leur degré de maturité , ayant la peau très-tendre J
verte & tranfparente , 6c la chair fucculente, fucrée ,
point encore farineufe ; en un mot dans l’état qui les
fait appeller à Paris petits 6c fins.
Une efpece de pois qu’on mange avec leur gonfle
qui eft tendre , fucculente , grafle 6c aflTez fucrée ,
pafle pour moins falutaire ; maisil paroît qu’elle n’eft
que moins agréable.
Les pois mûrs &fecs font un des légumes qui four-
niiliht la purée la plus délicate, & l’aliment le moins
groflier. Au relie à peine le pois pofféde-t-il quelques
qualités diététiques particuliers , du moins bien connues
; ce que nous en favons de plus pofitif , c’ell
ce que nous avons dit des légumes en général à Y article
LÉGUME. Voye£ cet article.
Les botanilles n’ont pas manqué de lui trouver
plulîeurs vertus médicamenteufes , tant pour l’intérieur
que pour l’extérieur ; mais ces prétendues propriétés
font abfolument méconnues ou négligées. (JY)
Pois d'Angol, f. m. ( Botan.) arbulle originaire de
la côte d’Angol en Afrique, 6c très - commun dans
les Antilles. Il s’élève de lix à fept piés, produifant
beaucoup de branches rameufes, allez droites, menues
, liantes, garnies de feuilles longuettes, fléxibles,
d’un verd cendré , 6c d’une odeur aromatique qui
n’efl: pas defagréable : aux petites fleurs dont ces
branches- font prefque couvertes en tout tems, fuc-
cedent des goulfes longues d’un pouce 6c demi ou
environ, plates , velues , fouples , coriaces comme
du parchemin mouillé , 6c difficiles à rompre ; elles
renferment quatre ou cinq pois de moyenne grolfeur,
à-peu-près ronds, 6c d’une couleur brune-verdâtre.
Ces pois font excellens lorfqu’ils font cuits 6c accommodés
comme des lentilles : leur goût eft difficile à
comparer, 6c leur qualité eft li parfaite , qu’ils n’incommodent
jamais. Les bourgeons des branches étant
înfufes dans de l’eau bouillante , comme du thé, font
une boiffon allez agréable, étant prife avec un peu
de fucre ou de fyrop de capillaire ; onl’eftime très-
bonne pour la poitrine.
Pois c h ic h e , cicer, genre de plante à fleur pa-
pilionacée. Le piftil fort du calice 6c devient dans la
liiite une filique courte 6c femblable à une veflie gonflée
: cette lilique renferme des femences qui ont en
quelque maniéré la forme d’une tête de bélier. Tour-
nefort, injl. rei herb. Voye[ P l a n t e .
On cultive dans les jardins plulieurs efpeces de pois
chiches , qui ne different que par la couleur des fruits
ou même des fleurs ; il y en a fur-tout deux efpeces
qui font d’ufage en Médecine, & dans les cuilines ;
lavoir , les pois chiches à fleur blanche, 6c les rouges
que plulieurs botanilles regardent comme une limple
variété de la même plante.
Les pois chiches à fleur blanche, font le cicer fad-
vum flore candido, 1. R. H. 38y . Les pois chiches rouges
lônt le cicer floribus & J'eminibus ex purpura rubef-
ceiitibus, de C. B. P.347.
La racine de l’une 6c l’autre de ces plantes eft menue
, blanchâtre , tirant fur le roux , fibreufe 6c chevelue.
La tige eft droite, branchue, velue. Les feuilles
font arrondies, dentelées, cotonneufes, rangées par
paires fur une côte terminée par une impaire. Les
fleurs font iégumineufes , blanches ou purpurines ,
6c naiffent des aiffelles des côtes qui portent les
feuilles, foutenues lur des pédicules grêles. Leur calice
eft velu , divifé en fix parties pointues. Le piftil
fe change en un fruit gonflé en maniéré de veflie ,
long d’environ un pouce, 6c terminé par un filet
grêle : il renferme une ou deux graines arrondies ,
plus groffes que le /w j ordinaire, n’ayant qu’un angle
aigu ; blanches ou rougeâtres , 6c prefque de la figure
d’une tête de belier : pour l’ufage de la Médecine
, on préféré les pois chiches rouges. On les feme
dans les champs en plufieurs provinces méridionales
de la France , en Italie 6c en Efpagnê.
