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xtns des autres , & on les jette dans les cardes avec la
plus grande égalité poflible. Pour faciliter cette ma-
■ noeuvre, on met une carte à chaque bout , fi les paquets
doivent remplir toute la carde, & un rang de
cartes fur le derrière de la carde à l’endroit où l’on
.'voit que les cheveux les plus courts peuvent fortir.
On peut charger de paquets la carde jufqu’à un pouce
au-deffus des dents. En les plaçant il faut avoir l’attention
de les hien ferrer, de les tenir prefies par une
vergette ou des cardes. Les paquets longs & les paquets
courts doivent toujours etre entremêlés , de
façon qu’en les tirant il en vienne des uns 8c des autres.
Quandlacarde eft bien remplie, l’on prend les
•bouts de fil qui Portent de la carde ; on les paffe fur
les cheveux 8c dans l’anneau ; après quoi on ferre le
plus que l’on peu t, 8c l’on arrête les fils en-dehors
de la carde à xine pointe ou à une dent. L’on pofe
enfuite l’autre carde fur les cheveux, de façon que
fes dents répondent aux dents de la carde de deffous,
& n e débordent d’aucun côté. On la ferre bien pour
que les cheveux ne gliffent pas plus que l’on ne vou-
tlroit ; & à mefure qu’on les t ire , il faut ferrer de
tems en tems la carde de deffus.
Pour faire le tirage avec plus de facilité, il faut
paffer une ficelle dans les deux trous des deux car-*
des, & l’arrêter à un clou placé à une certaine dif-
tance derrière les cardes , afin que' les cheveux qui fe
trouvent dedans ne débordent pas plus de trois doigts
en-dehors de la table.
Le premier paquet que l’on tire ne fe tire point
aufli gros que les autres: ordinairement il eft épointé
par la tête ; 8c pour que le tirage foit bien fait , il
faut que le paquet foit aufli quarre par la tête que par
la pointe. Ceux qui tirent bien, tirent les paquets
avec leurs doigts ; mais l’on fe fert communément
d’un couteau ou de cifeaux. Le deuxieme paquet
doit être plus gros, 8c autant qu’il le faut pour remplir
quatre , cinq ou fix moules. A mefure que les
plus longs cheveux fortent, les paquets ne doivent
plus être fi gros. Si l’on veut relever les paquets tout
de fuite, il faut que i’ouvrier ait fon feran à côté
de lui.
Relever les paquets, c’eft Iorfqu’on les tire par la
pointe , les renouer tout de fuite par la tête, 8c ferrer
le fil le plus que l’on peut, pour que les cheveux
ne s’échappent point en les frifant.
Les paquets des cheveux les plus courts ne doivent
pas être plus gros que le tuyau d’une petite plume.
Parvenu à la fin du tirage, on retrouve tous les
étages depuis le plus long julqu’au plus court.
Tout étant tiré & relevé, félon la quantité de
cheveux que l’on a , on a par rangs plufieurs fuites
que l’on enfile chacune félon fon étage, pour les retrouver
plus facilement en les frifant.
Venons à préfent à la frifure que l’on doit faire
avec attention ; car c’eft de-là que dépend la durée
de l’ouvrage.
Après avoir attaché bien folidement l’étau devant
la table, il faut avoir un-morceau de cuir de la longueur
& de la largeur du pouce; on l’attache à l’étau
avec une petite ficelle un peu longue pour en jouir
avec plus d’aifance. Avant de mettre le paquet dans
ce morceau de cuir, il faut le frotter un peu par la
tête ; cela empêche un frifon de glifl'er : on tourne le
cuir tout-au-tour. Il faut toujours commencer à fri-
fer les courts ; cette précaution réglé pour la hauteur
& la groffeur de la frifure. Les plus courts qui font
l’ i & le 2 fe font en rouleaux.
