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tous les quatre ou cinq ans, eft la meilleure pour en
retirer de l’utilité ; on peut même: le couper plus fou-
vent. en menus branchages pendant le mois d’O&o-
bre : on fait fécher ces rameaux avec leurs feuilles,
c’eft une excellente nourriture pour le bétail pendant
l’hiver.
Le bois de peuplier eft jaunâtre, fôiiple , affez dur,
paffablement folide , mais un peu difficile à la fente ;
on en peut faire des pièces de charpente pour des bâ-
timens de peu de conféquence; on en tire auffi des
planches de durée, fi on les garantit de l’humidité.
Les Sculpteurs l’emploient à défaut du tilleul ;■ il eft
auffi de quelqu’ufage pour les Menuifiers , les Tourneurs
, les Sabotiers, &c.
Cet arbre a quelques propriétés qui font d’ufage
en Médecine. Les yeux ou les boutons des branches
du peuplier, lorfque le mouvement de la feve fe fait
fentir au printems, fe chargent d’une efpece de gomme
d’une odeur affez agréable ; les bonnes qualités de ce
fuc vifqüeux le font entrer dans là cômpofition du
baume que l’on nommepopuleum, qui eft recommandable
à plufieurs égards..
Les différentes efpeces ou variétés de peupliers ,
fon t,
i° . Le peuplier noir ; c’eft à cette efpece que l ’on
doit particulièrement appliquer tout ce qui a été dit
ci-deffus.
• 20. L t peuplier noir, que l’on nomme vulgairement
Lofer blanc. Il a plu aux gens de la campagne de l’ap-
peller ainfi , parce qu’ils emploient dans les travaux
de la vigne les jeunes branches de cet arbre en place
de l’ofier ; pour cet effet ils l’àffujettiffent à la tonte
comme l’ofier, mais il n’eft pas fi. convenable que ce
dernier pour l’ufage que l’on en fait. Les feuilles de
cet arbre font dentelées plus profondément & ondées
fur les bords ; 8c c’eft ce qui fert principalement à le
diftinguer du peuplier noir ordinaire.
30. Le peuplier noir de Lombardie ; c’eft une très"
jolie variété nouvellement venue d’Italie, où on en
fait grand cas. Sa beauté confifte en ce que fes feuilles,
qui ont beaucoup de reffemblance avec celle-de l’ofier
blanc, font d’un verd brillant très-vif, quoique
foncé ; & cette verdure qui eft ftable, ne s’obfcurcit
point fur l’arriere faifon comme celle des feuilles du
peuplier noir ordinaire ; mais un autre agrément plus
recommandable , c’eft que le peuplier de Lombardie
forme naturellement la pyramide bien plus que les
autres arbres de fon genre , au moyen de ce que fes
branches affettent de fe rapprocher de la maîtreffe
tige,, ce qui rend cet arbre des plus propres à former
des avenues d’une grande 8c finguliere apparence.
,
40. Le peuplier de Canada, autre variétédu peuplier
noir qui a fon mérite. Il prend.plus de corps-, fa tête
eft plus garnie de.rameàux forts: 8c. épais, qui fe dirigent
plus en dehors que ceux du peuplier noir ordinaire
, m.ais la maîtreffe tige ne pointe pas, 8c l’arbre
prend moins d’élévation. Ses jeunes rameaux ont des
cannelures, mais dont les arrêtes font bien moins
Paillantes que dans le peuplier de la Caroline, dont il
fera parlé ci-après ; fon écorce eft jaunâtre, elle eft
fujette à contraûer promptement beaucoup de ger-
fures très-profondes. Sa feuille eft plus grande, plus
epaiffe, plus obtufe à la. pointe, 8c d’un verd plus
clair que celle du peuplier.noir ordinaire. Celui de
Çanada.dont il s.agit ic i, eft encore rare en France r
je ne connois pas Tefpece mâle; tous les plants qué
j’ai de cçtarbrë font de l’efpece femelle. Le plus gros
qui eft âgé de 12 ans, a^ 5 piés de hauteur, fur trois
de circonférence : fa tête eft auffi ronde que celle
4’un. tilleul.. Il a. 18 piésd.e tige , dont l’écorce eft extrêmement.