Le pois chiche s’appelle kali en hébreu. Il eft dit ait
IV. liv. des rois , ch. vj. 2 6. que pendant le fiege de
Samarie, fous le régné d’Achab ,roi d’Ifrael, la famine
fut fi grande, que l’on vendit jufqu’à cinq ficles ,
c’eft-à-dire quinze fehelings , ou environ dix-huit
livres de notre monnoie , le quart d’un câb de fiente
de pigeon ( le cab étoit une meiure qui tenoit un demi
feptier,un poiffon, un pouce cube, 6c un peu plus) ;
mais on n’entend pas pourquoi la fiente de pigeon fe
vendoit fi cher : aufli eft-.ce une ridicule interprétation
de l’original. Il s’agit ici de pois chiches , nommés
par les Arabes ufnen ou kali. Or les Hébreux appel-
loient kali, les pois chiches rôtis à la poêle , dont on
ufe encore- beaucoup dans l’orient, 6c dont il y a
des boutiques au Caire & à Damas , oii l’on ne fait
autre choie que frire des pois chiches pour la provi-
fion des voyageurs. (D . J.)
Po is c h ic h e s , (Dicte & Mat. méd.) ce n’eft qufe
la femence de cette plante qui eft d’ufage; aufli eft-ce
à cette partie qu’appartient proprement le nom de
pois chiche , que la plante a emprunté de fa femence.
Les pois chiches mûrs & le es fe mangent cuits dans le
bouillon 6c dans l’eau, & affaifonnes dans ce dernier
cas, avec le beurre ou l’huile, c’eft-à-dire fous la
forme du potage gras ou maigre : on en prépare aufli
des purées ; on les mange avec des viandes rôties ,
&c. Ceux qui croiffent dans les pays froids 6c les ter-
reins gras & humides ,tels que les potagers ou marais
6c dans les bonnes terres ,ont un goût acerbe 6c fau-
vage , 6c un tiffu denfe 6c ferré , qui les rend très-
difficile à cuire ; aufli ce légume eft - il abfolument
rejetté des bonnes tables , 6c même prefqu’abfolu-
ment inufité à Paris & dans les provinces voifines1:
au lieu que ceux qui croiffent dans les pays chauds 6c
dans les terreins maigres 6c arides, font d’un très-
bon goût, & fe ramolliffent facilement parla cuite.
Ils tiennent le premier rang parmi les légumes fecs
dans les provinces méridionales du royaume ; 6c ceux
qu’on y apporte d’Efpagne font encore meilleurs.
Il eft écrit dans les ouvrages de Médecine, que ce
légume fournit une nourriture abondante , mais grof-
fiere , venteufe , 6c un peu laxative. On n’obferve
rien de tout cela dans les fujets ordinaires & fains ,
qui font cependant les feuls fur qui il faille évaluer
les propriétés diététiques.
La décodion de pois chiches eft comptée parmi les
plus puiffans diurétiques, 6c même parmi ceux dont
l’aftivité peut' devenir fimefte dans les cas où les
voies urinaires peuvent être ulcérées ou déchirées
par des graviers, ou même Amplement irritées 6c devenues
très - fenfibles. Les anciens médecins orit
pouffé l’opinion qu’ils avoient de cette inefficacité,
jufqu’à avancer qu’elle portoit même jufque fur la
fubllance du calcul, que le pois chiche étoit un lithon-
triptique des plus adifs. Au refte, fi on peut compter
au moins fur la qualité diurétique ,• on ne doit pas la
chercher dans les pois chiches préparés dans les cui-
fines, parce que leur première préparation confifte à
les faire bouillir dans une eau qu’on rejette , 6c que
c’eft vraisemblablement dans cette première décodion
que doit paffer le principe diurétique, (b)
Pois à gratter, (Botan.) nom d’une efpece de pha-
féole d’Amérique, appellé epar le P. Plumier, pha-
feolusflliquis lads , hifpidis & rugofis., fructu nigro.
Voye^ Mucuna. ( D . J. )
P o is d e m e r v e il l e , corindum, genre de plante
à fleur papilionnacée, compolëe de quatre grands
pétales appofés en forme de croix, 6c de quatre petits
qui font le plus fouvent crochus 6c fitués au milieu
de la fleur. Le piftil fort du calice qui eft compofé de
quatre feuilles, 6c devient dans la fuite un fruit femblable'à
une veflie , 6c divifé en trois loges ; ce fruit
renferme des femences prefque rondes qui ont une.
