve aucun exemple où le complément
objeÔif du participe l'oit amené par une prépofition;
& li l’on en rencontre quelqu’un où ce complément
paroiffe être au génitif, comme danspatiens
inediæ , uxofis amans , c’eft alors le cas de conclure
que ce génitif n’eft pas le complément immédiat du
participe, mais celui de quelqu autre nom fous-en-
tendu.qui fera lui-même complément du participe.
- Vfus vulgaris , dit Perizonius lui- même ( ibid. )
quodammodo dijiinxit, participii præfentisfignificatio-
nem ratione conflmclionis ,feu , prout genitivo vel accu-
fativo jungitur. Nam patiens inediæ quurn dicuntvete-
res , videntur Jîgnificare eum qui cequo animo fæpius pa-
titur veL facile potejl pati : at patiens inediam, qui uno
aclu aut tempore volens nolens patitur. Il dit ailleurs
( Min. III. x . a- ) .' Amans virtutem adhibetur ad no-
tandum . . . præfens illud temporis momentum quo quis
virtutem aniat ; at amans virtutis ufurpatur ad perpe-
tuum virtutis amorem in homme aliquo jignificandum.
Cette différence de lignification attachée à celle
de la fyntaxe ufuelle , prouve directement que l’ac-
cufatif eft le cas propre qui convient au complément
obieftif du participe , puifque c’ eft celui que l’on emploie
, quand on fe fert de ce mode dans le fens même
du verbe auquel il appartient ; au lieu que quand
on veut y ajouter l’idée aécelfoire de facilité ou d’ha-
Préfent.
Indéf. Precor, ou fum precans.
Antér. Precabar, eram prec'aridP
Poftér. Precabor 3 eroprecans.
bitude, ôn ne montre que le génitif de l ’objet principal
, 6c l’onfous-entendle nom qui eft l ’objet immédiat,
parce qu’en vertu de l’ufage il eft fuffifamment
indiqué par le génitif : ainfi l’on devine aifément que
patiens inediæ lignifie facilè patiens omnia incommoda
inediæ , & que amans virtutis veut dire de more amans
omnia négocia virtutis. Alors patiens 6c amans font des-
préfens pris dans le fens indéfini, & aéluellement
rapportés à toutes les époques polïibles : au lieu que
dans patiens inediam & amans virtutem , ce font, des
préfens employés dans un fens défini, 6c rapportés
ou à une époque a&uelle, ou à une époque antérieure
, ou à une époque poftérieure , félon les circonf-
tances de la phrafe. Foyei T e m s & P r é s e n t .
Eh ! il faut bien convenir que le participe conferve
lamature du verbe , puifque tout verbe adjeétif peut
fe décompofer, 6c fe décompofe en effet par le verbe
fubftantif : auquel on joint comme attribut le participe
du verbe décômpofé. Que dis-je ? le fyftème
complet des tems auroit exigé dans les verbes latins
neuf tems fimples , favoir trois préfens, trois prétérits
, & trois futurs ; & il y a quantité de verbes qui
n’ont de fimples que les préfens : tels font les verbes
déponens, dont les prétérits 6c les futurs fimples font
remplacés par le prétérit 6c le futur du participe avec
les préfens fimples du verbe auxiliaire ; 6c comme on
peut également remplacer les préfens par celui du
participe avec les préfens fimples du même verbe auxiliaire
: voici fous un feul coup-d’oeil l’analyfe corn»
plette des neuf tems de l’indic.àtif, par exemple, du
verbe precor.
Prétérit.
Precatus fum.
Precatus eram.
Precatus ero.
Futur.
Precaturus fum.
Precaturus eram.
Precaturus ero.
Les verbes les plus riches en tems fimples, comme
les verbes aflifs relatifs, n’ont encore que.des futurs
compofés de la même maniéré ; amaturus fum , amaturus
eram , amaturus ero ; 6c ces futurs compofés. exprimant
des points de vue néceffaires à la plénitude
du fyftème des tems exigé par l’effence du verbe , il
eft nécefiaire auffide reconnoître que le participe qui
entre dans ces circonlocutions eft de même nature
que le verbe dont il dérive ; autrement les vues du
fyftème ne feroient pas effe&ivement remplies.