Voici la maniéré dont on les fait. On coupe des
bandes de papier du bon bout qui eft le large ; & ces
bandes on les coupe en petits morceaux quarrés. Si
ce font des cheveux blonds ou gris, on prend de l’eau
chaude dans un vafe où les cheveux puiffent tremper
à leur aife ; on a de l’indigo , qui doit être de
Guatemala, parce que c’eft le meilleur, & qu’il ne
rougit pas ; tout autre gâte les cheveux. L’on en met
de la groffeur d’une petite noix dans un linge plus
gros que fin , que l’on ferre avec du fil ; onl’écrafeun
peu; on le trempe dans l’eau chaude, & on le preffe à
mefure avec le doigt, afin que la couleur forte plus ai-
fément. Si les cheveux font blancs, il faut que l’eau
en foit bien teinte. Quand les cheveux auront bien
trempé , 8c que l’on en aura bien exprimé l’eau, ils
doivent relier un peu bleus ; pour les cheveux blonds
il faut faire la même chofe. Moins les cheveux font
blancs ou blonds, moins il faut que l’eau foit chargée
; pour des cheveux noirs ou châtains , de l’eau
fimple fuffit. Il ne faut point frotter la tête du paquet,
mais Amplement la mettre dans le morceau de cuir
la ferrer dans l’étau, avoir un peigne un peu ferré,
le palier une ou deux fois dans le paquet, & choifir
le moule qui convient ; on le tient de la main droite,
& de la main gauche on prend une des petites papillotes
quarrées que l’on met fous le paquet ; avec
les deux pouces on maintient la papillote, en tenant
le moule ferme par les deux bouts dans les deux mains
jufqu’à ce qu’on ne voye plus la pointe du moule 8c
de la papillote ; pour lors il faut tourner en avant le
paquet pour que la frifure fe trouve plus étendue
fur le moule. Ayant ainfi tourné toujours ferme jufqu’au
fil, on defferre l’étau ; l’on prend une bande de
papier que l’on tient bien ferme ; 8c après avoir tiré
tout-à-fait le paquet de l’ étau , on roule le papier fur
le paquet jufqu’à ce qu’il foit entièrement enveloppé
fous le papier; l’on déchire le papier qui refte, 8c
l’on ferre bien fort le paquet avec du fil.où une ficelle.
Si l’on ne veut point fe fervir de deux papillotes
, il fuffit de prendre une bande de papier dans laquelle
on roule le paquet jufqu’à ce qu’il foit entièrement
enveloppé ; mais il peut arriver que la frifure
en vienne un peu plus groffe. Ayant opéré de
cette maniéré fur tous les paquets quife trouvent jufr
qu au 2 ou 3 5 il faut avoir une corde un peu plus
groffe que la ficelle avec laquelle on frife , que
l’on paffe dans le pié 8c fur l’étau, de façon qu’elle
foit affez longue pour qu’elle ne gêne point; cette
ficelle doit être de la groffeur de celle qu’on appelle
ficelle de trois ; elle doit être coupée par bouts de la
longueur de 20 pouces, ou une demi-aune tout-au-
plus.
Après avoir ferré le paquet dans l’étau, comme
nous avons dit, il faut, avec le peigne, le partager en
deux, en relever la moitié deffous la ficelle qui eft à
l’étau ou à votre p ié , & le rouler , comme nous
avons dit, jufqu’au fil qui noue le paquet ; alors on
prend la ficelle que l’on fait paffer fous les paquets.
Elle doit être égale par les deux bouts que l’on a dans
la main droite au-deffous du moule , 8c on tient le
moule bien ferme par un bout de la main gauche ; puis
on fait im tour de la main droite avec la ficelle double.
On paffe un des bouts dans la main gauche 8c
avec l’autre bout on fait deux-ou trois tours de la main
droite, apres quoi l’on fait deux noeuds bien ferrés.
L’on reprend enfuite l’autre moitié du paquet, & l’on
exécute la même chofe. On renoue les deux moules
enfemble avec le bout de la ficelle qui paffe. A mefure
que le paquet augmente en groffeur, l’on augmente
la groffeur du moule & la quantité de cheveux fur
chaque paquet. Si l’on en met trois, on les partage
en tiers; fi bon en met quatre, on les partage en quart;
ainfi defuite en augmentant. A mefure que les paquets
deviennent longs, il faut en augmenter la hauteur
proportionnément àla hauteur de la frifure, de façon
que les cheveux les plus longs ne doivent avoir que
quatre ou cinq pouces de frifiire.