.tache de la figure d’un coeur. T ourn e fort, Infl. rei herb.
Voye^ Pl a n t e .
Tournefort compte trois efpeces de ce genre de
plante, dont la principale eft le corindum à larges
feuilles , 6c à gros fruit, corindum ampliore folio ,
fructu majore.
Cette efpece pouffe des tiges menues 6t branchiies*
hautes de trois ou quatre pies , fans p o il, cannelées' ,
foibles, avant befoin d’être foutenues; fes feuilles
font divifees à peu près comme celles de l’ache, d’une
belle couleur verte, d’un goût vifqueux; il fort de
leurs aiffelles des pédicules chargés de fleurs, com-
pofées chacune de huit feuilles blanches, quatre
grandes, 6c quatre petites difpofées en croix, foutenues
par un calice à quatre feuilles; quand ces fleurs
font paffées , il leur fuccede des fruits en veflïes à
trois coins , divifées-chacune en trois loges qui renferment
des femences femblables à des petits pois ,
en partie noirs, en partie blancs , 6c marqués ordinairement
d’un coeur ; fa racine eft groffe comme le
doigt, mais plus comte, ligneufe, affez dure, fibreu-
fe. Aucune des trois efpeces de ce genre de plante
n’eft d’ufage en Médecine. ( D . J. )
Pois arbre aux, (Hiß. nat. Botan.) robinia Linnaei.
Afpalatus, caragana Jiberica, pfeudo-atacia. C ’eft un
arbre de la même famille que celui que l’on trouvera
décrit fous le nom de pfeudo-acacia. On le nomme
arbre aux pois, parce qu’il produit des filiques qui
renferment un fruit femblable aux pois, qui font précédées
de fleurs d’un beau jaune ; il croît fans culture
■ en Sibérie, furtout dans unterrein léger 6c dans le
voifinatp des rivières. Le plus grand froid ne le fait
point périr ; onpeutle multiplier de graine 6c de boutures
; il eft ordinairement de la grandeur d’un bouleau
moyen. Les habitans de la Sibérie nommés Tun-
gufes , nourriffent leurs beftiaux avec la feuille de cet
arbre ; on mange aufli le fruit ou les pois qu’il renferme
dans fes filiques; maisil faut pour cela,les faire
bouillir dans une première eau, pour leur enlever
une certaine amertume que l’on y trouve. M. Bielcke
de l’académie de Stockholm, a effayé de faire moudre
ce fruit, & en a fait faire des galettes ou gâteaux
qui étoient d’un très-bon goût. Il prétend que le fruit
de cet arbre eft plus léger fur l’eftomac que les pois
ordinaires.
Le même M. Bielcke a trouvé que les feuilles de
cet arbre poüvoient à l’aide de la putréfaélion, donner
une couleur bleue aufli propre à la teinture que
l’indigo 6c le paftel. les mémoires de l'académie
de Suède, année 1750 » & voye[ Varticle P s e u d o -
A C A C IA .( — )
Pois m a r t i a u x , ( Hifl. nat. ) c’eft le nom que
quelques naturaliftes donnent à une mine de fer en
petits globules femblables à des pois que l’on appelle ’
en latin pijaferrea. Il paroît que c’eft une mine de fer
qui n’eft compofée que d’un affemblage de petites
etites ou pierres d’aigle. Il y en a de différentes grandeurs.
Près de Bayeux en Normandie, on trouve des
cornes d’ammon remplies de ces fortes de pois ferrugineux.
Quand ces étites font ovales ou alongées ,
on les nomme mine de fer en feves, minera ferri
fabalis. il fe trouve de la mine de fer de cette efpece
en Allemagne , dans la principauté de Heffe-Hom-
bourg.
POISON, f. m. ( Littérat. ) le mot venenum des latins
ne figmfie pas toujours dupoifon ; il défigne encore
affez fouvent ces drogues dont les Peintres & les
Teinturiers fe fervent ; c’eft dans ce fens, par exemple
j que Virgile l’emploie au fécond livre des géor-
giques,
Alba neque ajfyrio fucatur lana veneno.
» L étoffé n’eft pas teinte en couleur de-pourpre, h
^, Horace, ode x y , liv. I . dit :
Quis te folvere ihejfatîs
Magus vehenis > Quis poierit deus ?