Sanftius , 6c après lui Scioppius , prétendent que
tout participe eft indiftinélement de tous les tems ; 6c
M. Lancelot a prefque approuvé cette doctrine dans
fa méthode latine. La raifon générale qu’ils allèguent
tous en faveur de cette opinion, c’eft que chaque
participe fe joint à chaque tems du verbe auxiliaire ,
ou même de tout autre verbe , au préfent, au prétérit
6c au futur. Je n’entrerai pas ici dans le détail
immenfe des exemples qu’on allégué pour la juftifi-
cation de ce fyftème : cependant comme on pourroit
l’appliquer aux participes de toutes les langues , j’en
farai voir le foible , en rappellant un principe qui eft
effentiel, 6c dont ces Grammairiens n’a voient pas une
notion bien exafte. .
Il faut cpnfidérer deux chofes dans la lignification
générale des. tems ; i°. un rapport d’exiftençe à une
époque, ^0. i’époque meme qui eft le terme de com-
paraifon. L’exiftence peut avoir à l’époque trois fortes
de rapports ; rapport de fimultanéité, qui cara&é-
rife les préfens ; rapport d’antériorité, cjui cara&érife
les prétérit? ; 6c rapport de-poftériorite, quicaraèlé-
rifie les. futurs : ainfi une partie quelconque d’un
verbe eft un préfent quand il exprime la fimultanéité
de i’exiftence.à l’égard d’une époque ; ç’ eft un.prétérit,.
s’ilen exprime l’antériorité ,6c c’eft un futur,s il
en exprime la poftériorit-é.
: Ôn diftingite plufieurs elpeces ou dp préfens , ou
de prétérits,,.ou de futurs , iejon la maniéré dont, l'époque
de çomparaifon y eft envisagée. Si l’exiilence
fe rapporte à une époque quelconque & indéterminée
, le tems où elle eft ainfi envifagée eft ou un préfent,
ou un prétérit, ou un futur indéfini. Si l’époque
eft déterminée, le tems eft défini': or l ’ép.oque en-r
vifagée dans un tems ne peut être déterminée que par
fa relation au moment même où l’on parle ; 6ç cette
relation peut auffi être ou de fimultanéité , ou d’an-r
tériorité, ou de poftériorité, felon que l’époaue
concourt avec l’adte de la parole, ou qu’elle le précédé
, ou qu’elie le fuit: ce qui divife chacune des
trois efpeces générales de tems indéfinis en aéluel ,
antérieur 6c poftérieur. Voyei T ems.
Cela pofé, l’origine de l’erreur de Sanéiius vient
de ce que les tems du participe font indéfinis, qu’ils
font abftra&ion de toute époque, 6c qu’on, p eu t, en
confequence , les rapporter tantôt à une époque &
tantôt à une autre , quoique chacun de ces. tems exprime
conftamment la meme relation d’ex.iftence à
l’époque. Ce font ces variations de l’époque qui.ont
fait croire qu’en effet le même tems du participe avoit
fucceflivement le fens du préfent, celui du prétérit,
6c celui du futur.
Ainfi fon dit, par exemple > f um- mefuens ( je fuis
craignant, ou,je crains ) } metuens era.m ( j’étois crak
gnant, ou je craignpis.).,.TO«n^.w ( je.ferai crairs
gnant, ou. je craindrai ) ; & ces.expreffions marquent
toutes ma crainte comme, préfênte-,à l’égard des di-,
verfes époques défignées par le verbe fubftantif,. époque
aéluelle défignée par_/«/;/, époque antérieure dé-î
ngn,ée.par eram3 ep.oqiie poftér^eiire défignée par ero.
. Il en, eft de, même;ae,toiis, fes. autreS|tems du. parti-*
cipe : egrejjurus fum ( je fuis devant fortir ) , c’eft-à-*
dire, aétuellement ;ma fprtie eft futiu-é' y*grtf[ums
eram ( j’étois devant fortir. ) , e‘.eft-àrdire par exem-s
pie, quand-vp.us êtes, arrivé ma fprtie Atoit future p
egréjjums ero (Referai devaftfcfpxtir.),: c’çft-à-dire par
exemple ,. j,e prendrai, .mes me fur es, quand ma fortiei
fera^future : où,l’on voit- ÎP9 fp»ie ,eft- toujoursl
enyifagée comme future", 6c à l’égard.d'e lîépoque actuelle
marquée par fum, & à l’égard de l’époque antérieure
inarquée par eram, & à l’égard de l’epoque
poftérieure marquée par ero.