Si l’on veut donner du crêpe aux cheveux, quand
on a frife un paquet, s’il eft de deux moules ; après
avoir bien frotté le paquet, on l’ôte de l’étau poui
repouffer le fil qui le noue le plus haut que l’on peut;
pour lors il faut prendre un moule de chaque main,
tourner l’un à droite 8c l’autre à gauche ; après les
avoir tournés jufqu’à ce qu’ils faffent une efpece de
corde, les paffer l’un fur l’autre jufqu’ à ce qu’ils forment
une corde qui faffe à-peu-près l’effet du. crin que
l’on carde pour les matelas. Si le paquet eft à trois
inouïes , quand on en a tourqé deux, comme nous
l’avons dit, tourner le troifieme à droite 8c le paffer.
par-deffus.Si les deux paquets fuivans font aufli en 3
moules, tourner les deux premiers, comme nous;
avons dit, tourner enfuite le troifieme à gauche , le
pafler pàr-deffus , 8c faire la même chofe aux autres!
paquets, tant qu’il y aura trois moules, pour que le
crêpe n’emporte pas plus d’un côté que de l’autre.
Quand il y aura quatre moules au paquet, en prendre
deux, les tourner l’un à droite 8c l’autre à gauche
8c les attacher bien ferme tous deux l’un contre
l’autre avec le bout de ficelle qui pafl’e ; 8c après en
avoir fait autant aux deux autres moules , les attacher
tous quatre enfemble ; fi l’on veut que le crêpe
foit plus fo r t , les renater tous quatre enfemble. Autrefois
on portoit le devant des perruques très-haut,
comme on le voit aux portraits de Louis XIV. cela
s’appelloit devant à la Fontange, parce que le marquis
de Fontange en avoit amené le goût , & voici
comme on travailloit. Quand les paquets étoient fri-
fés à-peu-près depuis le 5 & le 6 , dont on faifoit les.
devans dans ce tems-là, on dénôuoit les paquets, on
féparoit chaque moule, on prenoitune grande ficelle
de la groffeur de celle avec laquelle on frifoit, on pré-
fentoit le moule par le bout de la ficelle , on parta-
gcoit les meches en trois, l’on natoit .comme lès Allemands
natent leurs cheveux, 8caprès on repouffoit
la nate jufqu’auprès du moule , 8c ainfi des autres ;
lorfqu’on dégageoit les cheveux, comme nous l’expliquerons
plus b as, il arrivoit de-là que les cheveux
treffés 8c coufus fur la tê te , fe tenoient tout droits,
comme on les vouloit.,
Il y a une frifure que l’on appelle frifurefur rien :
voici comme elle fe pratique. On a un moule brifé ;
ce moule eft fait à-peu-près comme les autres, excepté
qu’il s’ouvre en deux; un des côtés entre dans
l’autre, comme un étui ; on fait les papillotes plus longues
que quarrées ; on les coupe par les deux bouts,
comme une carte à placer dans un chandelier ; on partage
les cheveux, comme nous avons dit, on les roule
de même ; l’on renverfe la découpure des papillotes
de chaque bout tout-au-tour des cheveux ; l’on attache
une ficelle par-deffus, ce qui empêche que les
cheveux n’échappent ; l’on retire enfuite le moule par
les deux bouts qui s’ouvrent, & la frifure eft fur rien.
Il faut avoir égard à la hauteur & à la groffeur, comme
nous l’avons prefcrit ; pour cet effet on a des
moules de toutes les groffeurs.
Il y a une autre façon de frifer fur rien, que l’on
appelle à l'angle. On a des bâtons de toutes les groffeurs
, à-peu-près comme les moules, hors qu’ils doivent
être une fois plus longs» On met les paquets dans
l’étau ; on a de la petite ficelle, fans être coupée
comme on la coupe pour les autres ; on tient la ficelle
tout le long du moule ; on la mouille dans la bouche
parce qu’elle s’étend mieux fur les bâtons : il ne faut
point de papillotes comme aux autres frifures ; on
roule la frifure à la hauteur convenable ; on paffe le
bout de la ficelle deux fois pour faire un double noeud
que l’on ferre avec les dents , & en même tems l’on
retire le bâton de l’autre main.
Si l’on frife des cheveux pour une perruque d’ecclé-
fiaftique, il faut obferver de faire la frifure très-baffe.
Si l'on en frife pour des boucles ou de boudins , il
faut au contraire frifer très-haut, avoir le moule plus
long ; &. au lieu de commencer à placer les cheveux
dans le milieu du moule , comme pous avons dit cideffus,
fön prend un des bouts du m oülè, 8c on tourne
toujours jufqu’à ce que l’on foit remonté à l’autre
bout.