‘8c, profondément filloiinée ; cependant
l ’afpeét n’en eft point défagréable, parce que les ger-
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fures fe rappellent l’une l’autre en s’âdoticiflànt; elles
font un compartiment-varié, & la couleur jaunâtre
eft uniforme. Quand l’arbre entre en feve au printems
, fes -boutons fe gonflent 8c répandent au loin
; une odeur balfamique extrêmement agréable ; au
mois de Juin fuivant, on voit tomber les filets qui
portent la graine, 8c qui font de trois, quatre & cinq
pouces de longueur ; mais ce qu’ils ont de remarquable
, .c’eft que chaque loge qui contient ou doit contenir
les graines, eft remplie d’un duvet plus foyeux
que le coton, 8c tout auffi blanc, qui fe tient raffem-
blé autour des filets. L’arbre en produit une fi grande
quantité, que la terre en eft couverte au pié de l’arbre
lorfqu’ils font tombés. Peut-être pourra-tfon trouver
moyen d’employer cette matière dans, les arts.
Par la comparaifon qui a été faite de groffes branches
de neuf pouces de tour que l’on a coupées de cet arb
re, avec des branches de pareille force de peuplier
n o ir& de tremble, il paroit que le bois du peuplier
de Canada tient le milieu entre celui du peuplier noir&
du tremble,pour la couleur & la confiftance.Cet arbre
feroit très-propre à former dés avenues : il a plus dé
foutien que le peuplier noir ; il eft de plus belle apparence
, & il eft tout auffi robufte. Il fe plaît dans un
terrein frais 8c humide ; mais ceux que l’on avoit plantés
dans un terrein fec & élevé, y ont bientôt dépé?
ri , 8c font morts enfin.
5°. Lepeuplier noir odorant, le tacamàhaca, le b au-
mier ; cet arbre eft originaire de la Caroline, où il ne
fe trouve que lé long des rivières : il y devient fort
é le v é , 8c il étend confidérablement les branches ;
mais il s’en faut bien que ce peuplier faffe de tels progrès
en Europe. M. Miller, auteur anglois, affure
que les plus grands arbres de cette efpece que l’on ait
vu en Angleterre , n’avoient que 15 ou id piés de
hauteur ; 8c on n’en a point encore vu en France qui
aient atteint cette élévation. Ce peuplier fait une tige
affez droite, 8c il affefte de diriger fes branches en-
dehors. L’écorce des jeunes rameaux eft d’une couleur
rouffe très-obfcûre ; fès boutons font fort gros ,
8c toujours remplis d’une gomme jaune, épaiffe 8c
balfamique , dont l’odeur , quoique très - forte
n’eft point défagréable ; mais cette gommp eft plus
abondante quand l’arbre entre en féve,& elle regorge
à l’infertion dès feuilles dans les tendres rejettons :
alors elle eft plus liquide ,& d’une-odeur plus pénétrante.
Ses fleuilles paroiffent de bonne heure au printems,
8c dès la fin de Février; dans ce tems elles font
d’un jaune v i f qui fe change en un verd clair, puis
en un verd brun 8c terne. Le deffous de la feuille eft
d’un blanc fale, mat & un peujauhâtre; elle eft grande
figurée en coeur, légèrement dentelée & pointue. Je
n’ai encore vu que les chatons de l’arbre mâle de
cette efpece de peuplier ; ils paroiffent en même tems
que les feuilles ; ils font plus gros 8c plus longs que
ceux du peuplier noir ordinaire, 8c d’un rouge plus
apparent. Cet arbre veut abfolument un terrein humide
, fans quoi il languit : il eft fujet à pouffer des
rejettons fur fes racines, qui peuvent fervir à le multiplier
; mais il eft plus court de le faire venir de bouturés
, qui réuffiffënt fort biéfi quand on les fait de
bonne heure dans un endroit abrité, c’eft-à-dire dès
le mois de Novembre. Au lieu que fi on les fait à la
fin de l’hiver , le fuecès en eft bien moins affuré. On
peut encore l’élever de branches couchées , mais il
neréuffitpas.à la greffe fur lé peuplier noir; car en
ayant fait faire plufieurs écuffo'ns à la pouffe fur des
fujets de cette elpece, ces écuffons reprirent 8c pouffèrent
bièn pendant l’arinée, mais ait printems fuivant
tous lès fujets fe trouvèrent morts & defféchés.
Ceci fert à prouver qu’il ne fuffit pas pour le fuecès
de la greffe , que les parties folides 8c configurantes
du fujet Si de là greffe fefoorrelpondent, & qu’il faut
encore de l’analogie entre les mes féveux de l’un- &
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d e Taiifrê. Cet arbre m’a paru jufqu’à-préfent fuffifàift-
snent robufte pour réfifteren plein air dans ce Climat.