Ce ne font donc point les relations de l’époque à
l’aéte de la parole, qui déterminent les préfens, les
prétérits & les futurs ; ce font les relations de l’exif-
îencedu fujet à l’époque même. Or tous les teins du
participe étant indéfinis, expriment une relation déterminée
de l’exiftence du fujet à une époque indéterminée
, qui eft enfuite caraélérifée par le verbe qui
accompagne 1 e/participe. Voilà la grande réglé pour
expliquer tous les exemples d’où Sanétius prétend inférer
que les participes ne font d’aucun tems.
Il finit y ajouter encore une obfervation importante.
C ’eft que plufieurs mots , participes dans l’origine,
font devenus de purs adjeélifs, parce que l’u-
làge a fupprimé de leur fignification l’idée de l’exiftence
qui earaélérife les verbes, & conféquemment
toute iaée de tems ; tels font en latin, fapiens, eau-
tus, doclus, &c. en françois , plaifant, déplalfant,
intriguant, intlreffé, p o li, & c. Or il peut arriver encore
qu’il fe trouve des exemples où de vrais participes
foient employés comme purs adjeélifs, avec abf-
tra&ion de l’idée d’exiftence, & par conféquent, de
l’idée du tems : mais loin d’en conclure que ces participes,
qui au fond rie le font plus quoiqu’ils en con-
fervent la forme, font de tous les tems ; il faut dire
au contraire qu’ils ne font d’aucun tems, parce que
les temsfuppofent l’idée de l’exiftence, dont ces mots
font dépouillés par l’abftraèlion. Vïr patiens inediæ ,
vir amans virtutis , c’eft comme vir fortis, vir amicus
virtutis.
Il n’y a en grec ni en latin aucune difficulté de fyn-
taxé par rapport au participe, parce que ce mode eft
déclinable dans tous lès tems par genres , par nombres
& par cas ; & qu’en vertu du principe d’identité
il s’accorde en tous ces accidens avec fon fujet immédiat.
Notre fyntaxe à cet égard n’eft pas auffi fimple
que celle de ce? deux langues, parce qu’il me femble
qu’on n’y a pas démêlé avec autant de précifion la
véritable nature de chaque mot. Je vais tâcher de
mettre cette matière dans fon vrai jour : & fans recourir
à l’autorité de Vaugelas, de Ménage, dupere
Bouhours, ni de M. l’abbé Régnier, parce que l’u-
làge a déjà changé depuis eux ; je prendrai pouf guides
MM. d’Olivet & Duclos, témoins éclairés d’un
ufage plus récent &: plus sûr, & fur-tout de celui de
l’académie françoife où ils tiennent un rang fi diftin-
gué-: ils-me permettront de confulter en même tems
la Philqfçphie qu’ils ont eux-mêmes confultée, &
d’employer lès termes que les vues de mon fyftème
grammatical m’ont fait adopter. Voyei les opufcules.
Jur la langue françoife, & les remarques de M. Duclos
fur la Grammaire générale.
On a coutume de diftinguer dans nos verbes deux
fortes de participes fimples ; l’un a&if & toujours terminé
en ant, comme aimant,. foujfrant, uniffant,
prenant , difant, fiifan t, voyant, &cc. l’autre paffif,
& terminé de toute autre maniéré, comme aimé,
fouffert, uni , pris , d it, fa it , vû. &c.
-drt. I. « Le participe ( aélif) , dit le pere Buffier'
» ( Gramm. franç. n°. 642. ) , reçoit quelquefois
» avant loi la particule en ; comme en parlant, en li-
» fa n t, &c. c’eft ce que quelques-uns appellent gé-
» rondif. N’importe quel nom on lui donne, pourvû
» qu’on fache que cette particule en devant un parti-
» cipe aftif fignifie lorfque, tandis que ».