Quand tous les paquets de cheveux fontfrifés, en
a une longue ficelle de la gfoffeur de celle avec laquelle
on frife. On enfile tous les paquets par rang ;
8c pour trouver les étages plus facilement, on pratique
deux noeuds coulans , dans lefquèls; On paffe la
tête des paquets que l’on approche le plus que l’on
peut.
: Après avoir obfervé éxaâemënt tout ce que nous
venons de dire , il faut prendre la chaudière dont
nous avons parlé, & la remplir aux environs de trois
quarts d’eau de ri viere. Si. c’ eft de-l’eau de puits, il
ne faut pas qu’elle foit ni crue, ni trop âcrè. On éleve
la chaudière fur un trépié, afin qu’elle ait de fair par-
deffous. Il faut que l’eau bouille trois heures à gros
bouillons fans difeontinuer. Si l’on y met des cheveux,
bruns ou gris-blancs , ou blonds , il fuffit que
l’eau ait bouilli deux heures & demie : à mefure
que l’eau diminue , il faut avoir devant le feu un co-
quemar d’eau chaude pour remplir la chaudière ; car
il eft néceffaire que l’èau fumage toujours aux cheveux
: à mefure que les cheveux jettent leur craffe,
il eft à-propos de les écumer.
- Tout cela fait ,-.iî faut retirer les cheveux , & les
égoutter le plus vite que l’on peut, afin qu’ils n’ayent
pas le tems de fe refroidir ; 8c pour les avoir plutôt
égouttés, il faut les effuyer avec des linges.
On met enfuite les cheveux dans l’étuve. On couvre
de papier la grille , on y pofe les fuites de cheveux
fur lefquels on étend -une couverture, 8c l’on.
ferme bien l’étuve où l’on a placé une poêle remplie
de charbons bien allumés au fe u , arrangés de maniéré
qu’en fe confirmant ils ne s’écroulent point, 8c
ne faflent point de cavités, 8c couverts de cendres
rouges. Quand la poêle eft bien préparée, elle peut
durer depuis le foir jufqu’au lendemain matin, fans y
toucher ni remuer les cheveux. Dès le matin il faut
avoir l’attention de remuer la poêle avec une pèle
tout-au-tour doucement,. pour que le feu ne foit
point trop v if ; on retournera les fuites de cheveux
au-moins toutes les heures jufqu’à ce que les moules
foient fecs , 8c qu’ils commencent à être lâches dans
la frifure. Si une poêle de feu ne fuffit pas, il faut en
remettre une fécondé, 8c avoir foin que le feu ne
foit point trop v if ; fi > dans l’étuve , il y a des cheveux
blancs ou blonds , l’on ne fauroit avoir trop
cette attention, parce que ces fortes de cheveux font
fujets à jaunir. Sans trop preffer ni ralentir le- feu ,
les cheveux doivent refter communément dans l’étuve
3 6 ou 40 heures pour fe fécher.
Les cheveux féchés , il faut avoir 5 ou 6 feuilles
de papier gris qui ne foit point battu, dans lefquels
on les enveloppe , de maniéré que l’on ne voye ni
les cheveux, ni les moules. On a une corde de la
groffeur d’une corde à tendre, 8c fuffifamment Ion-'
gue pour la paffer plufieurs fois deffus 8c deffous,
afin que rien n’en puiffe fortir ; le tout doit être bien,
ferme.
A Paris, ce font les Boulangers de pain-d’épice qui
font la pâte du pâté 8c qui le font cuire. Les Perruquiers
qui font dans des pays où ils n’ont point cette
commodité, la préparent eux-mêmes, avec le gruau
qui fert à dégraiffer les cheveux. Il faut que le pâté
ne foit ni trop mince , ni trop épais. Le tems de la
cuiffon, il peut être d’environ trois heurès, à-peu-
près le tems qu’il faut pour cuire un pain de 1 o à 12
livres. Le pâté cuit, il faut le couper tout chaud, 8c
remettre les fuites de cheveux dans l’étuve à une
chaleur très-légere, & les laiffer ainfi bien refroidir.
Pour faire bouillir les cheveux de la première frifure
fur rien qui s’exécute fur des moules brifés,voici
ce qu’il eft à propos d’obferver. Il faut prendre un