•Ses feuilles fe flétriflènt 8c tombent de bonne heure
fcn automne , mêmë dès la fin de Septembre; il eft vrai
que cette feuille eft aflez belle au printems 8c eh été .
Mais cet arbre tire fon principal mérite de fa gomme
balfamique'^ qui pourrait être d’ufage en Médecine;
ce qu’il y a de certain, c’eft que cette gomme eft foii-
veraine pour guérir les coupures.
6°. Le peuplier noir de la Caroline ; c’eft fans contredit
là plus belle efpece de peuplier, qui n’eft pourtant
connue que depuis peu d’années en France, non plus
qu’en Angleterre. Cet arbre eft fur-tout remarquable
par la grandeur admirable de fes feuilles, qui ont fou-
vent 10 pouces de longueur , fur 8 à 9 de largeur ;
elles font auffi légèrement qu’agréableinent campa-
hées fur les bords : la verdure en eft vive , brillante
& ftable: elles tiennent à l’arbre par de longs pédicules
qui étant applatis fur les côtés , s’inclinent àcon-
tre-lens des feuilles ordinaires ; ce qui fait que la*
feuille de ce peuplier eft fufpendue de côté. Vers la fin
de l’été les principales côtes de fa furface fe teignent
d’une couleur rougeâtre qui fait avec la verdure un
contrafte fingulier ; mais l’accroiflèment de ce peuplier
eft un phénomène digne d’admiration : c’eft de
tous les arbres qui peuvent venir dans les climats
tempérés de l’Europe, celui qui crofr le plus promptement
; il s’élève 8c groffit d’une vîteffe furprenante.
D e jeunes plants d’un demi-pié de haut plantés dans
Une terre meuble 8c fraîche , ont pris en deux ans 15
piés de hauteur, fur huit à neuf pouces de circonférence
, ayant des têtes de huit à dix piés de diamètre
, garnies de fix , fept ou huit branches de cin q ,
fept 8c jufqu’à neuf piés de longueur. On peut regarder
cet arbre comme un prodige de végétation. Ce
peuplier eft encore remarquable par fes profondes
cannelures , au nombre de quatre ou cinq , qui font
fur le bois de l’année , 8c dont le arrêtes font faillan-
tes 8c très-vives; ces arrêtes s’adouciffent avec l’âge,
8c laiffent encore des traces fur le bois de deux 8c
de trois ans. On ne connoit encore ni les fleurs mâle
s , ni la graine, ni la qualité du bois de cet arbre ;
quo.iqu’originaire des contrées méridionales de la Caroline
8c de la Virginie, il eft néanmoins fort robufte;
il vient à toutes les expofitions dans les lieux bas ; il
profite affez bien dans une terre franche , meuble 8c
douée, mais il fe plaît fur-tout dans l’humidité, pourvu
qu’elle ne foit pas permanente : c’eft-là fur-tout
qu’il profpere 8c qu’il tait de grands progrès. On le
multiplie de branches couchées, qui font peu de racines
en un an, mais qui nelaiflentpas de reprendre;
de boutures qui réuffiffënt paflàblement quand on les
fait dès le commencement du mois de Novembre, 8c
par la greffe, qui prend affez bien fur le peuplier noir
ordinaire. Il m’a paru que le peuplier de Lombardie
n’étoit pas à beaucoup près fi propre à lui fervir de
fujet. Le peuplier de la Caroline eft extrêmement,convenable
pour former des avenues , des allées , 8c fur-
tout des falles en verdure 8c dès quinconces, où cet
arbre fe défend mieux contre les vents impétueux,
qui lui rompent quelquefois des branches.