» Quel enchanteur avec toutes les herbes de Theffa*
» l ie , toute la force de fes charmes * que dis-je,
» quel dieu pourra vous tirer de ce mauvais pas ? >»
Les thejfala venena d’Horace font des fucs d’herbes
magiques, propres à corriger la malignité du plus-
puiffant poifon.
Du tems d’Horace -, on n ’avoit point encore ou*
blié l’hiftoire que Tite-Live, dec. /. I. VIII. raconte
de plufieurs dames romaines qui compoferent des
poifons, 6c qui furent découvertes par Une efclave.
Sur les recherches que fit l’édile, on trouva 170 pa*
triciennes coupables d’empoifonnement, & qui furent
condamnées aux derniers fupplices. Les morts
qu elles avoient caufees étoient en fi grand nombre,
qu’on attribua d’abord ce malheur à l’intempérie pef-
tilentielle de l’air, & l’on nomma exprès un dictateur
qui alla attacher en ceremonie un clou au temple de
Jupiter, ainfi qu’on le pratiquoit dans une calamité
" '.^publique. (D . J.)
P o i s o n , (Médec.)les chofes prifes intérieure*
ment, ou appliquées de quelque maniéré que ce foit,
fur un corps vivant, capables d’éteindre les fonélions
vitales ou de mettre les parties folides & fluides
hors d’état de continuer la v ie , s’appellent poifons*
Dans ce fens, on peut rapporter à cette claffe grand
nombre d'autres corps qui ne peuvent nuire qu’au*
tant que l’ufage immodéré qu’on en fait, empêche
ou détruit les fondions vitales.
Les corps âcres, méchaniques, qui en bleffant ou
endetruifant les parties folides, menacent delà mort,
lorfqu on les a avales, ne peuvent être évacués d’a*
bord que parde fecours des on&ueux, qui pris en
grande quantité, enveloppent leurs parties nuifibles.
, ce qui eft capable, en coagulant les humeurs,
d’arreter la circulation, doit être délayé à la faveur
des aqueux faponacés, 6c dès qu’on connoît la na-
ture de la coagulation, il faut employer les contre-
poifons convenables pour la diflïper.
A l’égard des corps qui détruifent l’union qui fe
trouve dans les parties folides & les fluides, ils font
tres-dangereux; l’ufage des acides 6c des doux aftrin-
gens eft capable d’arrêter le progrès de leur a£lion.
Dans la pefte 6c les autres maladies contagieufes,'
la nature prefente des poifons d’une efpece incompré-
henfiblc, qui paroiffent feulement attaquer les allions
vitales : on ne peut venir à bout de les détruire par
1 application des principes de la médecine rationeile,
mais uniquement par un contrepoifon que l’expérience
a découvert.
On connoît encore de femblables poifons qui changent
tellement la nature de l’air, qu’il devient mor -
tel à l’économie animale. Telle eft la fumée des charbons
, du foufre, celle d’une liqueur fermentante ,
ces valeurs fortes 6c fuffocantes que les auteurs ont
nommées efprits fauvages; il faut éviter toutes ces
chofes, ou y remédier à l’aide du feu, ou de qi*el-
qu’autre vapeur qui y foit contraire.
P o i s o n , (Jurifprud.) o u c r im e d e poifon e ft l e
c r im e de c e u x q u i fo n t m o u r ir q u e lq u ’u n p a r le m o y 2n
d e c e r ta in e s ch o fe s v e n im e u f e s , fo i t q u ’o n le s m ê le
d an s le s a lim en s o u dans q u e lq u e b r eu v a g e , f o i t q u ’o n
in fin u e le poifon p a r la r e fp i r a t io n o u p a r la tranfp ira-
t i o n , fo i t p a r u n e p la ie o u m o r fu r e d e q u e lq u e b ê t e .
■ Cette maniéré de procurer la mort eft des plus
barbares & des plus cru elles ; la loi 1 & 3 au.code
ad legem corneliam de fleariis & vèneficiis, difent que
plus eft hominem extinguere veneno quàm gladio. La
raifon eft que l’on fe défie ordinairement 6c que l’on
peut fe precautionner contre l’homicide qui le commet
par le fer, au lieu que l’homicide qui fe commet
par le poifon, fe fait fourdement, 6c eft fouvent coin