Il mefemble que c’eft traiter un peu cavalièrement,
itne diftinaion qui intéreffe pourtant là Philofophie
plus qu’il ne paroit d’abord. Les gérondifs, en latin ^
fontdes ca? de l’infinitif( voyc{ G érondif ) ; & l’in-
finitif, daps cette langue & dans toutes les autres , ‘
eft un véritable nom, ou polir parier, le langage'ordinaire,
un vrainohl fubftàntifL voyeç InfiniTié J rï-e;
participe, au contraire eft Un mode tout différent de
l’infinitif; il eft adjeftif. Le premier eftun nom-verbe ;
le fécond eft un adjeaifiverbe. Le premier ne peut
etre applique grammaticalement à aucun fujet, parce
qu un nom n’a point de fujet ; & c’eft pour cela qu’il
ne reçoit dans nul idiome aucune des terminaifons
par lefquelles il pourroit s’accorder avec un fujet.Te
fécond eft applicable à un fujet, parce que c’eft une
propriété eflèntielle à tout adjeaif; & c’eft pour cela
que dans la plupart des langues il reçoit les mêmes
terminaifons que les adjeaifs,pour fe prêter, comme
eu x, aux lois ufiielles de là concordance. Or il n’eft
apurement rien moins qu’indifférent pour l’exaélitude
del analyfe, de fàvoir fi un mot eft un nom ouunad-
je£lif,&par confequent fi c ’eft un gérondif ou un participe.
Que le verbe terminé en ant puiffe ou ne puiffe
pas être précédé de la prépofition en , M. l’abbé Gi-
rard le traite egalement de gérondif ; & c’eft un
mode, dit-il ( vraisprinc. dife. FUI. tom. ij. pag. S . .)
« fait p$ur lier ( l ’événement) à une autre événe*
» ment comme circonftance & dépendance ». Mais
que l’on dife, cela étant vous fourni 3. ou cela pofé
vous fou rn i; ü me femble que étant 6c pofé expriment
egalement une circonftance & une dépendance
de vous fourni : cependant M. l’abbé Girard regarde
étant comme un gérondif, 6c pofé comme un parti*
ctpe. Son analyfe manque ici de l’exaclitude qu’il a
tant annoncée; ^
D ’autres^ grànimairîeâs, plus .exâfls e» «e point
eue le peré iïufficr & l’aBBe G irard, ont.bien fenti
que nous avions gérondif & participe en ant-; mais
en ailignant des g f | n s méchanimespoubrësrbcon’
PVitfS '*ou , s‘y. mépris, iis nous en ..ont
laiffe ignorer' les caraâçrés diftinflifs. ?
'« m f 'déiti gà&ipes A im an t ÿ A imé dit la
» Grammaire'giniràft ^pan. I I . ch. m ®. )■ S ,tant
»: (Jiiils ont le même régime que le v erte , font plu-*
»> tôt des gérondifs que des participes ». f l eft évident
que c e principe e(t erromié. Nous, ne devons employer
dans notre Grammaire françoife le mot 'de'à-
rondif; qiftutant qu’il'exprimera fe même idée qüè
dans la Grammaire latmê' d'ôii nous l ’empruntods.;
6c ce doit etre la même chofe du mot participe : or
en latin , leparticipe 6c le gérondif avoient également
le meme régime que le verbe; 6c l’on difoit legendi,
legendo ou legendum libros , legens ou leclurus libros
comme legere ou lego libros. D’ ailleurs , il y a affuré-
ment une grande^différence de- fens entre ces deuÿ
phrafes, je Vai vu parlant à jon fils 3 & je l'ai vû en
parlant à fon fils ; c’eft que^parlant, dans la première
eft un participe, 6c qu’il eft gérondif dans la fécondé’
comme on en convient affez aujourd’hui, & -comme
je le ferai voir tout-à-l’heure : cependant c’eû de part
& d’autre le même matériel , & c’eft de part & d’autre
parlant à fon. fils , comme on diroit parler à fon
fils bu ilparloit à fon fils.
M. Duclos a connu toutes ces méprifes , 6c en a
nettement affigné l’origine ; c’eft la reffemblance de
la forme 6c de la terminaifon du gérondif avec celle
du participe. « Cependant, dît-il ( rem. fur le ch. xxfi
». de la II. part, de la Gramm. gén. ) quelque fembla-
» ble? qu ils foient quant à la forme , ils font de dif-
» ferente nature, puifqu’ils ont un fens différent.
» Pour diftinguer le gérondif du participe | ajoute-
» t-il un peu plus bas, il faut obferver que le géron-
» dïf marque toujours une aftion paffagere, la ma-
» niere , le-moyen, le tems d’une aftipn fubordon-
» née à une autre. Exemple.; en riant, on dit la vérité.
» En riant, eft l’aéiion ,paflagere 6c le. moyen de
» 1 âftiori p^ipcipale de dire la-vérité, /e fa i .vu en
» Paj[dni. .En paffant , eft une qjr.conftance de tems J
» Le_ participe marque
» la caüie de Taétiôn, ou l’état de la chofe. Exem®