70. Le peuplier blanc à larges feuilles l’on homme
auffi grijaille d Hollande , ou ypréau, ou franc picard,
8c en Angleterre abele , eft un grand arbre qui ne
pointe pas autant que le peuplier noir ordinaire, mais
qui s’étend beaucoup plus, 8c qui groffit davantage :
fon accroiffement eft auffi plus prompt , mais moindre
pourtant que celui du peuplier de la Caroline. Soh
écorce, qui eft blanche & fort unie , ne fe ride que
dans un âge très avancé. Sa feuille en général eft figurée
en coeur, 8c découpée par les bords d’échancrures
, les unes plus, & les autres moins profondes;
elle eft d’un verd fort brun en-deffous, 8c d’une extrême
blancheur par-defl'ous qui eft veloutée. Ses
fleVirs ŸnaleS 8c les filets ‘qui' portënt là grathë ,pàroiA
fent 8c tombent en même tems que ceux dûpeuplier
noir ordinaire* Les raÊinès dû peuplier blanc s'étendent
beaucoup à la furface de la terré j ce qui le rend
fujet à être quelquefois renverfé par les vents. Il â lê
mérite particulier de réuffir dans tbüs les terreihs 1
même dans les lieux affez fees 8c élevés ; il ne redoute
que la craie , le gravier maigre & le fable pur', iife
plaît dans les terres noires , graffes 8c argilleufes 1
mais il profite beaucoup plus dans les lieux bas 8c
aquatiques , oii il croît avec une extrême vivacités
Les intempéries des faifons ne peuvent rien contré
cet arbre , que l’on peut multiplier très-facilement de
boutures , mais plus promptement en fe fervant des
rejettons qui viennent en quantité fur fes racines ; il
ne leur faut que trois ans de pepiniere pour les mettre
en état d’être plantés à demeure. Il fe garantit
par lui-même des beftiaux , car ils ne veulent point
de fon feuillage , à ce que rapporte Ellis , auteur àn-
glois. Le bois de ce peuplier eft très^blanc ; auffi eft il
tendre , léger, 8c facile à fendre; mais il eft moins
fujet à fe gerfer que beaucoup d’autres efpecés de
bois blancs : c’ eft cé qui le fait employer par les
Tourneurs , les Luthiers 8c les Layetiers. Les Menuifiers
font aùffiufage de ce bois, qui eft excellent pour
la boiferie , 8c fur-tout pour parqueter. Il fert auffi
aux Charrons pour faire des trains de voitures légères.
Enfin le peuplier blanc eft très-propre à former de
grandes avehues le long des canaux 8c dans des fonds
marécageux, où quantité d’arbres refiifent de venir*
8°. Le peuplier blanc à petites feuilles. Cet arbre ne
diffère du précédent que par la figure de fes feuilles,
qui font plus petites 8c moins échancrées, ce qui le
rend fort inférieure pour l’agrément.
90 .Le peuplier blanc à petites feuilles panachées. Il faut
que cette variété foit d’un agrément bien médiocre
car les auteurs anglois n’en font aucun détail quoi-
qifen Angleterre on foit fort curieux de raflèmblef
les arbres panachés.
io ° . Le tremble. C’ eft un grand arbre, & l’efpecé
la plus ignoble des peupliers : il a p refque toujours un
air chenu & dépérifl'ant qui le dégrade; il vient communément
dans les bois dont le fol eft froid, humide,
argilleux; il fait une tige aflez droite qui ne groffit pas
à*proportion de fa longueur. Sa tête eft aflez ronde.
Ses racines tracent à fleur de terre, 8c pouffent une
grande quantité de rejettons. Son écorce, de couleur
cendrée, paroît terne, matte, & feche comme' fi elle
étoit morte. Sa feuille eft prefque ronde ,'fort unie
légèrement campanée fur les bords, & d’un verd clair
cendré affez joli ; elles font foutenues par de lon^s
pédicules fi minces , que les feuilles font agitées au
moindre mouvement de l’air. Ses fleurs mâles oit
chatons paroiffent des premiers , & plus’d’un mois
avant ceux des autres peupliers ; ils font d’une couleur
rouffe obfcure ; les filets qui. portent la graine
tombent à la fin de Mai. Nul agrément à attendre de
cet arbre , 8c encore moins d’utilité, fi ce n’eft celle
qu’on peut retirer de fon bois, qui n’eft guere propre
pour le chauffage : c’eft le moindre de tous lès bois
des différens peupliers pour l’ufage des Arts ; cependant
les Menuifiers , les Tourneurs 8c les Sabotiers
l’emploient, 8c les Ebéniftes s’en fervent pour les
bâtis propres à recevoir les bois de placage.
1 1°. Le tremble à petites feuilles. C ’eft une variété
de l’efpece qui précédé, dont elle différé par fa feuille
, 8c de plus par fon volume. Le tremble ne devient
ni fi grand ni fi gros que l’efpece à large feuille ; inaià
ce diminutif eft coinpenfé par la facilité qu’il a de venir
avec quelques fuecès dans des terreins fecs 8c élevés,
8c d’affez mauvaife qualité. (M. d 'â u b e n t o n
U Jubdélcgué.)
P e u p l i e r , ( Mat. mèd. ) péüplief hoir, l e peuplier
noir fournit à la Pharmacie fes yeux ou bourgeon#